Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

30.4.17

2017 AVR - Et si, telle Daphné, elle s'était métamorphosée?


chap. 54



Tiepolo - Daphné-Laurier (v. 1743–1744)

Ô père, secourez-moi ! Ô terre, ouvre-moi ton sein ou détruis cette beauté qui me devient si funeste ! 
À peine Daphné achève cette prière que ses membres s'engourdissent, une écorce légère presse son corps délicat, ses cheveux verdissent en feuilles; ses bras s'étendent en rameaux; ses pieds, naguère si rapides, se changent en racines, et s'attachent à la terre : enfin la cime d'un arbre couronne sa tête et en conserve tout l'éclat...
Ovide - Métamorphoses

Répondant à  l'appel de sa fille qui refuse de se retourner alors que l'aérien dieu de la lumière la poursuit, Pénée la métamorphose en laurier. Le méchant de l'histoire est Cupidon, qui s'est vengé du narquois Apollon en lui décochant la flèche d'or du désir brûlant tout en perçant de plomb la belle naïade, qui se dérobe alors à l'epithumia, l'appétit sexuel.
L'esquive végétale de Daphné n'entame pas l'embrasement d'Apollon dont le laurier (laurus nobilis) devient à jamais l’emblème.
Dans l'opéra éponyme de Richard Strauss, la voix de Daphné disparaît progressivement, les mots se raréfient en une ultime mélodie vocalisée sans paroles, l'orchestre évoquant la transformation.
En quel arbre Madeleine MC pourrait-elle s'être transformée pour échapper au ravisseur, l'eût-elle voulu ? Et surtout qui l'aurait métamorphosée, puisque ni son père, ni sa mère ne pouvaient entendre ses appels selon l'histoire qu'ils ont contée?




Avril


04 – Blacksmith Bureau - Following the Money 


– Danny Collins, qui avait produit un récit hautement farfelu, Vanished, où MMC, sortie de l'appartement, était emmenée par des Roms pour devenir mendiante, réitère dans la divagation avec Ten Years On. Force est de penser que DC, qui n'en est pas à un faux fait près, et il y en a environ un toutes les trois lignes, n'a pas su résister au mirage du fameux appât.

06 –  Par curiosité cliquer, puis chercher Operation Grange, on obtient deux "hits", le plus récent datant d'octobre 2015. N'est-ce pas, si ce n'est tout dire, révéler beaucoup ?


08 – Blacksmith Bureau - What a Coïncidence !

10 – Pat Brown - Why the Smith Sighting... is the Key to the MMC Case. On ne peut qu'en convenir, moins parce que 9 paires d'yeux ont vu Smithman que parce que les MC ont freiné des quatre fers avant de de devoir admettre son existence, préférant mille fois à Smithman tenant contre son épaule une petite fille en tous points semblable à Madeleine, Tannerman portant sur ses bras étendus un enfant dont Jane T ne vit que la partie inférieure des jambes. Pourquoi ce choix ? Peut-être parce qu'un témoin indépendant (Jeremy W) pouvait certifier que GMC n'était pas Tannerman, alors qu'à un autre témoin indépendant, Martin S, il semblait que GMC pouvait être Smithman. 
À propos de ce protagoniste mystérieux, aperçu par neuf paires d'yeux et disparu ensuite aussi complètement que Madeleine MC, OG n'y a plus jamais fait allusion après octobre 2013, partant sur la piste des trois bandits, etc. On peut au moins en déduire que l'appel à témoin n'a donné strictement rien, ce qui en soit est un indice précieux.

21 – Blacksmith Bureau : Part Four : The Great Expection

22 - Suite de la série Madeleine McCann, why are they covering up? Richard D. Hall tente de répondre aux questions les plus difficiles. Si Madeleine est morte, comment est-elle morte ? Et pourquoi cette mort a-t-elle été dissimulée ? La première moitié du film examine les déplacements du premier suspect dans cette affaire, Robert Murat, immédiatement avant et après la disparition de Madeleine, et tente de déterminer s'il a joué un rôle dans la dissimulation de la mort présumée de Madeleine.
La seconde partie examine les différentes façons dont Madeleine McCann a pu mourir et discute d'une série de raisons possibles pour lesquelles une dissimulation aurait pu être ordonnée. 




23 – L'agence Lusa fait savoir que, selon le directeur adjoint de la PJ, Pedro do Carmo, une équipe d'enquêteurs de Porto continue à investiguer la disparition de MMC, une "épine dans le pied" de la PJ et une affaire "exceptionnelle", inédite auparavant et encore 10 ans plus tard. La PJ chercherait à comprendre ce qui s'est passé afin d'évaluer ce qui a été bien fait et ce qui ne l'a pas été et en tirer des leçons profitables pour l'avenir, bien que le temps qui passe rende l'opération plus hasardeuse.

L'article du CdM énonce comme un fait ce qui est seulement une spéculation et produit deux contrevérités : 1) "L'enfant a disparu alors qu'elle dormait", 2) "Les chiens britanniques (l'EVRD et la CSI) étaient des pisteurs" (ils étaient des renifleurs, les chiens portugais étaient des pisteurs) et 3) "Le MP n'a pas décidé d'abroger le statut de arguido ("témoin assisté") des MC (il a décidé d'arrêter l'enquête, le statut devenant caduc ipso facto).
Les faits alternatifs sont à la mode, l'emploi de l'expression varie du reste d'un locuteur à l'autre, mais force est de constater que les contrevérités sont aussi, si ce n'est plus, solides que le roc.

Après un battage publicitaire à large échelle annonçant la révélation exclusive d'une piste décisive, attrape-nigaud éculé s'il en est, la chaîne australienne Channel 7 (Sunday Night) diffuse le fort peu professionnel show MMC - Gone (fausses interviews, leurres, déformation de propos via montage, etc.) de Rahni Sadler, qui suscite immédiatement les plaintes de plusieurs intervenants, en particulier Pat Brown.


N'est pas questionneur qui veut. Ceux qui s'y entendent évitent généralement de commencer par des questions dont la réponse est oui ou non. Ils adoptent d'abord le mode "ouvert" afin de découvrir la manière de parler du questionné et formulent ensuite soigneusement leurs questions. Dans cette perspective, l'analyse du comportement, qui n'est pas admise comme élément probant par les tribunaux mais peut servir à orienter l'enquête, a l'intérêt de dessiner les grandes lignes de l'imposture : attaque de quiconque semble avoir un doute, manipulation émotionnelle et auto-promotion.

Une séquence illustre exemplairement les tours de passe-passe qu'ont dans leur sac certains médias, comme l'escamotage :
Il y a cinq ans, RS avait interviewé les MC et posé à Gerald la question Avez-vous tué votre fille ?
Voir sa réponse à 10'32 (transcription de l'interview entière ici).


GMC : Non. C'est un non véhément. Je veux dire que l'idée ridicule hum.., qui vient je suppose du Portugal c'est que Madeleine est morte accidentellement dans l'appartement et que nous avons caché son corps. Quand donc cet accident et cette mort seraient arrivés ? Parce que la seule fois où elle est restée sans surveillance c'est lorsque nous étions en train de dîner... Si elle était morte à ce moment-là, comment aurions-nous pu nous débarrasser de, cacher son corps ? Alors qu'on allait immédiatement (inaudible, mais pourrait être "chercher"), ça n'a tout simplement pas de sens. Et si elle était morte quand nous étions dans l'appartement, ou si elle était tombée et était m..., pourquoi aurions-nous caché cela ?
Cette réponse a été analysée par Peter Hyatt.



1) Il est très facile de mentir lorsque la réponse est "oui" ou "non".
2) On s'attend évidemment à ce que Gerald MC réponde "non". Un simple "non" est suffisant, l'innocence n'a pas à être expliquée. Le silence qui suivra obligera l'intervieweur à formuler une autre question ou à réfuter. C'est pourquoi tous les mots contingents qui suivent "non" sont importants.
C'est un non véhément affaiblit la négation : pourquoi répéter et pourquoi renforcer ? 
Je veux dire que l'idée ridicule hum.., qui..
GMC se répond à lui-même, mais au moins il parle à la première personne. Quelle est l'idée ridicule ?
..vient je suppose du Portugal est que Madeleine est morte accidentellement dans l'appartement et que nous avons caché son corps.
"Je suppose" affaiblit l'idée "ridicule", qui n'est pas seulement fausse, mais doit évidemment être acceptée comme telle sans questionnement. Pourtant GMC la questionne avec "je suppose", permettant à autrui de "supposer" quelque chose d'autre.
Mentir directement est cause de stress.

Quand donc cet accident et cette mort seraient-ils arrivés ? Parce que la seule fois où elle est restée sans surveillance c'est lorsque nous étions en train de dîner... si elle était morte à ce moment-là, comment aurions-nous pu nous débarrasser de, cacher son corps?
GMC pose la question "quand ?" et répond sans attendre la réaction de la reporter. Cherche-t-il à établir un alibi ? Si un accident était arrivé alors qu'ils dînaient, pourraient-ils être tenus pour responsables ? Et Kate MC d'enchaîner :
C'est encore plus ridicule de penser que nous avions manifestement si bien caché (le corps) que personne ne l'a trouvé.
Est-ce le ton de parents tenaillés par l'angoisse à l'idée de ce que peut endurer leur enfant ?
Pour des parents innocents, même sous la pression du public, la force de la vérité est instinctivement perçue comme protectrice.
Le parent innocent ne se soucie de rien sauf de ce qui est en train d'arriver à son enfant et à la manière de le sauver. On peut l'accuser sans relâche, ses paroles ou ignoreront ou écarteront ces propos, car sa priorité n'est pas de se défendre, mais de récupérer son enfant.


Dans le show diffusé aujourd'hui, à base de régurgitation de l'émission de 2011, on découvre rétrospectivement que les 51 premiers mots de la réponse de Gerald MC avaient été supprimés au montage (pourquoi ? Parce qu'on ne s'attend pas à voir un père innocent réagir avec tant d'embarras ?). Voici la version complète (encore que..) :

Non, non, jamais. Et vous savez, il n'y a rien d'un tant soit peu logique qui puisse, donc... Il faudrait que vous commenciez par pourquoi, comment, quand, qui et il n'y a simplement pas de réponse, donc il n'y a rien qui suggère quoi que ce soit. Donc non, c'est un "non" véhément....
Peter Hyatt a aussi analysé la réponse intégrale, ses conclusions ne changeant fondamentalement pas. 
L'inattendu "jamais" n'est pas sérieux, puisque l'événement ne s'est produit qu'une fois. GMC pense peut-être à la formule de défense "je ne ferais jamais ça" (extension temporelle). 
Avec "you know" il se donne le temps de penser (ici traduit parfois par "donc", le marqueur discursif "donc(que)" entendu si souvent à l'oral). "Il n'y a rien" exprime plus la volonté de prouver son innocence, de persuader, que le déni de sa responsabilité (référence à la logique). Mais il n'est pas devant un juge.. 
"Pourquoi, comment, quand, qui ?" 
Ces questions ont peu à voir avec un enlèvement, elles présument plutôt que MMC est morte, mais c'est Gerald MC qui est interrogé. L'ordre des questions est intéressant : "qui" vient en dernier et "pourquoi en premier". Or la question ne portait ni sur le moment ni sur la cause de la mort, mais sur lui, Gerald. 
Les MC ne s'interrogent pas sur la situation de leur fille, ils savent qu'elle ne se trouve pas avec un ravisseur. À l'issue de ce développement sans nécessité, le "non" final apparaît comme résultant de l'absence de réponse aux quatre questions, qui n'en sont donc pas. Mais il faut persuader, d'où le recours à l'adjectif  "véhément".

Les mêmes 25" coupées dans l'interview diffusée en 2011, où Gerald MC glose maladroitement sur son double "non, non, jamais", ont été analysées par Mark McClish, ex-marshall étatsunien et agent des services secrets, qui a enseigné à l'Académie de Glynco (Géorgie). Il remarque que Gerald MC passe un bon moment (25") à essayer de démontrer de manière convaincante pourquoi il n'aurait pas tué sa fille. M. McClish remarque aussi des gestes qui pourraient indiquer la tromperie : (après "avez-vous tué votre fille", Gerald MC baisse les yeux et porte sa main à son nez alors qu'il répond "non, non, jamais". Le fait de ne pas regarder l'intervieweur, surtout après une telle question, est un indicateur d'imposture. Selon MM, Gerald MC donne une réponse négative faible qui justifierait un examen plus poussé sur son rôle possible dans la disparition de MMC


Enfin, lorsque le chirurgien Buck Ruxton fut confronté à l'accusation d'avoir tué sa femme et sa servante, il réagit ainsi: "Most emphatically not! Of course not! The farthest thing from my mind! What motive and why? What are you talking about? (Mais absolument pas ! Bien sûr que non ! Rien de plus éloigné de ma pensée ! Quel motif et pourquoi ? De quoi parlez-vous ?). L'affaire elle-même est surtout connue pour les techniques forensiques innovantes utilisées afin d'identifier les victimes et prouver que les meurtres avaient été commis au sein du foyer Ruxton.


25 – Le commissaire-adjoint du Met, Mark Rowley, révèle au micro de Martin Brunt (Sky News) que les enquêteurs de OG continuent à travailler sur des pistes "significatives" (il y a deux mois, il n'y en avait plus qu'une..), présentant un grand intérêt pour les forces de police britannique et portugaise. Il rappelle le bilan : quelque 40 mille documents et plus de 600 individus examinés (exception faite des protagonistes), élimination en 2013 des quatre suspects déjà identifiés et éliminés par la PJ en 2007/8.
Les questions ne sont évidemment pas improvisées compte tenu de la délicatesse du propos, le Met ayant un droit de regard. Le Met n'a pas envoyé au casse-pipe la chef de OG, craignait-on que les réponses ne soient pas appropriées ? Rien de moins que le commissaire-adjoint, mais l'a-t-on briefé avant l'interview ? S'il est au courant de la situation, il ne le laisse guère transparaître, il a pour tout dire l'air de ne pas attacher d'importance à l'effet de ses paroles.
On découvre surtout dans cet entretien que la fameuse relecture qui occupe OG depuis plus de 6 ans est une relecture à la carte : on accepte certains canevas, on en écarte d'autres ; on autorise tel agencement, on refuse tel autre ; on prend certaines pièces pour argent comptant, on en dissèque d'autres jusqu'à plus soif ; ici on soustrait au pouvoir d'investigation de l'autorité judiciaire, là on se perd à ré-investiguer ce qui l'a déjà été. 

En fait, MR ne dit rien. Mais il a recours à une flopée de mots pour le faire. Il évite de répondre aux questions directes et ne tombe pas dans le piège des questions dirigées. Ce n'est pas pour rien qu'il est arrivé au rang où il se trouve. MR est-il contraint au novlangue diplomatique ? Ou bien a-t-il la naïveté des ignorants (il n'a pas les mains dans le cambouis, il n'est qu'un supérieur hiérarchique) ? Ou bien n'est-il pas conscient de l'existence sur les réseaux sociaux de forums et de spécialistes qui en savent plus que lui, grâce à la divulgation des PJFiles, dans une traduction assez satisfaisante ?  Certains de ces détectives en pantoufles se gaussent :  
L'interview de MR ou comment, en une leçon, éliminer les principaux suspects d'une sérieuse enquête criminelle.
Questionné, Mark Rowley déclare qu'une ligne d'enquête "critique" se détache, qui pourrait donc apporter une réponse, mais se garde d'en dire davantage, afin de ne pas nuire aux enquêteurs britanniques et portugais (travaillent-ils main dans la main ? Ce n'est pas l'expérience des Portugais ni ce qu'ils en disent, en tout cas, qui (chat échaudé craint l'eau froide) ont des hypothèses particulières, quelques idées, des explications plausibles, etc.
MR évoque la vieille hypothèse, envisagée, examinée et rejetée par la PJ, du cambriolage qui a mal tourné, un revenant pratique quand on n'a rien de plus palpitant à révéler :
Quelqu'un fait un cambriolage, panique, peut-être parce qu'un enfant se réveille, la conséquence étant que MMC disparaît.
Quand le journaliste rétorque que la réaction de la plupart des cambrioleurs  serait de prendre la fuite, MR consent à admettre cette possibilité, mais :
Mon expérience me dit que si vous essayez d'appliquer la logique rationnelle d'une personne normale assise dans son salon à ce que les criminels font sous pression, vous risquez de commettre des erreurs, donc c'était une hypothèse sensée.
Il est difficile de croire qu'une sommité de SY considère comme crédible qu'un cambrioleur confronté à une enfant qui pleure prendrait le parti de l'enlever plutôt que fuir. Ce que les policiers du Yard semblent méconnaître, c'est ce que des gens normaux font sous pression.
Selon MR, cette piste n'est pas totalement écartée, bien que les suspects aient dû être éliminés.


Questionné sur le prédateur sexuel, MR observe que dans le monde moderne et dans les zones urbaines, si on ratisse large, on découvre une grande variété de délits. Toutes les hypothèses doivent-elles pour autant rester ouvertes ? Où l'on voit bien que l'éternité n'y suffirait pas.

Si "SY n'a pas d'éléments de preuve définitifs quant à ce qui est arrivé à Madeleine MC", peu importe puisque,  le commissaire-adjoint se réfugie dans un truisme, avant de parvenir au point où nous aurons élucidé l'affaire, nous n'aurons probablement pas d'éléments de preuve définitifs sur ce qui est arrivé exactement à MMC.
Que l'emploi de l'expression "élément de preuve définitif" ne trompe personne, Mark Rowley ne sait pas ce qui est arrivé à l'enfant. Il s'autorise nonobstant à dire qu'elle a été enlevée. C'est tout dire. La question suivante est coercitive et met en relief la faiblesse ultime qui ronge le cœur de OG  : le présupposé "enlèvement". Car on sait que OG s'est penché sur l'affaire MC dans l'objectif orienté et unique d'investiguer un enlèvement. Il n'est pas interdit de penser que le Met puisse avoir tout faux, rien ne prouve qu'il est infaillible. Il n'est pas interdit non plus de penser que les parents de MMC puissent être impliqués dans sa disparition. Aucun de leurs supporters n'ayant justifié leur innocence de manière cohérente, cette opinion reste une opinion. Néanmoins, les opinions ont pesé lourd dans la manière dont les parents ont été perçus et elles ont été tellement réitérées qu'elles ont petit à petit été acceptées comme des faits. L'annonce, en conférence de presse orchestrée par Clarence Mitchell, de la mise hors de cause des MC a transformé ce wishful thinking, faute de protestations sonores et autorisées, en fait accompli. Il semble donc parfaitement possible que ceux qui ont pris la décision de mettre sur pied OG aient vraiment été convaincus que les parents n'étaient pas impliqués.
Q : Andy Redwood, le premier chef de Operation Grange, a dit dans une interview que sa méthode consistait à partir de la case de départ et à ne rien accepter qui ne soit vérifié, mais vous semblez avoir accepté qu'il s'agit d'un enlèvement. La première ligne de votre cahier des charges fait référence à L'enlèvement, ce qui suggère que dès le départ vous avez écarté la possibilité d'une implication des parents, un accident ou que simplement MMC soit sortie de l'appartement.
MR ne réfute pas l'imputation, il essaie d'expliquer, ce qui est à la fois surprenant et intéressant. Quiconque est au fait des faits trouvera son explication fort médiocre. Ceux qui ont très vite soupçonné que OG était une investigation biaisée sont en droit, six ans plus tard, de voir leur opinion étayée par le commissionnaire adjoint lui-même. Reste que l'explication avancée par MR sur la raison pour laquelle la disparition est un enlèvement est indigne de la plus célèbre police du monde. Révèle-t-elle la mesure du stress du commissaire-adjoint ?
MR : Il y a deux points ici, d'abord l'implication des parents, qui a été traitée à l'époque lors de la première enquête par les Portugais. Nous avons jeté un coup d’œil sur le dossier de la PJ et le traitement de la question nous a donné entière satisfaction. Il n'y avait donc absolument aucune raison de reprendre ce point à zéro ou d'amorcer des rumeurs comme quoi ce serait une piste d'enquête. Les MC sont les parents d'une fillette perdue de vue, nous essayons de faire la lumière sur l'affaire. Pour ce qui est de l'emploi, par Andy, du mot "enlèvement", MMC était trop jeune pour faire une fugue et recommencer sa vie. Quelle qu'ait été sa manière de quitter l'appartement, elle a été enlevée.  Il ne s'agit pas d'une fille de 20 ans qui manque à l'appel et qui a pris la décision de commencer une nouvelle vie, il s'agit d'une fillette qui a disparu et au cœur de cela il y a un enlèvement.
Qui lit les PJFiles comprend pourquoi la PJ a orienté son enquête vers les parents plutôt que vers le ravisseur présumé. MR dit que l'implication des parents a été traitée par l'enquête initiale et a donné "entière satisfaction" à SY (sur la base de leur mauvaise compréhension des preuves recueillies lors de l'enquête portugaise probablement). L'implication des parents a effectivement fait l'objet d'une enquête, qui n'en a toutefois pas conclu à l'exclusion de cette possibilité. La Cour suprême a été claire à ce sujet.
Et ne disons pas non plus que les requérants ont été blanchis par l'ordonnance de classement de la procédure pénale.
En fait, si l'affaire a été classée, ce n'est pas parce que le ministère public a obtenu la conviction que les requérants n'avaient commis aucun crime (cf. article 277° du CPP). L'ordonnance de classement a été décidée parce qu'il n'était pas possible pour le ministère public d'obtenir des preuves suffisantes de la pratique des crimes par les requérants (cf. l'article 277°-2 cité)
 
Si la vidéo n'apparaît pas, essayer ici.

Il s'agit d'un extrait des réponses.
Le Met avait publié sur son site la transcription de l'interview intégrale. Il est assez peu étonnant que cette page ait été supprimée, mais tout a été sauvé ici.
Malgré une langue de bois assez laborieuse car en réalité difficilement contournable et un ressassement devenu pratiquement inévitable, l'interview de Mark Rowley est fort instructive. La position du Yard, qui est évidemment conscient des innombrables et constantes spéculations suscitées par la relecture du dossier MC et la pénurie en fait de résultats, est indéfectiblement liée à la mission qui lui a été dictée. Or il s'agissait moins de découvrir la vérité sur ce qui était arrivé à MMC le 3 mai 2007, que de tout faire pour venir en aide aux MC en leur apportant, au moins, une réponse sur le sort de leur fille.
Remarquer "une" réponse, pas "la" réponse.
On le craignait,  on en pressentait une confirmation indirecte entre les lignes du cahier des charges, mais on espérait se tromper, tant cette position est indéfendable. Deuil des illusions perdues, le commissaire-adjoint du si prestigieux Metropolitan Police Service, ex-Scotland Yard, à peine vient-il de déclarer qu'il faut "garder un esprit ouvert", ne se soucie guère de cohérence lorsqu'il affirme (et dire qu'il a fallu 6 ans pour se l'entendre dire sans détour !) que  Operation Grange a pour mission de trouver une censée kidnappée et un supposé kidnappeur, rien que cela.
MMC n'était pas assez âgée pour fuguer et vivre sa vie. Quelle qu'ait été sa manière de quitter l'appartement (le 5A), elle a été enlevée.
Quelle considération attribuer à un policier hautement qualifié qui présume (ou du moins déclare aux médias) que l'on va accepter la théorie de l'enlèvement, quand tout ce qu'il a à offrir comme élément probant est que l'enfant concernée était trop jeune pour fuir et commencer une nouvelle vie ? Bien que AC Rowley pense avoir compris tous les éléments probant, il semble avoir déterré un seul fait (de quelque manière qu'elle soit sortie de l'appartement, elle a été enlevée). Mais il n'explique pas comment ce fait a été vérifié, il en parle comme s'il disait "faites-moi confiance, c'est moi le policier".
Le Met est composé d'individus. Chaque individu domine un certain nombre de données. Le DCI s'appuie sur les compétences des officiers de police en fait de signalement des points d'intérêt. Avoir accès à un dossier ne signifie pas qu'on l'a effectivement consulté. Rowley a simplement répété ce qu'on lui avait dit. Contrairement à Simon Foy et Andy Redwood qui ont déclaré avoir vérifié la ligne de temps, Rowley semble ne pas l'avoir fait et simplement croire que les Portugais avaient traité de manière satisfaisante la question de l'implication des parents. Croire ou vouloir croire parce que savoir est dérangeant ? Il ne s'agit pas de mensonge, mais de confusion probablement. Essayer d'expliquer pourquoi l'enquête de SY n'a pas commencé au début n'est pas facile. 


 
Rowley n'était pas conscient de l'erreur qu'il commettait en supposant que les parents avaient été affranchis de toute implication, mais l'absence de perspective critique en dit long sur le sérieux de la vénérable institution qu'est SY.
La re-lecture et l'enquête de OG pourront durer 100 ans, elles n'en resteront pas moins incomplètes.


Et, anticipant une demande d'explication, MR insiste (rêve ? hallucination ?) :
 Il ne s'agit pas d'une fille de 20 ans qui manque à l'appel et qui a pris la décision de commencer une nouvelle vie, il s'agit d'une fillette qui a disparu et au cœur de cela il y a un enlèvement.

Autrement dit la disparition est un enlèvement parce qu'"on" a dit que c'en était un, "on" désignant probablement les MC. Or ajouter foi à ce story telling de la première seconde tout en ignorant les éléments le mettant en doute, on ne se lassera pas de le rappeler, n'a pas été le choix de la PJ, mais celui de SY. Finalement la PJ a-t-elle fait un travail si exemplaire qu'il n'est pas utile de ré-interroger le groupe des 9  ou s'est-elle lourdement trompée quand elle a investigué les parents de l'enfant disparue, quand elle a demandé, en vain, que le groupe des 9 se plie à une reconstitution ?
Dans la perspective aussi soigneusement balisée que décrit Mark Rowley, à quoi bon effectivement interroger les protagonistes ?
Il reste que ce dont le public a le plus besoin, ce que les MC eux-mêmes disent souhaiter, ce qui mettrait fin aux forums et aux haines en une seconde, serait d'apprendre que les parents ont été éliminés de la liste des suspects et surtout de comprendre pourquoi. Cela n'a jamais été tenté et il est douteux que cela advienne jamais. Le DCI Redwood s'était contenté de répondre que les MC ne faisaient pas partie des suspects dont OG allait scruter les dépositions. Mark Rowley n'a pas mieux su convaincre.  Il ne serait pas raisonnable d'imaginer que les MC sont ou étaient des gens importants. Si les interrogatoires effectués dans le cadre de Operation Grange leur ont été épargnés, l'explication est ailleurs.


On est moins sidéré d'apprendre pourquoi une étape a priori incontournable a été contournée que déconcerté par la suggestion latente que les Portugais auraient à cet égard surpassé SY. Operation Grange a en effet jugé inutile d'interroger les MC étant donné que les Portugais s'y étaient employés. On observe avec ironie que les travaux des Portugais sont pris au sérieux, une fois n'est pas coutume, et que leurs conclusions, surinterprétées (dans le soulagement, voire l'enthousiasme ?), sont suivies à la lettre dans la foulée. MR dit sans ambages que OG a examiné le dossier concernant l'enquête des Portugais sur l'implication des MC et qu'il n'y a rien à redire :
Nous avons jeté un coup d'oeil sur le dossier de la PJ et le traitement de la question nous a donné entière satisfaction. Il n'y avait donc absolument aucune raison de reprendre ce point à zéro.
Le moins que l'on puisse dire est qu'"ils" se sont satisfaits de peu.  Car OG a, pour une raison inconnue, négligé les documents où il est explicite que l'investigation des parents n'a pu être menée à terme, au reste du propre fait de ces derniers.  MR semble inconscient du fait que la PJ n'a pas été en mesure (en raison du rejet de la reconstitution) de vérifier la ligne de temps du groupe. MR ne fait-il que répéter ce qu'on lui a dit ?
Bien d'autres ont examiné les preuves recueillies lors de l'enquête initiale et ne voient pas ce qu'OG a vu. Même ceux qui ont examiné le dossier au Portugal n'ont pu voir ce que Rowley prétend qu'OG a vu. Il semble que la question est que l'enquête initiale n'a pu exclure l'implication des parents. 
Dommage que Martin Brunt n'ait alors pas fait valoir que le statut d'arguido n'était devenu caduc qu'en raison du classement de l'enquête criminelle. Il aurait vraiment dû mentionner l'argument de la Cour suprême, selon lequel l'enquête portugaise avait été clôturée et qu'il restait des questions sans réponse, notamment en ce qui concerne la ligne de temps du soir du 3 mai.

Rowley aurait pu assurer que Madeleine avait été enlevée en raison d"éléments prouvant que les parents n'étaient pas impliqués dans sa disparition, mais il a choisi de justifier sa croyance en l'enlèvement en se référant à l'âge de Madeleine.

Regarder ce que la police ne dit pas est aussi informatif que regarder ce qu'elle dit.
Le grand public se définit comme celui qui est prêt, pour diverses raisons dont le sentiment d'éloignement incompressible, à croire n'importe quoi. La police est censée s'appuyer sur des preuves et non sur des convictions. Il n'y a aucune preuve définitive qu'un étranger ait enlevé Madeleine.
MR déclare cependant ceci :
Donc, vous comprendrez d'après votre expérience, la façon dont les enquêtes sur les meurtres fonctionnent, les détectives partent de différentes hypothèses, sur ce qui s'est passé dans un meurtre, sur ce qui s'est passé dans l'enquête sur une personne disparue, sur le fait que quelqu'un ait été enlevé. Toutes ces différentes possibilités seront étudiées. Cette affaire n'est pas différente de cela, mais les preuves sont pour l'instant limitées pour savoir laquelle de ces hypothèses nous devons suivre.
Pourtant ils se sont embarqués sur la piste enlèvement dès le début et ne l'ont jamais lâchée !
Le commissaire Paul Stephenson, qui a accepté la tâche de relecture du dossier en mai 2011, n'avait peut-être pas alors à sa disposition les informations nécessaires pour comprendre que l'affaire n'était même pas à prendre avec des pincettes et risquait d'affecter SY par ricochet. 
Les Britanniques s'en sont remis à des conclusions de l'enquête portugaise qu'ils n'ont pas comprises ou pas voulu/souhaité comprendre. Tout est-il parti des déclarations péremptoires du spin doctor et des avocats des MC et abondamment relayées par la presse qui, pendant plusieurs jours, a publié en une la fausse nouvelle du blanchiment des MC ? Un lost in translation n'est pas plausible. Il semble incroyable, mais il n'est pas impossible qu'en raison de l'assurance de Clarence Mitchell, fort de sa qualité d'ex-directeur de l'observatoire gouvernemental des médias se présentant flanqué d'avocats haut de gamme, les autorités ne se soient pas donné la peine de vérifier. Ceux qui ont lu l'ordonnance* l'auraient fait en diagonale ou se seraient limités aux dernières lignes, jugées suffisantes puisqu'elles mettaient fin au statut de témoin assisté compte tenu de l'insuffisance des charges contre les parents. Un soulagement pour tout le monde ?


L'impasse a donc purement et simplement été faite sur les questions que soulevait l'ordonnance de classement, des zones d'ombre non négligeables justifiant l'impossibilité de mettre les MC hors de cause.
C'est ce qu'en janvier 2017 a évoqué la Cour suprême portugaise, à laquelle les MC avaient recouru dans l'espoir de faire annuler la décision de la Cour d'appel. Leur argumentation reposait sur
1) leur innocence auto-proclamée 
2) leur innocence prétendûment établie par l'ordonnance de classement.
Les 3 juges se devaient de répondre quant au deuxième point (le premier n'ayant pas de valeur juridique) que c'était faux. Plus précisément, les juges du STJ n'ont pas seulement dit que les MC n'avaient pas été blanchis, ils ont dit que les MC n'avaient pas été blanchis par l'ordonnance de classement, comme le prétendait leur avocate. Les juges du reste sont allés plus loin, les jugements de la Cour suprême étant aussi, par nature, dotés d'une dimension pédagogique, ils ont rappelé pourquoi la dernière tentative (début 2008) du procureur de la république pour résoudre l'affaire avait échoué.


Bien entendu, cela ne dit rien sur l'éventuelle culpabilité des protagonistes, mais cela n'est pas non plus un certificat d'innocence par défaut. Et une question embarrassante se pose : pourquoi ces parents n'ont-ils pas accueilli à bras ouverts une initiative, la reconstitution, qui visait à dynamiser la recherche de leur fille ? N'étaient-ils pas les parents de l'enfant disparue, les premiers intéressés ?
Au Royaume-Uni refuser de coopérer dans une enquête criminelle et contrevenir ainsi à sa bonne marche rend les témoins passibles de poursuite en justice.
AR a qualifié l'affaire d’exceptionnelle. Une de ses caractéristiques est le soupçon entourant les parents. Une explication ferme et crédible sur les raisons écartant toute culpabilité des MC aurait aidé ceux-ci. Au lieu de cela, AR ment ou raconte n'importe quoi). Puisque la première enquête n'a pu mettre les MC hors de cause, comme AR sait ou devrait savoir, il est pleinement justifié de revisiter cette question.
Il est possible que AR connaissait très mal le dossier, avait cru les MC lorsqu'ils lui avaient dit avoir été mis hors de cause et n'avait pas examiné ou fait examiné les  conclusions de la première enquête. Après tout, en tant que chef de la lutte contre le terrorisme, il était un homme occupé. Mais est-il possible que Mark Rowley ignore la teneur du jugement de la Cour suprême portugaise (il est traduit en anglais et un lien vers cette traduction a été envoyé pour information à Operation Grange, qui a accusé réception) ? Est-il possible aussi qu'il ignore le rejet de l'imputation de nullité (il est traduit en anglais et un lien vers cette traduction a été envoyé pour information à Operation Grange, qui a accusé réception) ? Comment expliquer un tel déni de la position des autorités ayant le pouvoir juridictionnel dans cette affaire ?  
A-t-on déjà vu en Europe un État souverain bafouer la souveraineté d'un autre État souverain ?

* Ce passage de l'ordonnance de classement  de juillet 2008 est pourtant sans ambiguïté :

Les témoins (les compagnons de voyage) ont choisi de ne pas participer, ce qui a rendu la reconstitution impraticable. Nous pensons que c'est aux MC que le plus grand dommage a été causé car ils ont perdu la possibilité de prouver ce qu'ils affirment depuis qu'ils ont le statut de témoins assistés : leur innocence par rapport à ce drame fatal. Par ailleurs l'enquête a souffert de la non-clarification de certains faits.
On ne peut s'empêcher de penser aux manigances diverses de Sir Melville Macnaghten, commissaire-adjoint du MET en 1903 et auto-proclamé ripperologue averti, à moins qu'il ne fût Jack the Ripper lui-même, selon la thèse assez convaincante de Sophie Herfort qui le montre fort occupé à dissiper les traces réelles et à en produire de virtuelles tout en feignant de feindre pour mieux dissimuler.




L'aveu n'est plus la reine des preuves. Dans un arrêt, la chambre criminelle de la Cour de cassation confirme l'élargissement à l'ensemble de la procédure pénale du droit au silence et du droit de ne pas s'auto-incriminer .

27 – Jacques Pradel (RTL - L'heure du crime) consacre son émission quotidienne à MMC : Il y a 10 ans, la disparition de Maddie. Faits saillants de l'émission (en anglais) ici.

Interview de Gonçalo Amaral dans le magazine  Sábado. Encore une fois l'insinuation de conspiration, l'amertume, le gâchis. Le jugement de la Haute Cour ne semble pas avoir été un dictame, peut-être était-il trop tard.
Il n'est pas plausible que les MC jouissent d'une protection spéciale, sauf pour les dénicheurs de complots. Grâce à l'argent de la compassion que Madeleine's Fund a engrangé, ils ont eu le type de protection que l'argent peut acheter. Tout le monde ne peut se payer des avocats haut de gamme. Si cette protection devait devenir trop coûteuse, le public aurait une chance de lire des articles intéressants.

Le DCI Mick Neville, qui a eu des démêlés avec SY (il y dirigeait le service de reconnaissance faciale forensique) et a perdu son job (il a accusé le Met de sacrifier trop au politiquement correct), se trouve à PdL pour le compte de The Sun. Il déplore l'absence, aujourd'hui comme il y a 10 ans, de CCTV, mais n'ignore pas qu'elles sont interdites dans le domaine public au Portugal, à quelques exceptions près. Par ailleurs et à propos du mandat de OG axé sur l’enlèvement, il déclare que c’est une bonne pratique de garder toutes les options ouvertes jusqu’à preuve du contraire. Et observe que, malgré l'absence de preuve contre eux, les MC et leurs compagnons de voyages ne pourront jamais être totalement éliminés par la police de tout soupçon avant d'en savoir plus sur ce qui est arrivé à Madeleine. Il considère que l'hypothèse d'un seul ravisseur n'est pas réaliste (l'opération aurait été trop bruyante). Il considère aussi que MMC n'a pu sortir toute seule, elle n'aurait pas refermé la porte derrière elle. L'idée qu'un cambrioleur l'ait emmenée est absurde,  les cambrioleurs prennent les ordinateurs portables et les téléphones, pas les enfants. Il ne croit pas davantage au prédateur sexuel s'attaquant à une enfant de 3 ans et remarque que rien de nouveau n'a été découvert depuis la nuit de la disparition. 

28 – Quand Clarence Mitchell s'épanche et y va d'une larme exclusive de nostalgie sur sa fonction de Dr Folimage auprès des MC : Twice in the past ten years, I thought we'd found MMC. Il doit être le seul, car ses clients n'ont jamais levé l’œil ni tendu l'oreille. Il conclut comme dans les contes : Comme rien ne prouve qu'on lui ait fait du mal, il est aussi logique de penser qu'elle pourrait être vivante qu'imaginer le pire serait illogique, il faut espérer qu'elle revienne et prier. C'est pourquoi la chambre de MMC, une sorte de sanctuaire, est restée intacte (la porte est toujours fermée), bien que les cadeaux s'y entassent d'année en année.


29 –Dans une interview au Diário de Notícias, l'ex-procureur général de la république Fernando Pinto Monteiro (mandat 2007-2008), souligne (et apparemment on ne devrait pas se lasser de le répéter) que l'enquête criminelle avait dû être classée faute de preuves suffisantes. Remarquer qu'il ne parle pas du "jour de la disparition de MMC", mais du "jour où on a su que MMC avait disparu".

Les événements les plus marquants (de l'affaire MC) ont peut-être été le jour où l'on a appris la disparition de Madeleine et celui où le processus pénal a dû être classé parce qu'il n'y avait pas de preuves irréfutables (provas seguras) pointant vers une des pistes ayant  été jusqu'alors investiguées. 

30 – Interview exclusive des MC par Fiona Bruce (BBC) à qui ils assurent qu'ils feront tout ce qu'il faudra et aussi longtemps qu'il le faudra pour trouver leur fille. Selon eux, le Met a fait des progrès réels au long des 6 années passées. Pour Kate MC, l'espoir existe toujours, comme au premier jour, de retrouver Madeleine, mais 10 ans est du temps volé.
Le plus extraordinaire, sinon surréaliste, est que les MC continuent à proclamer qu'ils ont été mis hors de cause par l'ordonnance de classement, réfutant implicitement l'observation des juges de la plus haute cour de justice portugaise, tout comme le commissaire-adjoint Mark Rowley au demeurant. Les points ayant été mis sur les i avec élégance par le STJ (Supremo Tribunal de Justiça), tout prétexte de lost in translation est exclu. Le sidérant parti-pris de proclamer ce caricatural fait alternatif ne peut être que délibéré. On comprend que les MC cèdent à la tentation, mais Scotland Yard ?

Q : Pour le moment vous avez perdu et il (GA) a gagné, est-ce la fin pour vous ou allez-vous continuer à vous battre ?
GMC : Bon, je pense que pour répondre rapidement nous allons devoir le faire, parce que le dernier jugement est, je pense, terrible, donc nous allons faire appel... nous ne l'avons pas fait encore... mais nous allons nous adresser aux Cours européennes (Sic)... Je pense qu'il est important aussi de dire que quand nous avons assigné en justive, c'était il y a 8 ans... et... les circonstances étaient très différentes, nous sentions qu'un préjudice réel était causé à la recherche de Madeleine à ce moment-là, particulièrement au Portugal... Comme si l'enjeu n'était pas d'empocher plus d'un million d'euros.
Je pense que les gens doivent réaliser qu'il y avait... et... le commissaire-adjoint l'a redit ... cette semaine... et les Portugais l'ont dit dans leur rapport final... que... que rien n'indiquait que Madeleine était morte... et... le procureur a dit... que rien n'indiquait que nous étions impliqués dans un crime quelconque et... que... dire le contraire est... une injustice.
Les MC se plaignent d'avoir été seuls à chercher MMC, une fois close l'enquête portugaise. Vieille histoire à laquelle ils ont peut-être fini par croire à force de ressassements : une enquête portugaise, au Portugal, peut être classée pour plusieurs raisons, faute de preuve, par exemple (cas MC) ou parce que les arguido(s) ont été prouvés innocents. Si l'enquête est classée faute de preuve, les arguidos ou le ministère public peuvent solliciter une phase d'instruction qui se déroule sous l'autorité d'un juge et culmine dans le crucial débat contradictoire, qui est l'opportunité, pour chacune des parties (en l'occurrence les arguidos et le MP) de discuter l'énoncé des faits et les moyens juridictionnels que la partie adverse lui oppose. C'est l'audiatur et altera pars (que soit entendue aussi l'autre partie) qui doit préserver l'équilibre des droits des parties. Cela implique notamment que :
. chaque partie informe l'autre en temps utile de ses reendications ainsi que des moyens de fait, des moyens de droit et des éléments de preuve invoqués à l'appui de celles-ci
. les parties échangent leurs conclusions et leurs pièces en temps utile,
. les mesures de recherche de preuve soient menées en présence des parties et de leurs conseils (les expertises sont ainsi contradictoires par principe),
. le juge d'instruction, lorsqu'il soulève d'office un moyen de droit ou lorsqu'il requalifie juridiquement les faits, informe préalablement les parties afin que celles-ci puissent en discuter.
Les MC n'en ont pas voulu, souhaitant se libérer avant tout de leur encombrant statut d'arguido, semble-t-il. Aussi est-il quelque peu outrecuidant de se plaindre de l'absence d'investigation. 
Gerald MC évoque la nécessité de poursuivre des "lignes d'investigation raisonnables". Qu'est-ce qu'une ligne d'investigation déraisonnable ? Une ligne qui ciblerait les protagonistes eux-mêmes ? Puisque seul l'enlèvement a trouvé grâce aux yeux des protagonistes.
GMC s'essaie-t-il au syllogisme ? Ce qui est rare attire l'attention de manière exceptionnelle, comme les enlèvements d'enfants sont rares, l'enlèvement de MMC a attiré l'attention de manière exceptionnelle.

Les MC déclarent avoir l'intention de poursuivre la bataille légale contre l'ex-commissaire Gonçalo Amaral : ils vont interjeter recours, parce que le dernier jugement est terrible. On peut penser qu'il s'agit d'une simple posture de communication. Mais le dernier jugement, celui de la Cour suprême est effectivement effrayant, puisqu'il déclare sans ambiguïté que, les MC n'ayant pas été innocentés par l'ordonnance de classement, le doute "coupables ou innocents" pèse donc sur leurs têtes pour l'éternité. Il faut souligner que le jugement n'aurait jamais mentionné ce point si l'avocate des MC n'avait utilisé fallacieusement l'ordonnance de classement comme un certificat d'innocence. Il faut rappeler aussi qu'ils n'ont pas voulu participer à la reconstitution requise par le parquet et qui, selon le procureur de la république, était une occasion de montrer leur innocence. Mais Gerald MC insiste, se référant aux paroles de Mark Rowley qui, lui non plus, n'a pas compris ou n'a pas voulu comprendre les termes de l'ordonnance de classement de juillet 2008. 
Rien n'indique que Madeleine soit morte, a déclaré le commissaire-adjoint, répétant faute de mieux peut-être le leit-motiv mccannien et se gardant bien d'ajouter que rien non plus n'indique qu'elle soit vivante. Ayant proféré ce sophisme, le commissaire-adjoint prête abusivement au procureur de la république portugaise la conclusion qu'à défaut de charges suffisantes de commission de crime, les MC seraient innocents.  Or l'absence de charges est liée pour une large part à l'indétermination de la nature du crime, interdisant ipso facto toute imputation ou exonération.
Ce qui est en jeu, ici, n'est déjà plus l'opinion, contraire à la leur, de l'ex-commissaire Amaral, mais l'ordonnance de classement de l'autorité souveraine dans cette affaire, confirmée par la plus haute instance judiciaire du Portugal.
Résumé ici et transcription .
Analyse du discours par Peter Hyatt.



 

L'impéritie de Scotland Yard, que reflète, légitimement semble-t-il, celle des MC, laisse penser que l'affaire porte décidément moins que jamais sur ce qui est arrivé à une petite fille, mais est devenue insidieusement une entreprise d'absolution au prix du respect dû à un pays, le Portugal, qui n'a pas ménagé ses efforts pour découvrir le fin mot de l'histoire et dont l'institution judiciaire se trouve aujourd'hui démentie, contredite, méconnue et blâmée, dans le meilleur des cas, et réfutée, annulée, condamnée et tancée, dans le pire.


30 – Effets de la surdité du Yard sur l'Agence France-Presse :
Paris Match : La police portugaise avait classé l'enquête en 2008 après 14 mois d'investigations controversées, marquées notamment par la mise en examen des parents de la fillette qui ont ensuite été blanchis.
Le Figaro : L'enquête a été finalement classée sans suite en 2008, et les parents blanchis, faute de preuve. (souligné dans le texte).
Même chose dans Le Temps, Le Parisien, Europe 1, etc.


On ne blanchit jamais faute de preuve (autrement dit par défaut), on peut décréter un non-lieu après une phase instructionnelle. Mais il n'y a pas eu d'instruction dans l'affaire MC, les parents ne l'ayant pas souhaité. Reste qu'il y a des questions auxquelles ils pourraient répondre, s'ils le souhaitaient bien entendu, et qui pourraient contribuer à éclairer leur position :
- Les rideaux de la chambre étaient-ils ouverts (comme ils l'ont déclaré dans les dépositions du 4 mai) ou fermés, comme ils l'ont déclaré ensuite ?
- Pourquoi n'a été prise aucune initiative concernant les jumeaux, compte tenu d'un sommeil profond qui inquiétait leur mère, puisqu'elle surveillait leur respiration ?
- Pourquoi les proches qui ont reçu des appels téléphoniques dans la nuit du 3/4 mai ont-ils tous cru qu'il y avait eu effraction et intrusion par le volet et la fenêtre?
- Pourquoi avoir fait cette publicité sur le colobome de MMC, alors que, Kate MC l'a dit dans une interview, ce détail ne se remarquait que de très, très près ?
- Pourquoi avoir, lors du dîner du 3 mai, demandé un avis aux compagnons de voyage sur le fait d'avoir laissé la porte-fenêtre ouverte ce soir-là ?

–  The Case of the Decaying Cadaver, de Pierre-Hugues Stefanuto et Jean-François Focant est publié dans The Analytical Scientist.



Même pas celle de SH