Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

U/V












Utilité
Vent (whoosh)
Vérité (chercher la)
Vérité de fait
Vérité et non vérité
Vérité, post-vérité et story telling
Verrouillage
Victimat cf imposteur ou fausse victime

Victime vs Monstre
Victime en général (la place des médias)
Victime (de...)
Victime (idéale)
Victime (le règne de la)

Vie privée
Violence (faite aux enfants)

Visibilité (médiatique) vs Célébrité
Vision périphérique et vision tunnelisée
Volet

Vrai/Faux


Utilité
Dans un monde dominé par les impératifs économiques, est souvent invoqué l'argument d'utilité selon lequel la preuve qu'une idée est vraie est qu'elle "marche, réussit et donne de bons résultats." C'est le pragmatisme propre au sens commun. Ce qui valide une tactique d'action, c'est sa réussite en termes de résultats. Qui n'est pas en quête de résultats ? Il est évidemment tentant de considérer la vérité sous cet angle et de ne juger une idée que dans son application pratique. Trivialement on remplace la question de la vérité de l'idée par celle de ce que cette idée rapporte, comme si celle qui ne rapporte rien serait une idée fausse.
Dès lors, c'est l'utilité qui devient le critère de la vérité. Le mot "utile" est cependant vague. W. James distingue trois sens 
1) est utile ce qui coordonne le mieux nos idées, une idée est utile si elle permet de faire des synthèses et de rassembler un ensemble d'idées sous une forme cohérente. L'idée utile permet de mettre en ordre nos idées.
2) L'utile, c'est aussi ce qui en accord avec l'expérience, ce qui englobe, selon WJ, à la fois l'expérimentation et l'expérience subjective.
3) L'utile, c'est enfin ce qui présente un avantage, ce qui est vrai est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière. 
L'utile désigne donc le vrai au sens de ce qui assure un certain confort intellectuel.

Vent (whoosh)
Ce qui est étonnant dans le récit du "whoosh", c'est qu'on nous demande de croire que le vent a attendu, après l'"enlèvement", que Kate referme un peu la porte pour souffler avec la force nécessaire pour la claquer. Sacrée coïncidence ou aucun sens ? Si, en entrant chez vous, vous trouviez la porte de la chambre des enfants complètement ouverte, vous vérifieriez d'abord que les enfants sont dans la chambre avant de fermer la porte. Kate ne regarde pas, elle referme la porte, qui lui échappe et claque. C'est alors qu'elle ouvre la porte (aucune force du vent ne lui résiste). Elle en profite pour regarder et a du mal parce que la pièce était sombre (mais Gerry a très bien vu Madeleine une demi-heure avant). 
Ces aberrations font partie des raisons pour lesquelles on parle encore de cette affaire. Si les MC disent la vérité sur ce qui est arrivé à Madeleine, soit leur histoire implique la plus fantastique des séquences de coïncidences, soit ils l'ont embellie - et s'ils l'ont fait, pourquoi ?
Mais le passage qui touche semble sorti tout droit d'Agatha Christie - une mère abandonne deux enfants en découvrant qu'un troisième a disparu - Poirot ou Miss Marple n'y croiraient pas non plus. Trop de drame !

Vérité (chercher la)
La vérité n'est pas toujours un bien, ce qui donne au devoir de la chercher l'amertume d'une tâche qui est à elle-même sa propre gratification mais dont on ne peut attendre aucun mieux-être.
Chercher la vérité est notre condition. Comme dit Montaigne nous sommes voués à chercher la vérité. Est-ce un devoir ? N'avons-nous pas le choix de la posséder ou non ? Si c'est un devoir, nous sommes comme des chasseurs que la traque du gibier intéresse davantage que sa prise ou bien comme Tantale condamné par les dieux à désirer sans fin la nourriture qui pourrait l'apaiser, nourriture qui s'éloigne chaque fois qu'il tend le bras pour la saisir. 
Chercher la vérité parce qu'elle se dérobe, notre rapport à elle est asymptotique. On ne peut qu'y tendre, on ne saurait y prétendre. La vérité est hors d'atteinte, mais cela suffit-il à en faire une boussole. Chercher la vérité, un devoir ou, plus neutrement, une nécessité ? Nous devons la chercher car elle est un bien, non plus une fin en soi mais un bien dont l'obtention comporte des bienfaits. Autrement dit à la nécessité à laquelle notre condition mortelle nous contraint, chercher la vérité sans la trouver, s'ajoute la nécessité morale d'élire la vérité contre le mensonge. 
Le devoir de chercher la vérité peut être illusoire ou toxique. Substituer au devoir de chercher la vérité la tâche plus noble sinon plus courageuse d'assumer la réalité de notre condition qui est précisément de ne pas la détenir. Et si la réalité, avec ses mensonges et ses illusions étaient notre objet plus que la vérité qui n'en serait que le fantasme famélique ? Et si la vérité était à la réalité non pas ce que l'immuable est au devenir ou ce que le bien est au mensonge, mais ce qu'un squelette est à la chair qui le recouvre et qui seule fait l'objet du désir ou de la curiosité ?
En réalité la plupart des gens ne veulent pas la vérité. Ce qu'ils veulent, c'est l'assurance constante que ce qu'ils croient est la vérité. 
La recherche de la vérité est un effort de coopération sans fin. Nous pouvons et devons y participer dans la mesure où nous pouvons et encourageons les autres à faire de même, en cherchant à nous libérer des contraintes imposées par les institutions coercitives, le dogme, l'irrationalité, le conformisme excessif et le manque d'initiative et d'imagination, et de nombreuses autres obstacles. Noam Chomsky

Vérité (de fait)
Hannah Arendt écrit : Les faits sont la matière des opinions, et les opinions, inspirées par différents intérêts et différentes passions, peuvent différer largement et demeurer légitimes aussi longtemps qu’elles respectent la vérité de fait. La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.
Quand SY fait fi des positions du parquet portugais et de la plus haute instance de justice du pays dont n'est pas contestée la jurisdiction dans l'affaire MC, c'est vérité de fait qui s'effondre. On se moque du factuel et on parle alors de post-vérité, chacun affirme sa vérité au milieu de vérités multiples infinies et relatives.
Quelle est cette désinvolture à vouloir trancher d’un trait de plume la complexité de la question des liens qu’entretiennent « les faits » et « la vérité » ? À propos de la vérité historique, les plus grands historiens eux-mêmes disent qu’il faut distinguer factualité et vérité, cette dernière étant changeante. Ne parlons même pas de la « vérité judiciaire » toujours relative et si complexe à élaborer.
Dans "Vérité et politique", chaque fois qu'Arendt parle de vérité, elle précise toujours de quel type de vérité il s'agit : vérité historique, vérité triviale, vérité quelconque, vérité psychologique, vérité paradoxale, vérité réelle, vérité philosophique, vérité cachée, vérité ancienne, vérité évidente, vérité pertinente, vérité rationnelle, vérité impuissante, vérité indifférente, vérité mathématique, demi-vérité, vérité absolue et vérité factuelle. Il n'y a pas de "vérité", seulement une vérité en référence à quelque chose de particulier. Les adjectifs qu'elle accole à "vérité" transforment le concept en une donnée du monde.

Vérité et non-vérité  
Le Procureur JMM l'a écrit ou signé, les MC et leurs amis n'ont pas dit toute la vérité dans leurs dépositions. Interrogé devant le tribunal (janvier 2010), JMM a rectifié le mot "mensonge", trop brutal sans doute, et a préféré l'édulcoré "non-vérité". Tenons-nous en là. Des non-vérités pour (mal) dissimuler probablement assez peu de choses mais qui ont eu un impact énorme (et peut-être fatal) sur le déroulement de l'enquête.
JMM l'a dit devant la Cour, "le couple a menti à la police sur la durée pendant laquelle ils laissaient Madeleine seule" (il se fondait sur le témoignage de Pamela F qui entendit un enfant pleurer et appeler son père pendant 75', le 1er mai).
 


Vérité, post-vérité et story telling
À l'origine de la post-vérité, il y a un détournement, une dérive de la parole. Le mot dérouté sert à agir et non à dire la vérité. On parle de "sophisme", produit d'un raisonnement erroné ou instable. Les premiers sophistes (Protagoras, Gorgias, Antiphon, etc.) ne visaient pas à découvrir la vérité, ils enseignaient seulement la fonction rhétorique de la parole, donc le pouvoir du langage, qui permet à la parole d'agir et de mettre en oeuvre une réalité à travers des mots.
Que produit le discours du story telling et de la fausse nouvelle et comment le produit-il? Quand nous faisons les choses avec des mots, que faisons-nous de la vérité?
Il faut déconstruire pour comprendre ce que les mots font réellement. Nous ne sommes plus dans l'ère des longs récits, nous sommes dans celle du story telling, c'est-à-dire d'une histoire qui rassure et offre une alternative à la complexité. Que devrions-nous craindre? Avec le story telling et le règne triomphant de la communication verbale, les mensonges sont véridiques, qu'ils soient crédibles ou non, et s'imposent plus ou moins à tous en fonction de l'autorité du locuteur. Il suffit de monopoliser le pouvoir des mots.
La libération de la parole n’a jamais paru aussi nécessaire, et les fractures sociales, auxquelles s’ajoutent des fractures linguistiques, sont plus vives. Pour revenir aux grands récits sans tomber dans le story telling, et pour éviter le piège de la post-vérité, il faudrait renouer avec les humanités qui préservent l'intelligence et la subtilité.


Verrouillage 
Si une situation est telle qu'il faille laisser seul pendant un moment un petit enfant endormi, que fait-on en général ? On se dit que le plus grand péril serait que l'enfant se réveille, s'aperçoive qu'il est seul, sorte de son lit, effrayé, quitte sa chambre.  Cela est plus probable qu'une intrusion.  On se prémunit en partie de ces dangers en verrouillant les issues. 
Si toutefois on se dit que le plus grand péril, dans un certain contexte, est l'incendie ou la fuite de gaz ou l'affolement de l'enfant face à une porte qu'il n'arrive pas à ouvrir, on ferme la porte mais pas à clef.
Si la porte n'est pas verrouillée, le sens commun veut que, découvrant que l'enfant n'est plus là et le sachant capable de se lever la nuit, ne serait-ce que pour s'installer dans le lit de ses parents, l'on imagine cet enfant dans le jardin ou la rue, cherchant ses parents ou du réconfort. Si cet enfant se fait par exemple renverser par une voiture dans une rue mal éclairée, y a-t-il négligence parentale ? 

Victimat cf imposteur ou fausse victime
Le concept de victime est un étonnant révélateur des contradictions qui travaillent actuellement la société. Peu de situations y échappent, on va chercher les victimes là où elles ne sont pas, on n’hésite pas à s'engager dans des causes douteuses voire fallacieuses, au risque de passer à côté des vrais et justes combats. 
Entre victimes et bourreaux il existe une totale étanchéité. Parmi les préjugés il y a celui selon lequel les victimes ne peuvent pas être des bourreaux. Un ex-commissaire contraint d'avoir son patrimoine gelé... n’est pas vraiment une victime, il subit seulement un dommage collatéral. L'individu qui a la chance d’être désigné comme victime a le privilège de l’irresponsabilité. Une victime ne peut avoir délibérément mal fait.
Les victimes sont par définition intouchables. Ainsi les MC se sentent habilités à avoir le verbe haut et définitif. Ils ont pris l'habitude de répliquer sur un registre qu'ils auraient bien tort de ne pas exploiter puisque les médias en raffolent et qu'on a les penseurs qu'on peut. Tant notre modernité se fabrique des idoles à son image : très imparfaites, provocatrices et sans tenue.

Victime vs Monstre
Si le monstre est par essence celui auquel il est impossible de s'identifier, la victime contemporaine appelle à l’inverse une identification massive. 
La victime antique, le bouc émissaire, sur qui pèsent tous les péchés du monde, rassemblait la collectivité contre elle.
La victime judéo-chrétienne, innocente, la rassemblait dans une compassion partagée. 
La victime contemporaine témoigne d’un destin collectif. Choisie parmi nous dans la foule par le destin, elle souffre à notre place. Nous sommes en dette à son égard. Un degré de plus est évidemment franchi, s’il s’agit d’un enfant.

Victime en général (la place des médias)
Les questions relatives au concept et à l'identité des victimes sont très problématiques, souvent controversées et appellent généralement des réponses très nuancées. Il est important de le souligner dès le départ car nos attitudes envers les victimes et la manière dont elles doivent être traitées sont susceptibles d'être façonnées par les hypothèses que nous faisons à leur sujet, qui ne sont pas toujours bien fondées. Cela vaut tout autant pour ceux qui préconisent des approches de justice réparatrice que la façon la plus appropriée de traiter les victimes que pour ceux qui sont chargés de formuler d'autres aspects de la politique de justice pénale, ou même pour les praticiens de la justice pénale, ceux qui travaillent dans les médias. ou le grand public.
le lien apparemment inextricable dans l’esprit du public entre les «victimes» et le «crime» est un phénomène relativement récent. Auparavant, le terme «victime» était aussi susceptible d’être associé au malheur général qu’au crime.
reconceptualisation du crime, suggérant que nous devrions le considérer non pas (simplement) comme une «violation de l'ordre juridique» mais (aussi) comme une «violation des droits de la victime individuelle».
processus d’accroissement de la visibilité des victimes concerne le rôle des médias et est illustré par l’importance continue accordée aux familles des victimes de meurtre dans des cas notoires
les médias ont non seulement continué à assurer une visibilité beaucoup plus grande aux victimes, mais ont également accordé fréquemment aux familles des victimes une voix de premier plan dans les débats publics
Un troisième facteur contribuant à la notoriété publique accrue qui est désormais accordée aux victimes
Les phénomènes du terrorisme et de la violence ont fait l'objet d'une large couverture médiatique, dont une grande partie s'est concentrée sur leur impact sur les victimes.
Le cinquième facteur est lié à l'introduction et à l'utilisation de plus en plus répandue d'enquêtes auprès des victimes de la part des autorités gouvernementales centrales et locales.
Le sixième et dernier facteur qui a peut-être contribué, quoique de façon marginale, à la notoriété publique beaucoup plus élevée qui est désormais accordée aux victimes de la criminalité est lié à la réaction souvent tardive et parfois réticente des criminologues universitaires à ces divers phénomènes.
La catégorie la plus évidente de victimes comprend celles qui ont été personnellement touchées par des «crimes conventionnels», qui sont le type d’infractions prédatrices impliquant des voies de fait ou des pertes ou dommages matériels qui sont le plus susceptibles d’être enregistrées par la police. Ce que nous «savons» même de ces victimes est à la fois contingent et contesté, tout comme cela dépend du type de discours - académique, administratif, juridique, médiatique, politique - dont il est issu, dont le but a été établi et la méthodologie sur laquelle il est basé.

Victime (de...)
L'individu qui souffre d'avoir souffert et à qui on doit toujours quelque chose au nom de la souffrance passée est toujours victime de quelque chose, d'un kidnappeur, d'une erreur judiciaire, de son statut de victime, de son inconscient. On peut considérer que les MC ont été enfermés psychologiquement dans le statut de victimes, même s'ils ont tout fait pour l'obtenir. Au détriment peut-être de leurs véritables intérêts ou, tout du moins, de ceux de leur famille.
L'hypothèse, devenue vérité officielle, de l'enlèvement pour expliquer la disparition a permis aux parents de s'ancrer dans sa position de victimes. D'emblée ils se sont dits et voulus victimes de l'enlèvement de leur fille, il n'était pas question d'une autre hypothèse, il était même sacrilège d'oser en avancer une autre. Peut-être qu'un jour ils finiront part être victimes de leur mauvais choix. Personne n'a émis l'hypothèse d'un homicide intentionnel, donc ce qui s'est passé n'est qu'un accident, ils n'ont fait que dissimuler le corps. Ce qui compte, c'est qu'ils puissent rester dans la position de victime, car les victimes sont innocentes. Il faut qu''ils puisse se regarder dans la glace et se dire : "nous étions les parents de MMC et ce qui est arrivé a échappé à notre contrôle".

Victime (idéale)
Avoir le statut de victime ne suffit pas, les victimes ne font pas toutes l'objet du même intérêt médiatique. Les ressources médiatiques préfèrent les victimes représentées ou représentables comme "idéales". Est idéale la victime que l'on perçoit d'emblée et légitimement comme telle. Les médias introduisent donc une hiérarchie parmi les victimes, au sommet de laquelle trônent les victimes idéales avec en premier lieu les enfants, perçus comme vulnérables, sans défense, innocents, méritant donc un élan massif de sympathie et compassion. En bas il y a ceux qui n'ont aucune chance d'accéder au statut, qui ne méritent pas l'attention médiatique et passent socialement inaperçus. 
Un point de départ utile pour explorer «ce que nous savons» sur l’identité et les attributs des victimes est le célèbre stéréotype de Nils Christie (1986) de «la victime idéale». Christie a identifié avec perspicacité six attributs qui, au niveau de la politique sociale, sont les plus susceptibles d'entraîner l'octroi d'un statut de victime complet, légitime et sans ambiguïté à une personne qui a commis un crime à son encontre. Paraphrasant Christie, les six attributs sont:
1 La victime est faible par rapport au délinquant - la «victime idéale» est probablement une femme, une femme malade, très vieux ou très jeune (ou une combinaison de ceux-ci).
2 La victime, si elle n'agit pas de façon vertueuse, va au moins à ses occupations quotidiennes légitimes et ordinaires.
3 La victime est irréprochable pour ce qui s'est passé.
4 La victime n’est pas liée à l’étranger qui a commis l’infraction et ne la connaît pas (ce qui implique également que le contrevenant est une personne plutôt qu’une entreprise; et que l’infraction est un seul incident «ponctuel»).
5 Le délinquant est sans équivoque grand et mauvais.
6 La victime a la bonne combinaison de pouvoir, d'influence ou de sympathie pour obtenir avec succès le statut de victime sans menacer (et donc risquer l'opposition) de puissants droits acquis compensateurs.

Victime (le règne de)
La victime brandit sa souffrance comme une identité.
En conséquence, elle ne s’efforce plus d’oublier les drames ou les désagréments de l’existence, elle se drape dedans, elle cultive leur souvenir. Et, bien sûr, la tentation est grande de les exagérer : qui n’aime être l’objet de la sollicitude générale ? C’est d’autant plus tentant que le titre de victime est en quelque sorte performatif : si vous souffrez, vous êtes une victime. Le délit est constitué.

Vie privée
À partir du moment où l'on laisse les médias s'emparer de ne serait-ce qu'un petit morceau de sa vie privée, on ne peut pas s'indigner de constater qu'elle est devenue un "sujet". L'effet boomrang est inévitable. Une fois aiguisée sa curiosité, le public s'approprie tel aspect de votre vie privée et, exagérant son importance, en fait sa chose. On est dès lors pris au piège. Mais jouent aussi l'aspect vertigineux, la célébrité soudaine, une certaine satisfaction narcissique.
Dans l'affaire MC, la célébrité des parents, découlant de l'hypothétique enlèvement, a sûrement fonctionné comme un divertissement au sens pascalien ( selon ce paradoxe l'individu remplit son existence d'amusements et d'occupations pour ne pas penser à ses maux présents ou à sa mort prochaine, mais ce faisant s'oublie lui-même et condamne la voie du salut).

Violence (faite aux enfants)
Il est bon que l’opinion publique soit sensibilisée sur la question des violences faites aux enfants. Cette émotion est saine mais elle est dévoyée, car les médias sont plus soucieux de faire de l’audience que d’informer sur la réalité et de poser les vraies questions.
70% des dizaines de milliers de cas de violences faites à des enfants en France sont des agressions sexuelles. Elles ont lieu dans le huis clos familial. Ça n’intéresse personne ou plutôt c'est ce qu’on ne veut pas voir car il faut avoir les nerfs solides pour se tourner vers l'innocence bafouée et comment ensuite ne pas intervenir ? Comme la justice, la protection de l’enfance n’a pas de prix, mais elle a un coût.

Visibilité (médiatique) vs Célébrité 
Il est difficile de correspondre à l'image publique qui circule dans les médias. La publicité faite de sa personne est une projection de soi-même où le rapport privé/public est inversé ?
La visibilité (on connaît les traits du visage) est comme une des sous-catégories de la célébrité (la notoriété en est une autre) en régime médiatique.
Les MC sont plus des visages publics que des figures publiques, en raison de la diffusion à grande échelle de la reproduction de l'image. Ce qui était dissymétrie dans le cas de la célébrité devient énorme dans la visibilité, l'écart entre le nombre de personnes qui reconnaissent une célébrité et le nombre de personnes qu'elle-même peut reconnaître = capital de visibilité, mesurable, qui produit des ressources spécifiques, des intérêts, etc. 
La visibilité médiatique, c'est la diffusion du visage de quelqu'un dans l'espace public. Heinich désigne ainsi cette qualité sociale, spécifique au régime médiatique, qu’un individu se voit conférer et reconnaître par la reproduction et la diffusion massive de sa propre image et de son nom. Ainsi, explique-t-elle, ce n’est pas la vedette qui est à l’origine de la multiplication de ses images (car à l’origine, il n’y a qu’une personne dotée de certains talents), mais ce sont ses images qui en font une vedette. Indissociable des vecteurs techniques qui la produisent et la diffusent, le capital de visibilité détenu par un individu, qui peut se mesurer au nombre d'individus capables d'associer son nom et son visage ou en nombre de photographies, de couvertures de magazines et autres occurrences médiatiques de sa propre effigie. Une inégalité numérique insurmontable s’établit entre l’individu vu et la majorité qui le voit, entre la personnalité consacrée par son renom médiatique et la masse anonyme de ses spectateurs. Cette propriété structurelle, souligne Heinich, prime sur les propriétés substantielles – talent, héritage, beauté, charisme, etc. – qui justifient l’accès au rang de personnalité
Les affects investis par la foule anonyme dans des personnalités médiatiques contribuent à renforcer la visibilité et la prégnance sur les esprits.
Depuis l'invention de la photographie 'image très précise et diffusion à grande échelle" et consommation au même instant de l'image de la même personne par des milliers d'individus, les moyens modernes de reproduction et de diffusion de l'image des personnes creusent une spectaculaire dissymétrie entre celles qui sont reconnues et les autres. 
Crever les yeux, à force d'être exposé aux regards, tout en demeurant quasiment invisible : situation d'autant plus paradoxale qu'elle s'applique à la capacité de certains d'être plus vus que d'autres.

Vision périphérique et vision tunnelisée
La vision périphérique qualifie la vision extérieure au centre du regard (regardez attentivement quelque chose qui se trouve à une cinquantaine de cm devant vous et notez combien d'autres choses sont dans votre champ de vision).
La vision tunnelisée est la perte de vision périphérique avec rétention de la vision centrale, résultant en une vision circonscrite et circulaire du champ de vision.
La vision périphérique permet donc une impression visuelle globale instantanée avant la vision fovéale, plus lente, quand l’œil se fixe sur un point pour obtenir des détails à haute résolution.
La vision périphérique couvre plus de 99 % du champ de vision et dispose de 50 % du nerf optique et du cortex visuel.

Contrevent
La fenêtre de la chambre des enfants est restée fermée toute la semaine (mais KMC ne sait pas si elle était verrouillée) comme le contrevent, et les double-rideaux (et rideaux) sont restés tirés. La fenêtre est restée telle qu'elle depuis le premier jour, nuit et jour. KMC ne l'a jamais ouverte. Si quelqu'un a vu le contrevent de la chambre ouvert, ce n'est pas Kate qui l'a ouvert, elle ne l'a jamais vu ouvert. Déposition du 6.09.2007
Nous n'avons jamais vraiment compris pourquoi le contrevent et la fenêtre étaient ouverts, déclare Rachael (rog). S''ils" étaient entrés par la porte du patio, pourquoi sortir par la fenêtre, pourquoi pas par la porte principale, beaucoup plus facile ? Alors une de nos théories sur la raison pour laquelle la fenêtre et les volets étaient ouverts, c'est qu'ils sont entrés par là, mais c'était un peu risqué et quelle garantie pouvaient-ils avoir que la fenêtre ne serait pas verrouillée ? 
Est-il plausible que les MC aient inventé le contrevent et la fenêtre ouverts dans la panique de constater que MMC n'était plus là et que quelqu'un était peut-être  entré par la porte que les MC avaient laissée ouverte pour leur propre commodité, afin de s'éviter toute responsabilité ?

Vrai/Faux
Dans la langue courante, on qualifie de "vrais" ou de "faux" aussi bien des énoncés que des choses, des événements, des situations, etc. Dans tous les cas, ces qualifications renvoient aux idées de concordance et de non-concordance, d'adéquation et de non-adéquation, de conformité et de non-conformité. Mais peut-on dire d'une chose qu'elle est vraie (ou fausse) comme on l'affirme d'un énoncé ? Dire de perles, par exemple, qu'elles sont fausses, cela veut dire que ce ne sont pas de "vraies" perles, mais des imitations ou des perles de culture. Mais ce qui est vrai (ou faux) alors, c'est le jugement porté sur l'objet, la proposition ("ce sont des perles"), non l'objet lui-même. 
Il ne faut donc pas confondre vérité et réalité : les objets ne sont ni vrais ni faux, ils sont. Aussi, à proprement parler, seul un énoncé, un jugement, une idée, peut être vrai ou faux. 
C'est ce que supposait déjà le Veritas est adaequatio rei et intellectus ("La vérité est l'adéquation de la chose et de l'intelligence", Spinoza). "La première signification de Vrai et de Faux semble avoir son origine dans les récits ; et l'on a dit vrai un récit, quand le fait raconté était réellement arrivé ; faux, quand le fait raconté n'était arrivé nulle part. Plus tard, les philosophes ont employé le mot pour désigner l'accord d'une idée avec son objet ; ainsi, l'on appelle idée vraie celle qui montre une chose comme elle est en elle-même ; fausse, celle qui montre une chose autrement qu'elle n'est en réalité. Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l'esprit. Et de là on en est venu à désigner de la même façon, par métaphore, des choses inertes ; ainsi, quand nous disons de l'or vrai ou de l'or faux, comme si l'or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n'est pas en lui." Spinoza, Pensées métaphysiques, 1663, 1ère partie, chap. VI,

Il y a vérité lorsque ce que je pense correspond, est en accord avec la réalité. Comme l'écrit Aristote :
Quand donc y a-t-il ou n'y a-t-il pas ce qu'on appelle vrai ou faux ? Ce n'est pas parce que nous pensons (d'une manière vraie) que tu es blanc, que tu l'es, mais c'est parce que tu es blanc, qu'en disant que tu l'es, nous disons la vérité.
Vrai et faux sont des qualifications renvoient aux idées de concordance et de non-concordance, d'adéquation et de non-adéquation, de conformité et de non-conformité.
Dire de perles, par exemple, qu'elles sont fausses, cela veut dire que ce ne sont pas de "vraies" perles, mais qu'au contraire, ce sont des imitations. Mais ce qui est vrai (ou faux) alors, c'est le jugement porté sur l'objet, la proposition ("ce sont des perles"), non l'objet lui-même. Il ne faut donc pas confondre vérité et réalité : les objets ne sont ni vrais ni faux, ils sont. Aussi, à proprement parler, seul un énoncé, un jugement, une idée, peut être vrai ou faux.

Dans son traité De l'esprit géométrique, Pascal définit :

les "trois principaux objets dans l'étude de la vérité : l'un de la découvrir quand on la recherche ; l'autre de la démontrer quand on la possède ; le dernier de la discerner d'avec le faux quand on l'examine".
Recherche-t-on MMC ou la vérité sur ce qui lui est arrivé  (certains le font pour "lui rendre justice") ?

"Les « faits » en eux-mêmes […] ne sont pas vrais. Ils sont simplement. La vérité est une fonction des croyances qui naissent et meurent à leur propos." W. James
La vérité est donc une propriété que possèdent certaines de nos idées. Elle consiste en l'accord avec la réalité. Vérité et réalité sont donc bien distinctes.
"Les idées vraies sont celles que nous pouvons assimiler, valider, corroborer et vérifier. Les idées fausses sont celles qui ne se prêtent pas à ces opérations." La vérité est donc le résultat d'un processus de vérification, il n'y a pas d'évidence immédiate, toute affirmation n'est qu'une hypothèse qui doit être validée.
Selon James, être rendue vraie par les événements signifie que les circonstances auront rendu utile l'idée. La vérité de l'idée se confond avec son utilité : "Vous pouvez dire de l'idée par conséquent soit qu' « elle est utile parce qu'elle est vraie » soit qu' « elle est vraie parce qu'elle est utile »."
En somme, le "vrai" est ce qui est avantageux pour notre pensée. Nos idées vraies nous "adaptent" à la réalité, bien mieux en tout cas que nos idées fausses. L'utilité d'une idée peut être de nature intellectuelle ou pratique. Mais au final, tous les processus de vérité doivent conduire à une vérification directe avec l'expérience sensible. La vérité doit ainsi nous conduire à un accord, accord entre nos différentes idées, accord entre nos idées et la réalité, pour au final aboutir une forme d'harmonie dans nos idées ou dans notre vie. En fait nous n'avons jamais accès à la "réalité absolue", c'est-à-dire à la totalité du réel. Nous n'avons accès qu'à une partie du réel, c'est pourquoi ce qui constitue "notre" réalité n'est qu'une réalité relative (notamment à nos moyens de perception), et les vérités qui en découlent sont elles aussi relatives.