Traduit par Elisabeth Buffard
Bon, je ne veux pas
alarmer qui que ce soit dans cette salle, mais je viens de remarquer
que la personne à votre droite est un menteur. (Rires) Aussi, la
personne à votre gauche est un menteur. Et la personne assise sur
votre siège est aussi un menteur. Nous sommes tous des menteurs.
Aujourd'hui, je vais vous montrer ce que dit la recherche sur le fait
que nous soyons tous des menteurs, comment vous pouvez devenir un
traqueur de mensonges et pourquoi vous pourriez vouloir aller plus
loin et passer de la traque de mensonge à la recherche de la vérité,
pour finir par la construction de confiance.
Et puisqu'on parle de
confiance, depuis que j'ai écrit ce livre, "Liespotting"
personne ne veut plus me rencontrer face à face, non, non, non, non,
non. On me dit, "D'accord, on vous enverra un email."
(Rires) Je ne peux même pas avoir un rendez-vous au Starbucks. Mon
mari dit, "Chérie, le mensonge? Tu aurais peut-être pu te
concentrer sur la cuisine. Que penses-tu de la cuisine française?
Alors avant que je
commence, ce que je vais faire c'est que je vais vous expliquer
clairement mon but qui n'est pas de vous apprendre à jouer à Chat.
Les traqueurs de mensonges ne sont pas ces pinailleurs, ces gosses au
fond de la classe qui crient, "je t'ai eu! Je t'ai eu! Votre
sourcil a tiqué. Votre narine a frémit. J'ai regardé la série
télé 'Lie to me.' Je sais que vous mentez." Non, les traqueurs
de mensonges sont armés de connaissances scientifiques pour repérer
le mensonge. Ils les utilisent pour arriver à la vérité, et ils
font ce que les leaders matures font tous les jours ; ils ont des
conversations difficiles avec des personnes difficiles, parfois
pendant des moments très difficiles. Et ils s'engagent dans cette
voie en acceptant une proposition cruciale, et cette proposition est
la suivante : le mensonge est un acte coopératif. Réfléchissez-y,
un mensonge n'a aucun pouvoir en étant simplement prononcé; son
pouvoir émerge quand quelqu'un d'autre accepte de croire le
mensonge.
Je sais que ça ressemble
à de l'amour vache, mais vous voyez, si à un moment on vous a
menti, c'est parce que vous avez accepté qu'on vous mente. Vérité
numéro un sur le mensonge : le mensonge est un acte coopératif. Et
tous les mensonges ne sont pas néfastes. Parfois nous sommes
consentants à participer au mensonge par pure dignité sociale,
peut-être pour garder un secret qui doit l'être, secret. Nous
disons, "Jolie chanson." "Chérie, tu n'as pas l'air
grosse là dedans, non." Ou nous disons, un grand classique de
l'élite numérique, "Vous savez, je viens juste de retrouver
votre email dans le dossier spam. Désolé."
Mais parfois nous
participons au mensonge à contrecœur. Et cela peut avoir un coût
radical pour nous. L'an dernier 997 milliards de dollars ont été
dépensé dans la fraude d'entreprise aux États-Unis. C'est un poil
en dessous d'un trillion de dollars. C'est 7 % des revenus. Le
mensonge peut couter des milliards. Pensez à Enron, Madoff, la crise
des hypothèques. Ou dans le cas d'agents doubles et de traitres,
comme Robert Hanssen ou Aldrich Ames, les mensonges peuvent trahir
notre pays, ils peuvent compromettre notre sécurité, ils peuvent
saper la démocratie, ils peuvent provoquer la mort de ceux qui nous
défendent.
Le mensonge est en fait
une affaire sérieuse. Cet escroc, Henry Oberlander, était si
efficace que les autorités britanniques disent qu'il aurait pu saper
le système bancaire de l'Occident tout entier. En vous ne trouverez
pas cet homme sur Google ; on ne le trouve nulle part. Il a été
interviewé une fois, et il a dit la chose suivante. Il a dit, "J'ai
une règle." Et voici la règle d'Henry : " Tout le monde
veut bien vous donner quelque chose. Ils sont prêts à vous donner
quelque chose en échange de ce qu'ils désirent." Et c'est le
cœur du problème. Si vous ne voulez pas être trompé, vous devez
savoir, qu'est-ce que vous désirer absolument? Et nous avons tous
horreur de l'admettre. Nous aimerions être de meilleurs maris, de
meilleures épouses, plus intelligents, plus puissants, plus grands,
plus riches, la liste continue. Le mensonge est une tentative de
combler ce manque, de connecter nos souhaits et nos fantasmes à
propos de qui nous aimerions être, comment nous aimerions pouvoir
être, avec ce que nous sommes vraiment. Et c'est vrai que nous
voulons combler ces manques dans nos vies avec des mensonges
Les études montrent que
pour un jour donné, on vous ment peut-être entre 10 et 200 fois. Je
vous l'accorde, beaucoup de ces mensonges sont de pieux mensonges.
Mais une autre étude a montré que les inconnus se mentaient trois
fois dans les 10 premières minutes après une rencontre. (Rires)
Quand nous entendons ces données pour la première fois, nous
reculons. Nous ne pouvons pas croire à la prévalence du mensonge.
Nous sommes fondamentalement contre le mensonge. Mais si vous
regardez de plus près, l'intrigue s'épaissit en fait. Nous mentons
plus aux étrangers que nous ne mentons aux collègues. Les
extravertis mentent plus que les introvertis. Les hommes mentent huit
fois plus sur eux-mêmes qu'ils ne le font à propos des autres. Les
femmes mentent plus pour protéger d'autres gens. Si vous êtes un
couple marié moyen, vous allez mentir à votre conjoint dans 1
interaction sur 10. Vous pensez peut-être que c'est mal. Si vous
n'êtes pas mariés, ce chiffre tombe à trois.
Le mensonge est complexe.
Il fait partie intégrante de nos vies quotidiennes et
professionnelles. Nous sommes profondément ambivalents au sujet de
la vérité. Nous le dispensons en fonction des besoins, parfois pour
de très bonnes raisons, d'autre fois simplement parce que nous ne
comprenons pas les manques dans nos vies. C'est la vérité numéro
deux à propos du mensonge. Nous sommes contre le mensonge, mais en
secret nous sommes pour de façons que notre société a sanctionnées
depuis des siècles et des siècles. Il est aussi vieux que la
respiration. Il fait partie de notre culture. Pensez à Dante,
Shakespeare, la Bible, News of the World.
(Rires)
Le mensonge a pour nous
en tant qu'espèces une valeur évolutionnaire. Les chercheurs savent
depuis longtemps que plus les espèces sont intelligentes, plus elles
ont un gros néocortex, plus elle est susceptible de mentir. Vous
vous souvenez peut-être de Koko Est-ce que quelqu'un se rappelle de
Koko, le gorille à qui on a enseigné la langue des signes? On a
appris à Koko à communiquer par langue des signes. Voici Koko avec
son chaton. C'est son mignon petit chaton. Une fois, Koko a accusé
son chaton d'avoir arraché un évier du mur. (Rires) Nous sommes
programmés pour devenir chefs de meute. Ça commence très très
tôt. A quel point? Et bien les bébés vont simuler des pleurs,
s'arrêter, attendre de voir qui vient et puis se remettre à
pleurer. Les enfants d'un an apprennent la dissimulation. (Rires) Les
enfants de deux ans bluffent. Les enfants de 5 ans mentent
effrontément. Ils manipulent par la flatterie. Les enfants de neuf
ans maitrisent l'étouffement d'une affaire. Quand vous entrez à la
fac, vous mentez déjà à votre mère dans 1 interaction sur 5.
Quand nous entrons dans le monde du travail et que nous gagnons notre
vie, nous entrons dans un monde qui est encombré de spam, de faux
amis numériques, de média partisans, de voleur d'identité
ingénieux, de fraudeurs à la pyramide financière de classe
mondiale, une épidémie de mensonge, en bref ce qu'un auteur appelle
une société post-vérité. Voilà longtemps que c'est déroutant.
Que faire? Nous pouvons
prendre des dispositions pour nous frayer un chemin dans ce bourbier.
Les traqueurs de mensonges entrainés parviennent à la vérité 90 %
du temps. Le reste d'entre nous, nous ne tombons juste qu'à 54 %.
Pourquoi est-ce si facile à apprendre? Il y a des bons menteurs et
des mauvais menteurs. Il n'y a pas de vrais menteurs originaux. Nous
faisons tous les mêmes erreurs. Nous employons tous les mêmes
techniques. Alors ce que je vais faire c'est vous montrer deux
modèles de mensonge. et puis nous regarderons les points chauds et
verrons si nous pouvons les trouver nous-mêmes. Nous allons
commencer avec le discours :
(Vidéo) Bill Clinton :
je veux que vous m'écoutiez. Je vais me répéter. Je n'ai pas eu de
relations sexuelles avec cette femme, Mlle Lewinsky. Je n'ai jamais
menti à personne, pas une seule fois, jamais. Et ces allégations
sont fausses. Et je dois retourner travailler pour le peuple
américain. Merci.
Pamela Meyer : bon, quels
étaient les signes révélateurs? D'abord nous avons entendu ce
qu'on appelle un démenti sans engagement. Les études montrent que
les gens qui sont fermement déterminés dans leur démenti auront
recours à un langage formel plutôt qu'informel. Nous avons aussi
entendu un langage de distanciation : "cette femme". Nous
savons que les menteurs prendront inconsciemment leurs distances avec
leur sujet en employant le langage comme outil. Si Bill Clinton avait
dit, "Et bien, pour vous dire la vérité..." ou la
tournure préférée de Richard Nixon, "En toute franchise..."
cela aurait été très révélateur pour tout traqueur de mensonge
qui sait que des restrictions, comme on les appelle, comme celles-là,
discréditent encore plus le sujet. Et s'il avait répété la
question toute entière, où s'il avait saupoudré son discours avec
un peu trop de détails, et nous sommes tous heureux qu'il ne l'ait
pas fait, il se serait encore plus discrédité. Freud avait tout
compris. Freud a dit, regardez, il s'agit de bien plus que de
discours : "Aucun mortel ne peut garder un secret. Si ses lèvres
se taisent, il bavarde avec le bout de ses doigts." Et nous le
faisons tous quelque soit notre degré de pouvoir. Nous bavardons
tous avec le bout de nos doigts. Je vais vous montrer Dominique
Strauss-Kahn avec Obama en train de bavarder avec le bout de ses
doigts.
(Rires)
Ceci nous amène au
modèle suivant, qui est le langage corporel. Avec le langage
corporel, voici ce qu'il faut faire. Vous devez vraiment oublier vos
présomptions. Laissez la science modérer un peu vos connaissances
Parce que nous pensons que les menteurs gigotent tout le temps. Et
bien devinez quoi, ils savent geler le haut de leur corps quand ils
mentent. Nous pensons que les menteurs ne vous regarderont pas dans
les yeux. Et devinez quoi, ils vous regardent dans les yeux un peu
trop pour compenser ce mythe. Nous pensons que la chaleur humaine et
les sourires transmettent la franchise et la sincérité. Mais un
traqueur de mensonges peut repérer un sourire faux à un kilomètre.
Pouvez-vous repérer le faux sourire ici? Vous pouvez consciemment
contracter les muscles de vos joues. Mais le vrai sourire est dans
les yeux, les pattes d'oie des yeux. On ne peut pas les contracter
consciemment, en particulier si on a abusé du botox. N'abusez pas du
botox ; personne ne pensera que vous êtes franc.
Nous allons maintenant
regarder les points chauds. Pouvez-vous dire ce qui se passe dans une
conversation? Pouvez-vous commencer à trouver les points chauds pour
voir les contradictions entre les mots de quelqu'un et ses actions?
Je sais que ça semble évident, mais quand vous avez une
conversation avec quelqu'un que vous soupçonnez de mentir,
l'attitude est de loin l'indicateur le plus révélateur et celui
qu'on remarque le moins.
Une personne franche sera
coopérative. Elle va vous montrer qu'elle est de votre côté. Elle
sera enthousiaste. Elle sera prête à vous aider pour vous amener à
la vérité. Elle sera prête à réfléchir avec vous, à nommer des
suspects, à fournir des détails. Elle dira, "Hé, c'est
peut-être les types de la comptabilité qui ont falsifié ces
chèques." Elle sera furieuse si elle a l'impression d'être
accusée à tort tout au long de l'entrevue, pas par intermittence ;
elle sera furieuse tout au long de l'entrevue. Et si vous demandez à
quelqu'un de franc ce qu'il devrait advenir de quiconque a falsifié
ces chèques, une personne franche est bien plus susceptible de
recommander une punition stricte plutôt qu'indulgente.
Disons maintenant que
vous avez exactement la même conversation avec quelqu'un qui ment.
Cette personne peut être renfermée, baisser les yeux, baisser le
ton, faire des pauses, avoir un débit saccadé. Demandez à un
menteur de raconter son histoire, il va la saupoudrer de beaucoup
trop de détails dans toutes sortes d'endroits hors de propos. Et
puis il va raconter son histoire dans un ordre chronologique strict.
Et un interrogateur entrainé vient et de manière très subtile sur
plusieurs heures, il demandera à cette personne de raconter son
histoire à l'envers, et il observera alors son malaise, et notera
quelles questions produisent le plus grand volume de déclarations
mensongères. Pourquoi font-ils ça? Et bien nous faisons tous la
même chose. Nous répétons nos mots, mais nous répétons rarement
nos gestes. Nous disons "oui", nous faisons "non"
de la tête. Nous racontons des histoires très convaincantes, nous
haussons légèrement les épaules. Nous commettons des crimes
terribles, et nous sourions en pensant au plaisir de ne pas être
punis. Et dans le métier, on appelle ce sourire le" délice de
gruger".
Et nous allons le voir
dans plusieurs vidéos, mais nous allons commencer, pour ceux d'entre
vous qui ne le connaissent pas, voici John Edwards, le candidat à la
présidentielle qui a choqué l'Amérique en ayant un enfant
illégitime. Nous allons le voir parler de faire un test de
paternité. Voyons maintenant si vous pouvez repérer quand il dit,
"oui" tout en faisant "non" de la tête, en
haussant légèrement les épaules.
(Vidéo) John Edwards :
J'en ferais un volontiers. Je sais qu'il n'est pas possible que cet
enfant soit de moi, à cause de la chronologie des évènements. Je
sais donc que ce n'est pas possible. Je ferais volontiers un test de
paternité et j'aimerais que ce soit fait. Journaliste : Allez-vous
le faire bientôt? Y a-t-il quelqu'un ... JE : Et bien je ne suis
qu'un côté. Je ne suis qu'un côté du test. Mais je le fais
volontiers.
PM : bon, ces mouvements
de la tête sont bien plus faciles à repérer une fois que vous
savez les chercher. Il y aura des fois où quelqu'un a une expression
tout en en masquant une autre qui se laisse entrevoir en un éclair.
On sait que les meurtriers laissent paraitre de la tristesse. Votre
nouveau partenaire commercial peut bien vous serrer la main, fêter
l'évènement, sortir diner avec vous et laisser ensuite passer une
expression de colère. Et nous n'allons pas tous devenir des experts
en expression faciale du jour au lendemain, mais il y en a une que je
peux vous enseigner, qui est très dangereuse et facile à apprendre
et c'est l'expression du mépris. Avec la colère, vous avez deux
personnes sur un pied d'égalité. Ça reste malgré tout une
relation saine. Mais quand la colère se transforme en mépris, on
vous a exclu. Il est associé à la supériorité morale. Et pour
cela, il est très, très difficile de s'en remettre. Voici à quoi
ça ressemble. C'est marqué par un coin de lèvre qui est relevé et
rentré. C'est la seule expression asymétrique. Et en présence de
mépris, qu'il s'en suive un mensonge ou pas, et le mensonge ne suit
pas toujours, regardez ailleurs, partez dans l'autre direction,
reconsidérez le contrat, dites "Non merci. Je ne monte pas
prendre un dernier verre. Merci."
La science a mis en
évidence de nombreux autres indicateurs. Nous savons par exemple,
nous savons que les menteurs vont changer de vitesse de clignement
des yeux, pointer leurs pieds vers une sortie. Ils vont prendre des
objets barrière et les mettre entre eux et la personne avec qui ils
parlent. Ils vont changer leur ton de voix, souvent en le baissant
beaucoup. Voilà ce qui se passe. Ces comportements ne sont que des
comportements. Ce ne sont pas des preuves de mensonge. Ce sont des
drapeaux rouges. Nous sommes des êtres humains. Nous faisons des
gestes agités trompeurs partout toute la journée. Ils ne signifient
rien par eux-mêmes. Mais quand vous en voyez toute une série, c'est
votre signal. Regardez, écoutez, sondez, posez des questions
difficiles, sortez de ce mode confortable de savoir, passez en mode
curiosité, posez plus de questions, ayez un peu de dignité, ayez un
bon rapport avec la personne à qui vous parlez. N'essayez pas d'être
comme ces types de " New York, police judiciaire " et
autres séries télé qui s'acharnent sur leurs sujets pour les
soumettre. Ne soyez pas trop agressif, ça ne marche pas.
Nous avons abordé la
façon de parler à quelqu'un qui ment et celle de repérer un
mensonge. Et comme je l'ai promis, nous allons maintenant examiner ce
à quoi ressemble la vérité. Mais je vais vous montrer deux vidéos,
deux mères, l'une ment, l'autre qui dit la vérité. Elles ont été
mises en évidence par le chercheur David Matsumoto en Californie. Et
je crois que c'est un excellent exemple de ce à quoi ressemble la
vérité.
Cette mère, Diane Downs,
a tiré sur ses enfants à bout portant, les a conduits à l'hôpital
alors qu’ils saignaient abondamment dans la voiture a prétendu
qu'un étranger hirsute avait fait ça. Et vous verrez quand vous
verrez la vidéo, elle ne fait même pas semblant d'être une mère
accablée de douleur. Ce que vous devez chercher ici c'est un
décalage incroyable entre les faits horribles qu'elle décrit et son
attitude très, très calme. Et si vous regardez de près, vous
verrez un florilège de mensonge tout au long de la vidéo.
(Vidéo) Diane Downs : la
nuit, quand je ferme les yeux, je peux voir Christie tendre la main
vers moi pendant que je conduis, et le sang qui n'arrêtait pas de
sortir de sa bouche. Et que, peut-être que ça s'effacera avec le
temps, mais je ne le crois pas. C'est ce qui me tracasse le plus.
PM : Je vais vous montrer
la vidéo d'une vraie mère désespérée, Erin Runnion, faisant face
à celui qui a torturé et tué sa fille au tribunal. Ici vous ne
verrez pas d'émotion feinte, rien que l'expression authentique de la
souffrance d'une mère.
(Vidéo) Erin Runnion :
J'ai écrit cette déclaration pour le 3ème anniversaire de la nuit
où vous avez pris mon enfant, et où vous lui avez fait mal, et vous
l'avez écrasée, vous l'avez terrifiée jusqu’à ce que son cœur
s'arrête. Et elle s'est battue, et je sais qu'elle vous a combattu.
Mais je sais qu'elle vous a regardé avec ces étonnants yeux bruns,
et vous vouliez toujours la tuer. Et je ne le comprends pas, et je ne
le comprendrai jamais.
PM : Il n'y a aucun doute
sur la véracité de ces émotions.
La technologie, son
aspect scientifique, qui entoure ce à quoi la vérité ressemble
avance. Nous savons par exemple que nous avons désormais des
appareils pour suivre le regard et des scanners cérébraux à
infrarouges, des IRM qui peuvent décoder les signaux que nos corps
envoient quand nous essayons de mentir. Et ces technologies seront
bientôt sur le marché pour tout le monde, comme une panacée contre
le mensonge, et elles s'avèreront incroyablement utiles un de ces
jours. Mais en attendant, vous devez vous demander : Qui voulez-vous
à vos côtés pendant la réunion, une personne entraînée à
trouver la vérité ou un type qui va traîner dans la salle un
électroencéphalogramme de 200 kilos?
Les traqueurs de
mensonges comptent sur des outils humains. Ils savent que, comme
quelqu'un a dit, "L'individu c'est qui vous êtes quand vous
êtes dans le noir." Et ce qui est assez intéressant c'est
qu'aujourd'hui nous avons si peu de noir. Notre monde est éclairé
24 heures sur 24. Il est transparent. avec des blogs et des réseaux
sociaux qui diffusent le buzz de toute une nouvelle génération de
gens qui ont fait le choix de vivre leurs vies en public. C'est un
monde beaucoup plus bruyant. Donc un des problèmes que nous avons
est de nous rappeler, trop partager, ce n'est pas être franc. Le
fait que nous envoyons frénétiquement des tweets et des textos peut
nous empêcher de voir que les subtilités de la décence humaine,
l'intégrité de l'individu, c'est toujours ce qui compte, c'est ce
qui comptera toujours. Alors dans ce monde bien plus bruyant, il
pourrait être sensé que nous soyons un tout petit peu plus
explicites quant à notre code de moralité.
Quand vous combinez la
science de la reconnaissance du mensonge avec l'art de regarder,
d'écouter, vous vous dispensez de collaborer à un mensonge. Vous
vous engagez sur cette voie pour être un petit peu plus explicite,
parce que vous envoyez à tout le monde autour de vous un signal qui
dit, "Hé, mon monde, notre monde, sera un monde honnête. Dans
mon monde, la vérité sera renforcée et le mensonge sera reconnu et
marginalisé." Et quand vous faites ça, le sol autour de vous
commence à bouger un tout petit peu.
Et c'est la vérité.
Merci.