Lecture critique du documentaire "10 Years On" -
Richard Bilton (BBC) - 03.05.2017
Le lecteur comprendra vite que les remarques sont entre parenthèses.
Entrée en matière :
― Pour illustrer que
les deux forces de police en lice, la portugaise et la britannique,
ont des avis contradictoires sur ce qui est arrivé à MMC,
RB recourt à Clarence Mitchell (spin doctor des MC) qui proclame (dédaigneux) que "deux médecins en vacances qui cachent
la mort de leur fille ! Bien sûr que non, c'est ridicule de suggérer
ça".
― Pour la
première fois des policiers portugais disent ce qu'ils pensent, annonce RB qui demande à Pedro do Carmo (sous-directeur national de la police judiciaire) si, dans son coeur, il pense que cette affaire sera résolue. PdC répond (sarcastiquement) que ça ne dépend pas du cœur, mais de l'esprit.
― RB a découvert les suspects interrogés par OG en 2014 et va leur demander ce qu'ils ont dit aux Britanniques (scènes révoltantes en perspective).
― RB a découvert les suspects interrogés par OG en 2014 et va leur demander ce qu'ils ont dit aux Britanniques (scènes révoltantes en perspective).
Développement :
La théorie PJ
― Lisbonne. PB a enfin obtenu une interview de PdC. Celui-ci affirme que la PJ aussi veut découvrir ce qui s'est passé, d'abord parce qu'il s'agit de la disparition d'une enfant et ensuite au cas où, dans l'avenir, surgirait une autre affaire de ce genre (copy cat, contagion ?).
Bilton voice over : Across the city Madeleine McCann’s parents have been involved in an important legal battle this spring, they sued a Portuguese detective who accused them of involvement in their daughter’s disappearance. They initially won but there was an appeal and the Supreme Court citing freedom of speech found against them.
But it was worse for the McCann parents, the judges pointed out that the McCanns hadn't been found innocent. Rather, the case had been shelved because the police hadn't been able to gather sufficient evidence to the contrary.
― PB mentionne que les
MC ont mené une importante bataille légale ce printemps (ce n'est pas exact, la bataille légale ayant commencé en juin 2009 par un référé destiné à faire retirer le livre de GA du marché). Ils
avaient assigné en justice un enquêteur portugais qui les avait accusés
d'être impliqués dans la disparition de leur fille (ce n'est pas exact non plus, 1) GA ne les a pas accusés d'être impliqués dans la disparition de leur fille, son opinion est que leur fille est morte dans l'appartement et 2) les MC ont demandé une réparation financière pour les dommages causés par le livre de GA). Au départ ils
ont gagné, mais il y a eu un appel et la Cour suprême, au nom de la
liberté d'expression, les a déboutés (on a l'impression que, malgré le bon droit des MC, les juges ont arbitrairement choisi de faire prévaloir la liberté d'expression). Le pire toutefois pour les
MC, c'est que les juges ont signalé qu'ils n'avaient pas été
innocentés, que l'affaire avait été classée parce que la police
n'avait pas réussi à réunir suffisamment d'éléments probants
de leur culpabilité (là encore on comprend que la police, malgré ses efforts pour incriminer les MC, n'a pas réuni assez d'indices. Au lieu de respecter la présomption d'innocence, les juges ont agité la présomption de culpabilité. C'est oublier que, les MC ayant fait valoir qu'ils avaient été innocentés par l'ordonnance de classement, les juges ont réfuté cet argument qui ne reposait sur rien).
― Description de PDL.
Documents d'archives. RB, dans le patio du 5A, se souvient : quelque chose d'extraordinaire est arrivé. Diverses réactions d'hostilité des résidents
(britanniques) à la vue des caméras.
― Faits
basiques ? Huit
enfants avaient été laissés seuls pendant que leurs parents dînaient tout près (on a l'impression que c'est uniquement le 3 mai et que les 9 adultes allaient voir les 8 enfants à tour de
rôle, les mouvements de caméra décrivant une proximité trompeuse
entre le Tapas et le patio du 5A pour ne rien dire du fait que les enfants étaient de
l'autre côté de l'immeuble).
― Clarence M. raconte
ce qu'a vu Kate MC quand elle est entrée par la porte du patio, non
verrouillée (ce qui permet de ne pas dire qu'elle était
légèrement ouverte) : Elle a ouvert la porte et dans
l'obscurité n'a pas immédiatement réalisé que MMC n'était pas
là. Elle a réalisé que les rideaux volaient devant la fenêtre
donnant sur la rue et que la fenêtre et le volet qu'ils avaient
laissés fermés étaient ouverts. Donc la panique et l'effroi sont
montés en elle, elle a couru dans tout l'appartement, mais il était
évident que MMC n'était pas là.
― Gros plan (dramatique)
sur la fenêtre de la chambre des enfants, à présent munie de
barreaux (sans doute pour protéger l'appartement de journalistes
insistants). C'est là que tout a commencé. PB, qui
annonce des images inédites, commente : Dès le départ les
enquêteurs ne voulaient pas croire que MMC avait été enlevée par
la fenêtre, ils disaient que le volet ne pouvait s'ouvrir que de
l'intérieur, que rien n'indiquait que quelqu'un était passé par la
fenêtre et que les uniques empreintes étaient celles de KMC.
― Bref (et ancien)
entretien avec Gonçalo Amaral : l'enlèvement est
matériellement impossible par cette fenêtre.
― RB : Les enquêteurs
avaient des doutes aussi sur les dépositions du groupe des 9, ils ne
croyaient pas en leur ligne de temps, il y avait des inconsistances (le message est que les
Portugais abordent l'affaire pétris d'a-prioris ; à l'appui de cette opinion,
des extraits des PJFiles montrés à l'image et lus off.
1) Ils ne proviennent pas
du rapport final de la PJ comme le prétend RB, mais du rapport de
Tavares de Almeida, qui date de septembre 2007.
2) Aucun crédit pour les
traducteurs qui ont travaillé pro bono.)
― Clarence Mitchell se
moque du "no media" des Portugais : c'est la manière
portugaise, mais ce n'est pas la manière britannique ni la manière
européenne". Il dit que lui aussi "alerterait les médias
si son enfant disparaissait et s'il sentait que le policier en face
de lui n'était pas prêt à remuer ciel et terre. Ils (les MC) ne
regrettent rien de ce qu'ils ont fait pour augmenter les chances que
quelqu'un aperçoive MMC (depuis quand les kidnappeurs se
promènent sur la voie publique avec un enfant kidnappé ?)
― Jim Gamble (ex-directeur de l'ex-CEOP) entre en
scène. Il déclare s'être méfié de GMC au départ, à cause de sa
froideur (on ne sait ni quand ni où cela a eu lieu). Mais plus tard il a acquis la conviction absolue que
ce n'était pas les parents (on ne saura ni quand ni pourquoi).
― Arrivée des chiens
britanniques (qui semblent n'être mentionnés que pour être écartés).
Il est question du 5A (mais c'est la villa qui est à l'image et rien n'est expliqué sur des alertes qui
semblent donc arbitraires. Pas un mot de la première alerte d'Eddie
là où Keela n'a pas réagi). Une grande emphase est mise sur Cuddle Cat (on
ne connaît aucune photo de MMC avec cette peluche, en revanche des centaines de photos
montrent CC dans la main de KMC), considéré comme
le centre des attentions de la PJ (focus des médias, oui, de la PJ, non). La PJ remarque que Kate MC l'a
lavé, autre occasion pour Clarence M. de se moquer : elle l'a
lavé parce qu'il était sale, elle l'avait tenu devant les médias
du monde entier pendant 70 jours (où se trouve admirablement confirmé que la
présence de CC n'était qu'une question d'image). CM commente les chiens
en dénigrant naturellement l'attitude de Eddie par rapport à CC
qu'il traite comme un jouet (comme si CM s'y connaissait
en chiens !). Réaction des chiens face à la Scenic (véhicule loué par les MC ; Eddie est confondu avec Keela), l'apothéose étant la scène où Gerald MC répond à la journaliste Sandra Felgueiras qui le questionne sur les chiens par la boutade demandez aux chiens,
Sandra ! avant de conclure à l'incroyable non-fiabilité des chiens (ils détectent les explosifs, repèrent certaines maladies, découvrent les vivants, et plus tard les morts, après une catastrophe, suivent à la trace pendant des kilomètres, mais semblent incapables de déceler les mensonges).
― Du sang a été
trouvé dans l'appartement. Les Portugais ont mal
compris les conclusions du FSS et bâti sur ce malentendu leur théorie
de la mort dans l'appartement (comme si cette idée n'était pas là
dès le début d'août) et du recel du cadavre par les parents, avant même d'avoir le résultat final des analyses (RB parle d'échantillons d'ADN comme si l'ADN existait sans support). Est cité une nouvelle fois comme rapport final de juin 2008 de la PJ le
rapport de TdA de septembre 2007.
Bilton voice over: It got worse for the McCanns. Traces of blood were discovered in the apartment. The police found tiny samples of DNA in the car and in this apartment and early tests suggested that that DNA could be Madeleine McCanns. The Portuguese had settled on their theory and before they knew the final DNA results: Madeleine had died in apartment 5A and her parents had covered it up.
The official PJ report concluded that Kate and Gerry McCann were involved in the concealment of the body of their daughter Madeleine.
―RB : Après avoir
quitté la PJ, GA explique sa théorie dans un documentaire
controversé : extrait je vais prouver que l'enfant n'a pas été
enlevée, mais est morte dans l'appartement.... C'est ce
documentaire et le livre qui sont à l'origine de l'assignation en
justice de GA par les MC.
RB : After he left the police, lead investigator Gonçalo Amaral explained his theory in a controversial TV documentary.(L'image montre une enfant en pyjama errant dans un appartement, on devine qu'elle va sortir. Or l'hypothèse de GA est très différente : MMC est sortie de son lit lorsqu'elle a entendu son père bavarder sous la fenêtre du salon. Elle serait montée sur le sofa pour voir et serait tombée.. Cette théorie ne tient pas la route puisque le PMI (intervalle post-mortem) doit être de 150'/180' pour que les VOCs de la décomposition soient détectées par un chien spécialisé. Certains pensent que GA en était conscient, mais a voulu laisser une porte ouverte pour une confession des MC : l'enfant serait morte en leur absence et non en leur présence)
GA : I will prove that the child was not abducted and that she died in the apartment in Praia da Luz...
Discover the whole truth about what happened that day. A death that many people want to cover up.
RB : It's this documentary and the book that led the McCanns to sue Mr Amaral.
― Sandra Felgueiras
déclare que les Portugais préfèrent penser qu'un policier dit la
vérité et que c'est plus facile de croire que les MC mentent.
― Archives du 7
septembre 2007. L'histoire du (soi-disant) marché (démenti
par l'avocat des MC
dans The Guardian) refait surface (comme si de rien n'était).
CM : si Kate avouait
que MMC était morte, ce qui n'est pas arrivé, d'une manière
accidentelle, ce qui n'est pas arrivé, elle serait condamnée à une
peine de prison inférieure et cela n'affecterait pas Gerry, qui
pourrait retourner au RU et garder l'argent de la famille. C'était scandaleux, ce n'était pas vrai, elle avait répondu à toutes les
questions de la police lors d'au moins 4 interviews, ouvertement, en
pleine collaboration. (Évidemment RB ne rétorque rien, intimidé ou ignorant.)
― Retour des MC au Royaume-Uni (septembre 2007) et
évocation du signalement des S. Martin S en voyant le reportage (de
RB ? qui se flatte d'être devenu une pièce du dossier), pense que l'homme qu'il a vu était probablement Gerald MC. À
la manière dont il avait baissé la tête tout en la tournant de côté (le témoignage écrit de MS est à l'image).
Immédiatement Richard Bilton argumente que ce n'est pas possible
parce que tant de témoins placent GMC au restaurant à
la même heure. (Il ne dit évidemment pas que
1) les témoins sont les
compagnons de voyage, pas les serveurs, et
2) comment cette heure
pourrait-elle être la même si personne n'est d'accord là-dessus ?)
― RB dit que les Smiths maintenant pensent qu'ils ont vu quelqu'un
d'autre (il n'existe aucun document à l'appui de ce mythe).
Les chiens ont
sans doute alerté, mais cela ne prouve rien. Jim Gamble revient (pour jouer les grands spécialistes de chiens). Il juge que Eddie et Keela
n'ont rien prouvé : les chiens ne peuvent pas parler, point
final.
― (Comme s'il n'avait
pas suffisamment assassiné l'enquête portugaise), RB aborde la
question des prélèvements (sans mentionner qu'ils étaient en
mauvais état et que la technique LCN a ses limites). Le FSS a
(prudemment) conclu à l'impossibilité, raisonnablement, de conclure.
RB assure : si rien ne
corrobore les alertes des chiens, c'est que ceux-ci se sont trompés. Il suggère ensuite que la PJ a manqué de professionnalisme en déduisant des 15
marqueurs compatibles avec le profil de MMC qu'elle avait été dans
le coffre de l'auto, alors que
1) l'auto avait été
louée 3 semaines après la disparition et
2) MMC partageait son
patrimoine génétique avec ses parents et ses frère et soeur.
(La preuve de la présence de MMC dans le coffre n'est donc pas faite, mais celle de l'incompétence de la PJ l'est).
(La preuve de la présence de MMC dans le coffre n'est donc pas faite, mais celle de l'incompétence de la PJ l'est).
Exit la question des
chiens sur ce mot de Jim Gamble : est-il plausible
de se débarrasser du corps un mois plus tard en le mettant dans le
coffre de la voiture ?
― RB rapporte
que les MC ont été filmés le jour où , allant en Espagne, ils
auraient pu se débarrasser secrètement du corps (la caméra est
en fait celle de leur ami Jon C), mais RB réfléchit: s'ils cherchaient à
se débarrasser du corps, auraient-ils acceptés d'être filmés ?
― Images de GA devant
le tribunal (en janvier 2010 !). La théorie s'écroule,
constate RB, GA est démis de ses fonctions et blâme
une interférence politique de Londres. Arrivée de Gordon
Brown au sommet de Lisbonne... RB demande à José Socrates si GB a,
en marge des négociations, lui a parlé de MMC. Socrates (un peu interloqué) répond bien sûr que non. RB revient à la charge et prétend
que GA a déclaré, peut-être plaisantait-il (Socrates a-t-il entendu ?) que son
éviction était la condition pour que le Royaume-Uni signe le Traité
de Lisbonne. Et Socrates (au lieu de répondre que ça ne peut être
qu'une plaisanterie, rentre dans le jeu) rit (mi-incrédule, mi-condescendant, mais c'est de lui qu'il devrait rire pour avaler une
telle couleuvre).
― RB prétend que lorsque l'enquête a été classée, on a dit aux MC qu'ils n'étaient plus suspects. (Malentendu ? Ils n'avaient plus le statut d'arguidos, c'est tout. Remarquer que PdC joue sur la même ambiguïté : lorsque le MP a réouvert le dossier, les MC ou bien n'étaient pas suspects, ou bien devaient être arguidos)
Kate MC (conférence de presse) : It's hard to describe how utterly disturbing it was to be named arguidos and subsequently portrayed in the media as suspects in our own daughter's abduction. (Les médias qui s'intéressent aux MC parce que les MC font vendre ont dit le plus souvent n'importe quoi, mais ils n'ont jamais rapporté que les MC étaient suspects d'avoir enlevé leur propre fille ! Le seul point dérangeant, ici, c'est la déclaration de Kate MC.)
― RB demande à Pedro
do Carmo s'il avait été juste de constituer les MC arguidos.
PdC
habilement ne répond pas à cette question, il dit que lorsqu'une équipe a été désignée pour le ré-examen de l'affaire, les
MC n'étaient pas considérés comme suspects de quelque implication
que ce soit dans la disparition de MMC.
RB (insiste) : donc c'était
une erreur en 2007 ?
PdC dit qu'il ne peut répondre, il peut
seulement répéter que les MC n'étaient pas suspects. RB (revient à
la charge) : les mettez-vous complètement hors de cause dans la
disparition de MMC ?
PdC répond (après une pause) qu'il n'y a pas
de fait ou d'élément probant qui suggère qu'ils étaient impliqués
dans la disparition de MMC.
― RB rapporte que les
MC avaient créé une association caritative (encore un fait alternatif... Madeleine's Fund est une SARL)
et, comme la police ne s'occupait plus de MMC, ils ont utilisé
l'argent pour payer des détectives. Mais c'était interdit (interdit
seulement quand l'enquête est en cours), Clarence M blâme cette
autre difficulté créée par les Portugais, (comme si ce n'était pas
dans la loi). Donc il a fallu contourner avec une agence espagnole à
cause de la proximité des langues et cultures et les Portugais qui
ont fini par accepter Metodo 3.
― RB interroge Robert M
et lui révèle que quelqu'un du clan MC (pas les
MC) lui a proposé un marché : il aurait accès à des infos sur
les nouvelles lignes d'enquête s'il espionnait RM et informait de ce
qu'on disait de lui. (On se demande pourquoi il n'en a pas fait part à la police).
― Pour la
première fois RB va montrer comment un journal a forcé
le gouvernement à financer une opération sans précédent de SY, la
seconde enquête sur la disparition de MMC.
En juin 2010 un rapport
interne du HO avait recommandé une révision britannique de
l'affaire, mais il a été ignoré pendant des mois (Jim Gamble s'était fait commander ce rapport par le secrétaire du HO d'alors, Alan Johnson, en 2009 en fait).
JG (le rédacteur du rapport) dit avoir rencontré la secrétaire du HO, Theresa May, à la fin de l'été 2010 et avoir eu la nette impression qu'elle n'avait pas lu le rapport (ce n'est pas elle qui l'avait commandé).
RB : Les MC ont appris par un journal (The Sun) que ce journal allait faire pression sur le gouvernement. Ainsi The Sun a publié les bonnes feuilles pour 500 mille livres ainsi qu'une lettre ouverte à David Cameron en une, et la menace de ne pas s'arrêter là s'il n'y avait pas de révision. Et ça a marché. Mais ce n'est pas ce que Theresa May a dit devant la commission Leveson : le gouvernement avait envisagé de mettre sur pied une révision avant que The Sun ne s'active. Quand (l'avocat général) Jay lui demande s'il y a eu dans les coulisses une pression pour ordonner cette révision. Theresa May répond (elle lit en partie, elle a prêté serment) que l'examen de la situation avait duré un certain temps et qu'il y allait de l'intérêt public. Interrogé là-dessus, JG dit : donc c'est juste une coïncidence. Je sais que quand j'ai parlé avec elle à la fin de l'été 2010 ce n'était pas dans l'agenda et qu'elle n'avait pas réfléchi sur la question de la révision. (frôle-t-on la diffamation ?)
JG (le rédacteur du rapport) dit avoir rencontré la secrétaire du HO, Theresa May, à la fin de l'été 2010 et avoir eu la nette impression qu'elle n'avait pas lu le rapport (ce n'est pas elle qui l'avait commandé).
RB : Les MC ont appris par un journal (The Sun) que ce journal allait faire pression sur le gouvernement. Ainsi The Sun a publié les bonnes feuilles pour 500 mille livres ainsi qu'une lettre ouverte à David Cameron en une, et la menace de ne pas s'arrêter là s'il n'y avait pas de révision. Et ça a marché. Mais ce n'est pas ce que Theresa May a dit devant la commission Leveson : le gouvernement avait envisagé de mettre sur pied une révision avant que The Sun ne s'active. Quand (l'avocat général) Jay lui demande s'il y a eu dans les coulisses une pression pour ordonner cette révision. Theresa May répond (elle lit en partie, elle a prêté serment) que l'examen de la situation avait duré un certain temps et qu'il y allait de l'intérêt public. Interrogé là-dessus, JG dit : donc c'est juste une coïncidence. Je sais que quand j'ai parlé avec elle à la fin de l'été 2010 ce n'était pas dans l'agenda et qu'elle n'avait pas réfléchi sur la question de la révision. (frôle-t-on la diffamation ?)
― Sir Paul Stephenson,
ex-commissaire de SY, explique pourquoi il a accepté (compétence de
SY, etc.), c'était une décision opérationnelle, pas une décision
politique.
― Une fois Operation Grange décidée,
il fallait évaluer les parents. Intervient alors un certain Simon
Foy du Met qui (extrêmement laborieusement et de manière fort peu
convaincante) déclare qu'il est apparu clair que les MC n'avaient
rien à voir avec la disparition de MMC. Pourquoi ? Parce que c'était
évident. Mais encore ? Étant donné l'endroit où ils étaient
quand l'enfant a disparu.
(Finalement cette réplique rejoint celle de Kate MC : il est absurde de les suspecter d'enlèvement puisqu'ils n'étaient pas sur le lieu de l'enlèvement au moment où celui-ci a eu lieu. Ite Missa est)
― Citation de
l'interview de Andy Redwood à Panorama en 2012.
Après la théorie des Portugais, voilà celle des Britanniques. Remarquer que la première a pris les deux tiers de l'émission.
― Pour OG
la réponse est dans les ruelles reculées de PDL où les touristes
ne vont pratiquement jamais. OG s'est concentré sur l'idée que MMC
avait disparu lors d'un cambriolage qui avait mal tourné.
RB : le
marché peut avoir donné de PDL une image de sécurité, mais il s'y
produit des délits et de développer le mythe, démenti par
la PJ, qu'il y a eu une épidémie de cambriolages avant l'arrivée
des MC. Les tour operators et les hôtels ont essayé de garder
le silence, parce que c'était mauvais pour le business.
― CM dit qu'on lui a
dit que les hôtels, tours-operators, sociétés, propriétaires de
villas ont eu un meeting avec les autorités pour discuter de ce
qu'on pouvait faire, pour arrêter cette vague de délits et on lui a
parlé des menaces de dommages pour l'industrie touristique, pour
l'image de l'Algarve. Mais bien sûr Kate et Gerry n'étaient pas
conscients de cela quand ils sont arrivés.
― Le criminologiste
(auto-proclamé) Heriberto Janosch a fourni à SY des preuves-clefs qui vont à
l'appui de la théorie du cambriolage : il cite trois cambriolages
ayant eu lieu deux mois et demi, 3 semaines et 1 semaine avant (la disparition) et
ayant en commun l'effraction par la fenêtre (aucun n'est au rez-de-chaussée). RB
rappelle que selon la PJ ça ne pouvait être arrivé aux MC parce
que le volet ne s'ouvrait pas de l'extérieur. Mais la PJ avait tort,
comme M. Janosch le démontre (en kidnappant un oreiller ! Aucune
observation sur la fenêtre, certainement verrouillée, puisqu'on est
au rez-de-chaussée, mais carrément ouverte déjà dans la
démonstration. Aucune observation sur les empreintes non plus.)
― SY a donc construit
une théorie sur 3 autochtones potentiellement impliqués dans un
cambriolage le soir où MMC a disparu. RB exhibe alors (sans
vergogne) les photos et les noms des 3 suspects. Au fondement de ces
soupçons il y a des données de téléphonie mobile. (On ne voit
pas pourquoi la brièveté d'un appel devrait rendre celui-ci suspect, mais c'est
ainsi). Janosch est là encore, il assure que l'enlèvement a eu lieu
à 21h50 (sans dire pourquoi). Carlos Anjos (président du syndicat des OPJ) n'y voit rien de suspect, les hommes se connaissent bien, pourquoi ne se téléphoneraient-ils pas ?
― RB évoque à nouveau
la famille S (et en profite pour la caractériser : c'est celle qui a
erronément identifié GMC comme le porteur d'enfant) car à présent
les Britanniques considèrent ce signalement comme venant à l'appui de
leur théorie (Smithman est un cambrioleur !) OG a produit des
portraits-robots (no comment et pourtant l'apparition de ces portraits-robots après 5 ans de disparition a fait jaser).
RB se plante dans le décor, à l'endroit de la rua da Escola
primaria où le documentaire des MC situait le croisement du porteur d'enfant
avec les S (Or les 9 membres de la famille S se déplaçaient en
trois groupes, espacés de plusieurs mètres. Ensuite l'heure n'a
jamais été établie avec certitude, quelques minutes après 10h,
selon le témoignage le plus précis).
― Arrivée de Andy
Redwood et de ses hommes à Portimão pour investiguer la théorie
des 3 larrons. Les excavations commencent. Carlos Anjos fait
remarquer qu'après 7 ans, il est absurde de chercher le corps d'un
enfant dans les égouts qui mènent à la mer en raison des pluies,
ni sur des terrains vagues de terre dure recouverte d'herbes hautes.
― RB joue au flic, il
veut interviewer l'un des trois bandits, il raconte qu'il l'a abordé dans un
supermarché et que l'autre lui a répondu qu'il n'avait rien à dire (RB prend un air de héros incompris).
― RB constate que les
trois bandits continuent à vivre à PDL, mais le soupçon pèse sur
eux (pourquoi ? on ne sait). Enfin RB interroge le 3è larron (un
pauvre homme manifestement handicapé mental, mais cela n'arrête pas
RB), il a un interprète sous la main. L'homme est finalement le seul
qui répondra aux questions. RB conclut (d'un ton désapprobateur) que les 3 hommes ont dit aux Britanniques qu'ils n'avaient rien à
voir avec la disparition de MMC et la PJ les a crus.
― PdC est interrogé : que peut-il dire après avoir vu tous les éléments
probants ? Il ne peut pas dire ce qu'il pense, il peut
seulement dire qu'ils ont questionné ces gens à la demande du Met.
PB assume que la PJ n'a jamais pensé que la théorie de OG était
viable. PdC répond que la PJ n'avait pas questionné ces larrons, car ils n'avaient pas été considérés comme suspects.
― Carlos Anjos dit que
cette théorie des larrons est absurde, rien n'a disparu, fric, TV,
passeport, seulement une enfant. RB demande ce que les contribuables
britanniques ont pour leur argent. Rien, répond avec un sourire
ironique CA, absolument rien, mais c'est votre problème.
(Bien que
SY ait annoncé, avant la diffusion de ce Panorama, que rien ne permettait d'impliquer les 3 hommes pourchassés par RB et suspects
pendant presque 3 ans, pourquoi cette séquence, honteuse, n'a-t-elle pas été coupée ? Probablement parce que, sans elle, il ne restait rien à dire de l'enquête du Met, qui a quand même duré 5 fois plus longtemps.)
― RB a une alternative,
il a découvert l'homme, interrogé par OG, qui a fait les
réservations pour la famille MC à l'OC. RB se demande pourquoi (et répète plusieurs fois le nom de l'homme, on voit son témoignage à l'image). C'est la première fois qu'il parle aux médias. Quand il comprend de
quoi il est question, l'homme en profite pour dire qu'il a perdu son
boulot à cause de l'affaire MC. Il ne veut rien dire d'autre. Il a
parlé à la police, ça suffit.
― Rien n'est perdu
parce que OG a une nouvelle piste et un peu plus d'argent ! (citation
off de Mark Rowley, il y a des choses à investiguer, tout va bien).
La nouvelle piste serait une femme au comportement étrange aperçue
près du 5A (la femme en violet ? Jane Tanner donc ?)
Synthèse
― Sue Hill,
ex-detective chief superintendant du Met, explique que ça arrive, ça
lui est arrivé et c'est douloureux parce que le boulot d'un policier
est de traduire les criminels en justice, mais si aucun élément
probant n'a été découvert et que tout a été fait, enough is
enough, il faut se faire une raison. Et peut-être qu'avec le passage
du temps, les allégeances vont changer et on comprendra ce qui est
arrivé, mais maintenant c'est le moment de dire que c'est assez.
― Interrogé, PdC répond que, oui, comme dans toutes les affaires, plus le temps passe plus il est difficile d'enquêter. PB remarque que PdC sait plus de choses sur cette
affaire que presque tout le monde et lui demande si dans son cœur elle sera résolue. PdC : Si ça dépendait de mon cœur, l'affaire aurait déjà été résolue, mais ça ne dépend pas de
mon cœur, ça dépend, beaucoup, de nos esprits.
― séquence de BBC
interview.
GMC : Aucun parent ne renoncera s'agissant de son enfant, à moins d'être certain que son enfant est mort, et nous n'avons aucune indication de cela.*
KMC : Mon espoir que Madeleine se trouve quelque part n'est pas inférieur à ce qu'il était il y a presque 10 ans, donc hormis ces premières 48 heures rien n'a depuis vraiment changé, donc je pense que la chose difficile a toujours été comment la trouverons-nous, parce que vous comptez sur la police pour faire tout ce qu'elle peut et vous comptez sur quelqu'un qui apportera un renseignement.
RB constate, et c'est le mot de la fin : deux théories, mais la
vérité est aussi hors d'atteinte qu'il y a 10 ans.
* Il est tentant de voir là la réponse à l'observation ultime qui consiste à raisonner par l'absurde : si les MC étaient coupables, ils fuiraient les projecteurs. Puisqu'ils font tout pour occuper le devant de la scène, ils doivent être innocents.
Renversons la phrase : Tout parent certain que son enfant est mort renoncera s'agissant de son enfant.
Renoncer s'agissant de leur enfant ferait donc courir aux MC le risque d'être soupçonnés de savoir que leur enfant est mort.