Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

31.3.19

2019 JAN/MAR - Illusion, illusion, quand tu nous tiens!

chap. 63


Selon la position de l'observateur, l'objet ambigu, créé par Kokichi Sugihara, se présente de trois manières différentes.



Janvier
 
 
Comment démarrer une enquête quand on n'a aucune trace visible ou invisible, quand il n'y a ni suspect, ni arme de crime, ni empreintes, digitales ou génétiques, ni témoin, ni indice, ni motivation, ni corps ? Pour les enquêteurs c'est le pire en matière criminelle. Des éléments probants doivent être collectés et analysés, mais les éléments probants ne valent rien si on ne peut les accrocher à un suspect. Or la plupart des victimes de crime connaissaient la personne qui les a fait disparaître.
Le problème des enquêtes sans cadavre, c'est qu'il n'y a pas véritablement de scène de crime, donc on s'accroche au moindre élément matériel pour tenter de remonter le fil des événements et de constituer un scénario probable des faits.
Le concept de corpus delicti est l’un des plus importants dans une enquête criminelle. 
La notion juridique de corpus delicti établit qu’il faut prouver qu’un crime a bien eu lieu avant que quiconque puisse en être accusé.

Le corps du délit, c’est d’abord l’élément matériel de l’infraction (les deux autres étant l’élément légal (pas d’infraction sans texte de loi) et l’élément intentionnel (pas d’infraction sans conscience de violer la loi). L'expression corps du délit n’apparaît dans aucun texte, aucun code, ce principe soutend tout le droit pénal, mais le terme n’est utilisé que par les avocats, les tribunaux ou les commentateurs des décisions de justice, jamais par le législateur.
Lorsqu'une personne "se volatilise" (disparaît sans laisser de trace), on peut ouvrir une enquête pour disparition inquiétante ou une recherche dans l'intérêt des familles. Si l'enquête conduit à soupçonner un homicide, il faut, avant de formuler une accusation, rassembler des éléments probants notamment matériels, par indices (présomptions), testimonials, pour établir si la personne disparue a bien été assassinée. 
Quand un mineur disparaît sans laisser de trace, on ouvre une enquête préliminaire. Si, au cours de l'enquête, on établit assez d'éléments de preuve d'homicide, une accusation est possible. Évidemment le meilleur et le plus simple moyen d'établir une preuve d'homicide est le cadavre. Cependant, si ce corps n'est pas découvert, mais si des preuves circonstancielles suffisantes sont présentées, pointant au-delà de tout doute raisonnable, l'homicide est considéré comme prouvé. Soutenir que, en l'absence de cadavre, la présence dans l'habitation d'une personne disparue de sang humain, identifié et en quantité suffisante, n'indique pas que cette personne est morte, n'est pas raisonnablement crédible. Dans l'éventualité où le corps physique n'a pas été découvert, il est possible de prouver qu'un crime a été commis à condition qu'il existe un faisceau important de preuves circonstancielles pointant dans cette direction.



Wikipedia a dressé une liste des condamnations pour homicide sans corpus delicti.

À l'aube de cette nouvelle année 2019, que peut-on espérer apprendre davantage en examinant les documents rassemblés à propos de l'affaire MC, et en particulier les PJFiles ? Malgré un certain acharnement, je n'ai rien trouvé indiquant que l'enquête initiale a mal interprété les éléments de preuve. Ceux-ci suggèrent qu’il n’y a pas eu d’enlèvement et que Madeleine a pu mourir dans l'appartement 5A. Les enquêteurs n'ont pas pu prouver cette hypothèse, pour plusieurs raisons qui ne sont pas attribuables à une éventuelle incompétence. Au reste personne n'a réfuté les conclusions provisoires de la PJ. 
Y a-t-il autre chose en jeu que l'attente maintenant ? Un jeu d'attente en quelque sorte, ponctué de questions. 
Un terme sera-t-il mis à Operation Grange un jour ? 
Une enquête sur OG sera-t-elle entreprise sous la pression de l'opinion publique et eu égard à la frivolité d'avoir engagé des fonds démesurés pour vérifier l'hypothèse de protagonistes qui n'ont pas été mis hors de cause, au lieu de se donner tous les moyens de découvrir ce qui était arrivé à MMC ? 
La PJ archivera-t-elle à nouveau et, si elle le fait, fera-t-elle savoir quels furent ses travaux? 
Il est avéré qu'une requête a été déposée par les MC auprès de la CEDH. L'article 35 § 3 de la convention autorise la CEDH à déclarer irrecevable toute requête individuelle, lorsqu'elle estime "que le requérant n'a subi aucun préjudice important, sauf si le respect des droits de l'homme (...) exige un examen de la requête au fond, et à condition de ne rejeter pour ce motif aucune affaire qui n'a pas été dûment examinée par un tribunal interne". La requête, en cas de  de minimis non curat praetor ("le préteur ne s'occupe pas des petites affaires"), doit poser une question de principe pour être jugée recevable.
Saura-t-on jamais si elle a été rejetée ou jugée recevable et sur quel fondement en fait de violation de droits de l'homme consacrés par la Convention ? La question étant de savoir si l’État portugais a privé les MC de l’un de leurs droits fondamentaux au titre des articles 6, 8 ou 10. Tout élément prouvant que le Portugal a privé les MC de leurs droits fondamentaux doit provenir des comptes rendus de la procédure devant les tribunaux portugais. Ces données sont donc très pertinentes. 
Le principe de subsidiarité sous-tend la tâche de la Cour : en effet, il incombe aux juges nationaux d’évaluer les violations des droits garantis par la Convention, et l’intervention de la Cour ne commence que lorsque les voies de recours internes effectives ont été épuisées.
Autrement dit, les requérants doivent avoir donné aux tribunaux nationaux l'opportunité de traiter des violations des articles. Les MC ont donné aux tribunaux deux exemples de violation de l’article 6, mais les juges ne les ont pas considérés comme légitimes. Dans leur requête auprès de la CEDH, les MC doivent utiliser les mêmes exemples, sinon ils n'auront pas donné aux tribunaux nationaux la possibilité de réparer la violation alléguée.
Comment leur droit à la présomption d'innocence aurait-il été lésé? Est-ce parce que GA avait manqué au devoir de réserve ou parce que l'ordonnance de classement équivalait à un acquittement? Ils ont utilisé les deux arguments et les tribunaux ont rejeté les deux.
Le juge de première instance a dit: 
Il est important de garder à l'esprit qu'il n'est pas illégal de soutenir la thèse selon laquelle MMC serait décédée dans l'appartement de Praia da Luz et que son corps aurait été dissimulé par ses parents. L'objet de l'action en justice est l'affirmation, par le défendeur Goncalo Amaral, dans le livre, l'interview et le documentaire, dans les termes concrets qu'il a utilisés, de cette même thèse. La juge n'a pas décidé contre Amaral à cause de ce qu'il a dit, mais à cause de qui il était.
Les MC reprendront-ils ce qu'ils appellent "leur recherche" faute de la définir, si un terme est mis à OG ? Ont-ils réglé les frais de justice qu'ils ont été condamnés à payer dans MC c. Amaral et al ? Et quid des intérêts des biens de Gonçalo Amaral dont ils avaient obtenu, en 2009, la mise sous séquestre ? Est-ce à Madeleine's Fund de payer tout cela, alors que Madeleine, parmi les cinq demandeurs MC, a été déboutée en avril 2015 ?


06 – ITV diffuse Manhunt, une adaptation en trois épisodes des mémoires du DCI Colin Sutton, le détective old style, en charge de l’affaire Delagrange en août 2004, qui a permis d’identifier l’assassin de plusieurs jeunes femmes, dont Milly Dowler. Cette histoire fictionnée d'une enquête réelle montre comment, sans gloriole, la tâche d'un commissaire est complexe. Il doit jongler entre ses supérieurs, ses subalternes, les médias et le public, tout en faisant avancer l'investigation dans la bonne direction. Est évoquée l'ambiance hautement compétitive régnant au sein des forces de police, l'échec et la réussite, dans une affaire sensible, étant des facteurs déterminants pour la carrière d'un DCI. Les pressions hiérarchiques, médiatiques s’accumulent, une erreur humaine peut avoir des conséquences fatales, on se demande comment les enquêteurs auraient mis la main sur le serial killer sans les technologies de vidéo-surveillance et de téléphonie mobile. Reste que le renseignement "humain" s'avère plus que précieux, indispensable. 




On voit combien il peut être difficile d'obtenir des preuves suffisantes pour poursuivre un suspect.  HOLMES est lent et difficile à manier. La base de données autonome utilisée par l'équipe de Sutton permet de rechercher rapidement les informations. 
L'épisode le plus choquant est celui où Sutton doit passer un accord avec News of the World qui menace de divulguer l'affaire (une fuite interne probablement sur laquelle la série ne s'attarde pas) alors que les enquêteurs réunissent des preuves sans lesquelles la garde à vue sera inopérante.
Lorsque les responsables de Operation Grange ont annoncé qu'ils allaient enquêter sur l'affaire MC comme si cela s'était passé au Royaume-Uni, ils semblent avoir compté sur les méthodes modernes pour résoudre l'affaire, mais ils n'ont eu ni vidéo-surveillance (technologie qui pèse très lourd dans les enquêtes britanniques, proscrite au Portugal dans le domaine public), ni informateur. Quant à la téléphonie mobile, les juges portugais ont interdit au ministère public, qui l'avait sollicité, de prendre connaissance de tout contenu antérieur à une autorisation de mise sous écoute.
SY a dès le départ fondé ses travaux sur une préconception, une prise de position formée d'avance. Ce n'est pas ainsi que les enquêtes sont censées commencer, sauf dans les régimes totalitaires. D'où l'étonnement. Cette attitude a amené les enquêteurs britanniques à suivre certains indices qui cadraient avec leur préjugé et à ignorer les autres. Il est difficile d'imaginer qu'ils parviendront ainsi à découvrir le fin mot de l'histoire.

Un demi-million de caméras rien qu'à Londres

Sur Colin Sutton, voir son entretien avec Martin Brunt (SkyNews) à propos de l'affaire MC.  
Sur l'avantage des CCTV, voir l'entretien avec l'ex-DCI Mick Neville

08 –  Companies House publie  pour la période 31.03-2017/2018 les comptes de MF Fund, qui a le statut de "petite SARL" depuis mars 2016.  Voir les (maigres) détails ici

11 – Au Texas (San Antonio) est découvert le corps d'un bébé (8 mois) prétendûment enlevé le 4 janvier. Le père avoue accident et mise en scène.




Février



12 – Fin de l'aventure à la fois amère et instructive dans le curieux monde des auto-proclamés modérateurs de la presse britanniques, pour ne pas mentionner IPSO. On y glisse comme sur une toile cirée, le sophisme y est roi et les faits la cinquième roue du carrosse. En anglais ici ou .


Malgré le rapport Leveson et la volonté du Parlement, en matière d'éthique et de précision, la presse nationale resta libre d'auto-réguler ses propres travaux, ne relevant que d'un seul organe de traitement des plaintes (IPSO), entièrement conçu par elle. IPSO est en réalié l'ex-PCC (Press Complaint Commission) discréditée, avec une nouvelle façade : même si elle voulait élever le niveau d'exactitude, elle n'en a pas le pouvoir.

Grâce à IPSO, des journaux mentent quotidiennement à des millions de lecteurs en toute impunité, et il n’est pas surprenant que les mensonges grandissent de plus en plus et deviennent plus effrontés.

Publication de The Annual Report on the Recognition System de la presse, tel qu'il a été défini par  The Royal Charter, d'où il émerge que seule le régulateur IMPRESS (qui ne regroupe que de petits journaux locaux) obéit aux règles. IPSO a déclaré n'avoir demandé aucune reconnaissance ou évaluation de son travail, ite missa est donc. L'organisme de traitement des plaintes n'est pas responsable de l'Editor's Code of Practice, comme le recommandait Lord Leveson (critère 7 de la Charte). C'est le comité du code de pratique des rédacteurs commande et ce comité est dominé par les rédacteurs...

Publication de The Caircross Review - A sustainable future for Journalism.     Ce rapport indépendant présente un aperçu des défis auxquels est confronté le journalisme de haute qualité au Royaume-Uni, en recommandant des mesures afin de sécuriser son avenir.

14 – La Chambre des Communes publie le rapport final  de l'enquête menée par le (maintenant on ajoute "Digital") Culture, Media and Sport Committee sur les fake news et lancée il y a deux ans. Ma communication, datée du 2 mars 2017 et gardée confidentielle jusqu'à présent (lire ici), cherche surtout à montrer que le terme "fake news" ne s'applique qu'à de l'infox débuscable par tout un chacun, pour peu que l'on tienne à la vérité.
Les "Fake News" ne sont pas un phénomène nouveau et ne sont ni nécessairement liées à l'usage d'internet ni limitées aux périodes électorales comme semble le penser le législateur français.
Il est de plus en plus clair que les médias, les autorités gouvernementales et les forces de police ont des liens étroits. Les médias ne se cachent plus d'être les agents de propagande des dirigeants, si besoin est et pas seulement, au lieu d'exercer le contrôle que l'on attend du 4è pouvoir. Désormais, ceux qui tentent d'informer les utilisateurs d'Internet sont régulièrement la cible d'attaques. Moins parce qu'il leur arrive de répandre de fausses nouvelles que parce qu'ils répandent des informations que les autorités ne veulent pas faire savoir. L'idée qu'il est facile de duper le public est aussi commune que fausse. Ne pas protester ne signifie pas nécessairement que l'on est dupe et peut signifier que l'on se moque de ce que disent les dirigeants et les médias. 
Même si les autorités contrôlent certaines plateformes, elles ne pourront jamais les contrôler toutes. Les autorités ont perdu leur pouvoir de contrôler les informations auxquelles le public peut avoir accès, there's is the rub !
Selon Peter Stillman, le génie fou de City of Glass qui tente d'inventer un nouveau langage pour sauver le monde, l'oeuf aux idées arrêtées des Nursery Rhymes, Humpty Dumpty, a la clé de notre salut : devenir les maîtres des mots que nous parlons, pour que le langage réponde à nos besoins. Humpty Dumpty était un prophète, un homme qui a énoncé des vérités pour lesquelles le monde n’était pas prêt (Paul Auster, pour qui la fiction est magnifiquement inutile et chaque histoire le seul endroit au monde où deux inconnus l'un à l'autre peuvent se rencontrer dans une intimité absolue).
 
 


16 – IA : après les deepfakes, qui devraient inciter à la plus grande méfiance face aux images véhiculées sur les réseaux sociaux (et pas seulement), voici GPT-2, le générateur de texte trop performant pour être rendu public ! il ne faudrait pas, selon le groupe de recherche OpenAI (co-fondé par Elon Musk) qui l'a produit, qu'il tombe dans de mauvaises mains.. Quelle accroche!   


18 – The Mirror rapporte les propos d'une experte en sciences forensiques, Angela Gallop CBE (Commander of the Order of the British Empire), dont   When the Dogs Don't Bark: A Forensic Scientist’s Search for the Truth vient d'être publié, dans une interview au Sunday Times. AG souhaite contribuer à faire la lumière dans l'affaire MC, tout en en mesurant l'extrême difficulté, parce qu'il s'agit d'un pays différent et qu'on ne sait ce qui est arrivé aux pièces à conviction : J'ai examiné des affaires qui semblaient sans espoir, donc rien ne me décourage vraiment aujourd'hui. Chaque contact laisse une trace, il faut juste la trouver. Où l'on voit que le principe de Locard n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
Le chien "qui n'a pas aboyé" est une référence claire à Sherlock Holmes. Quid alors quand Eddie aboie ?






21 – Le journaliste australien Mark Saunokonoko (9News) met en ligne le premier épisode, "Ils l'ont prise", de la série de podcasts audio "Maddie", qui explore ce que beaucoup pensent être l’histoire de la disparition de Madeleine MC, une disparition dont on est convaincu connaître les circonstances sinon les modalités. MS enquête sur les preuves qui pourraient conduire à remettre en question tout ce que l'on croit savoir sur l’affaire. Il est au moins roboratif que la croyance soit interrogée, elle qui joua un rôle si crucial et divers dans le phénomène "Madeleine MC".


26 – Zoe Mc Callum publie Journalism vs Churnalism où elle remarque que le rapport du DCMS et la Cairncross Review, publiés récemment (voir ci-dessus), préconisent une contrainte réglementaire de "haute qualité" pour les contenus et qu'aucun n'est normatif en fait de transparence, laissant le soin aux géants de la technologie de développer leurs propres outils. Révélateur car, particulièrement en ce qui concerne l'infox, cette tâche pratique est de loin la plus difficile. Un algorithme peut-il être programmé pour détecter la désinformation ? 




Mars



La CEDH publie en ligne "Comprendre les statistiques de la Cour".


01 – The Sun tient du spin doctor Clarence Mitchell l'information selon laquelle SY aurait demandé au HO un nouveau financement d'un an pour OG, une opération qui comptera très bientôt huit ans d'âge.  
Des voix sceptiques s'élèvent car SY ne communique rien depuis des mois : OG existe-t-il toujours ? L'intérêt de faire croire que oui est d'interdire les réponses aux FOI (Freedom of Information requests) sous prétexte que l'enquête est en cours.



02 – Selon Mailonline Netflix devrait diffuser ce mois-ci (15 mars) une série docu-fictionnelle sur l'affaire MC. 

04 – Second épisode, Chiffons rouges, de la série de podcasts audio "Maddie". Mark Saunokonoko signe ce True Crime Investigation et The troubling and perplexing case of Madeleine MC : What happened to Maddie in quiet seaside town ? ainsi que Inside of apartment 5A et aussi Gerry MC's changing routes on night Maddie vanished : does it matter ? et encore Timeline : what happened on the night Madeleine MC vanished ?
Les commentaires de Peter McLeod, un ex-surintendant de la police du Nottinghamshire qui a réfléchi sur l'affaire MC déclenchent la production en cascade, dans les red tops, de pratiquement le même article citant les critiques acerbes d'un "ami de Kate MC", probablement Clarence Mitchell, comme d'habitude. Sur "Peter Mac", voir d'abord ici, puis continuer.
Transcription et traduction ici.

06 – Sur le site officiel les MC se disent conscients que Netflix s'apprête à diffuser un documentaire, en mars 2019, sur la disparition de MMC. Ils font savoir que la production a sollicité leur participation, qu'ils n'ont pas vu et continuent à ne pas voir comment ce programme pourrait contribuer à la recherche de MMC et que, compte tenu de l'existence d'une investigation criminelle active, il pourrait être nuisible. Ils précisent que la série ne reflète pas leurs points de vue et références et qu'ils ne feront aucune déclaration ni ne donneront d'interview à ce propos.

Palindrome !






L'attitude des MC, qui réagissent comme si l'enjeu avait été  "la recherche de MMC", rappelle leur réponse quand Bill Turnbull et Sian Williams (BBC News - Breakfast) les questionnèrent sur leur position vis-à-vis de la reconstitution demandée par le ministère public (clip ici et transcription ) :
Gerald MC - ... Je dois dire que la perspective de revenir avec des médias essayant de regarder une reconstitution ne nous attire pas et nos émotions, pour nous ... pour considérer que .. Je pense qu'il y a aussi d'autres problèmes ..
Kate MC hoche la tête.
GMC - Combien d'informations supplémentaires obtiendrions-nous, un an après, vous savez, et nous avons tout dit à la police.
KMC - Si nous pensions que cela aiderait à retrouver Madeleine... c'est là le problème en réalité..
En mai 2018, SY aurait recommandé aux MC de ne pas donner d'interview afin de ne pas nuire à l'enquête, une mise en garde étalée dans The Sun. Vrai ou faux, les MC avaient déclaré sur leur site qu'ils ne savaient plus quoi dire.. En réalité ils savent qu'ils ne contrôlent plus l'information, que leurs déclarations sont examinées à la loupe par leurs détracteurs et que le silence est un moindre mal. Quant au fait que le documentaire de Netflix "pourrait nuire à l'enquête de Operation Grange", on songe, par exemple, au documentaire d'Emma Loach tourné début 2008, alors que l'enquête portugaise était en cours, pour ne rien dire des actions des enquêteurs privés.
Et puis, si une enquête active était en cours pour retrouver MMC, les MC et la police n'interdiraient-ils pas de diffuser la série ?
En tout cas, à voir la série, la première raison de ne pas y participer saute aux yeux : tout est à leur avantage et au détriment de la PJ. Mieux valait raisonnablement ne pas en rajouter.

10 – 9News - Interview de M. Saunokonoko. Epic Police search...





12 –  On célèbre avec juste reconnaissance les 30 ans du WWW.
"Internet" et "Web" sont souvent confondus. Le premier, créé en 1969 aux EU sous le nom d'Arpanet et destiné à la défense, devint rapidement un moyen de communication entre universités et centres de recherche pour échanger des données, "Internet" (contraction d'"interconnected networks") qui désigne à la fois l’infrastructure permettant le transfert de données via câbles, serveurs et ordinateurs mais aussi le système complexe d’adresses qui acheminent correctement les informations. Le World Wide Web en est une des applications. L'idée du web a germé 20 ans plus tard, en Europe, lorsque Tim Berners-Lee fut chargé par son employeur, le CERN, de travailler sur une base de données destinée aux physiciens. TBL en fit en plus que demandé, le projet de créer un système unique et universel d’échanges de données était né.





Dans le 3è épisode, L'homme sans visage, de la série de podcasts audio "Maddie" du journaliste M. Saunokonoko. L'ex-policier Colin Sutton regrette qu'il n'y ait pas eu de reconstitution des événements du 3 mai. Aussitôt dit The Sun s'en saisit, tordit et recracha : Un flic héroïque blâme les flics portugais de ne pas avoir organisé la reconstruction de la nuit où (MMC) a disparu. CS proteste sur Twitter, en vain (c'est la norme).


Si seulement les intéressés avaient pris part à la reconstitution... C'est bien là tout le problème et c'est là aussi, il faut bien le dire, que l'on observe ce qui, de la recherche de MMC et de la réputation de ses parents, pesait le plus lourd dans la balance de ces derniers. Et comme il est absolument exclu d'imaginer que cette petite fille n'était pas chérie, force est de conclure que la chercher n'avait pas de sens car on ne cherche que s'il y a quelque chose à trouver. CQFD.



13 – Le Daily Star remarque que Madeleine's Fund frise le million de livres 'tandis que les contribuables continuent à payer l'enquête du Met. La Fédération de la police et d'anciens détectives ont appelé à mettre fin à Operation Grange, estimant qu'il serait préférable de dépenser de l'argent pour lutter contre les crimes à l'arme blanche et le terrorisme. Cressida Dick, commissaire du Met, a toutefois promis que l'enquête durerait jusqu'à ce qu'elle "parvienne à sa conclusion".
Le Guardian suggère que Netflix n'a pas réussi à contacter les personnages-clefs de l'affaire.  Il est possible que les principaux protagonistes aient été dissuadés par SY de participer à une entreprise aussi hasardeuse car tout ce qu'ils ont fait jusqu'à présent a été, à la suite de l'identification du prétendu ravisseur, de susciter des questions pour lesquelles ils n'ont fourni aucune réponse. Pas plus que les MC, qui n'ont jamais commenté la "perte" de leur seul élément de preuve.

14 – Lancement de la bande-annonce du documentaire Netflix en huit épisodes d'une heure, sobrement intitulé "The disappearance of Madeleine MC", dont le premier sera diffusé le lendemain. Pas de trompette sensationnaliste promettant des révélations, mais, compte tenu des personnes interrogées, il ne faut guère s'attendre à de nouveaux points de vue.
Chaque épisode aurait coûté 2 millions d'euros, ce qui scandalise (mais un épisode de Game of Thrones en coûte 15), s'ajoutant à l'argent public déjà dépensé sans résultat. S'il y a une chose que démontre le traitement de l'affaire MC, c'est que l'argent ne sert à rien si les "victimes" ne collaborent pas avec les forces de police, par exemple en répondant aux questions des enquêteurs ou en n'esquivant pas une reconstitution demandée par le parquet.  Pour ne rien dire de l'argent public jeté par les fenêtres lorsqu'une équipe chargée de ré-examiner le dossier puis d'investiguer fait l'économie du commencement et part d'emblée et exclusivement sur la piste d'un ravisseur, dont l'invisibilité et l'intangibilité n'en remettent pas pour autant en cause l'existence au fil du temps qui passe.
La presse évidemment saisit l'occasion de titrer grand... Voir ici (Une bombe documentaire affirme que Madeleine McCann "est toujours en vie"), (Est-ce dans l'affirmation selon laquelle l'enfant portée disparue est "toujours en vie" qu'il faut la chercher ?) et encore (Le documentaire de Netflix sur Madeleine McCann pourrait inciter ses parents à assigner à nouveau en justice) et encore ici (Madeleine McCann vivante après avoir été enlevée par des trafiquants) et on ajoute parce qu'elle était blanche et de la classe moyenne
Après tout qu'importe la vérité des faits ? Aussi longtemps qu'un documentaire promeut la croyance orthodoxe, "politiquement correcte", la production sera soutenue et défendue.  


Dans la version française, "La disparition de Maddie McCann"


8 heures de vie devant des images pour ne rien apprendre si ce n'est que l'opinion continue à être divisée et quelques curiosités comme un homme soulevant le couvercle d'une poubelle (Part 1, 17'33), manifestement pleine, pour regarder dedans. Étrange, puisqu'au même instant tous ceux qui étaient réveillés ou l'avaient été cherchaient partout une petite fille vivante. La seule personne qui dit avoir soulevé le couvercle d'une (seule) poubelle est Kate MC (après avoir pris soin auparavant de prier Dieu de faire en sorte que MMC ne se trouve pas dedans). Si l'idée du réalisateur était de suggérer que l'on cherchait alors une petite fille morte, il s'est lourdement trompé.
Summers & Swan, déroulant un story telling biaisé par le point de vue exclusif du kidnapping, font office de narrateurs récurrents. Songer que Summers a écrit The File on the Tsar où certains des derniers Romanov n'auraient pas été assassinés à Ekaterinburg et Goddess: The Secret Lives of Marilyn Monroe, où la star aurait été victime d'une conspiration... De là à voir des complots partout en général et dans l'affaire MC en particulier, il n'y a qu'un pas, franchi plus souvent qu'à son tour. Ainsi de la nièce de Pamela F (CT) voyant un homme sortir du patio des MC, en fait du patio du 5B (probablement Matthew O qui y séjournait). Ainsi du ravisseur s'introduisant la veille du drame pour repérer les lieux ou pour agir mais, dérangé, se jurant de revenir le lendemain, équipé de sédatifs. Même Enid Blyton n'aurait pas osé, et c'est à des enfants qu'elle destinait ses "famous Five".
Il n'est guère surprenant que, selon la production Netflix, l'enquête de la PJ n'ait rien mis à jour puisqu'elle s'inspire largement de Summers et Swan qui, à l'instar des MC, en ont une fort piètre opinion.  Ce qui est intéressant c'est qu'aucun fait n'a été présenté pour étayer cette idée-là.
Un certain Neil Berry en quête de ses 15', affirme que MMC avait plongé d'un bateau, le 3 mai au matin, pour récupérer le chapeau de sa fille qui était tombé dans l'océan ! Si MMC était tombée à l'eau elle aurait eu un choc thermique car l'eau était froide (16°) et il aurait été étonnant que les parents n'en soient pas informés. Brian et Patrick Kennedy et les Haynes Hubbards prennent la parole. On serait surpris qu'ils l'aient fait contre la volonté des MC.
L'inévitable Jim Gamble, éternel frustré de l'observatoire de la pédophilie en ligne (CEOP),  déclare que les gens ne vont pas tuer leur enfant à l'étranger, ils le font dans un lieu familier et plus privé. Par ailleurs it's theoretically impossible to consider woke and wandered and completely ignore the possibility of Kate's fabricating evidence of an abduction but that's exactly what JG has done.
Le pompon appartient peut-être au détective espagnol,
Julián Peribáñez, manifestement ravi de dire pis que pendre de son patron Francisco Marco (Metodo 3) auquel Netflix accorde un temps d'antenne surprenant, s'agissant d'un individu qui admet librement 1) avoir violé la loi portugaise et 2) avoir intimidé et corrompu des témoins (il dit avoit offert un demi million de dollars à un certain SM pour parler). La sympathie affichée de ce "détective" pour les MC n'est toutefois pas allée jusqu'à les avertir qu'ils étaient escroqués par M3 !

Si la production a cherché l'équilibre, c'est entre les pour et les contre la thèse de l'enlèvement, autrement dit entre les croyants et les mécréants ou entre les crédules et les incrédules, tout le reste a été écarté, comme s'il n'existait pas.




Ah, petit détail horripilant : le documentaire répète le mensonge du dernier Panorama où Richard Bilton affirme que Martin S a changé d'avis à propos de la ressemblance de Smithman avec Gerald MC. La BBC, contactée par la journaliste irlandaise Gemma O'Doherty (entrée en contact avec les S qui ont démenti), avait promis de rectifier, mais n'en ont rien fait!


Chronique amusante de Pat Brown, qui n'a pas été conviée (déjà snobée par S&S). Voir ici des critiques qui sont parfois judicieuses mais tombent régulièrement à plat car elles sont absolument toutes biaisées par un pseudo fait, non avéré, l'enlèvement. Comme si la disparition de MMC ne pouvait s'expliquer autrement, un biais que sert admirablement l'absence de corps.
 
 


15 – Selon la productrice exécutive Emma Cooper et le réalisateur Chris Smith, l'objectif du documentaire est d'amener le spectateur sur le chemin parcouru par le public (de l'époque) et d'examiner l'affaire ... de près et de manière forensique, d'une manière qui n'avait encore jamais été proposée
Netflix prétend avoir recueilli des témoignages jamais entendus de ceux qui sont au cœur de l'histoire, y compris des amis de la famille McCann, des enquêteurs travaillant sur l'affaire et de ceux qui sont devenus l'objet de spéculations et de rumeurs médiatiques.
Voir ici la liste des principaux interviewés.

16 – CMTV - Rua Segura - débat à propos du docu de Netflix.

18 – 4ème épisode, Eddie et Keela, de la série de podcasts audio "Maddie" de M. Saunokonoko. Voilà ce qu'y déclare Colin Sutton (dont il faut quand même louer l'ouverture d'esprit, même tardive) : 
Je ne suis pas sûr que l'enquête portugaise ait été aussi mauvaise qu'on l'a peinte ... et je ne pense pas qu'elle ait été l'inepte et incomplète enquête que certains ont décrite. Ils ont entendu les témoins très rapidement, ils ont analysé les dépositions, ils ont enquêté, ils ont ré-interviewé, ils ont fait de la médecine légale du mieux qu'ils pouvaient. Parfois, les preuves sont absentes, vous ne pouvez tout simplement pas prouver ce que vous essayez de prouver.

Transcription et traduction ici. 


  Antony Sharples, qui a écrit les nombreuses, brillantes et souvent drôles chroniques dites du Blacksmith Bureau et aussi le pénétrant Cracked Mirror, nous a quittés.  

 J. Prévert - Le miroir brisé

L'esprit critique d'Antony était fort aiguisé, mais, pas d'oxymore ici, Antony était un homme affable, bienveillant. Dans la marge de droite de ce blog, ses nombreuses chroniques, parmi d'autres.

Le miroir brisé ou la vérité méconnue - Aimé-Jules Dalou (1838-1902)


21 – La Grande-Bretagne possède l'un des environnements médiatiques les plus concentrés au monde. Trois entreprises dominent 83% de la diffusion des journaux nationaux ; cinq entreprises représentent 80% de la portée des journaux nationaux; cinq entreprises contrôlent 80% des titres de journaux locaux ; et deux sociétés possèdent près de la moitié de toutes les stations de radio analogiques commerciales. 
Le manifeste 2019 de la MRC (Media Reform Coalition) concerne 4 domaines (cadre nouveau pour la pluralité des médias, démocratisation de la BBC, réforme du système de réglementation indépendante de la presse et défi lancé à la domination des monopoles de plates-formes).

22 – Le spin doctor, qui ne l'est officiellement plus mais sévit néanmoins plus souvent qu'à son tour, semble pris de court en fait de spinning et répète le leit-motiv des MC "quand ils jugent utile, ils collaborent, sinon ils ignorent", car nul n'est à leur hauteur en fait de recherche.

24 – Le Daily Mail s'indigne que les MC soient pourchassés pour des frais de justice associés à l'action qu'ils ont menée contre GA ! Un nouveau coup/coût propre à les tourmenter... Sérieusement, alors que l'argent ne sort même pas de leur poche (mais de Madeleine's Fund) !
 
Publication d'une vidéo YT  (un dialogue) qui ne tire aucune conclusion ferme ni ne défend une théorie, ce qui semble la seule conclusion raisonnable compte tenu de l'insuffisance des éléments probants.

Les présentateurs déclarent qu'on leur a demandé, à partir du documentaire de Netflix sur l'affaire,  de réfléchir à haute voix sur ce qui a pu se passer. Ils n'ont pas pu en décider mais ils disent clairement ne pas pouvoir écarter la possibilité d'une implication parentale. On voit ici des gens qui essaient de comprendre les attitudes et les comportements des parents et qui se trouvent dans l'impossibilité de le faire. Ils trouvent seulement le comportement des parents "bizarre", mais à la question de savoir si, par rapport aux preuves dont on dispose, ils peuvent élaborer un scénario, la réponse est "non". Celui qui a dit "non" donne néanmoins son avis ; il penche pour l'implication des MC, malgré l'insuffisance des preuves et le doute raisonnable qui empêchent de les traduire en justice. Il souligne également qu'il n'y a pas de preuves pour soutenir la théorie de l'enlèvement. L'un des hommes explique très bien pourquoi les gens se sentent mal à l'aise par rapport aux MC. C'est un bon exemple de la difficulté pour passer par-dessus les questions que suscitent les déclarations des parents. C'est l'intérêt principal de ce dialogue. 

Il y a eu un effort énorme pour faire avancer les choses, des tas de gens ont assuré qu'à leur avis les parents étaient innocents et que l'enfant avait été enlevée et on a mis sur pied OG pour enquêter sur un enlèvement. Cependant, personne n'a jamais apporté la moindre preuve d'enlèvement et/ou de l'impossibilité d'impliquer les parents. Tant que cela ne sera pas le cas, ces incertitudes subsisteront. 


 


25 –  Cinquième épisode, L'ADN, de la série de podcasts audio "Maddie" de Mark Saunokonoko podcastée par 9News. On y apprend qu'il existe des techniques d'analyse haut de gamme pour discriminer entre les profils ADN lorsqu'un prélèvement rassemble plusieurs profils, qu'un chercheur américain est prêt à ré-analyser pro bono, mais que SY, contacté, n'a pas réagi. Portugal Resident se demande si Operation Grange existe encore. Le prof. Mark Perlin propose de séparer, dans un prélèvement "mixte", l'ADN de chaque individu. Il pourrait alors démontrer que les 15 marqueurs (sur 19) qui "matchent" ceux de MMC sont les siens ou non et répondre à la question à laquelle John Lowe (FSS) n'a pas su répondre : l'ADN de MMC se trouve-t-il das ce prélèvement ?
On voit pourtant une étroite collaboration entre FSS et  Cybergenetics en juillet 2004.
Transcription et traduction ici.

S'il semble incertain que l'on puisse différencier avec certitude l'ADN d'un certain enfant lorsque ne peuvent être exclus du prélèvement ses parents et ses frère et soeur, l'attitude de SY n'en reste pas moins révélatrice : ils sont chargés de retrouver une petite fille et un ravisseur, rien d'autre.
En tout cas, s'agissant d'expliquer ce que peut révéler l'ADN, il vaut certainement mieux s'adresser à un expert comme le prof. Mark Perlin qu'à des amateurs comme S&S et Jim Gamble (Netflix).
Quelques informations (en français) ici.

28 – La journaliste Sandra Felgueiras, qui a plus que 15' de gloire comme star dans le documentaire de Netflix, illustre devant les caméras et sans état d'âme ce que doit être et ne pas être un journaliste qui se respecte.

Publication par la CEDH d'un opuscule intitulé Comprendre les statistiques de la Cour. 56.800 requêtes pendantes au 30.06.2019.
En 2009, la Cour a adopté une nouvelle politique concernant l’ordre de traitement des affaires. Dans le cadre de cette politique, elle prend en compte l’importance et l’urgence des questions soulevées pour décider de l'ordre dans lequel les affaires doivent être traitées. Ainsi, les affaires les plus graves et celles qui révèlent l'existence de problèmes largement répandus sont distinguées (catégories I, II et III) et examinées dès que possible.

La CEDH donne la priorité aux affaires relevant des articles 2 à 5, qui concernent les droits "cruciaux" : droit à la vie, droit de ne pas être torturé, de ne pas être réduit en esclavage et droit à la liberté.
La requête des MC est décrite comme "en attente d'une première décision judiciaire", c'est dire qu'on l'a attribuée à une formation judiciaire mais que celle-ci n'a pas encore décidé si la requête serait écartée ou si le gouvernement concerné serait informé.










Le 30 janvier 2017, le comité restreint de la Chambre des Communes pour la culture, les médias et le sport, en quête de moyens de réaction face au concept et au phénomène de l'information fausse (infox), lança une enquête et invita le public à faire connaître son point de vue avant le 3 mars.

Neuf jours auparavant (21 janvier), l'attaché de presse de la Maison Blanche, Sean Spicer, avait accusé les médias d'avoir délibérément sous-estimé l'importance de la foule lors de la cérémonie inaugurale de la présidence de Donald Trump. C'était faux, mais il n'avait fait que réitérer une pratique courante.
Kellyanne Conway, conseillère de DT, interrogée par Meet the Press, déclara que SS avait proféré non des faussetés, mais des "faits alternatifs", ce qui lui valut cette réplique : les faits alternatifs ne sont pas des faits, mais des contre-vérités.

KC voulait probablement dire que SS avait donné son interprétation des faits, mais avec "faits alternatifs" elle présupposait l'existence d'un monde parallèle dans lequel les puissants, s'excluant de notre monde commun, pourraient décider, avec certitude de l'impunité, que des allégations inexactes ou trompeuses sont des faits. Être cru ou non n’est pas le problème, la crédibilité n’est pas prise en compte, toute tentative de réfutation étant donc neutralisée.

S'il est socialement préoccupant de voir contre-vérités et opinions tenues pour des faits circuler indifféremment et induire une perception altérée de la réalité, l'indifférence à l'égard de la vérification des faits apparaît encore plus préoccupante.
En réalité, "faits alternatifs" revient à dire "taisez-vous!". La "post-vérité" est-elle liée à une montée de la "post-ignorance"?

Le 31 janvier 2017, la Cour suprême de justice portugaise (STJ) confirma la décision de la Cour d'appel dans l'affaire McCann c. Amaral et al. Selon l'avocat des appelants, Isabel Duarte, les McCann portaient depuis près de neuf ans les stigmates de l'innocence avec une double peine, la perte de leur enfant d'un côté, les persécutions d'un ancien inspecteur de police (G. Amaral) de l'autre. Dra Duarte avait formulé ses allégations à partir de la conclusion de l'ordonnance de classement de juillet 2008 mettant fin à l'enquête criminelle, faute d'obtention d'élément de preuve quant à quelque commission de crime par les suspects (les MC et une autre personne). Dra Duarte conféra indûment à cette ordonnance la valeur d'autorité de la chose jugée établissant l'innocence de ses clients.

Les juges de la STJ, qui n'étaient pas enclins à désigner les contre-vérités comme "faits alternatifs", rappelèrent que le dépôt du dossier avait été déterminé non pas parce que les procureurs avaient acquis la conviction que les appelants n'avaient commis aucun crime (article 277 du CPP), mais par l'impossibilité pour le ministère public d'obtenir des preuves suffisantes de la pratique de crime par les appelants (article 277-2). Les juges firent brièvement allusion à la principale raison de cette impossibilité, la question de l'innocence ou de la culpabilité des McCann concernant les faits ayant conduit à la disparition de leur fille étant hors sujet.

Selon les juges de la STJ, dont la décision fait référence notamment aux doutes des procureurs au sujet de l'histoire racontée par les McCann et des discrépances dans la ligne de temps, il n'était pas acceptable de considérer que l'ordonnance de classement, fondée sur l'insuffisance des preuves, dût être traitée comme une preuve d'innocence.

En répondant aux allégations des appelants, les juges de la STJ ouvrirent incontournablement une sorte de boîte de Pandore. Le doute envahit toute l'affaire McCann, un espace qu'occupait depuis 9 ans leur innocence grâce à une conférence de presse où leur chargé de communication, M. Mitchell, fit savoir que ses clients avaient été "blanchis". Un peu avant, ce 21 juillet 2008, le ministère public portugais avait annoncé dans un court communiqué l'ordonnance de classement de l'enquête sur la disparition de MMC, aucune preuve de crime n'ayant été trouvée, ce qui avait pour effet de lever tout statut d'arguido (suspect). Le même communiqué indiquait également que ceux qui en avaient la légitimité (les McCann, par exemple) pouvaient demander l'ouverture de la phase d'instruction ou la réouverture de l'enquête, des points auxquels M. Mitchell ne fit point allusion.

Que M. Mitchell ait induit le public en erreur volontairement ou non est hors sujet. Néanmoins, à la suite du communiqué de presse de M. Mitchell, tous les journaux nationaux et internationaux titrèrent faussement "Les McCann officiellement sanctionnés par la police", "Les McCann pourraient se plaindre du statut de suspect", "Les McCann menacent de poursuivre la police portugaise pour l'enquête ratée", "L'angoisse des McCann :  la police devrait être sur le banc des accusés", etc.

Bien entendu, cet exemple d'information erronée ou erronée n'est qu'un exemple d'un phénomène multiforme, mais on observe que, bien que les réseaux sociaux aient critiqué la version de M. Mitchell quant à l'ordonnance du MP, les MSM ont fait la sourde oreille. Même après la publication de cette ordonnance et sa traduction ultérieure, les journaux n'ont aucunement vérifié les faits, peut-être parce qu'il leur tenait plus à coeur d'être politiquement corrects.

Le fait que la plus haute juridiction portugaise ait indirectement ruiné l'interprétation erronée de l'ordonnance de classement juste un jour après l'appel à communication sur les fake news de la Chambre des Communes était pure coïncidence, mais semblait exiger qu'il en fut tiré parti. En tant qu'étrangère, j'ai demandé si j'avais le droit d'envoyer une communication. Le greffier du comité a répondu que l'enquête était ouverte aux citoyens d'outre-mer. J'ai choisi de comprendre qu'il voulait dire "citoyens européens". Vérité des faits ou défaite de la vérité ? respecte les indications formelles de l'appel de la Commission.


Pendant ce temps, des militants contre le journalisme tabloïd ont exhorté les gens à inonder l’enquête de la Chambre des Communes de plaintes sur les inexactitudes des MSM (Main Stream Media). Bien que le cadre de référence n'indiquât pas que l'enquête ne couvrirait pas les fake news publiées par les journaux membres d'IPSO, le président du comité, le député Damian Collins, a déclaré que ces plaintes ne seraient pas prises en compte: il fallait les envoyer à IPSO, l'organe régulateur mis sur pied par l’industrie de la presse, le problème étant qu'en fait d'inexactitude, il n'était pas possible de se plaindre d'une fausseté publiée en ligne.

À propos d'IPSO, un flagrant cas d'inexactitude sur divers points (et non d'interprétation biaisée) s'est produit à l'automne dernier : les McCann luttent contre Gonçalo Amaral à la CEDH pour l'empêcher de s'enrichir (aux dépens de Madeleine's Fund). J'ai fait l'expérience d'envoyer une plainte (qui, ainsi que la demande de révision et l'échange de courriels, peut être lue ici) d'abord à The Sun puis à IPSO. IPSO n'a même pas mené d'enquête réglementaire, ce qui prouve, si cela était nécessaire, que cet organisme n'est pas un régulateur indépendant ou efficace pour la presse.

Pourquoi, au sujet de l'infox, les médias traditionnels ne présenteraient-ils pas aujourd'hui, comme ils le faisaient dans le passé, le même type de menace que les médias sociaux qui inquiètent tant les autorités? L'infox dans la presse écrite (voir la longue "rumeur jemmied window / shutter") a souvent une diffusion beaucoup plus large et donc pernicieuse que celle publiée sur d'obscurs sites Web.

Le 2 mars dernier, un article du Daily Mail se demandait, à propos du nouveau documentaire de Netflix consacré à Madeleine McCann, si Gonçalo Amaral, toujours mêlé à une longue bataille de diffamation avec les MC, y participerait. J'ai fait observer au Daily Mail que MC v Amaral et al., qui n'avait jamais été une action en diffamation, avait épuisé tous les recours, le Daily Mail a rétorqué que l'avocate portugaise de Kate et Gerry McCann, Isobel (sic) Duarte, avait interjeté appel auprès du CEDH contre le jugement portugais après que M. Amaral eut eu gain de cause en diffamation ... Le journal en déduisait que le différend était toujours en cours et durait depuis longtemps puisqu'il n'avait pas encore été réglé ..

Jusqu'à récemment, on pouvait croire que la rectification de l'histoire et de l'actualité était le sinistre apanage des régimes totalitaires. Nous ne vivons pas sous le règne de Big Brother et pourtant les faits sont précaires qu'ils mettent en danger nos démocraties. Comment les faire correctement fonctionner ? Faut-il craindre, comme Marcel Gauchet, une sorte d'anomie démocratique ?

Nous n'avons pas choisi l'époque où nous vivons, celle où nous allons mourir, mieux vaudrait essayer de la comprendre.

Ne reconnaît-on pas l'arbre à ses fruits ?




Je ne leur ai jamais rendu la vie infernale. J'ai juste dit la vérité et ils ont pensé que c'était infernal.