Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

30.4.19

2019 AVR - La parole est moitié à celui qui écoute et moitié à celui qui parle

chap. 64







Ce qui fait sens ne le fait pas pour la seule raison qu'est dit ce qui est dit, mais aussi parce que cela est dit opportunément et au point où se rencontrent la perception de celui qui parle et l'intelligence de celui à qui il parle. Montaigne ajoute "il faut regarder non seulement ce que chacun dit, mais aussi ce que chacun pense et même pour quelle raison il le pense."


À l'heure de l'outrecuidance des vérités frelatées, des manipulations de l'information et de la tyrannie des opinions personnelles, après douze années d'une couverture médiatique pratiquement ininterrompue (au moins pendant deux tiers de ce temps) à propos d'une petite fille disparue de son appartement de vacances au Portugal en mai 2007, doit-on se dire que le journalisme d'investigation, celui qui s'efforce avec impartialité de rechercher les faits et s'en tient à cela, est mort ?
Quelles images a gravées dans la mémoire cette couverture ressassée en continu
jusqu'à saturation voire exaspération mais paradoxalement dénuée d'information ? Une jeune femme à l'air effrayé mais sans larmes demandant, face aux caméras, qu'on veuille bien lui rendre la petite fille si spéciale qu'on lui a volée !

Ils laissaient les enfants seuls tous les soirs le temps de dîner avec leurs compagnons de voyage, c'était comme dîner au fond de leur jardin, mais ils faisaient des contrôles réguliers. Comme si ! Ils contèrent au téléphone à leurs proches une histoire de volet cassé, de porte ouverte, de fenêtre fracturée, de rideau volant, et de petite fille sortie par la fenêtre, les proches rapportèrent l'histoire aux médias britanniques et ces derniers la diffusèrent avec éclat dans tous les azimuts dès la première heure, alors que dans le même temps la police portugaise et le gérant du club de vacances déclaraient sobrement qu'il n'y avait aucune trace d'effraction, que le rebord de la fenêtre était intact et que l'ouverture était d'ailleurs trop étroite pour laisser passer un kidnappeur avec un enfant dans les bras.
 
La presse et le récit parental eurent le dessus sans avoir à livrer bataille. Tout ce qui provoque colère, ressentiment, surprise, tout ce qui est excessif, outrancier, énorme a toujours la préséance dans l'économie de l'attention. Le spectaculaire a de facto raison ou plus exactement si les médias rapportent une histoire aussi extra-ordinaire, c'est qu'ils ont une raison d'y croire, même s'ils n'en font pas montre, l'heure n'étant pas à l'analyse. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire on se trouve sous le joug  de la croyance, loin de la poursuite de la vérité, fondement même de la démocratie, sans laquelle aucune délibération n'est possible. La crédulité est addictive, une fois convaincu, le public se tourne d'autant plus vers l'information confortant sa croyance qu'il a envie qu'elle soit vraie, car le doute a un coût bien trop élevé. Penser que si leur petite fille n'était plus dans son lit c'est qu'elle s'était levée et était partie à leur recherche était, pour les parents, aussi contre-intuitif que penser que la terre tourne autour du soleil à une vitesse moyenne de 106 mille km/h. La rationalité n'avait pas son mot à dire, la réalité, la seule, c'était le défi que les parents avaient spontanément lancé au monde : "notre fille chérie a été enlevée, aidez-nous à la retrouver !"
La connaissance a des droits que la croyance ne peut pas revendiquer. La rationalité en est un.

Des centaines de milliers, des millions de livres affluèrent pour trouver OM (Our Maddie), la concurrence des générosités affichées battit son plein rapidement, c'était à qui, des puissants, des riches et des célébrités, lancerait la promesse la plus séduisante ou l'appel le plus irrésistible, comme le footballeur David Beckham brandissant une photo "Si vous avez vu cette petite fille (qu'il n'avait jamais vue) ... aidez-NOUS".
Le phénomène se développa d'autant plus que rien ne prédisposait les MC à être soupçonnés, chacun d'eux était individuellement doté des qualités de la victime idéale, unis le bon dieu sans confession leur était acquis : appartenance à la classe moyenne fruit du mérite, médecins, catholiques, parents dans l'âme (3 FIV), aucune ombre, aucune histoire. Comment les MC s'y prirent-ils pour faire basculer cet état de grâce, car ils furent sans doute à l'origine, sinon les agents, de ce qui arriva après. Le père disait qu'on avait "enlevé" sa petite fille. Pourquoi pas «kidnappé»? Peut-être parce que kidnapping implique rançon et qu’il savait qu’il n'y en aurait pas ? Lors d'une conférence de presse à Berlin, un mois après la disparition, on questionna le comportement des parents, ils n'avaient pas l'air abattu que l'on attendait, ils avaient une drôle de manière de chercher leur fille, ils allaient en jet privé d'ambassade en ministère, de palais présidentiel en palais des papes. Puis un expert britannique recommanda de ne pas négliger la piste parentale compte tenu des dépositions discordantes des MC. Enfin un chien britannique au score sans faille détecta l'odeur de restes humains dans l'appartement des MC et non dans ceux de leurs compagnons de voyage et dans la maison du suspect d'alors. Malgré ces appels sourds à la méfiance, quand on les déclara arguidos (suspects) quatre mois après la disparition, une onde de choc traversa les tenants du quatrième pouvoir et les fit tant vaciller que certains se demandèrent s'ils s'en remettraient jamais.

Ensuite, les journalistes pour botter en touche firent volte-face et truffèrent leurs articles d'insultes vis-à-vis de la police portugaise, de l'ambassadeur du Portugal et même du peuple portugais. Encore et encore. Quant aux MC,
si on les interrogeait sur les signalements qui ne cessaient d'affluer au commissariat de Portimão, ils dissimulaient mal un sourire narquois qui se voulait désabusé.


Douze ans ont passé et les journaux parlent encore de pauvres parents vivant dans l'angoisse et de leur fureur face au livre écrit par le commissaire mal-traité et par les médias et par sa hiérarchie. Panorama et Crimewatch dépeignent les parents, jamais mis hors de cause, comme de saintes victimes. La mère est devenue ambassadrice de l'association caritative Missing People.
Ce qui est clair, c'est que tout le monde n'est pas prêt à accepter ce que disent les journaux sans poser de questions. Les doutes qui pèsent sur le récit des MC est à la mesure de la compassion qu'il a suscité au début. Il est également clair que les tentatives des MC visant à convaincre le monde que ne pas croire à leur histoire était une sorte de blasphème ont échoué. Outre les 48 questions de la PJ auxquelles Kate MC a répondu "no comment", ce qui n'a guère fait avancer les choses, il y a des questions sans réponse ou non reconnues comme telles mais parfaitement légitimes.
 
Quant aux chiens spéciaux, tout se passe comme si leurs alertes n'avaient jamais existé, au mieux on les évoque comme un détail ne faisant guère qu'ajouter au mystère de la disparition. C'est ainsi qu'on ré-écrit l'histoire.
 
Qui orchestre tout cela ou comment cela est-il orchestré ? Un ancien journaliste de la BBC, prétendument touché par la situation des MC, délaissa carrément son poste prestigieux et bien rémunéré à la tête de l'observatoire gouvernemental des médias pour se faire spin doctor, autrement dit pour avoir à sa botte "tout ce qui se passait dans les médias". Il est crucial d'avoir la main sur la narration.

Les journaux publient régulièrement des articles favorables aux MC au mépris radical des faits et les chaînes TV diffusent des programmes consacrés à l'affaire où, dans le meilleur des cas, la police portugaise est éreintée comme incompétente. Personne ne proteste, personne ne s'en inquiète.
La vaste (au moins à ses débuts) opération policière, Grange, mise sur pied avec l'intention exclusive de retrouver Madeleine et son kidnappeur,  est toujours en cours huit ans plus tard, bien que les effectifs aient drastiquement diminué. En revanche il ne semble pas qu'il soit question de questionner l'objectif (comprenez que les MC et leurs compagnons ne sont ni suspects ni "personnes d'intérêt"). On voit mal comment une re-lecture du dossier par la police britannique aiderait à retrouver MMC. Ni comment des policiers britanniques seraient équipés pour enquêter sur un crime commis au Portugal. Il semble qu'il n'y ait pas d'autre cas où on a dépensé de l'argent public ainsi.

Scotland Yard a développé une hypothèse de travail à partir d'une opinion, l'enlèvement, érigée en constat par ses auteurs, les MC qui se sont employés au fil des ans à attaquer les autres hypothèses ainsi que ceux qui ont fait de leur mieux pour retrouver leur fille. Il n’y a pas la moindre preuve de kidnapping,  cette hypothèse est envisagée par défaut par SY, les présomptions ne vont pas dans ce sens, ce qui les rend si intéressantes. En huit ans, cette unique hypothèse de travail n'a rien produit d'intéressant. Tout ce que les enquêteurs semblent détenir est une "croyance professionnelle". C'est bien maigre. Pour croire qu'il existe un kidnappeur, il faut croire que les protagonistes proches de MMC au moment où elle a disparu sont innocents. Pour croire que ces personnes sont innocentes, il faut croire qu'elles ont dit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Croire.. car ceux qui soutiennent que les MC sont hors de cause ont des convictions non étayées. Les sceptiques, par définition ceux qui refusent de croire, pointent des éléments indiquant un éventuel manque de véracité. Ce qu'ils ne savent pas, c'est de quoi ces éléments sont les indices. Les preuves circonstancielles sont assez accablantes, mais les preuves médico-légale sont pratiquement inexistantes. Les cours de justice exigent, de nos jours, des preuves tangibles et non ambiguës. Quand un élément probant renvoie à plusieurs faits possibles, il perd sa pertinence voire cesse d'être un élément probant.

George Orwell - Why I write (1946)


Avril

01 – Sixième épisode, La salle du tribunal, de la série "Maddie" de Mark Saunokonoko podcastée par 9News, censée faire des révélations sur ce qui s'est passé lors des audiences MC v. GA et al de première instance. On ne pourra que renvoyer le lecteur à des données plus complètes ici. La diffusion illégale d'extraits des audiences m'oblige à faire le point sur la manière dont j'ai écrit les Trial Reports
Les MC, n'étant pas témoins mais demandeurs, ne pouvaient témoigner. De nouvelles dispositions leur ont toutefois permis d'être entendus, ce qui eut lieu le 8 juillet 2014. On parle dans ce cas de simple déclaration.  
Le Portugal détient la juridiction dans cette affaire, il est donc non seulement inélégant de court-circuiter la PJ, mais il est dommage de ne pas s'adresser à elle car le directeur national actuel est Luis Neves, qui a supervisé activement l'enquête criminelle de 2007-08. 
Transcription et traduction du podcast ici.


Par ailleurs il serait intéressant d'observer la réaction de la PJ car Pedro do Carmo affirmait il n'y a pas si longtemps qu'ils considéraient toutes les hypothèses (autrement dit pas seulement l'enlèvement) et voulaient savoir ce qui était arrivé à l'enfant, ne serait-ce que pour améliorer leurs techniques d'enquête. 



Un des pionniers en matière d'expertise ADN, Mark Perlin, déclare qu'une nouvelle analyse des prélèvements pourrait révéler finalement ce qui est arrivé à MMC. C'est aller vite en besogne ! Selon ce professeur, on peut séparer les profils dans un prélèvement mixte et montrer combien de contributeurs il y a vraiment eu et quels allèles appartiennent à tel et tel contributeur. Cela aurait au moins le mérite de répondre à la question de savoir si l'ADN de Madeleine se trouvait dans le coffre de la voiture. Transcription ici. Il est permis de se demander si MP n'en fait pas un peu trop, il semble qu'il y ait une grande compétitivité en fait d'analyse des allèles. 

Aucune annonce de déblocage de crédits du HO pour Op. Grange. SY en a pourtant fait la demande et la dernière échéance était le 31 mars.
Le seul moyen de savoir ce que la police pense est lorsqu'elle agit. La police portugaise semble n'avoir pris aucune mesure dans ce sens depuis longtemps. Bien sûr il y a le secret de l'instruction et ils ont bien insisté dessus lorsqu'ils ont rouvert l'enquête criminelle. Mais il n'est pas interdit de penser que ledit secret dissimule aussi efficacement l'agir que le non-agir. 
Y a-t-il une raison valable de penser que les autorités ne tiennent pas à ce que la vérité se sache ou plutôt tiennent à ce que la nébuleuse se perpétue ? Si les autorités, qui ont manifestement cédé à la tyrannie des émotions, l'admettaient, pourraient-elles encore se présenter comme des autorités?
Op. Grange a lancé des appels à témoins, a procédé à des auditions et a opéré des fouilles (avec des chiens HRD). Les appels semblaient destinés à identifier certaines personnes, les entretiens visaient à recueillir plus d’informations ou à éliminer d'éventuels suspects, et les fouilles ont suggéré que la possibilité que MMC soit morte n'était pas exclue.


Les autorités de SY ont dit à plusieurs reprises et de différentes manières que les MC ne faisaient pas partie des suspects mais ils sont loin d'avoir été explicites sur les motifs d'une telle affirmation. Ils ne pouvaient se reporter à l'ordonnance de classement en laissant de côté la remarque des juges du STJ sur le fait que celle-ci n'avait pas mis les MC hors de cause. Si, malgré leurs dénégations, ils ont en réalité enquêté sur les MC et n'ont rien trouvé contre eux, mais pour de mystérieuses raisons se gardent de le dire, ils sont exactement dans la même situation que le Ministère public à l'issue de la première enquête criminelle : ils ne savent ni quelle est la nature du crime ni qui l'a commis.
Le fait que l'enquête soit en cours interdit de spéculer sur la conclusion finale,  si jamais il y en a une un jour. Il est tentant de penser que c'est là la raison précise pour laquelle l'enquête est continue : elle n'en finit pas faute de savoir comment s'arrêter.


Plutôt chevaucher le tigre que lui faire face ?


01 – L'émission "L'heure du crime" de Jacques Pradel (RTL) se penche une nouvelle fois sur l'affaire MC. Soyons clair : on ne sait pas ce qui est arrivé à MMC, mais il existe des éléments de preuve sur ce qui n'a pas pu lui arriver et pour l'établir la rigueur est incontournable.
Malgré la bonne volonté et l'intérêt évident des invités, Arnaud Bizot (Paris Match) et le commissaire honoraire Georges Moréas, malgré la pertinence de certaines questions, les trop nombreux faits erronés sur lesquels s'acrrochent mais dérapent les tentatives de réponse condamnent l'opération avant même que les protagonistes s'y attèlent, justifiant une déclaration de GM que JP avait notée: 
Je me souviens de ces vieux flics de la criminelle qui avaient l'habitude de dire, quand ils voulaient calmer un chef ou un magistrat trop impulsif, 'attention, une enquête qui commence par des certitudes finit toujours avec des doutes'. 
Voir ici une liste des faits erronés brouillant toute perspective.

03 – Modern Wisdom Podcast Episode. Robbyn Swan et Anthony Summers font à nouveau montre de leur ignorance des PJFiles et de la force de leur préjugés. 



08 – Septième épisode, Les appels manquants, de la série "Maddie" de Mark Saunokonoko podcastée par 9News, qui revient sur l'offre de top analyse de 18 prélèvements d'ADN (dont 16 derrière le sofa du 5A), rejetée par SY (mais peut-être tout cela est-il sous secret de justice portugais ?) et s'interroge sur les appels téléphoniques du 2 et 3 mai que les MC ont effacés de leurs téléphones cellulaires respectifs avant de remettre ceux-ci à la PJ pour analyse (le 4 mai). Pourquoi ?
Les articles associés aux podcasts sont ici et .
Transcription et traduction ici. 


Les productions s'amoncellent devant le spectateur lui promettant tout et l'impossible sur ce qui s'est passé le 3 mai 2007 : "La disparition de Madeleine McCann", diffusée sur DKISS, même titre mais autre série sur la plate-forme Netflix. Est apparu en ligne le 1er avril (poisson ?) le documentaire "Madeleine McCann - an ID (Investigation Discovery) Murder Mystery (le mystère d'un meurtre) sur le Discovery Channel, qui semble avoir fait ses choux gras des restes non utilisés par Netflix. Trois journalistes américaines s'y exercent avec une assurance imperturbable, complaisante et suffisante au déguisement sans scrupules d'opinions en faits. On croit rêver, des journalistes avec pignon sur rue ! La narration est assurée par Summers et Swan, c'est tout dire.
On aperçoit un peu G. Amaral, dont le discours est doublé et qui malheureusement une fois de plus prend le calpol pour un somnifère, une OPJ chargée de parer SY, Mark Williams-Thomas, plus borné que malhonnête, prétend que Smithman ne pouvait être Gerald puisque celui-ci était au Tapas, etc. L'échangisme est évoqué pour être moqué. Une des faussetés : Andy Redwood aurait trouvé Totman, alias Tannerman, en vérifiant le registre de la crèche. Or le LC, qui a recueilli tous les témoignages de ceux qui n'ont pu déposer avant de quitter PdL, n'a jamais envoyé ce dossier à la PJ. 
Colin Sutton apparaît aussi et, cela est rare, a le courage de souligner quelques faits aussi vrais qu’embarrassants, vite recouverts par une voix off, mais quand même. À la fin, alors qu'il n'est plus possible de cacher que l'enquête britannique s’essouffle et l'espoir d'aboutir se délite, Colin Sutton suggère le bon sens, peut-être commencer par le commencement... Les faiseurs de documentaires s'appuient sur des chercheurs, des témoins et des «experts» qui peuvent tous se tromper voire mentir si de l'argent ou l'avancement de leur carrière est en jeu. La vérité est difficile à trouver car les êtres humains ne sont jamais simples. C'est pourquoi la rigueur la plus totale, pour ce qui est des faits, s'impose si l'on veut comprendre. Par exemple Netflix mentionne la témoin CT qui a vu un homme sortir du patio des MC l'après-midi du jour de la disparition en omettant de dire que la témoin s'était trompée de patio..


08 – Autre (court) documentaire, Missing Pieces (Investigation Discovery) où l'on voit Danie Krügel, le chasseur de disparus, des protagonistes de Operation Omega et, répétant sa rengaine sur les censés faux quêteurs d'orphelinat, A. Summers. Enfin le business partner de Kevin Halligen, Tim Craig-Harvey, raconte comment ils étaient sur une bonne piste de pédophile dentu, mais que patatras les fraudes de KH ont éclaté au grand jour.

 


09, 10, 11 – CMTV - Rua Segura évoque le documentaire de Netflix. Transcription ici.


10 – Publication de la première image d'un trou noir situé dans la galaxie M87, à 55 millions d'années-lumière de la Terre. Avant la découverte, les trous noirs n'avaient été simulés que sur des ordinateurs, ce qui donnait aux scientifiques une bonne idée de leur apparence. Il ressemble exactement à ce à quoi nous pensions qu'il ressemblait. Mais il est vraiment bon de voir ce qui est réellement arrivé, a déclaré la physicienne M. Kleinert. Il en est de l'affaire MC comme d'un trou noir. On sait qu'il y a un secret de famille, mais en verra-t-on un jour la réalité ?

11 – Le journaliste Paulo Reis annonce sur son blog la publication en anglais "The McCanns' War" sous forme de e-book le 29 avril prochain. Lire un extrait ici.

15 – Huitième épisode, Une porte décidément fermée (référence au refus de SY et du HO, de l'offre du dr Perlin), de la série "Maddie" de Mark Saunokonoko podcastée par 9News. David Rudolf, l'avocat de Michael Peterson (The Staircase de J-Xavier de Lestrade) parle de la corruption pour une noble cause et des œillères de la police. Le directeur de Guerra&Paz observe, à propos de l'accident mortel envisagé par la PJ, qu'on ne peut interdire aux gens de formuler des suppositions logiques
.
Transcription et traduction ici.

Le juriste André Ventura publie "Où est Madeleine McCann?"
dans le Correio da Manhã. Lire ici.

22 – José A. Saraiva, rédacteur en chef de l''hebdomadaire "SOL" (équivalent de Time Magazine ou de l'Express), publie un article - Maddie, le mystère demeure - qui, lu de travers, provoque une houle de propos par conséquent déplacés dans la presse tabloïd. 


23 – Est disponible en e-book/PDF "A guerra dos McCann" du journaliste Paulo Reis. Version en anglais (basique) en vente sur Amazon à partir du 2 mai.

25 – Podcast 181, The disappearance of Madeleine MC, premier d'une série de Real Crime Profile. La former SY behavioral analyst Laura Richards et l'expert en matière d'abus sexuel sur les enfants, d'enlèvement et d'homicide, Jim Clemente, qui a travaillé au FBI pendant 22 ans. Invitée, Lisa Zambetti (directrice de casting de Criminal Minds).  

27 –   Chronique de Pat Brown : An ID Murder Mystery is Still Not Objective Treatment of the Case.




30 – Neuvième épisode,  Gonçalo Amaral, de la série "Maddie" de Mark Saunokonoko podcastée par 9News. On apprend que, selon Martin Grime, il est courant, lorsqu'on ignore tout du dressage et du comportement canin, de conclure que les chiens ne sont pas fiables quand les tests ADN ne sont pas concluants. Les chiens ont alerté parce qu'ils ont détecté ce qu'ils avaient été dressés à trouver (Keela alerte derrière le sofa, là où Eddie a alerté auparavant, et on trouve effectivement du sang humain ayant séché sur place, en infime, invisible quantité), c'est l'analyse forensique qui a foiré.  
Gonçalo Amaral souligne avec raison que les autorités britanniques ont tout fait pour différer et finalement ne jamais envoyer à la PJ les données bancaires et de santé des MC. L'inénarrable Jim Gamble, pressé de justifier ses croyances et à bout d'argument : Elle n'était pas là, alors ou bien elle est partie toute seule ou bien on l'a enlevée. Comme elle n'est pas partie toute seule, on a dû l'enlever. Croit-il seulement à ce qu'il dit? Tout à fait dans la lignée du haut gradé commandant Simon Foy (Met) : La disparition n'a rien à voir avec les MC, ils n'étaient pas là.

Cet épisode cite la psychologue forensique Celine van Golde. Écouter The Truth about Lies.
Quelle est la meilleure méthode pour détecter les mensonges? Un sérum de vérité? Un polygraphe? Un expert en langage corporel? La vérité sur les détecteurs de mensonges est… ils ne fonctionnent probablement pas. Alors, pourquoi apparaissent-ils dans la culture populaire des émissions de télé-réalité et, ce qui est le plus troublant, dans des enquêtes criminelles ? Et quelles sont les conséquences de la confiance que l'on accorde aux dispositifs loufoques et aux théories mal concoctées.
Point intéressant dans un article de The Sun. Alors que les experts conseillent de faire une nouvelle photo vieillie (dans le cas d'un enfant ou d'un adolescent) tous les deux ans, OG n’en a rien fait. Il se peut qu'ils ne disposent pas des ressources nécessaires pour suivre les signalements qui immanquablement s'ensuivraient. Ou qu'ils ne croient pas qu'elle soit quelque part.
Les MC auraient pu, de leur propre chef, lancer une nouvelle photo vieillie, mais ils disent que c'est long, coûteux et émotionnellement dévastateur. En d'autres termes, cela les dérangerait. N'avaient-ils pas juré qu'ils ne laisseraient rien au hasard ?


Douze ans, douze mille pages d'informations, deux mille enquêtes de police, cinq cent perquisitions et environ vingt suspects après la disparition de  Madeleine MC, l'affaire insoluble renaît donc de ses cendres comme en témoignent les divers documentaires qui, faute de réponse, passent en revue de manière obsessionnelle les facteurs inconnus de la disparition la plus médiatisée du monde.
Personne ne sait, tout le monde spécule. 
Le principe de base voilé des documentaires est identique: quelque chose s'est perdu en chemin au cours d'une enquête tortueuse, d'abord portugaise puis très vite assistée (présence non requise..) par les Britanniques, collaboration ayant dégénéré jusqu'à susciter la démission du coordinateur de l'enquête, le controversé Gonçalo Amaral peu après la constitution des parents MC comme "arguidos" sur la base d'indices jamais démontrés comme probants. Ces faits ont contribué à faire considérer l'affaire comme louche.
Les documentaires sèment le doute sur les parents et leurs compagnons de voyage et leurs affirmations de surveillance régulière de leurs enfants respectifs pour immédiatement reporter les soupçons vers un pédophile ou un gang assez bien organisé pour n'avoir laissé absolument aucune trace. 
L'absence de preuve concluante est un terrain fertile pour la multiplication des théories qui servant de fil conducteur à la fièvre documentaire : deux heures d'analyse dans le pari de DKISS, deux heures supplémentaires dans celle de Discovery et jusqu'à huit heures d'observations dans le cas de Netflix. Toutes élucubrations fondées sur de pures spéculations, la plupart sans fondement aucun.
Il n'y a pas de preuve, mais il y a des présomptions, observe Francisco Moita Flores, un ex-enquêteur de la police judiciaire portugaise, aujourd'hui à la retraite et devenu écrivain, qui a étudié le dossier. Il défend la thèse portugaise selon laquelle la réponse se trouve dans les "contradictions" qui émaillent les auditions des MC et de leurs compagnons de voyage. : Ils mentent, il  suffit de lire les déclarations, il n'y a pas deux déclarations identiques, et il y en a qui sont contradictoires. Son pari pour clarifier ces zones d'ombre est de faire enfin une reconstitution de cette nuit, ce qui n'a jamais été fait parce que les compagnons de voyage se sont dérobés et aussi parce que le ministère public, las de demander des données que les Britanniques lui refusaient, a édicté dès le départ et implicitement que les MC étaient ceux qui avaient le plus à perdre en cas de rejet, puisque l'enquête, à bout de souffle, devrait prendre fin.
À l'heure actuelle se confrontent sans y toucher des forces de police qui poursuivent actuellement l’affaire séparément : Scotland Yard fonctionne sur des fonds du Home Office périodiquement prorogés (et c'est pratiquement tout ce qui est annoncé, mystère total quant à leur enquête) et la PJ, encore plus silencieuse.  Les Britanniques ne cherchent qu'un ravisseur, voir un réseau (et alors pourquoi ne pas avoir pris les trois enfants ?) et sa victime, les Portugais assurent que leur intérêt est grand, ne serait-ce que pour affuter leurs outils d'investigation.
C'est qu'ils n'ont pas oublié le traitement indigne pour ne pas dire répugnant que leur ont réservé les tabloïds britanniques. Personne n'oserait réfuter que les MC ont bénéficié d'une protection sans précédent. Dès le début, le gouvernement anglais a manifesté une solidarité très active vis-à-vis de ce couple, pour des raisons que nous ne connaissons pas, il n'est pas normal que, lorsqu'un fait-divers de ce type se produit, les ministres prennent la parole, mentionne Moita Flores.





  


* Michel de Montaigne
"Amener le lecteur à une conséquence où il lui faille mettre du sien" J. Lacan