Cacher
Cadavre
Calomnie
Campagne (faire)
Campagnes (effets pervers des)
Cat (Cuddle) voir Objet transitionnel
Catholicisme, culpabilité et blâme
Célébrité et hubris
Censure et esprit de contradiction
Cerveau (tri-unique)
Chambre
Charité (Bienfaisance)
Châtiment
Chasse (au ravisseur)
Choeur (de la tragédie grecque)
Choix
Chronos vs Kairos : temps des horloges et instant T
Cirque (médiatique)
Clef
Clivage
Cold Case
Colobome
Comment or No Comment
Commission rogatoire
Communication (Chargé de) Voir Spin Doctor
Compassion
Complot (théorie du/ Conspiration
Confabulation
Confiance et Conviction
Connivence
Conscience (tranquille)
Conseils
Consensus (recherche du)
Corps médical
Corps (enquête sans)
Corrélation
Crèche
Crédo MC (le)
Crime (non élucidé)
Crime (scène de)
Crise (gestion de)
Convictions et Internet
Conviction et Croyant
Croyance et Crédulité
CSI (Effet)
Culpabilité
Cacher
Aurait-on jamais cru probable ou possible que le ministre eût déposé la lettre sous le nez de tous, de manière à empêcher le mieux possible qu'on l'aperçût. La meilleure cachette est celle qui est à la vue de tous. C'est celle qui crève les yeux, on a tendance à chercher loin ce qui se trouve tout près.
Dans "la lettre volée" de E.A. Poe, la lettre volée est en sus dérobée au regard, détournée. Le principe est qu'un objet ne peut être mieux caché qu’à sa place, en évidence mais retourné en son contraire. La meilleure cachette est dans l’objet à cacher lui-même. La police cherche un objet caché, non pas cachant, mais se cachant à l'intérieur de lui-même.
On ne cherche pas de la même façon une petite fille vivante et une petite fille morte. Par complaisance vis-à-vis de la conviction inébranlable des MC (enfant enlevée, séquestrée) et malgré la totale absence d'indice fiable, la PJ a cherché une petite fille vivante, détournant ce faisant la recherche de la petite fille morte.
Cadavre
L'inspecteur en chef Peter Kirkham, de la brigade criminelle de Scotland Yard, observe que trouver le corps, lorsqu'un meurtre a été commis, est absolument crucial, même plusieurs mois après. L'enquête peut ainsi avancer immensément et suivre de nouvelles pistes. Il y a des échantillons de terre à analyser, d'autres traces forensiques à détecter et des objets à examiner. Sans corps, vous êtes à la première marche, avec un corps, à la neuvième.
Trouver le corps d'un disparu ne résout rien, mais il est vrai que l'affaire est plus à même d'aller devant les tribunaux.
Quand SY cherche un corps enterré dans un terrain vague à PdL on comprend que l'enquête ne recherche pas un ravisseur, car un prédateur enterrant l'enfant aussi près de la scène du crime ne semble pas un scénario viable. Le terrain est sec et dur et le risque d'être aperçu et identifié trop grand. Or, le seul motif du fossoyeur était d'éviter d'être identifié par son ADN.
Les MC parlent de "crime haineux", de "ravisseur horrible", comment peuvent-ils en même temps décréter que leur enfant n'a pas souffert (no harm) ?
Faire campagne est du boulot : demander aux gens de chercher Madeleine, leur vendre des Tshirts, des rubans, des posters, mais aussi garder le monopole des questions (et des réponses), exiger des gens qu'ils s'en tiennent à ce qu'on leur dit, etc., et puis cela suppose des fonds, ce dont les MC ne manquaient pas.
Simple, logique et possible.
"Faire campagne" est un bon slogan de relations publiques pour l'image des MC. Nous ne saurons peut-être jamais qui a eu l'idée de faire campagne pour rouvrir l'enquête. Les MC se sont entourés d'une équipe de relations publiques très habile qui s'est très bien tirée de ses campagnes successives depuis la disparition de Madeleine. Comment les parents réagiraient si l'un de leurs chargés de com suggérait de faire campagne pour une nouvelle enquête? Comment interpréterait-on le rejet des MC ?
Les MC ont, malgré les préconisations de discrétion, mené des campagnes médiatique inacceptables dans la mesure où elles déclenchaient chaque fois des milliers de signalements qui ont fait perdre du temps et occasionné plus de dégâts que tout ce que la PJ a pu mal faire. Si l'affaire avait eu lieu au Royaume-Uni, la police serait certainement intervenue à en juger par l'action de OG qui néanmoins a mis un certain temps à devenir efficace.
Cat (Cuddle) Voir Objet transitionnel
Il s'agit d'un personnage essentiel de l'affaire MC, tout peluche qu'il soit, qualité qui du reste permet d'en parler sans réserve. Sa première apparition date des moments qui ont suivi la disparition de la petite fille à qui il appartenait. Selon KMC, qui dans une déclaration ????y voyait une preuve d'enlèvement (Madeleine ne serait jamais sortie sans lui ?), il se trouvait sur une commode ???? à côté du lit de Madeleine. Selon d'autres versions et sur les photos de la PJ ??? il était sur le lit, à côté d'une petite couverture "de réconfort" qui disparut on ne sait ni où ni comment (peut-être donnée aux chiens pisteurs et égarée ensuite). A partir de la disparition de Madeleine MC, CC vécut en grande intimité avec KMC, du moins en public ou devant les caméras qui se plaisaient à filmer ses doigts le caressant. Cette symbiose de substitution s'acheva avec le retour au RU. CC disparut totalement de la scène médiatique. Il semblerait pourtant qu'avant ces tragiques événements, CC accompagnait de temps à autre KMC dans son activité ponctuelle de médecin généraliste. Il serait même allé avec elle faire des constats de décès. D'où l'état de transe dans lequel il mit Eddie, le détecteur de cadavre. Il était pourtant passé par la machine à laver.
En revanche, sur aucune des très nombreuses photos de Madeleine à des âges différents qui ont été publiées, Madeleine n'apparaît ni avec CC, ni avec sa petite couverture rose, ni du reste avec un objet avec une peluche ou une poupée. On en déduit que cette petite fille n'avait pas le "syndrome de Linus"2. Et on s'étonne moins que CC et couverture n'aient pas disparu avec elle.
En revanche, un ravisseur souhaitant soumettre ou séduire le plus aisément possible sa victime aurait emmené avec elle et CC et la couverture de réconfort.
L'être humain s'installe facilement dans la célébrité, le statut social et la richesse, il se persuade vite qu'il doit cela à ses mérites et n'a pas à être reconnaissant pour ces bienfaits (sont-ce du reste des bien-faits ?). Mais la magie n'opère plus si bien, l'histoire arrive tôt ou tard à un point de saturation, faute d'arguments et d'éléments convaincants, elle est sous inspiration assistée, déjà les spin doctors sont à bout, enfin les tabloïds avec leurs grotesques titres tentent vainement d'attiser le feu et suscitent des heures de discussions et de disputes sans fin sur les forums, ne mènent nulle part.
Censure et esprit de contradiction
Les MC veulent que le livre de GA soit retiré de la vente, etc... parce que, disent-ils, les gens risquent fort de croire au décès dans le G5A et de ne plus chercher Madeleine. C'est faire fi du principe de contradiction. Ne voit-on fréquemment des chevaliers de ce vieux principe combattre les théories de X ou Y ? Acharnés à prouver que les choses ne se sont pas passées comme tel ou tel écrit le prétend ? Les croit-on plus que X ou Y ? Certainement pas, on en conclut que les thèses de X ou Y ont une part d'ombre, comme à peu près toutes les thèses.
La recherche de Madeleine n'est plus active comme elle le fut au début lorsque des dizaines de personnes arpentèrent les environs de PDL parce qu'on espérait encore que Madeleine avait marché très loin, s'était égarée ou blessée.
Censurer l'ouvrage de GA, c'est aussi faire fi de l'esprit critique des lecteurs. La vérité des MC se réduit-elle aux mensonges dont GA les soupçonne ? Ne se juge-t-il pas lui-même, intitulant pompeusement et oxymoriquement son livre "la vérité du mensonge" ? "La" plutôt que "ma" vérité sur un mensonge ? L'usage courant veut que la "vérité" soit le contraire de "mensonge", mais au même "vérité" s'opposent plusieurs termes ("erreur", "fausseté", "tromperie"). "Vérité" caractérise-t-il "mensonge" (il y aurait de vrais mensonges et d'autres qui, ne l'étant pas, seraient finalement des vérités) ou bien "vérité" est-il une composante de "mensonge" (il existerait une part de vérité dans le mensonge) ?
Seraient-ils des antonymes complémentaires ou polaires du fait de l’absence de terme médian (vrai ou faux) : la négation ou la réfutation de l'un entraînerait mécaniquement la vérité de l'autre. Le mensonge peut-il avoir une vérité ? Il y aurait des mensonges vrais et des mensonges mensongers ? Les seconds étant en fait des vérités ? GA veut-il parler de vrai mensonge et non de mensonge vrai ? Expose-t-il sa vérité sur un certain mensonge ou parle-t-il de la part de vérité d'un mensonge ?
En fait GA ne s'est pas posé toutes ces questions et n'a pas pris en compte la polysémie de la préposition "de" qui rend le titre ambigu. L'allemand a traduit "la vérité sur le mensonge" et c'est très certainement le sens auquel songeait GA.
Les Français ont évité le piège en traduisant "la vérité interdite" et les Allemands rectifié en "Die Wahrheit über die Lüge ("la vérité sur le mensonge"), titre très ambitieux eu égard au contenu du livre.
La seule façon de couler véritablement la thèse de GA eut été d'obtenir de son équipe ou de leurs successeurs un désaveu ou simplement un désaccord et donc une confirmation de l'isolement de la position de GA, un électron libre discrédité.
Avoir obtenu le retrait de la vente et l'interdit de parler de la thèse maudite a été dans un premier temps efficace : plus besoin de menacer de sévir (toujours par l'intermédiaire du spin doctor), la seule crainte de la sanction suffisait.
Cerveau (tri-unique)
Aussi toute intrusion est-elle ressentie comme une violation. Que dire alors si celle-ci s'effectue par la fenêtre, après crochetage des persiennes ?
Dans les contes, quand les parents laissent leurs enfants seuls, c'est afin de les abandonner, qu'ils soient des parents indignes ou qu'ils ne puissent subvenir aux besoins de leurs petits. Les laisser seul, c'est en quelque sorte les mettre en demeure de quitter leur demeure et de braver toutes sortes de dangers.
Madeleine's Fund n'est pas une association caritative, mais une société privée LTD, une SARL. Imaginons que le 1000è jour de la disparition ait été dédié à toutes les associations liées aux personnes disparues, imaginons que dîner et vente aux enchères aient été organisés pour financer ces associations. Imaginons qu'on ait annoncé à cette occasion que la recherche privée s'était aérée infructueuse et que, Madeleine étant une personne parmi des milliers de personnes disparues, faire bande à part était devenu obsolète. Aider les autres en fusionnant fonds et notoriété avec une association spécialisée en enfants disparus ne serait-il pas apparu comme le plus sûr moyen désormais de faire en sorte que la planète n'oublie pas Madeleine ?
Chasse (au ravisseur)
Choeur (de la tragédie grecque)
Le choeur a une importance capitale dans la tragédie grecque, il est formé par les citoyens, costumés et masqués, l'assemblée anonyme du peuple. C'est "l'instance qui éprouve, accepte ou refuse, établit la vérité dite". Le choeur réclame des choses visibles, des preuves, une démonstration.
Le choeur tragique, en même temps qu'il prend part à la fiction du drame peut signaler aussi le rôle de la communauté civique, évoquant une dimension culturelle et des traditions de pensée indispensables à la compréhenion de l'oeuvre entière.
Dans Sophie's Choice , on ne peut pas vraiment dire que Sophie sacrifie un de ses deux enfants pour sauver l'autre, même si c'est bien cela qui la hante et la ravage. L'alternative posée est perdre les deux enfants ou n'en sauver qu'un. Peut-on cependant encore parler de choix dans un contexte de contrainte ? Le choix n'exige-t-il pas une liberté existentielle ? Tout au plus peut-on parler de sélection restreinte entre deux maux. Mieux vaut en sauver un, cela paraît évident aux yeux de la raison. Ce qui est terrible, c'est la question du choix : lequel sauver ou lequel sacrifier ? Celui qui, si on sacrifie l'autre, s'en remettra le mieux ? Celui qui n'aura pas conscience que, en le sauvant, sa mère a laissé tomber l'autre ? Ce qui dévaste Sophie, vouée à jamais à une culpabilité aussi mal fondée que torturante et à la haine de soi, c'est le regard de son fils quand elle hurle aux soldats qui emmènent ses deux enfants "sauvez le garçon !"
Certains êtres humains, face à une situation dramatique incontournable, sont capables de peser leurs options et de faire des choix. La décision prise changera probablement leur vie pour toujours. Nul ne sait, jusqu'au moment où il pourrait se trouver dans une telle situation, comment il réagirait. Il est difficile d'imaginer que les autres, même ceux que l'on connaît ou croit bien connaître, puissent avoir des réponses ou des processus de pensée différents de ceux que l'on pense avoir. Ce qui semble être un choix monstrueux peut, pour ceux qui font ce choix, sembler être le seul ou le moins mauvais possible. À tort ou à raison.
Les individus réagissent différemment tout le temps. La plupart des gens savent ce qui est juste, mais certains ne font pas le choix du juste si ce choix a pour eux des conséquences catastrophiques.
Quid, par exemple, si la sédation a, comme tout choix, des conséquences inattendues, voire dramatiques. Cela place les parents face à un autre choix. Une autopsie peut révéler la sédation et déterminer si elle est liée à la mort. Une chose sans gravité devient un désastre potentiel. Les parents pourraient perdre leur emploi, leurs autres enfants et l'amour et le respect de la famille et des amis. Le choix est à présent avouer ou non. Avouer serait sans effet pour l'enfant perdu, mais pourrait détruire la famille restante. Décider de ne pas avouer doit être pris en considération et si cela devient la décision, les parents n'en deviennent pas pour autant des «monstres». À leurs yeux, ils ont été forcés de prendre une décision qu'ils ne voulaient pas prendre parce que l'alternative était la ruine de ce qui était jusqu'à présent leur vie.
D'autres conséquences inattendues s'ensuivent, y compris la question du fonds. Les parents sont maintenant pris au piège de leurs choix précédents et doivent continuer à aller de l'avant, car il est devenu pratiquement impossible d'avouer. Les conséquences d'un aveu seraient encore pires que ce qu'ils avaient prévu avant de prendre leur décision.
Cirque (médiatique)
Classement (ordonnance de)
Il s’agit de la coexistence de deux attitudes psychiques opposées et indépendantes l’une de l’autre. D’un côté, on ferraille, moins contre le ravisseur que contre tous ceux qui n'y croient pas, de l’autre, on ne respecte pas les règles qu'on s'attend à voir imposer à tous ceux qui ne pensent pas comme vous. La première attitude tient compte de la réalité et même du bien public, la seconde dénie la réalité et met à sa place une production du désir. Une personne ambivalente chercherait un compromis entre ces deux attitudes avec la culpabilité qui va avec tandis que le clivage les maintient sans relation dialectique entre elles.
Quand le voile se déchire, ils se soustraient à une règle qui ne vaudrait donc pas pour tous. On est cependant surpris qu'ils ressentent un sentiment d’injustice et pas la moindre culpabilité ; c’est probablement que le clivage est toujours opérant ; la réalité ne s’impose qu’à une seule partie d’eux-mêmes tandis que l’autre ne renonce pas.
Le voile se déchire grâce ou malgré eux, ouvrant la voie à d’autres dénonciateurs qui s’en donnent à cœur joie.
Cold Case
Un colobome est une affection particulière nécessitant un examen pour déterminer quelle partie de l'œil est impliquée et une surveillance continue afin de vérifier la vue et de s'assurer qu'il n'y a pas d'autres problèmes de santé associés, comme des problèmes cardiaques.
Il est logique de donner à la police toutes les informations possibles. Est-il judicieux de diffuser cette information dans le monde entier alors même que la PJ leur avait recommandé de n'en rien faire ? La PJ avait deux raisons pour ce faire :
- ce détail, maintenu confidentiel, pourrait s’avérer utile comme moyen de contrôle en cas de signalement plausible.
- si MMC était en vie, cela pouvait être son arrêt de mort.
Les parents avaient-ils réellement le choix et une terrible décision à prendre ? S'ils se sont posé la question, ils ont rapidement conclu qu'utiliser cette particularité en valait la peine et informé les médias de l'oeil droit unique de MMC, en faisant une petite fille universellement identifiable.
Comment ont-ils pu décider que l'atout publicitaire lié au défaut oculaire l'emportait sur la possibilité qu'elle soit tuée ou mutilée à cause de cela?
Piers Morgan : Madeleine avait un motif oculaire très particulier, n'est-ce pas? Parle-moi de ça, Kate, au cas où les gens verraient quelqu'un qu'ils pensaient être Madeleine. Parlez-moi de son œil.
Kate MC: Si je suis honnête, nous n'avons pas mis trop d'emphase sur son œil, car je pense que vous devez être très proche d'elle pour le voir. Mais ses yeux ont des couleurs légèrement différentes, et l’un d’eux a cette tache brune. Mais vous remarquez, en particulier sur les photographies..
Gerald MC (à Vanity Fair) ne parle aucunement d'une décision déchirante qu'ils auraient prise : L'iris est le seul véritable trait distinctif de Madeleine. Certes, nous pensions qu'il était possible qu'on puisse la blesser ou, il grimace, que son ravisseur pourrait lui faire mal ... Mais c'était un bon coup de marketing.Quand Piers Morgan a questionné Gerald MC, il a déclaré qu'il ne pensait pas qu'il s'agissait d'un colobome, mais "d'un peu de couleur supplémentaire", car MMC n'aurait eu aucun problème visuel.
Un colobome n'est pas un défaut de l'iris, c'est un trou dans l'une des structures de l'œil, comme l'iris, la rétine, la choroïde ou le disque optique. Si Madeleine en avait bien eu un, son pédiatre l'aurait envoyée chez un ophtalmologiste, ce qui est impossible à vérifier puisque les autorités britanniques n'ont pas envoyé son carnet de santé à la PJ, malgré des demandes continues. Ses parents auraient alors su si elle en avait un ou non. Apparemment elle en a un ou pas, suivant ce qui convient de dire.
Les MC ont parlé de colobome lorsqu'ils ont alerté The Lancet (02.06.2007)
Les avocats ne conseillent pas systématiquement à leurs clients de répondre « sans commentaire ». Il faut évaluer tous les facteurs au poste de police avant de conseiller au client de répondre aux questions, de préparer une déclaration ou de recourir au "sans commentaire". Tout lecteur de roman policier britannique sait par cœur la formule obligée au moment d'une arrestation : Vous n'êtes pas obligé de parler, si vous ne le voulez pas, mais tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal. Ce droit empêchait la partie adverse de tirer des conclusions défavorables lorsque le suspect restait silencieux. En 1994, cette formule a été subtilement modifiée. La mise en garde est maintenant:
Vous n'êtes pas obligé de parler. Mais il pourrait nuire à votre défense de taire, si l'on vous interroge, un élément sur lequel vous vous appuierez plus tard face à un tribunal. Tout ce que vous dites peut être versé au dossier comme élément de preuve.La décision est donc un exercice d'équilibre délicat: bien qu'il appartienne à la Couronne de prouver la culpabilité, les tribunaux et les jurés peuvent tirer des conclusions défavorables si l'accusé ne répond pas aux questions. Mises à part les situations dans lesquelles la police ne révèle aucune preuve convaincante à l'encontre d'un suspect, l'équilibre penche en faveur du silence, quand «vous n'êtes pas satisfait de l'histoire du client, car il semble probable qu'elle ne reste pas debout. Lorsque les clients sont invités à ne pas faire de commentaire et qu’ils décident de le faire,
Compassion
Comme peut-on éviter d'être hanté pour le reste de ses jours par l'idée que son enfant est mort seul et, d'une certaine manière, parce qu'on n'était pas à côté de lui (en cas d'incendie ou de tremblement de terre, par exemple). Ou si un accident s'était produit faute d'attention (en cas de dispute violente, par exemple).
Complot (théorie du)/Conspiration
Un mystère sans au moins une théorie de conspiration, ça n'existe pas. Quoique, dans cette histoire qui se traîne, le fait même qu'on en parle encore semble être un argument contre toute idée de conspiration. Les conspirations se nourrissent de secrets à rebondissements ou dépérissent.
Enlèvement, accident ou sortie de l'appartement, nombreux sont ceux qui tiennent que ce qui est arrivé à MMC est arrivé parce qu'elle était seule, donc en raison de la négligence de ses parents. Si, parce qu'ils n'étaient pas là, leur vulnérable fille s'est grièvement blessée, le sentiment de culpabilité doit être immense et il n'est pas incompréhensible qu'ils aient essayé de se protéger d'un blâme général.
Confabulation
La croyance par délégation.
En tenant des propos trahissant une croyance concernant une affaire si fortement médiatisée, le commissaire-adjoint M. Rowley a suscité la méfiance.
Avoir des raisons de croire ne signifie pas que l'on a raison de croire.
Connivence
Quand une tragédie comme la disparition d'un enfant se produit, les sentiments de culpabilité se chevauchent, s'excluent, se défont, se refont et l'union en prend un coup.
Mais quand les parents partagent un terrible secret, les décisions qu'ils ont prises renforcent l'union, même si elles sont vouées à les hanter jusqu'à leurs derniers jours.
Si prêtre connaît la vérité, il l'emportera dans sa tombe.
La disparition de MMC a suscité une série d'événements qu'une fois mis en branle il était impossible d'arrêter. La boule de neige est devenue énorme en quelques heures.
Il est difficile de rompre un connivence lorsque les deux, également coupables, ont exactement la même chose à perdre.
"Nous pensions qu'il était possible que cela puisse la blesser. Son ravisseur aurait pu faire quelque chose à son oeil. Mais en termes de marketing, c'était un bon stratagème", GMC in Vanity Fair.
GMC répond aux questions de la PJ alors que son avocat lui a conseillé de ne pas le faire.
Le "on nous a conseillé de" a bon dos et sert en toute occasion.
Consensus (recherche du)
Le terme décrit le processus selon lequel les individus d'un groupe ont tendance à rechercher le consensus plutôt qu'à appréhender de manière réaliste la situation. Il s'agit donc d'une expression plutôt péjorative. La première utilisation du terme date de 1952 par William H. Whyte dans Fortune.
Le danger d'un tel phénomène est que le groupe peut prendre une décision mauvaise ou des irrationnelle, alors qu'individuellement les membres du groupe auraient fait un autre choix. En groupe, chaque membre essaie de conformer son opinion à ce qu'il croit être consensuel, sans se poser la question de ce qui est réaliste. La conséquence est une situation dans laquelle le groupe finit par se mettre d'accord sur une action que chacun considère personnellement comme peu sage.
De manière moins dramatique, le résultat peut être une décision collective qui ne satisfait personne car elle n'est pas le fruit d'une concertation entre les différents besoins individuels.
Les huit symptômes de la pensée de groupe :
1. L’illusion de l’invulnérabilité : lorsque les groupes se croient intouchables, ils ont tendance à réprimer la dissidence ;
2. La croyance en la supériorité morale du groupe : lorsqu’un groupe pense qu’il est moral, il a tendance à ignorer sa propre immoralité ;
3. La rationalisation : un groupe est plus soudé lorsqu'il justifie collectivement ses actions ;
4. La transformation de l’opposant en stéréotype : lorsqu’un opposant est considéré avec partialité ou avec des préjugés, les affirmations qui contredisent les convictions du groupe sont ignorées;
5. La pression de la conformité : une forte pression est exercée sur les individus pour qu’ils s’alignent sur la volonté du groupe et pour qu’ils ne soient pas en désaccord avec lui, sinon ils sont ostracisés, c’est-à-dire écartés des débats, voire sanctionnés ou expulsés ;
6. L’autocensure : les membres du groupe préfèrent garder leurs opinions divergentes pour eux, plutôt que de déserter le navire ;
7. L’illusion de l’unanimité : les dissensions internes sont cachées au groupe. Ainsi, elles semblent inexistantes ;
8. Les gardiens de la pensée : certains membres du groupe s’engagent activement à protéger le groupe de toute dissidence ou information contraire.
Dans l'inconscient collectif, le médecin soigne, il ne meurtrit pas, il panse, il n'endolorit pas, il guérit les maux, il ne les agrave pas, il calme, il n'avive pas, il répare, il n'abîme pas. Que demande-t-on au médecin sinon de nous dire ce qui ne pas pas, de formuler un diagnostic et de prescrire un remède ? On lui suppose donc un savoir hors du commun, on le considère comme un expert. Prend-on en compte la particularité de l'acte médical ? A-t-on idée de la complexité des causes, des effets inattendus des maux ? Imagine-t-on la part de l'observation, du raisonnement, de la décision, celle de l'incertitude, la pression de l'urgence?
On sait depuis longtemps que la maladie caractérise un état anormal du corps humain mais l'idée que cet état était dû à un dérèglement immanent, un désordre interne au corps lui-même (déjà présente dans l'école hippocratique), et non à l'action d'une cause extérieure, malédiction, mauvais sort, court toujours, l'interprétation magique n'a pas totalement disparu.
L'impact de la médecine sur les représentations mentales trahit des pouvoirs perdurant jusqu'à nos jours, que l'on pense au cas étrange de dédoublement décrit par R.L. Stevenson dans Dr Jekyll et Mr Hyde ou au bluff du Dr Knock dont J. Romains fait passer les défauts, comme sa paranoïa manifeste, pour des qualités irremplaçables.
Corrélation vs Causalité
Corrélation n'est pas causalité (CNPC)
Crèche (de l'OC)
Sur l'avis de Bell-Pottinger, MW n'a fourni que deux nannies au premier interrogatoire du 4 mai par la PJ équipée des temps cités dans les registres de crèche qu'ils ont cités et a donc jeté les bases de l'hypothèse selon laquelle ils étaient exacts à 100%. Chaque déclaration faite plus tard devait adhérer à cette première sur la base de registres de crèches éventuellement erronnés, voire falsifiés (il n'était pas rare que la nanny signe à la place d'un parent qui avait oublié de le faire).
La criminalistique inclut en partie des sciences humaines, car le fait criminel ne peut se définir en dehors d’une approche sociologique et psychologique. Un élément légal fonde ce qui est admis et ce qui ne l’est pas, le fait criminel, en fonction des us et coutumes d’une population. L'élément matériel (l'action criminelle, son déroulement, sa causalité) est intrinsèquement lié à l’élément légal, car c’est le corpus législatif qui définit réellement ce qui constitue une infraction. Il y a enfin un élément moral, l’intentionnalité . Un individu qui commet un fait criminel doit être conscient de le commettre . Cet élément est le plus complexer en raison de la multitude de facteurs à prendre en compte, difficilement quantifiable, liés à la psychologie, la sociologie et l’anthropologie humaine.
La campagne Turning the tide ("inverser le courant") remporta le prix d'excellence 2008 de la CIPR (Chartered Institute of Public Relations), dans la catégorie "communication de crise".Nous avons aidé la famille MC à parer la tempête médiatique qui les submergea lors de leur retour du Portugal en septembre 2007. À partir de rien et dans la perspective d'une action étendue sur les médias, nous avons monté en six heures une structure permettant de traiter 850 appels de médias pendant la première semaine. En donnant aux journalistes des éléments positifs à relater, la couverture médiatique est passée de l'hostilité aux MC à la sympathie pour leur épreuve.
Qui sont ces efficaces gestionnaires de crise ? D'ex-journalistes et correspondants aptes donc aux relations avec la presse.
Quelle est leur devise ? Gagner devant la cour de l'opinion publique est plus important que gagner devant la cour de justice. Il suit de là que la réputation d'un organisme n'est jamais plus exposé que lorsque son porte-parole répond sous les feux de la rampe médiatique.
Comment s'y prennent-ils ? Une bonne partie du temps est consacrée à l'observation des journalistes, à la lecture de leurs articles et à l'écoute de leurs déclarations, l'enjeu étant, le temps venu, de monter une stratégie médiatiquement efficace pour leurs clients.
Sur quoi se fondent-ils ? Sur leur compréhension de la manière dont fonctionnent les médias et sur les ingrédients qui font une histoire.
Quel est leur cible ? Toucher une certaine audience selon une approche pragmatique, livrer des solutions répondant aux objectifs, lancer de nouvelles affaires, mener des campagnes politiques, sensibiliser et fournir de nouveaux clients, mais aussi préparer et gérer des controverses légales et l'impact sur la réputation avant, pendant et jusqu'à la conclusion des actions en justice, en association avec les avocats de leurs clients !
Nous mettons en œuvre jour après jour des tactiques grâce à notre connaissance du moment où il faut parler (ou non), de ce qu'il faut dire et de la manière dont il faut le dire... Bien des réputations ne survivent pas intactes à un conflit légal. Même l'image du vainqueur peut souffrir dans les médias et avoir à livrer bataille pour retrouver un peu de crédibilité.
Qu'il s'agisse de faire face à une crise majeure, de saisir une opportunité ou de faire face à l'hostilité, il est essentiel de pouvoir transmettre à tout moment un message approprié. Une communication efficace menant à et tout au long de l'affaire elle-même est importante pour fournir des résultats à court terme et une réputation à long terme. Tout impact sur la réputation doit être évalué et préparé avant qu'il ne se joue dans la salle d'audience.
Les personnes en situation de crise prennent des décisions que normalement elles n'envisageraient jamais. Quand les MC sont sortis à l'aube du 4 mai 2007, après une nuit où des dizaines inconnus, pas eux, avaient cherché leur fille, pensaient-ils pouvoir trouver en plein jour quelque chose qui aurait échappé aux chercheurs de la nuit ou quelque chose qu'ils savaient que ceux-ci, en quête d'une petite fille vivante, n'avaient pu trouver ? Lorsque Kate ouvrit en priant une certaine poubelle, il n'y avait rien à trouver sinon qu'elle était vide.
Convictions et Internet
Nous sommes traversés par toutes sortes de convictions, mais le savons-nous ou ignorons-nous que ce sont des croyances ? Ne les prenons-nous pas pour des connaissances ? C'est la ruse ultime de la croyance de se faire passer pour de la connaissance.
Le web fonctionne comme amplificateur de rumeurs. Autrefois la rumeur se diffusait par le bouche à oreille, il y avait les gate keepers, les journalistes, et un marché de l'information auquel n'avaient pas accès les rumeurs et les croyances. Quand Internet est arrivé, les rumeurs ont pu s'infiltrer sur le marché public de l'information et circuler beaucoup plus rapidement que dans le bouche à oreille en étant en outre doté d'un corps argumentatif beaucoup plus important, le web permettant d'agréger plusieurs types d'arguments et de les rendre beaucoup plus performants. Internet est aussi un lieu de déconstruction de rumeurs (hoaxbusters)
Dérégulation du marché de l'information avec une pression concurrentielle extraordinaire. Cette concurrence a des avantages, si un journal ment, les autres le diront, mais trop de pression concurrentielle contribue à une baisse de la qualité de l'information, en particulier quand celle-ci exige du temps pour être assimilée et transmise.
Un sceptique est une personne encline à remettre en question ou à douter des opinions acceptées.
Croyance et crédulité
Il est implicite dans toutes les déclarations des MC qu'ils prennent pour acquis que l'on doit les croire sur parole, tout refus de le faire étant considéré comme une offense.
Cette anecdote, pratiquement la seule que la mère ait racontée sur la fille, en a choqué plus d'un. Chat échaudé craint l'eau froide. On s'attendrait à ce que tout soit fait pour que l'événement traumatisant ne se reproduise pas, comme rester chez eux (un an après ils disent y avoir pensé) en faisant venir le dîner du restaurant ou comme, conjuguant sécurité et plaisir, engager une baby sitter. Toutefois la seule mesure prise fut de laisser la porte ouverte, au cas où l'épisode se reproduirait, afin que l'enfant puisse aller à leur recherche (une absurdité puisqu'il aurait fallu qu'elle sache où ils étaient et, si elle savait...). Toute inquiète qu'elle fût à propos de cette "solution", Kate MC laissa passer une heure et demie avant d'aller se rassurer elle-même sur le sort de ses enfants.
KMC a essayé de dire à plusieurs reprises, excédée sans doute par les questions récurrentes de journalistes qui, faute d'anecdote, exploitaient celle-là à n'en plus pouvoir dans l'espoir d'en apprendre un peu plus, que c'était une "remarque en passant" comme en témoignait le fait que Madeleine ne s'était pas plantée devant eux, attendant une réponse. Et puis elle a raconté qu'ils s'étaient demandé si cela s'était passé quand les enfants étaient dans leur bain... pour conclure qu'elle n'y aurait jamais repensé si Madeleine n'avait pas disparu. Pourtant tout démontre qu'il n'en fut pas ainsi. C'est même la première chose qu'elle fit savoir à la ronde, au dîner.
Pourquoi cette sorte de révisionnisme ?
On comprendrait que l'épisode fut revenu à la mémoire de la mère lorsque, interrogée par la police, elle passa en revue tous les événements de ces vacances pour essayer de trouver ce qui avait pu être anormal.
Mais ce n'est pas ce qui se passa.
Elle s'assit à table et, dès l'arrivée des compagnons de voyage, raconta l'épisode. Au moment où, à l'en croire, Madeleine dormait paisiblement dans son lit. À un moment où il n'était pas censé y avoir de stress, de contrainte, de raison pour repasser l'événement dans son esprit. Elle mit le sujet sur la table de sa propre autorité et sans incitation... Et pas un instant elle ne questionna ses compagnons pour savoir ce qu'ils pensaient de la décision de laisser la porte ouverte. À un moment où, si une inquiétude soudaine la tenaillait, elle pouvait se lever et aller fermer la porte ou demander au restaurant qu'on leur prépare un dîner à emporter.
Pourtant elle parla de l'épisode comme d'un sujet qui ne lui serait jamais passé par la tête si Madeleine n'avait pas été enlevée.
Les MC ont rapporté cet épisode à maintes reprises
même récit le 4 MAI devant la PJ : quand les jumeaux pleuraient.
Gerald 10th MAI : quand Sean et moi pleurions
Kate 6th SEP : quand Je pleurais.
et sont allés jusqu'à dire qu'ils pensaient, rétrospectivement, que quelqu'un pouvait être entré dans l'appartement la nuit précédente (mercredi), réveillant les enfants !
Les média fonctionnent fréquemment comme intermédiaires ou traducteurs entre le savoir et les techniques scientifiques et le public béotien, par conséquent susceptible de construire ses représentation de la science à travers les images véhiculées par les média.
Selon l'étude de Machado et Santos portant sur 384 articles (presse portugaise populaire) entre le 4 mai 2007 et le 23 juillet 2008 plus de 36% des articles concernant l'affaire MC se réfèrent à la science forensique (procédés, techniques, résultats, conséquences)
Culpabilité
S'affranchir d'un tel sentiment est une des préoccupations majeures des héritiers du christianisme. Une des manières de faire consiste à chercher un bouc émissaire, entité dont la culpabilité serait susceptible de recouvrir la vôtre. Il y a là un glissement sémantique, car la victime expiatoire ou de substitution décrite dans le seizième chapitre du Lévitique et mise en œuvre dans le rite annuel de Yom Kippour ne paie pas pour les fautes des autres. Le seul objectif est social et il est de faire table rase afin que la vie sociale puisse redémarrer.
Une autre manière consiste à s'auto-absoudre, récuser toute faute, dénier toute espèce de responsabilité. Pour ce faire rien de mieux qu'attaquer quiconque ne se conforme pas à votre façon de penser. Un moyen très efficace est d'avoir des disciples vous rendant un culte discret et dont l'unique point commun est de croire mordicus à votre parole d'évangile (il s'agit à la lettre d'une "bonne nouvelle" pour eux). Dès lors tout questionnement est jugé outrecuidant.
Comment un être humain pourrait-il éviter d'être hanté pour le reste de ses jours par l'idée que son enfant est mort tout seul et que l'on a failli à son devoir de protection ?
Les MC, KMC surtout, ont un sens extrêmement aigu, sensible et douloureux de la responsabilité et de la culpabilité. La clef du mystère est peut-être là.