La société applaudit le déploiement de chiens spécialisés en cas d'ensevelissement ou de détection d'explosifs, de drogues etc., car les capacités du chien sont considérées comme supérieures à celles de l'homme.
Forensic Evidence Canines - Status, training and utilisation
Comme les odeurs
envoûtantes, les pestilences pénètrent dans notre système
olfactif sous forme de molécules volatiles. Invisibles et invasives,
dotées néanmoins d'une présence incontournable, les molécules
malodorantes s'insinuent sans que nous puissions nous en défendre ou
nous en débarrasser. La seule parade est piètre : se boucher le nez
et prendre la poudre d'escampette. La volatilité des molécules
odorantes explique que des odeurs puissent persister alors que leur
source n'est plus là : ce sont les odeurs résiduelles. C'est un peu
comme la lumière provenant d'une étoile qui n'est déjà plus, mais
que cette lumière nous fait voir. Qu'un chien puisse reconnaître
l'odeur d'un cadavre absent, qui n'a peut-être été posé que
quelques minutes là son odeur est encore présente, est un défi à
l'intelligence des humains et explique que nous soyons comme Thomas :
il nous faut voir pour croire.
La muqueuse olfactive du
chien contient jusqu'à 200 millions de cellules, 50 fois plus que
celle de l'homme. Comme il a beaucoup moins de papilles gustatives,
flairer sa nourriture est pour lui vital. Il utilise près d'un tiers
de son cerveau à analyser, interpréter et mémoriser des
informations olfactives. La principale caractéristique du chien,
dont l'olfaction est le plus accompli des sens, est sa capacité à
discriminer entre des odeurs proches.
Le mécanisme neuronal qui sous-tend cette compétence
discriminatoire n'est pas clair, mais pourrait être lié au grand
nombre de récepteurs. Que sent l'animal qui lui permet de
différencier, par exemple, des restes humains de restes animaux ?
Les chiens de
détection, qui relèvent de la phase préscientifique d'une enquête
criminelle, sont dressés pour signaler la présence d'une
certaine substance dont le chien apprend à reconnaître l'odeur
spécifique – les vrais chiens "forensiques", comme
l'EVRD et le chien CSI, sont entraînés à ne reconnaître qu'une
seule odeur. Pour obtenir une récompense, le chien doit alerter son
maître. C'est Pavlov.
Le temps et le lavage
atténuent l'odeur sans la supprimer.
On ne sait pas pendant
combien de temps après la mort ces chiens peuvent détecter un
corps, ni pendant combien de temps un cadavre récent doit avoir
reposé quelque part pour qu'un chien en détecte la présence, ni
l'ancienneté minimum du post-mortem (établi à 90 minutes, dans
certaines conditions) pour qu'un chien reconnaisse l'odeur de
cadavre.
Dans les pays qui
l'autorisent, le comportement d'un chien de détection par rapport à
une odeur particulière peut être cité en témoignage s'il vient à
l'appui d'une cause probable établie par ailleurs. Le maître-chien
est essentiellement autorisé à présenter son avis d'expert sur ce
qu'indique le comportement du chien. La plupart du temps, toutefois,
le comportement du chien est considéré comme une présomption
circonstancielle.
L'arbitre des faits
(trier of fact, charge qui semble ne pas exister dans le droit
français ???) peut confondre le témoignage du maître-chien sur son
chien avec l'hypothèse que le comportement du chien est une preuve
directe plutôt qu'une inférence.
Forensic Search Dog
C'est un chien spécifiquement dressé pour indiquer la présence (ou
l'odeur résiduelle) d'un cadavre ou de tissus humains en
décomposition. Ces animaux sont aussi dressés à exclure l'odeur
d'urine humaine, de fèces et de semen. Ils n'alertent pas à l'odeur
résiduelle d'un être vivant.
Un
chien pisteur suit l'odeur résiduelle laissée par quelqu'un qui n'a
fait que passer. Tant que cette odeur n'est pas dénaturée au point
de ne plus pouvoir être différenciée – Le temps et les
conditions environnementales sont des facteurs importants –, le
chien suit la trace d'une source absente.
En matière de détection
de cadavre, la compétence du chien n'est défiée que si l'odeur est
résiduelle, autrement dit si aucun tissu humain n'est découvert à
l'endroit marqué par le chien.
L'exactitude et la
précision sont cruciales.
On parle d'exactitude
quand un chien entraîné à détecter une odeur précise réagit
seulement s'il a repéré cette odeur et non une odeur proche.
On parle de précision
lorsque le chien réagit d'une certaine manière, toujours la même,
à une odeur donnée. S'il y a imprécision, en ce qui concerne
l'odeur de restes humains, c'est que le chien ne différencie pas un
cadavre humain d'un autre.
En principe un chien
entraîné réagit à une odeur résiduelle de tissus humains en
décomposition présente pendant plusieurs mois dans un local fermé.
À quoi réagit le chien
? Le maître-chien observe-t-il simplement ou est-il une sorte de
porte-parole du chien ?
La littérature
scientifique sur la compétence des chiens à détecter l'odeur de
restes humains en décomposition n'est guère abondante et il n'y a
guère de recherche sur la réaction aux odeurs résiduelles. Mais il
y a nombre de travaux sur les diverses méthodes d'entraînement des
chiens de détection. C'est de là que provient un problème majeur :
la plupart des maîtres-chiens n'ont ni formation en police
scientifique ni expérience légale. L'entraînement de search
dogs forensiques est beaucoup plus rigoureuse et spécifique que
celui des chiens de sauvetage, d'attaque ou des pisteurs.
Expérience
identification d'odeur post-mortem
Le but de cette
expérience est de déterminer si les chiens peuvent différencier
l'odeur d'un être vivant de l'odeur de cadavre lorsque ces deux
odeurs sont présentes côte à côte.
Des tampons de gaze
stérile sont placés pendant très exactement 20 minutes sur la peau
(intacte) de l'abdomen 1) de cadavres (post-mortem de 1 à 72 heures)
et 2) d'individus en vie.
Les tampons sont ensuite
conservés du plastique scellé jusqu'au moment de l'expérience Ces
opérations sont accomplies avec des mains gantées de latex.
Sont exposés en ligne
trois tampons de gaze, l'un imprégné d'odeur post-mortem, l'autre
d'odeur d'être humain vivant et le troisième sans odeur.
Toutes les expériences
sont faites sur une surface dure (asphalte, ciment, etc.). Le maître
envoie le chien cadavre qui doit choisir (un seul choix par
expérience). Les expériences sont "aveugles" pour les
maîtres-chiens (ils ne savent pas si ni où se trouve une odeur de
cadavre). Les choix sont qualifiés de correct ou d'incorrect
seulement. Tout chien semblant attiré par deux tampons est éliminé
de l'expérience et son choix est qualifié d'incorrect.
Les tampons ne servent
qu'une fois.
Entre janvier et juillet
1997, 52 expériences ont eu lieu, avec cinq chiens. L'ancienneté
des odeurs post-mortem utilisées était de 70 minutes à 3 jours.
Bien qu'une odeur
post-mortem d'une ancienneté de 85 minutes ait reçu une réponse
correcte, l'ancienneté permettant une réponse correcte de tous les
chiens se situe entre 150 et 180 minutes.
Toutefois les chercheurs
indiquent des faiblesses : pas de contrôle rigoureux des conditions
de collecte des échantillons, sur les manière et cause de la mort,
sur l'"âge" post-mortem des échantillons.
L'analyse des expériences permet d'énoncer les conclusions suivantes :
1) Il y a un risque non
négligeable que le maître-chien donne involontairement un
témoignage biaisé ou impropre quant à la présence ou l'absence
d'odeur résiduelle provenant de tissu humain décomposé.
2) Les chiens
spécifiquement entraînés à détecter l'odeur de restes humains
décomposés peuvent être inestimables pour résoudre des questions
d'obtention de preuve ou de détermination de l'orientation d'une
enquête. Il est crucial, cependant, que les chiens soient utilisés
dans des situations adéquates à leur entraînement et que le
maître-chien soit capable de témoigner du comportement de son chien
en se fondant sur des notes d'entraînement précises. Aucun chien
utilisé à des fins forensiques pour la détection d'odeur de tissu
humain décomposé ne devrait être entraîné à reconnaître une
autre odeur si ses réactions et l'opinion du maître-chien doivent
être utilisées dans une affaire criminelle.
3) Les techniques
d'entraînement et de mise à l'épreuve existant dans la communauté
des maîtres-chiens ne répondent pas aux besoins des chiens appelés
à détecter de manière fiable des odeurs résiduelles, en fait
d'entraînement spécifique et rigoureux.
4) Une recherche devrait
être menée pour identifier plus précisément ce qu'on attend d'un
chien en fait de preuve forensique. Des
protocoles d'entraînement adéquats doivent être développés pour
diminuer la marge d'erreur dans les conclusions.
5) Un chien très fatigué
peut par inadvertance se sentir pressé de donner une fausse alerte
parce qu'il en a marre et veut se reposer. Il est donc important de
maintenir le chien à un haut niveau de forme physique afin qu'il
puisse "travailler" plusieurs heures d'affilée avec
seulement quelques courtes pauses.
6) Les chiens entraînés
à détecter des odeurs résiduelles doivent être négativement
conditionnés à l'urine humaine, aux déjections et au semen, afin
de s'assurer que l'animal n'alertera pas quand il rencontrera ces
substances. Tous les chiens, quel que soit leur niveau
d'entraînement, utilisés dans la détection de reste humain en
décomposition devraient être négativement conditionnés aux odeurs
de restes non humains en décomposition. Il faut savoir, toutefois,
que beaucoup de chiens réagiront ou montreront un intérêt face à
tout tissu en décomposition à certains courts moments du processus
de décomposition.
7) Une chose est
d'envoyer un chien cadavre chercher des restes humains en
décomposition, une autre est de le faire chercher des odeurs
résiduelles et se fonder sur elles seulement pour asseoir une
hypothèse.
Quels
sont les facteurs susceptibles d'affecter la longévité d'une odeur
? La chaleur/le soleil, le vent, l'humidité et la pluie.
Expérience de durée
de détectabilité d'une odeur résiduelle
Il
s'agissait de déterminer pendant combien de temps une odeur restait
détectable dans un lieu fermé après enlèvement de la source. Les
items odorants – sang et des fluides corporels absorbés par du
tissu et des cheveux – sont placés dans différentes pièces sur
le sol, en l'air, pendant 5 heures, puis enlevés. La source de
l'odeur n'est donc plus là, il ne reste qu'une odeur résiduelle,
que l'homme ne perçoit pas ?
Les chiens, à des
niveaux différents d'entraînement, sont venus sur les lieux jusqu'à
14 mois après l'enlèvement des items, ont pu détecter la plupart
des endroits où s'étaient trouvés des résidus en décomposition.
Une odeur résiduelle
reste un an dans un local soumis à peu d'influence
environnementale ou de mouvements humains. Même après l'enlèvement
des objets où était la source de l'odeur, les chiens ont pu
localiser l'odeur résiduelle.
On peut se demander
quel effet a sur le chien la connaissance qu'a le maître-chien. Le
chien peut-il lire le langage corporel ?