Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

T



Tabloïd
Tannerman, ravisseur à son insu
Tannerman vs Smithman
Tannerman discrédité par le Met via Crimewatch
Témoignage et témoin
Témoin oculaire
Témoins : vérités et contre-vérités
Temps (ligne de)
Théorie vs Doctrine
Théorie de l'enlèvement
Toile (La) 
Tolérance
 Tragédie (ressorts)
Transfert d'odeur 100 (Unité de)
Traduction (voir Lost in Translation)
Transparence et WikiLeaks
Tribunal médiatique
Troll
Tromperie
Tour-opérateur (ou voyagiste) 
Théorie v Doctrine 
Tournants


Tabloïd
Depuis le début du siècle, l'emploi de "tabloïd" (format opposé à "broadsheet") pour désigner par métonymie une certaine presse à scandale, pour ne pas dire "de caniveau" (Sun, Daily Mirror, Daily Star, Daily Express, Daily Mail), n'est plus guère en vigueur au Royaume-Uni car des publications de qualité se sont mises à réduire la taille du papier. L'acception est tombée en désuétude afin d'éviter la confusion entre forme et contenu. On parle maintenant des MSM, mainstream media, par opposition aux autres journaux, dits "compacts". L'avenir semble être au petit format, plus maniable et plus séducteur de lecteurs bien que, selon certains, l'analyse et la profondeur diminuent avec le format et bien que le berlinois (Le Monde, Le Figaro...), un peu grand qu'un tabloid et un peu moins qu'un broadsheet, soit le format de beaucoup de quotidiens européens.

Tannerman, ravisseur à son insu
Seul le récit de Jane T donna corps à cet individu, mais il acquit une telle réalité que les projecteurs furent braqués sur lui pendant sept ans. Rien pourtant n'a l'air vrai, à commencer par les rondes de nuit et les non-rondes.  Le point le plus troublant est l'insistance avec laquelle il est dit et redit que le ravisseur a frappé exactement à 21h15. Loin d'être en train de dîner lors de l'enlèvement, GMC fut à son insu un protagoniste de la scène puisque Jane a vu un homme emporter un enfant au moment précis où GMC était en train de bavarder avec un témoin "indépendant" dans la rue. Il ne faisait pas encore nuit noire. Pour que ni GMC ni JW n'aient vu ni entendu Jane, il y a trois possibilités :
1) Ils étaient sur le trottoir Est et faisaient face au mur Est tandis que Jane remontait le trottoir Ouest.
2) L'un des hommes tournait le dos à Jane, empêchant l'autre de la voir. Mais, pour ce faire et comme Jane se déplaçait, les deux hommes auraient dû effectuer un mouvement de rotation à une vitesse leur permettant de maintenir la même position d'invisibilité par rapport à Jane.
3) Les deux hommes étaient tellement pris par leur conversation qu'ils étaient comme dans une bulle, complètement inconscients du monde extérieur.
Ces trois hypothèses impliquent que Jane n'ait fait aucun bruit.
Comment les MC peuvent-ils être si convaincus que Jane a décrit avec exactitude un individu aperçu à une trentaine de mètres et sous un éclairage réduit ? Comment peuvent-ils être sûrs que Madeleine n'était plus dans son lit à ce moment-là ? Pourquoi ne se sont-ils pas demandé si Madeleine avait été enlevée entre 21h30 et 22h, la plus grande fenêtre d'opportunité, et si l'homme aperçu par les S avec une enfant très semblable à Madeleine n'était pas le ravisseur ?Pourquoi les MC trouvent-ils inacceptable que l'on mette leur théorie en doute ? 
Il n'est pas plausible que Jane soit passée à un mètre de GMC et de JW sans qu'aucun d'eux ne l'ait vue. Une rue calme et tranquille, sombre, pas de piétons, pas d'autos, une rue déserte et sans bruit... Une femme parcourt une trentaine de mètres sans qu'aucun des deux hommes ne remarque sa présence, même sans la reconnaître ? Jane ne fait même pas un signe de la main ?Elle passe complètement silencieuse. La conversation a-t-elle l'air de celle qu'on prend soin de ne pas interrompre ? JW la décrit comme un "bavardage". Le plat de GMC est servi, il va refroidir. JW vient de réussir à endormir son bébé, il ne va pas risquer de le réveiller, car il n'a pas encore dîné.
Le souvenir que GMC a gardé de la scène, et en particulier du côté de la rue, diverge grandement de ceux de JW et de Jane, qui sont identiques. Or le côté de la rue n'est pas anodin. GMC se place au seul endroit où il lui aurait été difficile de voir aussi bien JT que le ravisseur. Le récit de GMC est directement en conflit avec ceux de JT et de JW (qui ne se connaissent pas). GMC insiste sur le fait qu'il a traversé la rue pour bavarder avec JW, alors que JW a traversé, non pour bavarder, mais parce que, son enfant étant endormi, il était sur le chemin du retour (il aurait pu traverser plus loin mais cela l'aurait obligé à faire monter et descendre plusieurs trottoirs à la poussette). Qui croire et pourquoi ?

Tannerman vs Smithman
Les seules personnes à avoir vu un porteur d'enfant la nuit du 3 mai à Praia da Luz sont Jane TB et les neuf membres de la famille S. Pendant très longtemps, ces derniers, témoins indépendants, furent totalement ignoré par les MC. Toutefois quelques médias irlandais ayant mentionné la famille S, les MC, dans leur fiction-reconstruction d'avril 2009, suggérèrent que Tannerman et Smithman étaient le même homme. Cette croyance est renforcée par l'emploi, pour les deux figures du ravisseur, du même acteur auquel on fait porter l'enfant de la même curieuse manière horizontale (conformément au signalement de Jane TB), alors que les descriptions de Smithman le montrent portant l'enfant verticalement, comme il est habituel.Si, au moment du filmage de la fiction-reconstruction les MC étaient si convaincus que Jane TB avait vu le ravisseur et s'ils étaient également convaincus que la famille S avait vu le même homme (le ravisseur), alors, et bien que Jane, l'ayant vu de profil, n'eût pas été capable de décrire son visage, ils devaient savoir à quoi celui-ci ressemblait puisqu'ils étaient en possession des portraits-robots exécutés pour leurs enquêteurs privés d'alors à partir des informations des S qui, eux, avaient vu l'homme de face. Or ils n'ont ni profité de l'occasion pour publier les portraits-robots, ni choisi un acteur plus ou moins conforme.

Mais il y a un témoin dont la déposition contredit celle de Jane. Jeremy Wilkins, un partenaire de tennis, rentrait chez lui après avoir endormi son bébé dans une poussette, s'arrêta près de la grille du patio des MC pour échanger quelques paroles avec GMC qui revenait de sa ronde. À ce moment-là, si l'on en croit Jane, celle-ci remonta la rue pour aller faire sa ronde et passa à un mètre des deux hommes. JW, qui ne vit aucun porteur d'enfant, observa que la rue était très étroite et qu'il était pratiquement impossible de passer à côté de lui sans qu'il s'en aperçoive. Mais Jane garantit qu'elle avait vu un homme traverser la rue avec un enfant couché sur ses bras étendus. Malgré le mauvais éclairage public et rien qui ait particulièrement attiré son attention, excepté les pieds nus de l'enfant, elle décrivit un pantalon clair, un blouson épais foncé et des chaussures de ville noires avec un petit talon..
Dans "Madeleine", KMC va plus loin et affirme, malgré l'absurdité de la situation – le premier est aperçu se dirigeant vers l'est et le second, presque une heure plus tard et à 400 m de là, se dirige vers le sud – que les similarités sont très importantes. En fait celles-ci sont minimes. De l'enfant porté par le ravisseur n°1, Jane TB ne voit que les mollets, tandis que les S décrivent une petite fille de 3/4 ans, pâle, aux cheveux châtains clairs, vêtue d'un vêtement léger. Hormis la manière de porter du ravisseur n°1 si différente de celle du ravisseur n°2, le premier a les cheveux longs dans le cou et le second les cheveux courts....
Il y a ceux qui s'égarent, ceux qui errent..


Tannerman disqualifié par le Met via Crimewatch
Le 14 octobre 2013 le Met annonça avec grand battage un Crimewatch "éclairant". Le seul élément nouveau se révéla être que Tannerman n'était plus le ravisseur. OG avait découvert un vacancier qui revenait de la crèche de nuit plus ou moins au moment du constat de la disparition, plus ou moins près de l'immeuble G5, et qui portant couché sur ses bras un enfant vêtu d'un pyjama assez différent mais un pyjama.
Les MC se gardèrent bien de suggérer que Tannerman et Smithman pouvaient être deux hommes différents, quand ils consentirent à évoquer l'existence de Smithman ils s'empressèrent de l'amalgamer à Tannerman. La théorie selon laquelle Jane TB avait vu Madeleine emportée par un ravisseur pendant que son père parlait avec un partenaire de tennis avait été serinée pendant presque 6 ans. Redwood la pulvérisa, l'homme vu par Jane était presque certainement un père innocent qui avait été identifié. Redwood ne dit pas qu'ils savaient à présent que Tannerman n'était pas le ravisseur, mais que presque certainement il ne l'était pas, infime réticence peut-être destinée à sauver la face de Jane TB. L'étrange est que, faisant le constat du "pas absolument sûr", Redwood ne lança pas d'appel au public demandant de l'aide pour éliminer complètement T de l'enquête. 
L'appel public de CW posait en effet plus de questions qu'il n'en résolvait. Selon le DCI  Redwood OG croyait que Jane TB n'avait pas vu Madeleine en train d'être enlevée. Les MC étaient présents sur le plateau au moment de cette révélation (qui ne devait pas en être une pour eux bien entendu), ils savaient que Tannerman avait été "innocenté". Pourquoi n'ont-ils pas accusé le coup et dit que l'homme vu par Jane TB n'était pas impliqué dans la disparition de Madeleine ? Tout au contraire ils n'enlevèrent pas de leur site les portraits robots de Tannerman ! L'homme sans visage est encore (24 mars 2014) sur la home page du site officiel. Il est vrai qu'il constitue le fondement de leur théorie d'enlèvement. Pendant deux ans il a été seul assis sur le trône du ravisseur, bien qu'il n'ait été identifié comme tel que sur la fois d'un pyjama similaire à celui que portait Madeleine. De l'enfant, en effet, Jane n'avait vu que deux jambes pendantes. Et puis il devint délicat de cacher qu'il avait un concurrent, Smithman. Comme pour se débarasser de cet autre ravisseur, d'autant plus encombrant qu'il avait été vu par une famille de neuf personnes et que surtout il portait une petite fille semblable en tous points à Madeleine, Smithman apparut dans une fiction-reconstruction, interprété par l'acteur qui faisait Tannerman, dans laquelle on disait au spectateur que la famille S avait presque certainement vu le même homme...
Quel avantage présentait Tannerman ? Essentiellement celui de fournir à GMC un alibi de béton. Smithman non seulement ne donne pas d'alibi à GMC, mais il le désigne comme le père portant la petite fille si semblable à Madeleine.
Conséquences de l'exit de Tannerman
Que faire de la porte "plus ouverte qu'on ne l'avait laissée" ? Cette anomalie avait expliqué la présence du ravisseur dans l'appartement avant l'entrée de GMC et sa sortie avec Madeleine sur les talons de ce dernier. Quelle explication donner à cette porte mobile ou hantée si Tannerman n'existe plus ? Le Met a-t-il imaginé les raisons d'un ravisseur entré vers 9h pour partir avec sa proie une cinquantaine de minutes plus tard ?
La rétention des portraits-robots
Pourquoi, s'il y a eu enlèvement, les MC ont-ils pendant plusieurs années empêché la publication des portraits-robots de Smithman dont l'unique raison d'être était évidemment de stimuler la mémoire du public. N'attendait-on pas d'eux qu'ils divulguent le plus possible de signalements du ravisseur ? Quel motif a pu les inciter à cacher cette information pendant si longtemps ?
En comparaison,
L'ex-MI5 Henri Exton a fait savoir aux MC que Smithman était beaucoup plus crédible que Tannerman. Il s'est arrangé pour obtenir des portraits-robots (deux, faits selon les indications de deux membres de la famille S, probablement Peter et sa femme Sire) et a suggéré qu'on les publie immédiatement. Les MC ont rejeté cet avis et ont pris des dispositions légales garantissant que cette question resterait confidentielle.
L'avis de Henri Exton n'a pas fait démordre les MC de l'idée fixe que Tannerman était le ravisseur. À quelle sorte de raisonnement se sont-ils livrés pour rejeter le conseil d'un agent de renseignements et continuer à insister sur le ravisseur de 21h15 ?
Il semble qu'à la différence des MC, OG ait misé sur l'enquête de Henri Exton. Est-ce pour cette raison que Redwood ne fera pas long feu ?
Le site officiel
Il semble contredire l'affirmation du Met comme quoi Tannerman n'a plus cours, toute l'attention étant sur Smithman (aucune suggestion du Met qu'il puisse s'agir de la même personne). Le site officiel ne reflète absolument pas cette position. Il y a un "important" sur lequel on peut cliquer pour ouvrir une fenêtre montrant la liste de 3 individus cruciaux à identifier dont Tannerman, un certain Spottyman et une sosie de Victoria Beckham signalée à Barcelone, chaque image étant légendée avec les informations disponibles (qui a vu, quand et où). L'homme auquel SY accorde désormais une importance vitale est relégué à une galerie secondaire, non légendée.
Les MC semblent avoir interprété le "presque certainement" du Met comme un "pourrait avoir été". La demande d'identifier Tannerman contredit la conclusion de deux ans et demi et 7 millions de livres dépensés par OG. Il est clair que les MC s'accrochent à l'idée que Tannerman et Smithman ne font qu'un. Il est étonnant qu'ils n'aient jamais envisagé que ce ne soit pas le même homme.
Les MC interféreraient-ils dans l'enquête du Yard comme ils l'ont fait dans celle de la PJ ?
Ils n'ont exprimé aucune frustration à l'idée qu'ils avaient passé des années à chercher le mauvais coupable. Pourquoi demandent-ils encore au public sur leur homepage d'identifier un homme qui, quoique sans visage, a été éliminé par le Yard ? On observe qu'il y a plus d'informations sur la périodes 8h35/9h45 qu'après jusqu'à 10h30.

Témoignage et témoin
Un témoignage est la déposition écrite ou enregistrée de ce qui vous est arrivé. Un officier de police vous pose des questions et note ce que vous répondez. Ensuite il vous demande de lire et, si vous êtes d'accord avec ce qu'il a écrit, de signer avec votre nom.  Signer une déposition, c'est reconnaître qu'elle est un récit fidèle de votre expérience.
Dans quelle mesure le témoignage d'un individu sain, d'entière bonne foi, et fermement décidé à ne dire que la vérité, peut-il être considéré comme une relation exacte des faits dont il a connaissance ? On sait que les individus les plus normaux sont exposés à soutenir de bonne foi les assertions les plus fausses, victimes d'une sorte de falsification des souvenirs qu'il est néessaire de ne jamais perdre de vue.
Technique de déposition "ouverte", fondée sur l'idée que les meilleurs témoignages, ceux dans lesquels les erreurs sont possibles mais moindres que dans l'interrogatoire sont ceux qui s'expriment spontanément, sans question précise (influençant nécessairement la réponse), sans pression. Les recherches de Binet sur la suggestibilité ont démontré que la valeur d'un témoignage dépend, pour une grande part, de la forme dans laquelle il est recueilli. Les dépositions successives influent les unes sur les autres. Il n'est pas douteux que l'étendue et la qualité des déclarations d'un témoin varient avec l'intervalle de temps qui les sépare de l'objet sur lequel elles portent.
La déposition libre, parfois appelée le récit, a l'avantage de mettre le témoin à l'abri de toute espèce de suggestion ou d'influence.
Par exemple lorsque Martin S affirme que Smithman n'est pas Robert M, il ne s'en porte pas garant spontanément, comment aurait-il l'idée d'un rapprochement entre Smithman et RM, il répond à une question précise.

Les recherches de Stern ont montré, par exemple, que les affirmations relatives à la couleur d'un vêtement, à la coupe d'une barbe, aux traits d'un visage, bref, au signalement d'un individu, ne méritent, en général, aucune confiance.
Parfois un témoin fait une déclaration qui semble suspecte, alors qu'en fait il essaie de dissimuler quelque chose qu'il ne veut pas voir émerger mais qui n'a rien à voir avec l'affaire!
Les témoins ont également la responsabilité de fournir aux enquêteurs des informations aussi fiables que possible. Le témoignage de Gerald MC lors des auditions était trompeur, ce qui a nui à l’enquête dès les premières heures du 4 mai.

Peut-on minimiser l’importance des divergences dans les dépositions ? Diverses suggestions ont été faites dans le but de les expliquer (traumatisme du témoin, manque de mémoire, manque de sommeil, etc.) ou de les nier (faute de l'interprète).
La question intéressante est de savoir pourquoi les MC sont si désireux d'écarter certains éléments de preuve.
Par exemple, en ce qui concerne la fenêtre ouverte, nous savons qu'il y a une différence entre la description des rideaux faite par Kate dans sa première déposition (ouverts) et ses descriptions ultérieures (des mois plus tard, fermés).
La crédibilité des témoins est relative, du moins après un certain laps de temps, car il est difficile pour un témoin de faire la part de ce à quoi il a assisté, de ce qu'il a entendu d'autres personnes dire ou de ce qu'il a appris par les médias.
Le témoin n'est jamais un "distributeur automatique de faits objectifs". Il subit la pression de l'évènement, éprouve des sentiments. Il lui arrive aussi d'avoir peur.
D. Fontanaud, Ch. Diaz et M. Desfarges – Le livre du crime (1994)

Nul n’ignore qu’il faut se méfier des témoignages, ne serait-ce qu’à cause des défaillances de la mémoire et des sens. Que les témoins le veuillent ou non, leur discours n’est qu’une reconstruction plus ou moins inexacte des faits qu’ils prétendent décrire, influencée par un grand nombre de critères conscients et inconscients, et plus ou moins transformée par ceux qui le transcrivent. Le problème de la fiabilité des témoignages est d’autant plus important que ceux-ci tiennent partout une place essentielle, plus ou moins selon les lieux et les époques, dans la procédure.
On peut distinguer trois catégories parmi les témoins cités en justice, en fonction du type et de l’ampleur de la connaissance qu’ils ont du délit:
-- ceux qui ont tout vu d’un fait (ou tout entendu: il faut insister sur l’importance des témoignages fondés sur l’ouïe). Les témoignages de la première catégorie présentent des caractéristiques identiques (indication du lieu, de la date et de l’heure précises, reprise totale ou partielle des faits et gestes des protagonistes), et c’est théoriquement d’eux seuls qu’on peut attendre une description complète des faits « bruts ».
-- ceux qui ne l’ont vu (ou entendu) que partiellement. Les témoignages de la deuxième catégorie sont par nature incomplets, mais pour autant, ils peuvent apporter ponctuellement des renseignements utiles.
-- ceux qui n’en ont rien vu, mais qui en ont entendu parler. Les témoignages de la troisième catégorie ne peuvent renseigner que sur les rumeurs et les perceptions du délit, ainsi que sur ses antécédents, voire ses conséquences, mais pas, ou guère, sur la réalité des faits.
En prenant le problème sous un angle différent, on peut faire un autre type de distinction entre les témoins. En effet, si de nombreux témoins sont des spectateurs passifs du délit, d’autres peuvent être en même temps des acteurs de celui-ci, par exemple s’ils sont intervenus pour séparer des gens qui se battaient (certains témoins vont ainsi jusqu’à prendre des coups ; ils deviennent alors aussi des victimes ou des coupables) ou pour poursuivre des voleurs: c’est ce qu’on peut appeler des témoins « interventionnistes », par opposition aux témoins « passifs », qui se contentent du rôle de simples observateurs.
Se pose alors le problème du passage en justice de ces témoins, les « interventionnistes » et les « passifs ». Tous les spectateurs d’un délit ne vont pas jusqu’au témoignage en justice, soit parce qu’ils ne le souhaitent pas (ils ne se font donc pas connaître auprès de la justice), soit parce qu’on ne le leur demande pas (parce qu’on ignore leur existence ou parce qu’on craint de leur part un témoignage à charge). C’est une manière de prendre partie pour l’un ou l’autre protagoniste d’une affaire que de décider de le dénoncer à la justice ou de se taire. 
Les témoins interventionnistes sont surreprésentés dans les procédures, mais comme ils ont souvent pris partie au cours du délit, pour le coupable ou pour la victime, leur témoignage s’en trouve forcément biaisé. 
Quant aux témoins passifs, dont on pourrait attendre, a priori, une plus grande neutralité, ils sont partiellement absents des procédures. Un peu partout et à toutes les époques, on constate la réticence fréquente des témoins, non seulement à intervenir à l’occasion du délit, mais aussi à déposer ensuite en justice si on les y appelle. Quand le plaignant ou le ministère public ont pris l’initiative de les faire assigner, leur passivité continue souvent au sein même de la procédure, comme le prouve le très grand nombre de ceux qui déclarent n’avoir rien à dire.

Quelle que soit la catégorie à laquelle appartiennent les témoins, leur discours a le plus souvent un aspect uniquement descriptif. Mais il peut se présenter sous deux formes différentes.
Le discours de certains témoins, en général minoritaires, peut aller plus loin que la simple description, objective seulement en apparence, des faits.
Si de nombreux témoins se trompent en toute bonne foi, nombreux aussi sont ceux qui font sciemment des faux témoignages. Ils sont évidemment impossibles à quantifier, quelle que soit l’époque, et il est souvent difficile de tracer la frontière exacte entre des témoignages biaisés et des faux témoignages émis consciemment.
L’institution judiciaire et l’institution policière peuvent opposer des filtres à la véracité du discours des témoins ; réciproquement les témoins eux-mêmes peuvent créer des filtres pour répondre aux attentes qu’ils supposent de la part de la justice.
Le discours des témoins peut également dépendre de la manière dont ils cherchent à se mettre eux-mêmes en scène devant l’institution policière et judiciaire: il s’agit là d’un autre filtre, qui découle des rapports sociaux, de la manière dont ils sont perçus par chacun et dont on souhaite les modifier, au moins en apparence pendant le temps très court d’un témoignage. Les témoins ne visent pas toujours seulement à rapporter des faits et à les expliquer, voire à les juger, et à charger ou décharger un ami ou un ennemi ; ils peuvent aussi vouloir, surtout dans le cas des témoins « interventionnistes », mettre en scène leur propre personne dans le cadre de la procédure judiciaire, afin de s’assurer une certaine reconnaissance de l’institution, ils se valorisent ainsi en se donnant l’illusion d’avoir revêtu pour un moment une parcelle de l’autorité publique, d’où un discours qui risque, dans ce cas aussi, d’être biaisé par rapport à la réalité du délit. 
Mais les principaux filtres qui modifient le discours des témoins par rapport à la réalité des faits découlent, d’une part des modes de relations entre les individus au sein des communautés, d’autre part des valeurs morales dominantes.
Le témoignage est encore plus impossible, ou difficile, lorsque le prévenu, bien que coupable devant la loi, semble avoir agi, aux yeux de ses concitoyens, conformément aux exigences de l’honneur ou à celles des priorités de la vie collective.
Le problème des faux témoignages vient corroborer cette analyse. En théorie, le faux témoignage fait toujours l’objet d’une répression très sévère.
Comme d’habitude en matière d’archives judiciaires, l’historien apprend davantage, en lisant les dépositions des témoins, sur les mentalités et sur les comportements du milieu concerné que sur la réalité criminelle. La non-fiabilité des témoignages à l’aune judiciaire est révélatrice de sociétés qui hésitent à confier à la justice la régulation de leurs conflits. Quand les témoins se déclarent à la justice, c’est, le plus souvent, pour y jouer leur propre jeu, en fonction du rôle qu’ils entendent jouer (ou ne pas jouer) sur la scène publique, des relations qu’ils entretenaient préalablement avec les personnes impliquées dans le délit, et aussi de leur volonté de faire aboutir le procès dans le sens qui leur agrée. Dans cette perspective, ils perçoivent la justice comme manipulable en fonction des besoins de chacun: le témoignage, modifié, biaisé, voire faux, fait bien partie des modes d’utilisation de la justice par les populations, et permet souvent à ses auteurs de se servir de l’appareil judiciaire pour régler leurs propres comptes envers ceux qui ont dérogé à certaines règles tacites de la vie dans la communauté, notamment en attirant sur elle par leurs excès l’attention des juges.
Les témoins ne sont pas neutres. Ils ne sont pas innocents non plus (de la même manière, on a pu dire qu’il n’y avait pas de « victimes innocentes »). Et ils ne sont vraiment fiables que pour ce qu’ils ne prétendent pas dire, c’est-à-dire tout ce que l’historien peut tirer incidemment de leurs dépositions pour révéler les mentalités et les comportements. Mais les témoins sont beaucoup moins fiables, voire pas du tout, en ce qui concerne la réalité des faits criminels sur lesquels on les interroge. La justice en a toujours été consciente: d’où la méfiance qu’elle a constamment manifestée envers eux, d’une manière ou d’une autre, essayant de pallier leurs carences par d’autres moyens d’établir les culpabilités, des moyens pas forcément plus fiables d’ailleurs que les témoignages, qu’il s’agisse, par exemple, des ordalies, des expertises, ou encore de l’intime conviction…

Témoin oculaire
La recherche révèle que les identifications de témoins oculaires peuvent être très peu fiables.  Bien que les témoins se fient souvent à l'exactitude de leur mémoire lorsqu'ils identifient un suspect, la nature malléable de la mémoire humaine et de la perception visuelle fait du témoignage oculaire un élément probant fort incertain.
Dans les cas de condamnation s'avérant injustifiée, la cause prédominante est l'identification inexacte des témoins oculaires.
Recommandations pour le tapissage :
    Un seul suspect par procédure
    Sélection appropriée de «charges»
    Instructions impartiales aux témoins
    Administration en double aveugle
    Enregistrement rapide des déclarations de confiance
    Présentation séquentielle
    Limitez l'utilisation des diffusions
Le fait d'inclure plus d'un suspect augmente les chances qu'un accusé soit sélectionné par simple conjecture. Cette recommandation est également applicable lorsqu'on montre au témoin des photographies. Les «remplisseurs» qui sont inclus dans la gamme devraient être de la même race et de la même tranche d'âge et correspondre généralement à la description de l'auteur. Le suspect réel ne devrait pas se démarquer en raison de certaines caractéristiques physiques des charges. Les instructions données au témoin doivent inclure une déclaration selon laquelle l’auteur peut ne pas être présent dans la file. Ceci est extrêmement important car la recherche a démontré que cette instruction diminue les erreurs d'identification. Idéalement, les instructions devraient être normalisées, avec les mêmes instructions lues à chaque témoin avant une programmation.
Les humains peuvent communiquer subtilement et inconsciemment des informations. Cela peut être dû aux mouvements oculaires, aux gestes ou à d'autres mouvements du corps. Pour cette raison, la gestion du tapissage devrait être «en double aveugle», ce qui signifie que ni le témoin ni l'officier qui administre la formation ne savent quelle personne est le suspect dans l'affaire. Cela élimine toute «contamination» possible. Lorsque les témoins choisissent la personne qu'ils croient coupable, leur degré de confiance doit être enregistré simultanément. Ceci est important car des études ont montré que la confiance des témoins dans leurs choix peut augmenter avec le temps. Les changements dans le niveau de confiance peuvent par la suite être un problème critique pour le juge des faits lors de l'examen de la crédibilité de l'identification d'un témoin oculaire.
Un inconvénient d'une gamme traditionnelle, ou d'une gamme d'images lorsque toutes les images sont présentées en même temps, est qu'un témoin peut comparer les gens et sélectionner la personne qui se rapproche le plus de ce dont ils se souviennent.

Témoins : discrépances
Quand des témoins-clefs font des déclarations contradictoires, il est presque impossible de corroborer quoi que ce soit. Il arrive que l'on demande aux témoins s'ils se souviennent de quelque chose d'autre. Quand un témoin se souvient d'un détail nouveau par rapport à son premier témoignage ancien et si celui-ci n'entre pas en conflit avec ce témoignage, c'est un ajout, non une discrépance. Cela ne change pas le témoignage original.

Mais une information qui modifie la première déposition est une discrépance. Par exemple, GMC déclara, le 4 mai, qu'il était entré chez lui par la porte principale avec sa clef et sa femme de même à 22h. Le 10, il modifia son témoignage : il était entré par la porte-fenêtre et sa femme aussi. C'est une discrépance. 
Le 4, GMC déclara qu'en sortant du patio il avait vu JW qui remontait la rue avec une poussette et qu'ils avaient bavardé, mais le 10, et malgré la ligne de temps de la soirée élaborée et signée par tout le groupe où il est écrit que JT voit GMC et JW à côté de la grille du 5A, GMC assure qu'il a traversé la rue pour bavarder avec JW. Cette discrépance est d'autant plus étonnante que JW, témoin indépendant, confirme la ligne de temps : la rencontre a eu lieu près de la grille du patio du 5A.
KMC déclara, dans sa déposition du 4, qu'en arrivant dans l'appartement elle avait vu que tout était ouvert : la porte, le contrevent, la fenêtre, les rideaux. Plus tard, dans la ligne de temps collective, elle déclara que seule la porte était ouverte, le contrevent,
 la fenêtre et les rideaux étaient fermés. L'information est modifiée, c'est une discrépance.
Le point crucial est de faire la part du bouleversement affectif et du camouflage lorsqu'un témoin aussi important que le père d'une enfant disparue change son récit de manière radicale, en particulier s'il dit le dit pour non-dit, autrement dit évite de fournir une explication.

On dit que plusieurs témoins mentent probablement quand tous se souviennent d'un événement de la même façon. Mais mentent-ils probablement si tous ont oublié un événement de la même façon ?
Dans ces situations dramatiques, l'imagination a tendance à l'emporter dans l'esprit des témoins.

Temps (ligne de)
L’établissement d'une ligne de temps était indispensable, c'est un point que la PJ et le parquet ont soulevé un peu tard et à propos duquel ils ont fini par conclure qu'une reconstitution judiciaire s'imposait.  Si les rondes étaient aussi strictes et régulières que les TP l'ont prétendu, les conditions permettant à un ravisseur de s'introduire efficacement dans la résidence et d'en sortir étaient extrêmement difficiles à réunir.

Théorie v Doctrine -Voir Hypothèse
Une théorie est un principe formulé pour tenter d'expliquer des faits qu'ont déjà corroborées des données.
Une théorie doit être capable de rendre compte des faits, répondre aux critiques qu'on lui objecte par une argumentation pertinente et cohérente, et éventuellement les intégrer en se modifiant. Lorsqu’il est démontré qu’elle cesse d’être pertinente, elle doit accepter sa propre mort. 

En raison des rigueurs de l’expérimentation et du contrôle, une théorie est plus à même d'être vraie qu’une hypothèse.  
Une doctrine est fermée aux arguments contraires, se référant toujours à la pensée infaillible de son auteur, c'est une prise de position bien arrêtée sur un point précis.


Théorie de l'enlèvement
Elle a pris corps grâce à sa propre dynamique.
Pendant des années elle a été accomodée : Madeleine, quelque trois minutes après avoir été vue par son père comme le joyau de sa couronne, est emportée par un ravisseur et aperçue par Jane TB. Toutes les anomalies d'un tel scénario ont été pesées et résolues, même la psyché du ravisseur a été analysée afin d'expliquer son bizarre comportement (50' pour parcourir 400m en partant vers l'est pour finir vers le sud).
Curieusement l'éradication par le Met de Tannerman comme ravisseur n'a pas incité les ardents défenseurs de la théorie de l'enlèvement à questionner cette dernière.
En ne répondant jamais de manière claire, précise et non équivoque aux questions qu'on leur pose, les MC invitent virtuellement à spéculer. Ainsi en va-t-il des portraits-robots de Smithman. Faute d'explication, force est de se demander quelle bonne raison ils ont eue de les garder secrets et, après leur publication par Crimewatch, de maintenir le suspect éliminé sur leur site officiel, en ignorant les portraits-robots. Faire taire des spéculations qui les blessent et augmentent leur souffrance n'était-il pas à leur portée ?
Pourquoi la dessinatrice a-t-elle bordé les jambes du pyjama par un volant, alors que Jane TB n'en parle pas dans ses descriptions ? Comment Jane s'est-elle laissée convaincre d'accepter ce détail ? On pense à la conversation dans la fictionstruction :
Jane – Je pense que vous étiez à peu près ici et que JW était là, avec sa poussette comme ça. Parce que si vous aviez regardé dans ma direction, j'aurais dit quelque chose, j'aurais dit que Kate se plaignait que vous regardiez le football parce que vous étiez parti longtemps.
Gerald l'interrompt – Je suis presque certain (Jane rit) que quand je suis sorti j'ai traversé (tout en parlant il traverse la rue) et JW était ici et j'étais comme ça. C'est mon souvenir.
Jane – Humm, bon, c'est juste..
Dave Edgar l'interrompt – Comme je l'ai dit il y a des inconsistanes dans toute enquête importante.
Jane – OK, ça va.
Et ils ont continué selon le souvenir de GMC, en ignorant les observations de Jane, bien qu'elle ait été un témoin-clef, le seul témoin de Tannerman et bien que le souvenir que JW avait de sa rencontre avec GMC correspondait à la description de Jane, pas à celle de Gerald !
Cette scène où Jane se montre facilement manipulable (même si cela lui coûte, elle pleure) et soucieuse de servir la bonne cause peut éclairer la raison pour laquelle Jane n'a pas fait d'objection lorsque la dessinatrice a déformé son souvenir. La question est : qu'y a-t-il derrière ce qui est clairement une manipulation ? Pourquoi était-ce nécessaire d'en passer par là ?

Le fait que les MC n'ont jamais été mis en garde à vue, même s'ils ont été interrogés comme témoins assistés, laisse présumer qu'ils doivent être innocents et ne sont coupables que d'avoir permis, en les laissant seuls, qu'un de leurs enfants soit enlevé. Pourtant on sait qu'il y a beaucoup de coupables qui n'ont jamais été arrêtés, accusés et détenus pour les crimes qu'ils ont commis. Par ailleurs les MC sont dans une position où l'exonération est nécessaire car, malgré les palabres de leur spin doctor, ils n'ont pas été innocentés. L'enquête sur la disparition de leur enfant s'est terminée avec une ordonnance de non-lieu en raison de l'indétermination du crime dont l'enfant avait été victime, la possibilité d'un homicide lié à une négligence n'ayant pas été écartée par le PGR.

Le principe selon lequel l'absence de la preuve n'est pas la preuve de l'absence doit s'entendre comme l'impossibilité de démontrer l'inexistence de quelque chose. Tant qu'une chose n'est pas démontrée positivement, elle est dépourvue d'existence.
L'hypothèse d'enlèvement n'étant corroborée par rien, on peut conclure 1) qu'elle est nulle (pas d'enlèvement) ou 2) que l'absence d'élément probant suggère une suppression par les auteurs du crime ou 3) que l'élément probant n'a pas été découvert en raison de l'incompétence de la police.

Les médias ou le tribunal médiatique ne veut prendre en considération que la conclusion 3) selon laquelle l'hypothèse, formée de surcroît par des parents aimants et respectables, est légitime, les indices qui la corroboreraient ayant été négligés par une police hantée par l'idée d'incriminer les parents. GMC a montré la voie lorsqu'il s'est demandé, dans une conversation avec Ed Smart qui l'a rapportée, si de la cadavérine avait été plantée dans la voiture. Le père de KMC l'a déclaré sans ambages.

Or aucun indice ne permet de penser que la police n'avait en tête que l'incrimination des parents (pour différents motifs dont la préservation de l'industrie touristique ou le camoufflage de son impéritie), en tout cas avant le rapport de Lee Rainbow et l'arrivée des chiens britanniques. Qu'à cela ne tienne ! Alors les théoriciens de l'enlèvement rétorquent que l'on a évidemment fait disparaître les indices. La construction théorique fait ainsi feu de tout bois.

Comme on ne peut pas prouver que la police ne cherchait pas à incriminer les parents, on se trouve face à une idée "irréfutable" au sens poppérien du mot. Or seules peuvent être prises au sérieux les théories que l'on peut soumettre à l'épreuve du vrai et du faux, celles donc qui sont réfutables.

Selon le "rasoir de Hanlon", qui dérive du célèbre "rasoir d'Ockham", il est recommandé de ne pas attribuer à la malveillance et à l'hostilité délibérée ce que la stupidité et les erreurs de jugement suffisent à expliquer.

Questions à se poser pour évaluer la vraisemblance de la théorie de l'enlèvement 

Qui est à l'origine de cette théorie ? Les parents, les derniers à avoir vu l'enfant.
Qu'affirment-t-ils exactement ? Contrevent et fenêtre ouverts et enfant disparue de son lit.
Quelles données apportent-t-ils à l'appui de celle-ci ? L'enfant ne serait jamais sortie toute seule (pourtant porte-fenêtre ouverte pour qu'elle puisse sortir..). Un porteur d'enfant a été vu.
Quelles sont les hypothèses alternatives ? Il n'y en a aucune.
Quelles sont les données qui appuient les autres thèses ? Absence de signe d'effraction, odeur de cadavre, autre porteur d'enfant
Quelles sont les preuves que les théoriciens de l'enlèvement jugeraient acceptables pour considérer que leur théorie est fausse ? Aucune, donc question sans pertinence.
Quel est le contexte (social, politique, économique...) ?
Éloigner le corps lors d'une ronde, le plus tôt étant le mieux, implique une ronde plus longue que des témoins pourraient signaler à la police ultérieurement. Les chances aussi de rencontrer quelqu'un sont plus grandes au début qu'au milieu de la nuit. Il était psychologiquement plus habile d'éloigner le corps après qu'avant l'alerte à la disparition puisque GMC avait un alibi avant (il était à table avant et au moment de l'alerte).
Il fallait toutefois compter avec la possibilité qu'on le vit d'une terrasse ou d'une fenêtre élevée. Personne ne le vit, le chemin entre le complexe et les patios était sombre, mais les rues n'étaient pas si désertes, il croisa toute une famille.
Tout crédible qu'un témoin puisse être, si ce qu'il dit n'est pas crédible, la police évidemment ne le prend pas pour argent comptant. La suggestion que la fenêtre de la chambre avait été ouverte par le ravisseur après son entrée dans l'appartement par une autre voie et sans l'intention de l'utiliser comme voie de sortie est fort questionnable, mais l'idée (des MC) que c'était un stratagème pour duper la police dépasse l'entendement.

Quand l'étrangérité semble suffisante pour expliquer la criminalité.

Un des points fondamentaux à déterminer dans une enquête sur une personne disparue est la raison pour laquelle cette personne a disparu. Lorsque les circonstances sont suspectes ou non inexpliquées, il est recommandé aux policiers de recourir à la maxime "en cas de doute pensez au meurtre". Quid si la disparition n'était pas celle d'un être vivant mais d'un corps ? Il s'agit donc de déterminer la raison pour laquelle le corps a disparu. Pour effacer les traces ADN qui désigneraient le prédateur ? Pour faire croire à un enlèvement ?


Toile (La)
Internet n'est pas un média, c'est une forme sociale, Internet donne pour la première fois une forme matérielle à l'opinion. Avant Internet l'opinion existait médiatisée, par un sondage, par un représentant, par la parole d'un journal. Maintenant l'opinion publique existe comme magma omniprésent. Reste à passer de ce magma à la mise en forme du commun. Le commun, ce n'est pas la cacophonie, il naît de la délibération quand les expressions arrivent par le débat à converger ensemble (Rozanwallon)

Tolérance 
On tolère une croyance ou une opinion dans la mesure où celles-ci ne peuvent être ni prouvées ni être réfutées. On doit tolérer que les MC se disent convaincus que leur fille a été enlevée, mais on ne peut tolérer qu'ils l'affirment comme un fait partout dans les médias et les institutions. Dans leur logique, qu'aucun fait n'étaie, les MC vont plus loin et manifestent une grande intolérance vis-à-vis des opinions divergentes. Ils ont même cherché à les interdire, soit en les déclarant ineptes ou provenant d'esprits dérangés, soit en les assignant en justice comme faiseuses de mal à leur endroit. Cette attitude amène à se demander s'il est possible ou non d'interdire une opinion intolérante. La tolérer ne favoriserait-il pas l’intolérance? Ou serait-ce de l’intolérance que de ne pas la tolérer ? D’où le paradoxe de la tolérance formulé par le philosophe Karl Popper:
La tolérance illimitée doit mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui.  (La société ouverte et ses ennemis).
La tolérance illimitée serait contradictoire car autodestructrice. Comment dès lors, sans renoncer à la tolérance, établir une limite claire entre ce qui doit être toléré et ce qui ne doit pas l’être ?
Je ne veux pas dire par là qu’il faille toujours empêcher l’expression de théories intolérantes. Tant qu’il est possible de les contrer par des arguments logiques et de les contenir avec l’aide de l’opinion publique, on aurait tort de les interdire. Mais il faut revendiquer le droit de le faire, même par la force si cela devient nécessaire, car il se peut fort bien que les tenants de ces théories se refusent à toute discussion logique et ne répondent aux arguments que par la violence.

Tournants
Premier communiqué de presse: la «catastrophe» du 3.
Le soulagement. GMC est filmé riant, plaisantant.
Premier site Web opérationnel: de l'argent, beaucoup. Le nom de Madeleine est mal écrit.
Le Fighting Fund est opérationnel.
50 millions de visites sur le site Find Madeleine! Le monde est à nous.
Murat arguido. Grosse erreur
Pape, bénédiction!
Voyages européens - vivre la nouvelle vie bien que les Allemands posent les mauvaises questions.
États-Unis enfin, mais pas de président, pas même sa femme. Déception.
Chiens, arguidos.
La douceur du foyer. A partir de maintenant, c'est une affaire interne, tirons toutes les cordes restant à tirer.
Contrôle des dommages, principalement financé par TM et les parties intéressées.
Les MSM les aiment toujours - mais des faits sont imprimés - pas bon.
Presse bâillonnée, publicité contrôlée.
Fichiers PJ publiés, nouveau désastre.
Le livre d'Amaral, assigner! Argent et publication bloqués au RU par des courants diffamatoires.
Internet fonctionne désormais dans les deux sens mais surtout contre la version officielle grâce aux PJFiles.
Leveson - Encore des martyrs 
MMU géré par TM, campagne contre Internet et Twitter. 
Hacked Off - Oui, nous le sommes

Tour-opérateur (ou voyagiste)
Est-il possible que l'intérêt immédiat du FO et des médias ait eu plus à voir avec Mark Warner qu'avec les MC ?
Mark Warner réagit rapidement et sans mégoter à la disparition. Le 4, deux directeurs s'envolèrent pour PdL, le directeur général et le directeur des opérations. Alex Woolfall, responsable des risques chez Bell Pottinger, et Alan Pike arrivèrent le même jour. Était-ce par souci pour les parents ou pour protéger l'investissement considérable qu'était l'Ocean Club ? L'ambassadeur britannique a-t-il tout laissé tomber et s'est-il précipité à PdL à cause des parents ou du risque commercial pour Mark Warner ?

Tragédie (ressorts)
On sait depuis Aristote que la tragédie grecque repose sur deux grands ressorts : 
- la péripétie, qui retourne la fortune des personnages et transforme le bonheur en malheur, la chance en infortune.
- la reconnaissance : l'identité réelle d'un personnage jusqu'alors inconnu ou méconnu se révèle.
Dans l'affaire MC, la péripétie est le tournant qu'a pris l'enquête grâce aux chiens. Encouragée par l'expert britannique en matière de personnes disparues, la PJ est passée de l'hypothèse d'enlèvement à celle de mort, sans toutefois éliminer la première.
La reconnaissance s'est opérée grâce aux témoignages de la famille S. De victimes, les parents sont devenus suspects.
Or les parents d'emblée avaient voulu être reconnus pour ce qu'ils n'étaient pas, des victimes.
À travers ces deux éléments s'est profilée, en sept 2007, la vérité. Mais les circonstances (écartement de GA, fuite en GB, campagnes de rétablissement d'image, refus de la reconstitution judiciaire) l'ont étouffée dans l'oeuf, ont empêché qu'elle ait une chance d'être établie, puis acceptée, validée, légitimée.
Le grand élément d'incertitude, c'est l'absence de corps, d'indice de blessure.
Importance du choeur capitale dans la tragédie grecque = les citoyens, l'assemblée du peuple. C'est "l'instance qui éprouve, accepte ou refuse, établit la vérité dite". Ce que le choeur réclame ce sont des choses visibles, ce sont des preuves, c'est une démonstration.

Transfert d'odeur 100 (Unité de)
L'unité est constituée de deux parties principales. Le corps, alimenté par une batterie, aspire l’air par l’avant et l'évacue par l’arrière. Il n'y a pas de "recirculation" de l'air dans l'unité. Une cagoule «grillagée», qui s'adapte au corps, contient un tampon de gaze stérile. L'air aspiré traverse le tampon de gaze stérile et s'échappe par les orifices situés à l'arrière. L'odeur est emprisonnée dans la gaze, qui peut ensuite être stockée pour être utilisée dans le cadre d'exercices de discrimination olfactive.
Après utilisation, l’unité ST 100 est nettoyée de manière à ne laisser aucune odeur résiduelle (mesures de contrôle)
L’utilisation du ST100 est recommandée lorsque les véhicules, les biens, les vêtements et les locaux concernés doivent être protégés contre la contamination par le chien
L’utilisation opérationnelle du STU 100 en est au stade du développement

Transparence et WikiLeaks
L’idéal d’une société transparente à elle-même, par l’effet du travail de la presse, paraît aujourd’hui pris en charge par le Web. Le paradigme du citoyen journaliste n’est que le volet anecdotique de cette aspiration à la transparence. Les débats qui ont surgi, en décembre 2010, à propos de la légitimité des révélations de WikiLeaks ont ouvert un champ nouveau. Ces millions de documents piratés et diffusés en masse sur le Web ont certes jeté une lumière crue sur la boîte à double-fond des affaires publiques (diplomatie, relations militaires, monde politique, etc.). Mais ils ont été bien plus qu’un tsunami de révélations. Plutôt une sorte de manifeste du nouveau régime de l’information qui doit traiter non plus avec un défaut d’information mais avec son excès. Les plus de deux cent mille télégrammes diplomatiques, représentant des millions de pages, qui ont été siphonnés par WikiLeaks, seraient demeurés opaques et sans valeur ajoutée pour le citoyen. Impénétrables, ils n’auraient pas pu servir à la délibération démocratique si Julian Assange n’avait passé un accord de publication raisonnée et étalée dans le temps avec cinq grands titres mondiaux. Sans eux, ces informations auraient-elles été classées, expliquées, validées (et parfois filtrées en fonction de leur dangerosité) ? Cet événement majeur, dans ses dimensions, a mis en tension la presse écrite traditionnelle et les organisations informelles d’internautes. Un nouvel espace, de nouveaux acteurs sont donc apparus qui ont hérité et radicalisé l’action de cet « œil toujours ouvert ». Avec d’autres pratiques, d’autres compétences, une autre déontologie.

Tribunal médiatique (slogan)
Parler de « tribunal médiatique » est sans fondement lorsqu’un titre de presse révèle des informations d’intérêt public au terme d’une investigation rigoureuse. Ce slogan est bien souvent utilisé pour éviter d'avoir à répondre sur les faits. Quand un journaliste enquête en amont de la justice, il répond au droit d'être informé sur tout ce qui est d'intérêt public, cela ne signifie pas pour autant qu’il a le droit de s’affranchir des normes qui encadrent la liberté d’expression depuis la loi de 1881 : la légitimité de son travail tient à la prise en compte de tous les points de vue et à l'effort d’impartialité. Le pouvoir médiatique ne saurait se substituer au pouvoir judiciaire, seule la justice est réellement à même de préserver les droits de la défense.

Troll
La définition de "troll" a changé. Au début c'était une personne cherchant querelle avec les internautes pour distraire et semer la discorde en publiant des messages incendiaires et digressifs, extrinsèques ou hors sujet dans une communauté en ligne (comme un groupe de discussion, un forum, un forum de discussion ou un blog) dans l'intention de provoquer les lecteurs à afficher des réponses émotionnelles et à normaliser une discussion tangentielle, que ce soit pour le divertissement du troll ou pour un gain spécifique.
Les médias, semble-t-il, ont élargi la définition pour inclure le harcèlement en ligne. Par exemple, les médias ont utilisé le terme "troll" pour désigner "une personne qui détruit les sites d'hommage dans le but de causer du chagrin aux familles".
La définition utilisée dépend souvent de l'opinion du lecteur plutôt que d'une norme neutre. Les personnes qui se comportent de la manière décrite dans la définition initiale sont souvent celles qui accusent les autres de «troller» en se référant à la deuxième définition.


Tromperie (comprendre la)
Cela arrive tous les jours, un drame se produit, on l'apprend en écoutant la radio, on voit des mères éplorées, des beaux-pères  effondrés et la compassion nous envahit, nous nous identifions à cette détresse brute dont en fait on ignore tout. Plus tard on apprend qu'on a été floué, que ces individus qui nous ont émus nous ont dupés, nous nous sentons trahis, manipulés et la colère s'empare de nous. Est-ce bien légitime de voir là un simple mensonge ? Finalement le meilleur moyen de se cacher n'est-il pas encore de se montrer, d'occuper le devant de la scène ? Le relâchement de notre esprit critique nous place-t-il du côté du bien ? N'y a-t-il pas des réalités très difficiles à affronter ? Faut-il s'étonner que les mythomanes finissent par croire à leurs mensonges et oublient ce qu'ils ont fait ? Entend-on de la même manière une interview lorsqu'on sait ou ne sait pas que l'interviewé est coupable. L'identification à la détresse de quelqu'un empêche de faire attention à des détails qui ne nous échappent pas lorsqu'on sait.
Quand on essaie de comprendre, on est accusé d'excuser. On cherche à comprendre la réaction de ces coupables qui jouent l'innocence, se mettent en avant, courent vers les médias et nous touchent le plus, dont les messages nous semblent poignants, il y a là quelque chose qui nous incite à comprendre ce qui se passe dans l'esprit de quelqu'un qui a commis un acte criminel sans être totalement dépourvu d'empathie pour son prochain, paradoxalement. La naïveté est de croire que ces individus en débattent avec eux-mêmes, se sentent suffisamment coupables, honteux, pour essayer psychiquement de s'en sortir au niveau de l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. La réaction la plus fréquente, c'est ce que les psy appellent le clivage, la scission. Tout se passe comme si ce n'était pas eux qui avaient commis, comme si c'était une autre personne. C'est ce que les psy rencontrent tout le temps. Le criminel n'est pas que criminel, il a fait d'autres choses, il est capable d'aimer, de réaliser etc. Le noyau d'estime de soi fait que le sujet proteste, il estompe ses souvenirs, sauvegarde sa personne, il ne se reconnaît pas tout à fait responsable, dans certains cas il finit par croire à son propre mensonge. Et il faut bien avouer qu'on a presque envie de le croire aussi.
À un premier niveau il s'agit de se disculper publiquement avec aplomb, à un deuxième on occupe son esprit avec quelque chose qui n'est ni le conflit ni le deuil et à un troisième niveau on finit par y croire et on exprime des sentiments qui peuvent nous paraître sincères parce qu'ils sont sincères. Les enquêteurs arrivent, mettent le nez dans le réel, entrecroisent les faits et, à moins d'interventions extérieures il y a évidemment un moment où cette bipartition de la personne finit par se dissiper, se décliver et où il faut bien admettre que c'est bien soi qui...
Le piège infernal du mensonge. On commence à mentir parce qu'on ne peut pas avouer, s'avouer, puis on est comme prisonnier de son propre mensonge et ce qui se passe ensuite c'est qu'on tente d'incarner le personnage qu'on prétend être, fuite en avant, ça tient jusqu'à ce qu'on soit démasqué