Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

I/J



Idée (fixe)

Idée (préconçue)
Identification (le principe de l' ou de Kirk) 

Ignorance rationnelle (loi du moindre effort)
Illocutoire et perlocutoire
Image (gestion d' et célébrité) 

Imposteur ou fausse victime
Indices
Indignation (vertueuse)
Infanticide
Info-spectacle
Information (Sélection)
Information (Traitement)
Information (Manipulation)
Infox
Innocence (présomption d')
Innocence (délire d')
Innocence (tentation de)

Insinuation (Sous-entendu, Innuendo)
Intérêt (public)
Interprète
Interrogatoire

Interview cognitive
Ironie
Journal intime
Juge
Jumeaux
Juste


Idée (fixe)
C'est le refus total des MC d'envisager autre chose que l'enlèvement qui a fait douter plus d'un de leur bonne foi. L'hypothèse théorique d'un enlèvement par un ravisseur occasionnel rencontrant Madeleine dans la rue est réjetée sans même être examinée. La raison est que Madeleine n'aurait jamais quitté l'appartement toute seule. Mais il y a toujours une première fois. Et était-il déjà arrivé à Madeleine, s'étant réveillée, de ne pas trouver ses parents dans leur lit ?
On aimerait qu'au lieu de refuser totalement d'envisager une autre théorie que la leur, les MC fassent leur la phrase dans laquelle Evelyn Hall résume le sentiment de Voltaire sur Helvetius : Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu'à la mort votre droit de le dire.

L'hypothèse de Gonçalo Amaral (accident mortel dans l'appartement), qui selon eux a dissuadé de chercher MMC, a saboté la campagne "cherchez et vous trouverez, rien n'indique qu'on lui ait fait du mal" concernant tout un chacun (sauf les MC).
Les MC veulent clairement faire taire GA, comme si c'était ou eux ou lui, lui donnant ainsi trop d'importance. GA n'a fait que rassembler dans un livre à la première personne les traits principaux de l'enquête qu'il avait coordonnée auquel il ajouta quelques traits vernaculaires tout en brossant son ego comme il pouvait. Pour les observateurs les parents ont perdu leur enfant, le commissaire a perdu son enquête, les premiers ont le motif noble d'attirer l'attention de la planète sur le sauvetage d'une enfant vivante, le second a le motif suspect de détourner l'attention de la planète sur le destin d'une enfant morte.
S'ils avaient vraiment voulu lui damner le pion, les MC auraient demandé la réouverture de l’enquête, même cela impliquait de répondre aux fameuses 48 questions, collaborer à une reconstitution, et surtout s’intéresser à la piste de l’homme vu par les 9 Smiths, finalement le seul indice probant - enfant décrite très semblable à Madeleine - d’enlèvement.
Les bonnes questions (comme les motifs de leur reconstitution elliptique) n'ont pas été posées et ne le seront probablement jamais. La presse se conforme au politiquement correct "enlèvement".  Le moindre doute surgit comme un sacrilège dans la liturgie officielle. Soit vous adhérez à l'évangile de St MC, soit vous allez en enfer!
Une petite fille est morte probablement de la même manière que trop de petits enfants meurent tous les jours: par accident domestique, très rapidement. Tout le monde le pense tout bas, tout le monde le tait. L'enjeu majeur est la responsabilité parentale et l'innocence des parents, d'abord aux yeux du cercle familial et amical.  Les autorités ont abdiqué de tout préjugé et la justice a classé sans regret, convaincue qu'il n'y avait pas d'homicide. Si la foule sentimentale pleure, se passionne et réclame justice pour Madeleine, les autorités considèrent l'affaire comme ces jeux censés distraire les Romains.
«Nous l'avons laissée tomber» est extrêmement expressif et «elle est partie» ne peut pas être «elle a quitté la maison» parce que Kate a immédiatement rejeté cette hypothèse.
Les mains qui se tiennent. En fait celle de Kate tient celle de Gerald, son bras tendu exprimant qu'elle saisit Gerald tout en le tenant à distance.


La thèse de l’enlèvement est qualifiée de très peu probable dans le dossier.
Les parents n'ont pas été "blanchis" puisque l'affaire a été classée faute de nature de crime déterminée. Les parents ne proclament que la thèse "enlèvement". C'est leur droit. Mais c'est aussi le droit d'autrui de ne pas être d'accord. Au moins GA se réfère-t-il à des preuves circonstancielles pour supposer que la petite fille est morte.


Idée (préconçue)
À propos de l'affaire JonBenét Ramsey, l'agent à la retraite du FBI, Gregg McCrary, écrit :
Apparemment, les avocats du district estiment que les Ramseys n'auraient pas pu 'le faire' parce qu'ils sont de bons chrétiens, qu'ils sont gentils, etc. C'est une mauvaise façon de mener une enquête. Et c'est un piège dans lequel les gens tombent parfois. Nous voulons que les assassins d’enfants, un crime odieux, soient différents de vous et moi et que nous sommes mal à l’aise quand ils sont comme nous. Nous voulons qu'ils soient bossus et bavent, qu'ils aient un œil au milieu du front et traînent une jambe quand ils marchent etc. En réalité, cependant, des meurtres d'enfants sont commis par des gens qui sont par ailleurs tout à fait gentils et nous ne voulons pas que cela soit vrai?  C'est une chose troublante que parfois les gens ont du mal à dépasser, mais ça ne peut pas être le moteur de l'enquête. Ce sont les faits qui doivent guider l'enquête et les théories doivent émerger des faits, pas d'une idée préconçue sur ce que quelqu'un peut faire ou non.
Des idées préconçues similaires ont affecté l’affaire MC et cela n’a pas aidé les parents. Le comportement sans précédent des autorités britanniques, qui s’est porté à leur secours, a suscité la méfiance, tout comme la mission sacrément restrictive de Operation Grange. On se réfère souvent à leur religion, à leur absence d'infractions antérieures et à leur statut professionnel pour leur donner le bon dieu sans confession.
Un des aspects fascinants de l'affaire MC est la quantité d'idées préconçues qu'elle a produites sans état d'âme. Il n'y avait aucune preuve que Tannerman avait enlevé qui que ce soit, mais les T9 se sont convaincus comme un seul homme que c'était le ravisseur, puis dans la foulée ont spéculé non sur l'anté-rapt, mais sur le post-rapt.


Identification (principe de l' ou de Kirk)


Ignorance rationnelle (loi du moindre effort)
L'ignorance rationnelle, ou la loi du moindre effort, consiste à s'abstenir de chercher des compléments d'information avant de prendre une décision lorsque le coût d'obtention de l'information dépasse le bénéfice qu'on en attend. Le coût d'une décision éclairée peut ne pas compenser les avantages prévus de cette décision, et il serait donc irrationnel de perdre du temps. Ce concept est attribué à Anthony Downs (An Economic Theory of Democracy).

Illocutoire et perlocutoire
La distinction entre l'effet illocutoire et l'effet perlocutoire provient de la théorie des actes de langage de John Austin (Quand dire, c'est faire), selon laquelle un acte performatif de langage (une promesse, un ordre, etc.) se divise en deux effets distincts : un effet illocutoire accompli par la parole si certaines circonstances ou normes conventionnelles sont réunies et un effet perlocutoire, psychologique, ressenti par le destinataire (confiance, peur, timidité, etc.).
L'effet perlocutoire se distingue ainsi de l'intentionnalité, dans la mesure où l'effet psychologique ressenti par le récepteur ne dépend pas de l'intention (il ne dépend pas de moi que le récepteur ait confiance en ma promesse, ou qu'il se sente insulté quand je l'insulte; mais si je dis: "je promets que...", alors l'effet illocutoire de la promesse a eu lieu, que je veuille, ou non, tenir cette promesse - celle-ci tenant sa valeur non pas de l'intention, de la sincérité, mais de la convention selon laquelle affirmer "je promets que..." c'est engager sa parole). L'effet perlocutoire est ainsi celui produit par la production de l'énoncé sur le co-énonciateur ou sur ses actes. Par exemple, suite à la phrase « Il fait un froid de canard », le co-énonciateur se lève et ferme la fenêtre.
Enfin, l’acte perlocutoire consiste « à produire des effets sur les sentiments, les pensées, les actes de l’auditoire » ; il a trait aux conséquences de l’acte de dire quelque chose.
Image (droit à l')
Un journal publia une image de la grande tragédienne Rachel reposant sur son lit de mort. Sa sœur porta une action devant le tribunal afin de faire reconnaître une atteinte au droit à l'image de la défunte. Le 16 juin 1858, le tribunal civil de la Seine rendit une décision dans laquelle, pour la première fois dans l'histoire du droit français, il consacre le droit à l'image.
Les portraits posthumes de la comédienne rencontrèrent le même succès. Conformément à l’usage du XIXe siècle, sa sœur Sarah avait fait réaliser deux photographies de Rachel sur son lit de mort, attribuées – sans doute à tort – à Charles Nègre. Bien qu’elles fussent réservées apparemment à un usage privé, des épreuves en furent rapidement mises en circulation et elles inspirèrent à Frédérique O’Connell, figure en vue du Paris artistique et mondain sous le Second Empire, un fusain intitulé Rachel sur son lit de mort. Le dessin, parfaite illustration de la « douceur narcotique88 », fut exposé à la galerie Goupil qui le reproduisit et le diffusa en photographies, au grand dam de la famille Félix qui intenta un procès à l’artiste et obtint que photos et dessin soient retirés de la circulation. Mais le jugement eut surtout pour effet d’accroître la popularité de l’œuvre de F. O’Connell et d’attiser la convoitise médiatique. Là encore la conjonction de la célébrité et de la mort prématurée s’avérait le révélateur de l’évolution de la sensibilité collective et de la fascination que suscitaient les « belles morts », pour reprendre la formule de Philippe Ariès. 
Image (gestion d')
On sait que Madeleine's Fund a payé des spécialistes de gestion d'image pour répandre l'idée que les MC étaient innocents. Leurs avocats ont menacé et engagé des actions contre ceux qui publiquement faisaient savoir leurs doutes quant au récit des MC. Certains de leurs supporters sur les réseaux sociaux ont même constitué un dossier (au moins) contre ceux qui via twitter ou FB soupçonnaient les MC de ne pas dire la vérité. Ce dossier a été remis à la police et à certains médias dans l'espoir que la justice s'en emparerait. Le dossier n'a pas été jugé "criminel".
En d'autres termes, un effort massif a été entrepris pour dresser des MC un portrait de victimes de l'incompétente police portugaise, des médias et de gangs de méchantes gens sévissant sur la Toile. Cela a coûté beaucoup d'argent et, malheureusement pour eux, n'a convaincu personne. 
Les MC devinrent en deux temps trois mouvements les parents les plus célèbres du monde, les inconnus les plus notoires. 
On ne peut pas toujours choisir l'image qu'on veut montrer. Ils se sont mis en scène, c'était un choix. 


Imposteur ou fausse victime Voir victime
Si on définit l'imposture comme se faire passer pour ce qu'on n'est pas, ne le sommes pas tous à des degrés divers ? Il y a toujours une différence entre l'être et l'apparaître, entre l'être et la fonction aussi.  Par définition l'imposteur avance masqué. Mais le sait-il ? A-t-il conscience qu'il porte un masque ? Et si, sous ce masque, ne se trouvait aucun visage ? Et si, sous ce masque, ne se trouvaient que lambeaux, identités dispersées, rien d'authentique, rien de personnel, rien qui ressemble vraiment à soi. Et si nous étions tous, plus ou moins, des imposteurs.
S'enferrer dans l'engrenage, la spirale du mensonge. Le fonds comme une façon de parfaire le statut de victime et non par appât du gain.Logique du semblant, de fausses victimes.
C'est dans la position de victime que l'on peut recueillir l'estime, l'attention, l'amour d'autrui. Empathie : capacité de se mettre à la place de l'autre.
Imposture vient d'imposition. Rituels, cérémonies, signaux qui font croire aux autres et à partir de là on peut les duper. Imposteur, martyr du lien social. 
Chaque société a les imposteurs qu'elle mérite.
Se garder d'analyser les MC qui le font très bien eux-mêmes sur les plateaux TV. Il faut s'intéresser aux imposteurs pour comprendre quelles sont les valeurs éthiques qui déterminent nos comportements sociaux. Il y a un lien consubstantiel entre l'imposteur et la société. Comment chaque société produit-elle ses imposteurs. Ce que la société offre, ce sont les enveloppes formelles du symptôme. Notre société favorise (ne détermine pas, ne produit pas) l'imposture dans la mesure où elle est une société des apparences, de la visibilité, du spectacle et de la marchandise. Bernard Madoff a dit qu'il n'était que le miroir de l'avidité de ceux qui lui ont fait confiance. Les sociétés changent, les modalités de l'imposture changent.
Les réseaux sociaux comme des bals masqués formidables. On peut emprunter de multiples personnalités.

L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l'imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L'imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l'opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes. L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre . Soeur siamoise du conformisme, l'imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir. Roland Gory
L’imposteur est celui qui se conforme aux attentes d’autrui de sorte à faire corps avec un rôle social. Omniprésence des dispositifs d'évaluation, normalisation des comportements, survalorisation des apparences : notre société est-elle une machine à produire des imposteurs?

Ce sont les supporters qui les aident, comment ne pas sauter sur leurs mains tendues ?
Ils se sont laissés prendre dans leur mensonge, ils ont été dépassés. Faire machine arrière ? Se faire montrer du doigt comme des parias ?
Ils se sentaient victimes de la fatalité, de leur imprudence, de whatever, mais s'ils avaient dit la vérité, qui les aurait vus comme ça, qui les aurait valorisés en leur conférant publiquement ce statut-là ? Qui aurait exprimé de la compassion à leur égard. Être reconnu comme victime dans le champ social donne un sens à leur vie.


Indices
Les «défauts de la situation» ne sont que ces contradictions, ces improbabilités, qui se produisent lorsque l'on désire représenter la situation comme quelque chose de tout à fait différent de ce qu'elle est réellement, et cela avec les meilleures intentions et la conviction la plus pure avec laquelle on a travaillé toute la prévoyance, l'artisanat et la considération imaginables.
Hans Gross appelle "malfaçons" (defects) les indices qui trahissent des tentatives de faire paraître la scène comme ce qu'elle n'est pas.
Il appartient à l'enquêteur d'identifier ces defects ou incongruités, inconsistances, duperies, improbabilités et paradoxes.
Le plus indémontrable c'est la façade verbale.
Malgré de bonnes intentions ou peut-être à la lumière de ces bonnes intentions, personne n'est complètement honnête tout le temps. La duperie est une fausse communication délibérée qui tend à être au bénéfice du locuteur. Fournir de fausses informations à la police dans l'intention de misdirect ou divert.
Le falsificateur de scène de crime la rend conforme à l'idée qu'il se fait de la fausse réalité à laquelle il veut faire croire.
L'histoire improbable de la fenêtre et du volet aurait pu inciter les Portugais à se dire que les MC étaient en train de leur mentir. La barrière linguistique certainement a joué ici. Ils se sont dit que les parents paniqués, avec une représentation du Portugal comme pays du Tiers monde, etc.. voyaient un enlèvement... Au lieu d'examiner soigneusement la scène de crime, sa façade matérielle et verbale.
Les preuves factuelles ne peuvent être erronées, mais leur interprétation le peut.
La scène du crime en cas d'enlèvement d'enfant est pratiquement toujours dans l'espace public.
Informations conflictuelles
Case Study :
Un jeune couple frénétique rapporte que la veille au soir un ou des inconnus sont entrés dans la chambre de leur bébé de 4 mois et l'ont enlevé. Selon les parents, le père était en déplacement et la mère avait mis l'enfant au lit vers 21h. Quand la mère s'était réveillée, le lendemain matin, elle avait découvert que le lit de l'enfant était vide et que la porte d'entrée était fermée, mais non verrouillée. Elle avait immédiatement appelé son mari, qui était rentré chez eux et avait appelé la police. Les parents n'avaient aucune idée de ce qui était arrivé à leur bébé ni ne soupçonnaient qui que ce soit. L'hypothèse d'enlèvement avait été immédiatement transmise à tous les forces de police locales. La police scientifique avait entrepris l'investigation détaillée de la scène du crime, mais on ne trouva aucune trace d'effraction ni d'indice matériel consistant avec la déposition des parents. Au cours d'une enquête auprès des proches, ceux-ci rapportèrent que la mère n'avait pas la réputation de grande ménagère et qu'ils étaient préoccupés par le bien-être général de tous les enfants. Pourtant la maison, au moment du drame, était rangée et propre comme si on l'avait nettoyée récemment. …................
Le manque de connaissances ou d’incapacité du «plaignant» à se souvenir de ce qui s’est exactement produit est une constatation fréquente dans ce type d’événements car il est plus facile pour le coupable de maintenir son histoire s’il n’a pas à raconter de détails. Cependant, parce que l'explication des événements est essentiellement créée sur le tas et n'est pas planifiée de manière très détaillée, les incohérences sont généralement beaucoup plus faciles à reconnaître et à découvrir pour les enquêteurs.

Fait intéressant, il semble que le délinquant qui met en scène une scène "ad hoc" ait un besoin écrasant de se peindre de la manière la plus positive en soulignant sa responsabilité, les précautions qu'il a pu prendre pour prévenir de tels accidents ou exprimer sa frustration lors de l'événement qui se déroulait alors qu'ils n'étaient pas là pour faire quelque chose pour empêcher l'événement.
Dégradations des éléments biologiques (marcher sur des empreintes, déplacer les objets).

Inconsistance 
Quand les témoignages manquent de consistance, on repose la même question de plusieurs façons. Une bonne manière de les dissiper est d'organiser une reconstitution.
Le prof. de sciences forensiques David Barclay qui, avec son équipe, étudia l'affaire pour une émission (Dispatches) de Channel Four, en octobre 2007, déclara avoir examiné tous les indices disponibles et être arrivé à la conclusion qu'il y avait quelques inconsistances sérieuses. Évidemment, à l'époque, les dépositions étaient sous secre de l'instruction. Ils cherchèrent notamment des indices de mise en scène, le mot utilisé pour "désigner les actes d'un criminel afin de faire endosser son crime à quelqu'un d'autre". Ils retinrent les premiers mots de Kate MC quand elle avait découvert que Madeleine n'était plus là. Elle aurait dit "ils l'ont prise", ce qui en étonna plus d'un dont le prof. DB (Je ne crois pas que j'aurais eu cette première réaction-là si mon enfant avait disparu).
Quelle réaction le prof. DB aurait eue dans une telle situation ? Y a-t-il une réaction standardisée à avoir ?

Le prof. DB s'engouffre sur un terrain moins mouvant quand il met en doute l'histoire de l'effraction du volet et de la fenêtre : Nous avons examiné la scène du crime et ce qui nous a frappés immédiatement c'est l'improbabilité que quelqu'un soit entré par la fenêtre... (un grand immeuble) surplombe le parking. Nous ne disons pas que c'est impossible, mais avec toutes nos années d'expérience cela semble hautement invraisemblable et non plausible.
Tout en considérant que la PJ a fait du bon travail, il note deux erreurs : D'abord ils n'ont pas scellé la scène du crime assez rapidement. Ensuite ils n'ont pas été assez agressifs avec les MC au premier stade de l'enquête. C'est en réalité pour leur bénéfice dans des affaires comme celle-là que la police presse les parents fermement et exige un compte-rendu détaillé de leurs mouvements pendant l'intervalle de temps critique.
Mais ladite "scène du crime" obéissait-elle aux critères définissant une scène de crime ?

Indices "forensiques"
Certes cela ne signifie pas qu'il n'y en avait pas, mais la PJ n'en a trouvé aucun cheveu, aucune fibre, aucune marque de pas, aucune trace de gant, aucun morceau d'ongle, aucune empreinte qui ne provienne des occupants du 5A, aucun de ces minuscules éléments qui sont au cœur des romans policiers classiques, ni sur le lit de MMC, ni sur l'appui de la fenêtre où les minuscules lichens n'ont pas été abîmés, ni dans la chambre des enfants.
Les seules empreintes relevées le soir même de la disparition sur la vitre de la fenêtre sont celles trois doigts de la main gauche de Kate MC.
L'appartement est extrêmement bien rangé, rien ne traîne par terre, rien n'a été déplacé et même le lit de MMC n'est pas défait : on dirait qu'on l'en a extraite avec un soin extrême pour ne pas déranger les draps.

Indignation (vertueuse)
C'est un euphémisme en regard de ce que Philip Roth appelle "the ecstasy of sanctimony”, plaisir hypocrite et fédérateur peut-être, impitoyable et dangereux certainement, non limité au Nouveau-monde où dans la presse, à la radio et à la télé, les enfoirés à la vertu majuscule donnaient à qui mieux mieux des leçons de morale, dans leur soif d'accuser, de censurer et de punir, tous possédés par cette frénésie calculée que Hawthorne... avait déjà stigmatisée à l'aube de notre pays comme "le génie de la persécution". On peut parler de "vandalisme moral".
La notoriété rendrait-elle jaloux ?

Infanticide (crime des crimes)
"Dans la majorité des affaires d’infanticide, les enfants sont tués par leurs proches, écrit le Dr Pierre Lamothe, psychiatre et criminologue, mais être responsable de la mort d’un enfant est une situation terrible à assumer. Pour cette raison, les coupables plongent parfois dans un délire d’innocence?" (voir ci-dessous)
"Le délire d'innocence est un mécanisme qui permet au coupable de continuer à vivre. Il parvient à se convaincre que cela n'a pas pu arriver ou que c'est un autre qui a commis les faits".
Les médias sont évidemment à l'affût du spectaculaire. Dans le traitement de l'information, il y a une exaltation devant le crime des crimes, c'est-à-dire le crime contre les enfants. Autrefois, le parricide était l'horreur absolue. Désormais, le taux de natalité a baissé, nos enfants sont devenus sacrés. Dans ce genre d'affaires, on s'emballe toujours pour le " crime aléatoire " : l'hypothèse d'un enfant enlevé par un parfait inconnu. Le crime aléatoire est celui qui nous paraît le plus violent et le plus menaçant pour tous. Car c'est cela qui nous intéresse : la menace qui pèse sur chacun d'entre nous. Nous ne voulons pas voir que, la plupart du temps, les enfants sont tués par leurs propres parents. Il doit y avoir une quarantaine d'enfants tués chaque année, trente-huit tués par leurs parents, et deux par des inconnus. Statistiquement et criminologiquement, c'est dans l'entourage qu'il faut commencer à chercher les coupables.

Info-spectacle
Le traitement du faits divers dans les médias : une photo, une interview, une indiscrétion. L’info-spectacle, ou la négation de l’information...
Le « mimétisme de masse » si bien décrit et analysé par René Girard. On ne peut pas parler de la souffrance des victimes, devenues personnages de fiction, et ignorer celle des autres. 
La broyeuse médiatique. De rebondissements en dérapages. Course effrénée à l'information. La ruée vers l'info. 

Information (sélection)
La manière dont nous sélectionnons les «bons informateurs», les propriétés que nous utilisons comme indicateurs de leur fiabilité sont assez complexes. Les indicateurs de confiance peuvent être notoirement biaisés par nos préjugés, ils peuvent être falsifiés ou manipulés par des informateurs malveillants ou simplement intéressés et changer dans le temps et l’espace. La façon dont nous acquérons des connaissances grâce à la communication est influencée par la responsabilité que nous assumons en donnant autorité à une source d'informations. Notre responsabilité n’est pas simplement une qualité morale que nous possédons ou avons tirée de l’expérience, mais une manière d’aborder nos interactions communicatives, une position vis-à-vis de la crédibilité et de la crédulité partagées, le cas échéant, avec nos informateurs. C’est une position dynamique, il faut éviter de décrire l'auditeur comme faisant un choix rationnel qui a la possibilité d'accepter ou de refuser une partie des informations qui lui sont présentées par un orateur. Dans la plupart des cas, nous n’avons tout simplement pas le choix: nous apprenons des autres parce que nous sommes immergés dans des pratiques de conversation dont le résultat est exactement le morceau que nous finissons par croire ou ne pas croire. Il n'y a aucune information a priori à acquérir qui ne soit construite dans le processus de communication.

Information (traitement)
Dans le traitement de l'information, le crime des crimes est le crime contre les enfants. Autrefois, le parricide était l'horreur absolue. Désormais, la natalité a baissé, les enfants sont devenus sacrés. Tout crime "aléatoire" (un enfant enlevé par un parfait inconnu) fait s'emballer la machine médiatique.
Le crime aléatoire nous semble le plus violent et le plus menaçant, chacun est concerné. On ne veut pas voir que, la plupart du temps, les enfants tués le sont par leurs propres parents. Sur une quarantaine d'enfants tués chaque année, trente-huit le sont par leurs parents, et deux par des étrangers. Statistiquement et criminologiquement, c'est dans l'entourage qu'il faut commencer à chercher les coupables.

Information (manipulation)
A l'ère des médias sociaux, vérifier l'information n'a jamais été aussi vital. Journalistes, observateurs, ne partagez pas une photo avant d'en avoir vérifié la teneur.
Ces derniers temps de nombreux articles ont été écrits sur le thème de la manipulation de l’information à l’ère des réseaux et médias sociaux. Photos recadrées, sorties de leur contexte. Vidéos ne correspondant pas à la période citée ou au pays mentionné, faux comptes Twitter, absence de sources… Toutes les manipulations possibles sont utilisées pour entretenir la désinformation, la rumeur, le dénigrement… L’utilisation des médias et réseaux sociaux comme le retweet automatique sans vérifier l’information participent-ils à la propagation de la manipulation de l’information ? Comment vérifier l’information face aux manipulateurs ? Quels outils peut-on utiliser ? Outre le fait que les canaux de communication ne cessent de s’accroitre, que chaque individu devient une source d’information, le simple quidam devient l’annonceur de THE «breaking news», retweeté, liké, partagé par ses amis, followers…
Twitter le canal de la viralité
La manipulation photographique
Il existe plusieurs manières de manipuler une photographie : modifier le contexte d’une photo pour en changer le sens est l’une des manipulations que l’on retrouve assez régulièrement sur les réseaux sociaux. Plus la photo est choquante plus l’émotion enjoindra les personnes à partager une information manipulée.
Twitter est devenu une véritable agence de presse en ligne, l’information arrive par flot et de tous côtés, compte perso, compte officiel. La rapidité d’information et d’informer n’a jamais été aussi importante. Dans ce contexte d’infobésité il devient nécessaire de prendre un certain recul face aux lucky luke du tweet. Si les devoirs des journalistes n’ont pas changé, ils doivent être encore davantage vigilants à l’ère des médias sociaux, la manipulation, notamment des images et des vidéos étant accrue. Pour rappel :
Déontologie et journalisme
Il existe plusieurs chartes rappelant les droits et devoirs des journalistes parmi elles la charte de Munich signée par la Fédération européenne des journalistes le 24 novembre 1971, on y retrouve 5 droits et 10 devoirs dont :
Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents
Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ;
S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information

Mot-valise créé à partir d'information (info) et d'intoxication (intox). Avec la locution information fallacieuse, il a été proposé en octobre 2018 par la Commission d'enrichissement de la langue française pour devenir l'équivalent de l'anglais fake news dans la langue française. Il désigne une information mensongère conçue de manière délibérée pour induire en erreur et être diffusée dans les médias de masse afin de toucher un large public.
Equivalents : information fallacieuse, fausse nouvelle, fausse information.
Synonymes : désinformation, hoax, mensonge, rumeur, canular, bobard, escobarderie.
 

La propagation des infox est facilitée par la rapidité de diffusion et l'effet d'amplification d'Internet (réseaux sociaux, blogs, messagerie, etc.) Ceux qui sont à l'origine de ces tentatives de désinformation cherchent à en tirer un avantage qui peut être d'ordre politique, financier, idéologique, stratégique s'il s'agit d'un État, etc.
Exemples d'objectif  :

  • défavoriser un parti politique ou un candidat lors d'une élection,
  • faire basculer le résultat d'un vote lors d'un référendum,
  • entacher la réputation d'une personnalité ou d'une entreprise,
  • contrer une vérité scientifique établie (ex : déni scientifique comme le créationnisme),
  • développer la xénophobie, voire le racisme, dans la population.
C'est une information mensongère ou délibérément biaisée qui a pour effet de brouiller la distinction entre les catégories du vrai et du faux, qui devient donc sans importance, non opératoire, et ce faisant porte atteinte aux jugements et expériences que nous pouvons partager, et donc à notre capacité de vivre ensemble dans un monde commun. 
Quatre catégories d’acteurs font circuler des informations fausses : ceux qui le font en sachant qu’elles le sont, simplement pour semer le désordre ; ceux qui le font par militantisme idéologique afin de servir leur cause ; ceux qui le font pour servir des intérêts politiques, économiques ou même personnels ; enfin ceux qui le font en croyant qu’elles sont vraies. C'est à propos de ces derniers que se pose surtout la question de la post-vérité.
Est-ce la prolifération des infox qui a fait basculer nos sociétés dans l’aire de la « post-vérité », terme apparu dans un article de Steve Tesich paru en 1992 dans The Nation et désignant les circonstances dans lesquelles les faits objectifs influent moins sur la formation de l'opinion publique que les appels à l'émotion et aux convictions personnelles, où les émotions et les opinions supplantent la réalité des faits. Le concept a été repris par Ralph Keyes dans The Post Truth Era (2004) où il établit que nos sociétés tolèrent énormément le mensonge ou les déformations de la réalité, à commencer par la publicité. L'immense accès à l'information, mais à une information pléthorique et dérégulée, non seulement ne nous transforme guère, mais se paie par une expansion énorme des fausses informations. La vulnérabilité des utilisateurs est également un fait attesté par de nombreux travaux de psychologie cognitive. La crédulité a souvent le dernier mot, notre rationalité a des limites cognitives, nous sommes des êtres de croyance.
Mais sommes-nous devenus indifférents à la vérité ? Sommes-nous condamnés à errer sur le marché intellectuel du doute que sont les réseaux sociaux, en quête de théories provenant de gens "authentiques" ou présumés "sincères", libres d'émettre, relayer, discuter, juger, s’indigner, soutenir, en étant vigilants face aux techniques de captation de l’attention, de production de faux partisans, qui donnent des armes à la mésinformation au détriment des affirmations accréditées de façon hiérarchique et traditionnelle ?
La peur vaut autorité, bien que nous vivions dans des sociétés où le souci de protection est infiniment supérieur à ce qu’il fut jamais. Certes le remède est souvent près du poison et, sur les mêmes réseaux, fleurissent les vidéos de démontage ou les analyses des biais cognitifs, les dé-constructeurs de fariboles, les sources primaires et les idées tertiaires... Mais nous subissons la terrible loi dite de Brandolini
La quantité d'énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer.

Innocence (argumentation en faveur de l')
Ceux qui les croient blancs comme neige brandissent l’argument de leur quête incessante de Madeleine. Comme si, précisément, feindre de chercher encore et toujours n’était pas la parade idéale.

Innocence (obsession de l') 
L'innocence une fois perdue, ne peut jamais être regagnée.L'obscurité une fois regardée ne peut être perdue. John Milton
Sur l'innocence, voir ici
Les MC ne semblent pas s'être satisfaits d'un au moins nous avons notre conscience pour nous. Loin de là. Ils eurent très vite le violent désir d'être universellement reconnus comme innocents. Quiconque tempérait l'innocence ou hasardait l'ombre d'un doute se voyait immédiatement contraint de se dédire ou, par Carter-ruck interposé,  de se taire.
Pourquoi ? Peut-être parce que, comme ils ne cessaient de le répéter, le questionnement de leur innocence entravait sinon annulait la recherche de MMC. Aussi bien peut-être parce que ce qui comptait le plus, ou était le plus simple à rechercher et à obtenir, était d'être tenus pour innocents. Pour ce faire un ré-examen du dossier qui identifierait les failles commises par la PJ aiguiserait le discernement : les MC avaient été soupçonnés à tort.

Leur seule chance d'être innocentés totalement est dans la détermination de la nature du crime ou l'identification de Smithman qui a disparu de la surface de la terre en même temps que Madeleine.
Innocence (présomption d')
On dit que la présomption d'innocence est un droit absolu en démocratie. Mais la présomption d'innocence est-elle un droit ? En fait l’article 9 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 dit Tout homme étant présumé innocent  et non Tout homme est présumé innocent : les rédacteurs du texte ne créent pas un droit, celui-ci préexiste, naturellement, ils ne font que le constater.

C'est à la police d'apporter une preuve de culpabilité, tâche parfois difficile si l'arguido, comme c'est son droit, refuse de répondre aux questions de la police, manifeste peu d'intérêt pour une reconstitution des faits, prétend donner le ton dès le premier jour dans l'enquête policière en rejetant le terme neutre de "disparition" tout en internationalisant, à travers un réseau familial, la notion plus dramatique et donc plus médiatique de "kidnapping", emploie au nez et à la barbe d'une police certes non dénuée défauts, des enquêteurs privés successifs, aux interférences parfois dérangeantes pour l'enquête officielle, dont les bilans se révéleront finalement nuls.
Stricto senso, les MC, suspects mais non inculpés, n'avaient pas à être mis hors de cause ou innocentés. Dans son rapport, le procureur de la république, faisant référence à leurs protestations d'innocence réitérées, indique explicitement que les MC ont perdu une occasion de le prouver.
Nous croyons que le dommage principal a été causé aux arguidos MC, qui ont perdu l'occasion de prouver ce qu'ils défendent depuis qu'ils ont été mis en examen : leur innocence par rapport au dramatique événement...
Le public, qui suit cette affaire de loin, justifie sa croyance en l'innocence des MC avec l'argument suivant : ils n'arrêtent pas de se manifester pour qu'on n'oublie pas Madeleine. Mais – et c'est une élucubration qui fait frissonner – si, hypothèse purement théorique, ils étaient coupables et voulaient à tout prix et à jamais être considérés comme innocents, que feraient-ils précisément, compte tenu du fait qu'il leur est impossible de sortir de sitôt de la lorgnette médiatique ?
Le point de non-retour a été franchi.
Et il en sera ainsi tant que, morte ou vive, Madeleine ne sera pas retrouvée.
Si l'on est vraiment innocent, si on a enlevé votre enfant, on sait que la police s'en occupe. On est en tête-à-tête avec sa douleur intime, quel est l'intérêt de la rendre publique ? Si on a besoin de rechercher une médaille de souffrance, c'est que quelque chose n'est pas clair. 
Les innocents sont discrets, ils suivent de bon gré les directives de ceux dont la tâche est de retrouver leur enfant.   
Quel que soit leur niveau de qualification, les enquêteurs peuvent ne pas trouver les preuves nécessaires pour prouver quelque chose au-delà de tout doute raisonnable. C'est peut-être parce que le présumé coupable est innocent, mais on ne peut considérer cela comme une preuve d'innocence. Le criminel peut être malin ou chanceux ou les enquêteurs malchanceux ou inefficaces.

Innocence (délire d') 
On peut s'auto-intoxiquer et se mettre dans la peau d'un innocent, mais le sujet est-il dupe, même s'il joue son rôle de mieux en mieux ?
On peut à la fois mentir et, en étant sincère, avoir du chagrin.  
Face au regard des autres, il est difficile moins de dire ce qu'on a fait, que d'expliquer ce qui s'est passé après l'acte, l'idée et la construction du scénario.

Le délire d’innocence est un mécanisme qui permet au coupable de continuer à vivre, selon le Dr Pierre Lamothe, il parvient à se convaincre lui-même que ça n’a pas pu arriver ou que c’est un autre qui a commis les faits. La mémoire s'efface.
Dans le cas de mort d'un enfant, épreuve très difficile à supporter, c'est un réflexe d’autodéfense,  
De l'auto-défense au déni de réalité. 
Pour assurer sa propre crédibilité, il faut s'enfermer dans la croyance en son propre mensonge. Une fois un scénario mis en place est atteint le point de non-retour.
Les MC se sont appuyés sur le battage médiatique pour étayer la conviction de leur propre innocence. Ils ont fini par y croire et par entraîner derrière eux famille, amis, avocats, public relations, autorités de la classe politique et artistique, milliardaires, médias. Au début les gens sont agnostiques. Ils veulent comprendre, ils soutiennent le non-abandon des recherches, ils compensent la prétendue mollesse voire incompétence de la police. Les médias s'agitent autour de la détresse de parents, en passant sous silence que, finalement, les coupables pourraient bien être ceux-ci. Les supporters endossent les vêtements des parents, chaussent leur bataille.

Innocence ou culpabilité (noeud gordien) ?
Il n'y a pas de moyen de savoir si les MC sont innocents ou coupables. Trop d'éléments sont inconnus, tout juste supputables. Toute allusion publique à cette affaire a des chances de se transformer en atelier de discussion. Mais à l'intérieur de soi-même aussi. Dans cette affaire chacun est livré à son intime conviction quant à savoir ce qui est arrivé à Madeleine McCann. Ce qui est intéressant à observer, ce n'est pas tant la culpabilité ou l'innocence des parents mais comment nos systèmes de justice fonctionnent, comment quelqu'un qui est pris dans le filet d'une enquête sans que l'on sache très bien faire la part des choses entre l'horreur d'avoir perdu un enfant, la consternation d'être soupçonné, le souci de l'image produite sur le public. Dans cette affaire, et c'est pourquoi on en parle encore, il y a un espace, très restreint, où l'on peut croire qu'ils sont innocents (un cambrioleur surpris étouffe involontairement et efface ses traces, un observateur opportuniste emmène dans sa tanière à la manière du Collector, l'enfant sort et fait une rencontre improbable que l'agitation ambiante finit par rendre fatale, etc.) et un espace, plus vaste, où l'on peut croire qu'ils sont coupables (l'un d'eux a involontairement causé la mort de l'enfant, l'accident est domestique mais une surveillance appropriée l'aurait évité, quand la mort est découverte le corps est déjà froid, etc.).
Devant un jury évidemment on dirait que le doute doit profiter à l'accusé.

Innocence (tentation de l') 
Pascal Bruckner ("La tentation de l'innocence") appelle "innocence" cette maladie de l'individualisme qui consiste à vouloir échapper aux conséquences de ses actes, cette tentative de jouir des bénéfices de la liberté sans souffrir aucun de ses inconvénients. Elle s'épanouit dans deux directions, l'infantilisme et la victimisation, deux manières de fuir la difficulté d'être, deux stratégies de l'irresponsabilité bienheureuse.  
C'est croire que le monde est là pour nous. Living in the age of entitlement, on a droit à ci, on a droit à çà, on "mérite" ceci, on "mérite" cela.  Tout est dû, on est un ayant droit, on n'est pas responsable, a-t-on demandé à venir au monde ?

Innocenter
La seule chance qu'ont les MC d'être innocentés totalement est dans la détermination de la nature du crime ou l'identification de Smithman, disparu de la surface de la terre en même temps que Madeleine.

Insinuation (Sous-entendu, Innuendo)
Le mot "innuendo" est dérivé de innuere, "faire un signe de tête en avant".
Il existe deux principaux types de sous-entendus. 

La fausse insinuation est une déclaration diffamatoire qui a une signification implicite, de sorte que seules les personnes disposant du savoir contextuel nécessaire peuvent comprendre que le commentaire est diffamatoire. L'info nécessaire peut être culturelle et géographique.
L'insinuation juridique n'est pas diffamatoire à première vue, une insinuation légale peut être diffamatoire lorsqu'elle est associée à certaines circonstances extrinsèques ou extérieures. Ces informations contextuelles peuvent faire en sorte qu'une déclaration est considérée comme diffamatoire dans une juridiction donnée et non dans une autre.


Intérêt public
La question de l'"intérêt public" est délicate. La loi sur la protection des données et les codes de conduite des journalistes reconnaissent tous qu'une certaine violation de la vie privée se justifie si le public doit pouvoir disposer de certaines informations. Mais la ligne de séparation est mal définie. La question de savoir ce qui est proprement privé et ce qui est véritablement d’intérêt public peut être très controversée et très difficile.

Interprète
Dispositions légales
En cas de témoignage officiel, la déposition est relue et son contenu expliqué. Après avoir donné son accord, le témoin confirme et signe comme exact le contenu du document qui suit, conjointement avec l'interprète assermenté. C’est la procédure normale dans tous les entretiens formels. En co-signant, l’interprète s’engage légalement quant à la précision de sa traduction. Donc, le témoin signe pour dire que le contenu est exact et l’interprète pour dire que la traduction est exacte. Un motif assez fort pour que l'interprète s'assure que sa traduction est correcte parce que sa responsabilité est légalement engagée.

"Interrogatoire"
Insulter Paiva, dit Kate MC, la maintient forte. Si vous n'êtes pas fort, vous êtes faible. Tout se passe comme si cela lui permettait de contrôler sa faiblesse, mais pas son tempérament. Si nous sommes submergés par la faiblesse, nous nous effondrons, nous n'attaquons pas.
Interrogée par Neves et Encarnação, Kate s'était totalement effondrée (pas question d'insulter/attaquer les "chefs") car Neves lui avait déclaré sans ambages qu’ils ne croyaient pas à sa version des événements. Cela ne correspondait pas à ce qu’ils savaient. Ils ont voulu savoir pourquoi elle pensait que Madeleine était en vie quand elle avait disparu. Elle a répondu que rien ne suggérait le contraire, rien n'indiquait qu'on avait pu lui faire du mal.

Comme le remarque notamment FP, dans l'audition au LC du 10.04.2008, chacun sait alors depuis longtemps ce que les autres ont dit et tente, nécessairement, d'organiser ses souvenirs en conformité avec les souvenirs des autres. En outre, avant l'audition ils sont invités à prendre connaissance de leurs deux dépositions à la PJ, au discours indirect, non exempt de l'influence d'autrui et non seulement interprété mais condensé par l'interprète, et de ce que les autres ont dit. Ces "interrogatoires" toutefois ont l'immense avantage d'être au discours direct, dans la langue maternelle, et de relayer l’information de manière plus neutre, sinon objective.

Interview cognitive
L'interview cognitive, méthode d'interrogatoire et de témoignage mise au point dans les années 80, consiste à remettre virtuellement le témoin visuel en situation en suivant quelques règles (ne pas interférer ni distraire le témoin, l'encourager à mentionner des détails, même insignifiants). Les avancées de la recherche en psychologie cognitive ont amené les enquêteurs à utiliser les techniques de l'interview cognitive dans leurs interrogatoires, afin de distinguer éléments inventés et éléments réels, en prenant en compte l'absence de contact oculaire, les mouvements intempestifs, etc.
Le principe de départ est principe que d'un point de vue cognitif, le mensonge exige plus d'efforts que la vérité. : lorsque l'on ment, il faut inventer certains éléments et mobiliser sa concentration pour ne pas se contredire...
Pour rendre la tâche plus difficile à un suspect, on peut ajouter de la charge cognitive, par exemple... en lui demandant de raconter son histoire à l'envers. Dans le récit à rebours, s'il s'agit d'un mensonge, les erreurs sont plus fréquentes, les contradictions plus visibles, et le temps pour raconter l'histoire à l'envers plus long, la concentration plus perturbée, se manifestant par un stress plus accentué.

Ironie
Heureusement, elle s'exerça au milieu du drame. Le 9 mai 2007, Breakingnews.ie publia un article sur une image générée par ordinateur (à partir du signalement donné par JT d'un homme sans visage) que la PJ refusait de divulguer en raison du secret de l'enquête. Des policiers en civil, racontait l'article, arpentent PDL et demandent aux commerçants s'ils reconnaissent ce potentiel suspect. L'un deux, luso-britannique, à qui était discrètement montré le portrait-robot, répondit que les contours lui donnaient l'impression de pommettes haute et de long visage, mais que, sans yeux, sans nez, sans bouche, sans oreilles ce n'était qu'un oeuf avec des cheveux.

Journalisme (Jaune, Yellow)
Le phénomène des fausses nouvelles n'est pas nouveau. Il y a eu un âge d'or du "journalisme jaune", dans les années 1890, lorsque les fausses informations contribuaient à déclencher une guerre.
Le yellow journalism désigne tout journalisme traitant de l'actualité de manière non professionnelle ou contraire à l'éthique. Le terme a été inventé dans les années 1890 pour décrire la guerre féroce entre le New York Journal de William Randolph Hearst et le New York World, propriété de Joseph Pulitzer. Ils ont recherché le crime, le scandale et les détails salaces. Les faits qui entravaient une histoire captivante pouvaient être laissés de côté. Des détails imaginaires pouvaient être ajoutés. Toute excuse pour inclure une image de femme légèrement vêtue était la bienvenue.
Le but était de créer une sensation qui inciterait les gens à acheter des journaux. En d'autres termes, on sacrifia la vérité au profit. 


Journal intime
KM a commencé un journal intime quelques jours après la disparition de MM, à la suggestion d'un psy ou de sa belle-soeur ou ?. Or il commence le 3 et absolument comme si on était en temps réel. On s'attendrait à ce qu'il commence le jour où il a réellement commencé (le 6?) avec un récit de ce qui s'est passé depuis le 3.

Juge
Le juge vient peut-être d'être pris dans cette boucle qui dit malgré tous les indices qu'un cadavre gisait dans l'appartement 5A, qu'un cadavre a été transporté dans la voiture de location, que le comportement du groupe peut à tout le moins être considéré comme étrange, la médecine légale n'a pas prouvé la mort de l'enfant. Ils sont amplement suspects, oui, mais est toujours requise la preuve de la mort ou de l'activité criminelle. La vérité finit-elle toujours par prévaloir ?

Faire plus confiance aux statisticiens qu'aux médecins légistes : Quelles sont les chances que la mort soit dans l'appartement de vacances que vous avez loué sans que soit morte là une personne avec qui vous avez été en contact ? C'est un mystère qui doit encore être expliqué.
Si ça marche comme un chat et parle comme un chat, ce peut très bien être un chat!


Jumeaux
Pourquoi mentionner ce que ressentent et disent les jumeaux dans les médias ou les documentaires, même si leurs images sont floutées ? Liront-ils cela un jour ? Et s'ils tombent là-dessus, comprendront-ils que la mémoire ne pouvait dicter leur paroles, car ils étaient trop petits quand Madeleine a disparu : ils ne répètent que ce qu'on leur a dit.
Nous savons tous que nos enfants, quand ils sont l'école, dessinent leur vie de famille et en parlent. Quels dessins produisent ces enfants ? Le méchant homme qui s'est introduit dans leur chambre pour emporter leur sœur et qu'il veulent attaquer quand il ramènera Madeleine ? Quand on leur a parlé du monstre qui avait pris Madeleine, leur a-t-on dit que leurs parents n'étaient pas là pour les protéger ?

Juste
La sagesse du jugement consiste à élaborer des compromis fragiles où il s'agit de trancher moins entre le bien et le mal, entre le blanc et le noir qu'entre le gris et le gris, ou, cas hautement tragique, entre le mal et le pire.
Paul Ricoeur (Le Juste).
Dans Éthique à Nicomaque, Aristote écrit: "la justice, seule des vertus dans ce cas, passe pour être un bien qui ne nous regarde pas: c'est parce qu'elle regarde autrui" {V,3, 1130 a, p.104 de l'édition]. Dans sa démonstration, Aristote en arrive à aborder la position de celui qui exécute ce qui est juste (le bien) par peur et de celui qui "victime de contrainte et contre son gré" accomplit une injustice. Ni à l'un ni à l'autre, l'acte juste ou injuste ne peut être imputé, car sous la contrainte, les actes commis perdent leur qualité ou leur caractère néfaste.