Jacques Commaille
Revue Droit et Société, 26, 11-18 (1994)
Dans cet article,
l'analyse est esquissée de ce qui apparaît de plus en plus comme un
rapport de pouvoir entre la Justice et les médias. Au- delà des
formes prises par ce rapport de pouvoir, ce sont les raisons qui
doivent être recherchées. L'idée est avancée que parmi celles-ci,
il y aurait l'impossibilité dans laquelle se trouverait la Justice
d'assumer pleinement sa fonction dans le cadre des recompositions du
contrôle social, ce qui autoriserait les médias à prétendre dire
à sa place le juste etle vrai. Mais loin de sombrer dans la
résignation ou l'indignation, il resterait à se demander
quelles complémentarités entre Justice et médias pourraient être
réinventées pour permettre notamment une nouvelle inscription de la
fonction de justice dans les affaires de la Cité.
Les sciences sociales ont
souvent beaucoup de difficultés à se positionner face à un
"problème social", surtout lorsque celui-ci fait l'objet
de débats socio-politiques passionnés. C'est le cas pour ce qui
concerne les relations entre la Justice et les médias. Aux excès de
la médiatisation de la fonction de justice s'ajoute une surabondance
de considérations morales sur les transgressions aux normes
explicites ou implicites en la matière commises par l'un ou l'autre
des partenaires.
Le chercheur risque alors
d'ajouter au discours d'indignation, pressé qu'il est de juger
lui-même, de prophétiser, de contribuer à la construction dans
l'urgence d'une nouvelle éthique, alors qu'il s'agit d'abord de
comprendre.
Comprendre, c'est ici
aussi tenter de dévoiler, au-delà des constats désenchantés d'une
dégradation perçue des rôles respectifs des deux partenaires
concernés et des images qu'il se renvoient réciproquement, la
nature profonde du rapport de pouvoir qui les lie dans la fonction
sociale et politique qu'ils prétendent tous les deux exercer. Les
sciences sociales peuvent alors avoir peut-être le mérite de
souligner que la solution éventuelle du « problème social »,
avant de résider dans un appel au bon sens ou à la bonne volonté
des partenaires, doit être fondée, au préalable, sur ce qui les
détermine en partie et risque d'influencer leurs actions.
En l'occurrence le
rapport de pouvoir entre Justice et médias est fait d'intérêts
matériels ou marchands (à partir notamment de ces "mécanismes
d'un champ journalistique de plus en plus soumis aux exigences du
marché" 1), idéologiques, institutionnels, professionnels comme
de convictions et de valeurs.
C'est l'analyse de ce
rapport de pouvoir que nous esquisserons ici, à partir d'une
réflexion menée avec quelques-uns de nos étudiants de l'Institut
d'études politiques de Paris 2 en considérant ce que nous
appellerons un processus de construction sociale de la fonction de
justice.
En effet, dans le jeu de
miroir entre la Justice et les médias, la Justice n'existe pas en
soi, elle est "une réalité socialement construite" 3. Tout
phénomène social est "socialement construit" par les
représentations qu'en ont et qu'en donnent les individus. Mais par
rapport à ce qui peut être une manifestation "naturelle" des
comportements sociaux, il s'agit ici d'une pratique délibérée :
les médias ne visent pas simplement à témoigner du réel de la
Justice. Ils fonctionnent comme "ordonnateurs du réel",
notamment par un travail de mise en scène du réel social dans le «
théâtre » de la Justice.
Ce travail de
construction sociale est ainsi favorisé par les fonctions sociales
assignées aux deux partenaires : écrire ou montrer l'épopée d'une
société dans son quotidien pour les médias; accomplir les rites
nécessaires, gérer le symbolique indispensable pour la cohésion du
groupe social et sa perpétuation pour la Justice, ce qui explique
que l'accomplissement de la fonction de justice doive se réaliser
comme représentation 4.
La Justice et les médias
sont ainsi constitués en "espace public" mais les fonctions
sociales respectives de l'un et de l'autre qui pourraient être
complémentaires sont susceptibles de devenir concurrentes. C'est ce
qui semble se produire de plus en plus actuellement et il convient
d'en rechercher les raisons.
Les formes du rapport de
pouvoir
La manifestation la plus
évidente de la rupture avec la complémentarité dans l'usage de
l'espace public, c'est ce que nous pourrions appeler une
instrumentalisation réciproque de la Justice et des médias : les
médias recourent aux sources judiciaires, les subvertissent
éventuellement pour prétendre assumer aux yeux de la société une
fonction de justice que la Justice n'accomplirait plus de façon
satisfaisante. La Justice recourt aux médias suivant des stratégies
visant à situer l'exercice de la fonction de justice dans le cadre
de rapports de force exigeant de prendre le social à témoin, de
solliciter son concours hors des limites temporelles,
institutionnelles, symboliques, fixées par la procédure,
l'instruction, par le procès et la salle d'audience, ou encore en
fonction de conceptions politiques différentes sur le rôle de la
Justice, comme le montre Rémi Lenoir à propos du Syndicat de la
magistrature, celui-ci, au nom "d'une révolution symbolique"
agissant sur les représentations de la Justice (notamment en
opposant "à la clôture du corps l'ouverture du champ, et au
secret la transparence") par "une entreprise systématique de
relations avec les médias" 5.
Mais cette
instrumentalisation réciproque comporte beaucoup de risques. Loin de
reconnaître à l'autre, « objectivement », la spécificité de la
fonction sociale qu'il est censé accomplir, la tentation devient
grande de ne le considérer que comme un serviteur dans la
réalisation de ses propres objectifs. Rien ne le démontre
mieux que ce travail d'"humanisation" du magistrat opéré par
les médias. Il serait possible d'interpréter l'intérêt porté par
les médias à la personne du magistrat comme une sensibilité
croissante aux vertus de la Justice au quotidien, hors de ses pompes
et de ce qu'elles exigent d'effacement des hommes derrière des
rôles. Mais une observation méthodique des expressions de cette "humanisation" dans les médias révèle pour le moins de
l'ambivalence.
Celle-ci s'illustre par
exemple avec l'usage du terme "petit juge". Le "petit juge",
c'est ainsi le magistrat fort simplement de sa "conscience", de
ses valeurs, sans autre pouvoir que celui de ses vertus personnelles
et du droit, face à l'infamie du pouvoir politique, à ses pratiques
intéressées, au caractère partisan de ses appartenances partisanes 6, à sa puissance, aux excès ou aux turpitudes de la bureaucratie,
aux abominations des "puissances d'argent", etc.
Les raisons du rapport de
pouvoir
La référence au "petit juge" peut également ne participer que d'un processus plus
général où la disparition de toute transcendance exigerait une
quête éperdue de "charismatisation" de l'homme public.
Mais cette référence au "petit juge" comporte un revers possible : cette forme de
personnalisation dans l'exercice de la fonction de justice peut aussi
servir à disqualifier celle-ci. Comme le montrent des travaux sur
l'histoire de la Justice 7, le juge de la proximité peut devenir le
juge de la promiscuité avec le social. Cette dénaturation de
l'image du juge et de son statut peut apparaître comme une crainte
de l'institution judiciaire elle-même soucieuse de maintenir la
distance pour consacrer le caractère exceptionnel, sacré, de la
fonction sociale qu'elle exerce 8. Mais, pour les médias, rappeler
que les magistrats ont un corps, qu'ils ont une apparence les situant
concrètement dans l'espace social, c'est entrer, de façon plus ou
moins consciente, plus ou moins volontaire, dans un processus qui, en
conduisant à souligner la "singularité" du juge, banalise
finalement la fonction de justice et, si nécessaire, la disqualifie.
Quand le président du
tribunal devient un "petit homme rond et rougeaud à l'allure
d'épicier" ou le juge d'instruction, un "jeune juge d'allure
soixante-huitarde", les médias procèdent à une "transfiguration" de la Justice dont Luc Boltanski nous révèle
l'importance :
Le magistrat est une généralité incarnée. Il doit faire oublier son corps parce que son corps, qui lui est propre, ne peut soutenir que des intérêts particuliers. C'est sans doute la raison pour laquelle les pamphlets, qui accompagnent souvent les protestations d'injustice dans lesquelles un scandale est dénoncé, font si souvent usage d'allusions scatologiques ou pornographiques. C'est en faisant remonter au premier plan les intérêts que le magistrat qui faillit à sa tâche doit au fait qu'il possède un corps, dont les satisfactions lui appartiennent en propre et ne peuvent, par définition, être partagées avec d'autres, que l'on parvient, avec la force de conviction la plus grande, à dévoiler sa misère, c'est-à-dire sa singularité, sous les apparences de la grandeur que lui confère la prétention à servir le bien commun 9.
L'usurpation relative de
l'œuvre de justice par les médias ne saurait être expliquée
simplement par l'affaiblissement de leur déontologie ou une
stratégie de pouvoir délibérée. La relation Justice-médias
fonctionne en système, pourrions-nous dire. Si les médias occupent
partiellement l'espace de la Justice, c'est que celle-ci serait moins
que jamais en mesure d'assumer dans sa plénitude la fonction
sociale qui lui est assignée et de répondre aux attentes de la
société en ce qui concerne l'exercice symbolique et réel d'un
contrôle social au fondement du groupe social.
La Justice subirait
d'autant pius facilement la concurrence des médias dans l'exercice
de la fonction de justice qu'elle serait particulièrement exposée
à une remise en question du "conventionnalisme" 10. Le statut
des grandes institutions, des grandes entités, des idéologies,
des méta-référents serait fortement contesté et la Justice,
comme institution et comme instance de mise en œuvre de la règle
juridique, serait encore plus que d'autres concernée. Le modèle
jupitérien de la Justice 11, si conforme à la pyramide de Kelsen
12, serait obsolète au même titre que le modèle de domination
légitime légal-rationnel défini par Max Weber 13. Dans ce
contexte de redéfinition de la légalité et d€ reconsidération
des modes de construction de la légitimité, il apparaît logique
qu'au lieu de se référer à l'institution de Justice, on évoque
de plus en plus les hommes de Justice.
Ainsi « humanisée »,
la Justice ne pourrait plus avoir le monopole de dire le juste, de
dire le vrai. Tout déplacement du lieu où s'exerce la fonction de
justice serait alors rendu possible et la place prise par les
médias dans la régulation socio-politique des sociétés dites «
post-industrielles » les autoriserait à prétendre suppléer les
carences de la Justice jusqu'à aspirer à imposer leur définition
du juste et du vrai.
Pour accomplir
impunément cette mission, les médias développent des pratiques,
des savoir-faire, des « procédures » qui ont toutes pour
fonction de « légitimer » un peu plus la place ainsi occupée, à
la place ou en partage avec la Justice.
Le traitement des
affaires est effectué avec éventuellement en référence la
préoccupation d'efficacité ou de neutralité sous-en- tendant que
souvent la Justice n'est ni efficace ni neutre. L'impatience
affleure constamment avec l'idée sous-jacente, implicite ou
formulée explicitement, que la Justice est bien trop lente ou que,
décidément, le temps de la Justice constitue une anomalie ou un
anachronisme eu égard à l'accélération du temps social et à «
la temporalité même de la pratique journalistique [qui oblige] à
vivre et à penser au jour le jour et à valoriser une information
en fonction de son actualité » 14.
Mais rien n'exprime
mieux le conflit de légitimité avec la Justice, c'est-à-dire la
concurrence pour obtenir l'adhésion des citoyens à l'exercice
d'une fonction sociale chargée d'une autorité particulière, que
ta prétention des médias à représenter les aspirations sociales
en la matière 15. Face à l'incertitude inacceptable après une
catastrophe (la catastrophe de Furiani) ou un dysfonctionnement
grave des institutions concernées (l'affaire du sang contaminé),
il convient à tout paix de la réduire immédiatement Les médias
entreprendront éventuellement leur propre enquête ou
manifesteront leur exigence pressante de nommer un responsable, une
cause, une « raison » parce que telle est la « juste » attente
des citoyens. Dans cette logique, même s'il peut parfois lui-même
apparaître comme un pouvoir concurrent et/ou exposé lui-même à
la disqualification, le discours de l'expertise pourra être lui
aussi sollicité pour réinstaurer tout de suite une méta-raison
que la Justice ne saurait pas ou plus incarner.
On pourrait considérer
que cette évolution des rapports entre Justice et médias ne
ferait finalement que rendre plus visible — conjoncturellement ou
structurellement? — des jeux de pouvoir classiques entre
institutions pour l'exercice de fonctions sociales au fondement du
groupe social. Mais il ne s'agit rien moins ici, comme le
considérait il y a déjà un certain temps Michel Crozier, que
d'une « appropriation de fonctions de régulations en lieu et
place des institutions traditionnelles » 16. La question
effectivement posée est bien de savoir pourquoi les médias
tendent de plus en plus à vouloir remplacer les institutions
traditionnelles comme mode de contrôle social, ou pourquoi
celles-ci cèdent leur place ou composent avec ces nouveaux
pouvoirs, impuissantes et résignées.
C'est peut-être dans
le constat flamboyant de Lucien Sfez que réside déjà une
première explication, laquelle ne concernerait plus seulement la
question des relations entre Justice et médias mais relèverait de
processus généraux sociaux et politiques caractéristiques d'une
« post-modernité » : « Ce n'est plus l'appareil administratif
et managérial qui dit le vrai pour tous (...), ce ne sont plus les
représentants politiques, de gauche et de droite (...), c'est
l'appareil de communication qui désormais s'est installé à la
place des deux autres : dans le lieu déserté par les anciennes
idéologies qui organisaient le consensus républicain (la décision
rationnelle, l'égalité, la souveraineté, la représentation
politique), la communication s'installe en souveraine, capturant
les morceaux épars des anciennes rhétoriques organisatrices du
consensus pour les reformuler en un corps prétendument neuf. Le
communicateur dit le vrai à la place de tous » 17.
Paradoxalement, à partir du caractère extrêmement global de ce
constat, il est peut-être possible de revenir à la Justice non
pas pour simplement adhérer à une vision désenchantée de ses
rapports avec les médias, ou pour rechercher les recettes
nécessaires qui permettraient d'améliorer les choses, mais pour
s'interroger, à partir de ce que cette question dévoile, sur les
positionnements que la Justice devrait inventer pour contribuer à
l'exercice de la fonction de justice dans ses aspects symboliques
et réels en fonction de ce qui serait une régulation générale
des sociétés de nature complètement nouvelle et, plus
particulièrement, des modes de contrôle social en pleine
dé/recomposition. Moins que de rappeler les règles permettant à
chacun des partenaires — Justice et médias — de retrouver leur
place initiale telle qu'elle existerait dans une tradition, il
s'agirait alors, tout au moins du côté de la Justice qui est la
principale concernée, d'imaginer des façons novatrices de
s'appuyer éventuellement sur les médias, sans prétendre les
instrumentaliser par rapport à ses propres stratégies, comme une
des expressions possibles d'une nouvelle inscription politique, au
sens originel du terme, de la fonction de justice dans un modèle
général de fonctionnement social qui resterait à définir. À ce
qui serait finalement un processus classique de crise du droit
moderne — dont la relativisation de la place de la Justice par
rapport aux médias ne serait qu'une des nombreuses expressions —
avec notamment ici le surgissement de nouveaux acteurs susceptibles
d'énoncer la norme et d'assurer une régulation non ou
pseudo-juridique, il reviendrait à la Justice de repenser sa
fonction et ses pratiques pour participer, avec son statut propre
et éminemment stratégique, à cette démocratisation politique et
sociale promise par la post-modernité juridique 18. Plutôt que de
regretter la période historique où la Justice participait d'un
«jeu fermé entre individus appartenant à des statuts en nombre
limité », peut-être faut-il lui permettre de s'ajuster « à un
modèle ouvert, où l'informel gagne du terrain, et où les acteurs
jouent un rôle jusque dans l'élaboration de la décision complexe
qui fonde la règle du jeu » 19. Le paradoxe auquel serait alors
confrontée la Justice serait à la fois de maîtriser des
relations multiples avec différents partenaires — dont les
médias — et de ne plus les vivre comme subies, de fonctionner de
plus en plus « à la capillarité » dans le tissu social,
économique ou politique, de maîtriser une régulation faite de
micro-rationalités juxtaposées, et à la fois de préserver et de
renforcer la légitimité de l'autorité qu'elle incarne et des
modes de réguler le social qu'elle a spécifiquement pour fonction
de mettre en œuvre, de maintenir la juridicité des normes
auxquelles elle se réfère et le respect des procédures, dans un
contexte de développement d'un droit « intersticiel et informel »
ou « liquide » 20 et d'une normativité « négociée » plutôt
qu'« imposée ». Dans ce cadre, les médias pourraient apparaître
moins comme des concurrents ou des perturbateurs d'un « juste »
ordre légal et judiciaire que comme des partenaires pour la
réactivation d'un « esprit public » 21 se manifestant par un
rapport positif des citoyens, réinstitués comme acteurs, à la
question de la légalité et de l'exercice de la fonction de
justice, ceux-ci se manifestant, sinon par une participation
constante à la formulation des décisions, au moins par un intérêt
soutenu aux conditions de leur élaboration et de leur réception.
L'enjeu pour les médias serait alors celui de la légitimité de
leur fonction de représentation 22.
Assurant une représentation
comme « représentants d'intérêts » pour reprendre la
formulation de Max Weber 23, la question est de savoir s'ils peuvent
porter une volonté collective vers la réalisation du « Bien
Commun », en l'occurrence ici dans l'œuvre de justice. En
énonçant ainsi quelques uns des linéaments 'une participation de
la Justice et des médias à la construction d'une nouvelle
démocratie, il s'agit de ne pas sombrer dans l'angélisme du
militant mais de nommer ce que pourraient être des intentions tout
en se donnant comme programme de mobiliser une connaissance
pluridisciplinaire, décloisonnée, sur ce qui est en la matière
susceptible d'aveugler les acteurs concernés ou de peser
constamment sur la réalisation de leurs nécessaires utopies, au
risque sinon de voir toute légitimité des institutions concernées
définitivement contestée, y compris éventuellement dans le sens
où l'entend Pierre Bourdieu à propos des juristes face aux médias
:
Le champ juridique n'est pas ce qu'il croit être, c'est-à- dire un univers pur de toute compromission avec les nécessités de la politique ou de l'économie. Mais le fait qu'il parvienne à se faire reconnaître comme tel contribue à produire des effets sociaux tout à fait réels et d'abord sur ceux qui ont pour métier de dire le droit. Mais qu'adviendra-t-il des juristes (...) s'il devient de notoriété publique que, loin d'obéir à des vérités et des valeurs transcendantes et universelles, ils sont traversés, comme tous les autres agents sociaux, par des contraintes comme celles que font peser sur eux, bouleversant les procédures ou les hiérarchies, la pression des nécessités économiques ou la séduction des succès journalistiques? 24.
1. Pierre Bourdieu, «
L'emprise du journalisme », Actes de la recherche en sciences
sociales, n° 101/102, mars 1994, p. 3.
2. Des analyses de
dossiers de presse ont été réalisées, dans le cadre de notre
enseignement sur Fonction de justice et ordre politique, par des
étudiants de 3' année de l'Institut d'études politiques de Paris
(année universitaire 1992-1993).
3. Peter Berger et Thomas
Luckmann, La construction sociale de la réalité, Paris,
Méridiens-Klincksieck, 1986.
4. Antoine Garapon, L'âne
portant des reliques. Essai sur le rituel judiciaire, Paris, Le
Centurion, 1985.
5. Rémi LENOIR, « La
parole est aux juges. Crise de la magistrature et champ
journalistique », Actes de la recherche en sciences sociales, n°
101/102, mars 1994, p. 82-83.
6. On pourra voir des
expressions et une analyse de cette disqualification du politique par
la sphère juridique dans : Jacques Cqmmaille, L'esprit sociologique
des lois. Essai de sociologie politique du droit, Paris, PUF, à
paraître.
7. Voir par exemple :
Marcel Rousselet, Histoire de la magistrature française : des
origines à nos jours, 2 vol., Paris, Pion, 1957.
8. Jacques Commaille, «
Éthique et droit dans l'exercice de la fonction de justice »,
Sociétés Contemporaines, n* 7, sept. 91.
9. Luc Boltanski, L'amour
et la justice comme compétence, Paris, Métailié, 1990, p. 32.
10. Patrick Pharo, Le
civisme ordinaire, Paris, Librairie des Méridiens, 1985.
11. François Osr, «
Jupiter, Hercule, Hennés : trois modèles du juge », m Pierre
Bouretz (dir.), La force du droit. Panorama des débats
contemporains, Paris, Éditions Esprit, coll.
« Philosophie », 1992.
12. Hans Kelsen, Théorie
pure du droit, Paris, Dalloz, 1962.
13. Max Weber, Économie
et Société, tome 1, Paris, Pion, 1971.
14. Pierre Bourdieu, «
L'emprise du journalisme », op. cit., p. 5.
15. lbid., p. 8. Pierre
Bourdieu fournit ici un exemple éloquent avec l'« affaire de la
petite Karine » transformée en « affaire d'État » avec le vote
d'une nouvelle loi sur la réclusion à perpétuité sous l'impulsion
d'une campagne de presse orchestrée au nom de l'opinion publique.
16. Michel Crozier, « La
crise des régulations traditionnelles », in Henri Mendras (dir.),
La sagesse et le désordre. France 1980, Paris, Gallimard, 1980.
17. Lucien Sfez, Critique
de la décision, 4* éd., Paris, Presses de laFNSP, 1992, p. 18.
18. Boaventura de
Sousa-Santos, « The post-modern transition : law and politics », in
Austin Sarat et Thomas R. Kearns (dir.), The Fate ofLaw, Ann Arbor,
The University of Michigan Press, 1991.
19. André- Jean Arnaud,
« Du jeu fini au jeu ouvert. Réflexions additionnelles sur le droit
post- moderne », Droit et Société, n° 17/18, 1991, p 38.
20. François Ost, «
Jupiter, Hercule, Hermès... », op. cit., p. 262.
21. Mona Ozouf, « Esprit
public », in François Furet et Mona Ozouf, Dictionnaire critique de
ta Révolution française, Paris, Flammarion, 1988.
22. Sur ce concept, voir
François d'ARCY (dir.), La représentation, Paris, Economica, 1985.
23. Max Weber, op. cit.,
p. 301.
24. Pierre Bourdieu, «
L'emprise du journalisme », op. cit., p. 9.