Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

08 - JUI 21 - Ordonnance de classement pp 1-27 (1)






Ce document, daté du 21 juillet 2008, qui clôt l'enquête criminelle sur la disparition de MMC, a été rédigé à l'intention du Procureur général de la République par deux procureurs, mais il n'est signé que par le procureur de district, João Melchior Gomes, nommé en septembre 2007 pour seconder le procureur de Portimão, José de Magalhães e Menezes.
Reprenant les principales données du rapport final de la PJ signé par l'inspecteur Joao Carlos du 30 juin 2008, cette ordonnance de classement de 58 pages non exemptes d'interrogations, où tous les protagonistes sont nommément désignés (y compris leurs enfants), est un constat d'échec teinté d'un vague fatalisme.
L'enquête, condamnée en partie à l'inachèvement par le refus de reconstitution de la part des principaux témoins, devait impérativement être classée ou être suivie d'une instruction. Le nouveau code de procédure pénale, en vigueur le 15 septembre 2007, exigeait que toute procédure judiciaire entame un compte à rebours à partir de la date de la première constitution d'arguido (témoin assisté), la décision de poursuivre ou non devant être prise 8 mois plus tard (possibilité de deux extensions de 3 mois chacune), le dossier étant classé dans ce second cas. Or le premier arguido, Robert M, avait ce statut depuis le 14 mai 2007, quatre mois avant l'entrée en vigueur du nouveau code.
14 mois plus tard, la décision de classer ou non s'imposait. La reconstitution demandée par le Ministère public aurait pu y surseoir, la dissipation ou l'explicitation de zones d'ombre énumérées dans le document final relançant l'enquête. Comme le soulignent les procureurs, outre l'éventuelle démonstration de la non-implication des MC, la reconstitution des faits de la nuit du 3 mai était la seule chance de dynamiser une enquête stagnante, minée par les failles et les points à clarifier. Le mystère de la disparition de MMC était devenu un cold case qu'il semblait possible de résoudre par une sorte d'assainissement. Quant à l'énigme, c'était une autre affaire.

La traduction en anglais, par Astro, de la "Conclusion" du Ministère public est ici ou encore .




http://www.mccannpjfiles.co.uk/PJ/ORIGINAL_FILES.htm
I - Introduction

II - About the Inquiry
A - General Analysis
B - Detailed Analysis
C - The suspicions about Robert Murat and his constitution as an arguido
D - Dog searches and Constitution of Gerald McCann and Kate Healy as arguidos
E - About the Interest of the Reconstitution
F - Communications analysis
G - Appreciation and Juridical Frame

III – Concrete Analysis

1. Introduction
Avant d'entre dans le cœur du sujet, il convient d'évoquer de manière sommaire l'énormité d'un dossier d'enquête qui  compte en tout plus de 11.000 pages, réparties en 4 blocs. 
Le principal comprend 17 volumes (4717 pages). Le deuxième bloc comprend les 9 volumes (549 pages) de documents liés à une mission rogatoire au Royaume-Uni (Assistance légale mutuelle). Le troisième bloc est formé par les 14 volumes de signalements (2550 pages). Enfin le quatrième bloc contient les 21 volumes de documents annexes (3407 pages) comprenant des données techniques, des analyses forensiques, divers rapports et même des informations fantaisistes voire dépourvues de sens mais conservées à tout hasard.
Le volume de ces documents témoigne de l'ampleur du travail réalisé par les forces de police engagées dans la recherche de Madeleine MC, puis dans l'enquête sur sa disparition. D'emblée dans son introduction le PGR évoque la première difficulté à laquelle se heurtèrent les enquêteurs : une scène de crime irréparablement détériorée par plusieurs personnes. 
La police scientifique, sur le terrain deux heures après la disparition, elle-même signalée à la gendarmerie 45 minutes après la constatation, collecta pour analyse résidus et empreintes, fit un reportage photographique circonstancié, tandis que se mettait sur pied un vaste dispositif opérationnel incluant la participation de diverses forces de police et de protection civile totalisant plus de 130 éléments motorisés, à pied ou à cheval, et plusieurs équipes cyno-techniques de la GNR.
Plus de 300 agents provenant de la police et des services publics vinrent en renfort 24 heures plus tard, on installa des postes de contrôle sur les routes et la frontière terrestre avec le sud de l'Espagne et on déploya des moyens exceptionnels de recherche et de sauvetage (aériens, terrestres et maritimes), pour ne rien dire des alertes lancées à travers tout le pays et à l'étranger. À titre purement indicatif, deux hélicoptères, quatre embarcations et divers véhicules tout terrain, en sus d'avions et de bateaux privés furent utilisés en régime permanent dans les semaines qui suivirent la disparition. L'enquête fut menée en coordination avec des opérations de recherche spécifiques. Des centaines d'interventions furent entreprises tous azimuts, comme le contrôle et la fouille de véhicules, les recherches en mer le long de la côte, la perquisition de maisons inhabitées ou abandonnées, le parcours en reconnaissance d'une étendue qui s'étendit progressivement à 30 km2, avec une attention spéciale portée aux puits, drains, ruines, tunnels, barrages et lacs.  
Dès le lendemain de la disparition, on commença à entendre formellement ou informellement plus de 700 personnes pouvant détenir des renseignements importants, l'enquête de voisinage étant menée par six équipes de policiers et d'agents de maintenance dans 443 résidences et complexes touristiques de Praia da Luz et des environs. Tous les individus fichés pour agression sexuelle sur mineurs entendus, tâches pour lesquelles plus de 100 OPJ, dont certains vinrent de Lisbonne, travaillèrent inlassablement sans lésiner sur leur temps et leur énergie. 
Tous les lieux dotés d'un dispositif de vidéo surveillance (restaurants et postes essence) furent inspectés et les lignes téléphoniques des services administratifs permanents mises à disposition. Un poste de police mobile fut monté à PDL pour recueillir des informations.
La PJ prit soin de mettre très rapidement sur pied des rencontres régulières avec les parents de l'enfant disparue, en collaboration avec le consulat britannique à Portimão, et désigna un inspecteur chargé des relations avec la famille, outre les FLO (Family Liaison Officer) britanniques. envoyés par le Leicestershire Constabulary (LC) dont dépend judiciairement Rothley où résident les MC au Royaume-Uni. Dès le début de l'enquête, des relations continues se sont développées avec le LC qui envoya au Portugal, pour assister la PJ, plusieurs PO (Police Officer) auxquels fut attribuée une salle attenant à celles des enquêteurs portugais. Une coopération proche s'établit entre ces entités, unies par l'objectif commun de trouver l'enfant et la vérité sur sa disparition.
Au cours des 13 mois que dura l'enquête, entre le 4 mai 2007 et le 30 juin 2008, la PJ ne rejeta aucune sorte d'information, toute saugrenue ou extravagante qu'elle pût paraître, susceptible d'éclairer les faits, n’épargnant aucun moyen technique, humain et financier disponible pour retrouver l’enfant et découvrir la vérité des faits. Plus de 2000 démarches formelles et informelles ont été effectuées pendant des mois et les devoirs de police qui ont été explorés, à l'échelle nationale et internationale, toutes les informations avec un degré de crédibilité supposée plus ou moins élevé, avec une attention particulière pour des dizaines d’observations ou de suivis de l'enfant, dont la plupart ont été largement signalées par a presse. À plusieurs reprises la coopération internationale a été efficace, en particulier avec l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, et a mené à la détention ou l’identification des personnes qui ayant tenté de fournir des informations trompeuses sur le sort hypothétique de l'enfant. 
 
 

Was he pushed or did he fall ?





2. De l'enquête
p. 4
 
A. Analyse générale pp. 4595 -4599

Suit un rappel des faits qu'il n'est pas utile de répéter ici. Il y a lieu toutefois de remarquer que :
 
-- Quant au moment où les faits ont eu lieu, le document se réfère à des témoins pour donner une fourchette 21h05/22h
Or ces témoins non cités ne peuvent être que les parents qui ont déclaré, le père, avoir vu Madeleine vers 21h05, endormie dans son lit, et, la mère, avoir constaté que le lit était vide vers 22h. On appréciera que la ligne de temps prise en compte n'a pas été établie à la suite de recoupements des différents protagonistes et témoins.
-- L'appartement des MC est considéré comme le plus accessible et le plus visible de l'extérieur.
Seulement si "l'extérieur" désigne la rue Francisco Gentil Martins, en contrebas, car les autres appartement du rez-de-chaussée avaient tous une grille donnant sur l'allée mitoyenne complexe/immeuble.
-- Le comportement des membres du groupe (les TP9) est caractérisé par la normalité de la routine quotidienne. Lever des MC vers 7h30, petit-déjeuner, vers 9/9h30 conduite des enfants à leurs crèches respectives où ils restaient jusqu'à 12h30, activités des parents (tennis et jogging), déjeuner dans l'appartement avec les enfants, à 13h30 activités près de la piscine, vers  14h30 conduite aux crèches, activités des parents, à 17h goûter des enfants près du restaurant Tapas, puis jeux surveillés par les parents, ablutions, coucher des enfants vers 19h30.
Le document, qui s'appuie sur le rapport de police, lui-même basé sur les dépositions, donne à entendre que la famille revenait à l'appartement à 17h30. Quand les enfants étaient-ils ensemble sur le terrain de jeux sis près de la piscine ? Tous les témoignages disent que le retour vers les appartements avait lieu vers 19H. Lost in translation ? Pas sûr.
À propos du dîner au restaurant Tapas et de la surveillance des enfants laissés endormis, seuls, dans les appartements, le procureur mentionne que, les jours passant, (les TP6, car les WP étaient hors jeu, ayant leur propre moniteur de contrôle) étendaient leurs rondes respectives à d'autres enfants. De l'avis de plusieurs témoins, cela ne se produisit que deux fois de suite et précisément la nuit du 3.
-- Tous les membres du groupe ont été interrogés à plusieurs reprises fastidieusement et en détails, en vue du recueil du maximum d'éléments pertinents.
En fait, et en mai 2007, David et Fiona WP, et Kate MC n'ont été interrogés qu'une fois (le 4). Comme généralement dans les enquêtes criminelles, les données recueillies au fur et à mesure des dépositions ont été triées et analysées par des spécialistes à la recherche de discrépances et de concordances.
D'importants détails insuffisamment saisis et compris et qui exigeraient d'être clarifiés sur le terrain et des lacunes, des divergences, voire des contradictions ont ainsi été mises au jour, faisant apparaître la nécessité de procéder à une reconstitution des faits. Elle ne put cependant avoir lieu malgré les efforts du Ministère public et de la PJ.
Plusieurs études furent ainsi effectuées au cours de l'enquête. Compte tenu des faits rapportés, conjugués avec les éléments fournis par les témoins et ceux mis au jour au cours du développement de l'enquête criminelle, les enquêteurs ont entrepris de mettre en équation et de vérifier plusieurs hypothèses : enlèvement, à fin d’exploitation sexuelle ou d'adoption ultérieure, de trafic d’enfants, de trafic d'organes, sans homicide ; enlèvement suivi d'homicide avec (ou sans) recel de cadavre, hypothèses examinées sous le double aspect de l’enlèvement illicite (si tel est le cas) dû à un sentiment de vengeance des kidnappeurs envers les parents (enlèvement orienté) ou suscité simplement par la situation de vulnérabilité réelle de l'enfant (enlèvement occasionnel), décès accidentel avec recel ultérieur de cadavre et, sous-tendant toutes ces possibilités, l’abandon, considéré comme un crime en vertu de l'article 138 du code pénal. A également été contemplée la possibilité de vol, dont l’auteur aurait été dérangé par Madeleine et l’aurait neutralisée de manière violente et emportée ensuite avec lui, morte ou vivante, afin de ne laisser aucune trace pouvant éventuellement mener à son identification.
La méthode et l'ordre imprimés à l'enquête permettent, en dépit du volume des données et de la complexité de certaines questions, d'aborder facilement la consultation du dossier grâce à la synthèse  dans l'index et dans l'énumération des intervenants du procès.
Par conséquent, nous suivrons, à quelques exceptions près, la structure du rapport final élaboré par la Police Judiciaire:
1. Opérations diligentées pour localiser l'enfant, constituant le cœur de l'enquête criminelle, par la Police Judiciaire, le Políce Maritime et la GNR.
2. Les soupçons concernant Robert Murat et son statut d'arguido ;
3. Les déploiements cyno-techniques et  le statut d’arguido qui en a résulté pour les parents de l'enfant britannique, Gerald McCann et Kate Healy.
Quant aux annexes, leur contenu sera analysé dans le cadre des trois parties du rapport de la PJ.
 

p. 8
B - Analyse détaillée pp. 4599 -4622
 
Pour éviter de répéter le rappel des faits et la description fastidieuse des recherches, ne seront mentionnés que les éléments pertinents pour le propos.
-- Les faits ont été communiqués par la GNR à la PJ à 0h10, le 4 mai 2007. Selon la GNR l'enfant avait disparu vers 22h40 (plus tard il s'est avéré que la constatation de la disparition et le lancement de l'alerte s'étaient produits entre 22h et 22h10 le 3 mai.
On a d'emblée deux déclarations surprenantes par rapports aux faits. Tout d'abord il n'est pas fait mention de l'heure à laquelle la GNR a reçu l'appel signalant la disparition d'une petite fille. Cet appel a été enregistré et l'heure précise est 22h41. La GNR n'a donc jamais pu dire que l'enfant avait disparu à 22h40. Par ailleurs, la fourchette 22h/22h10 pour le constat de la disparition se fonde uniquement sur le témoignage de Gerald MC. Les serveurs du restaurant et certains membres du groupe ont localisé dans le temps bien plus tôt (21h50).
Le document indique que l'appartement des MC disposait de deux accès possibles à la rue, l'un par la façade de l'immeuble et l'autre par une porte-fenêtre donnant sur un patio. Cela est faux. Seule est une porte celle de la façade, l'autre, coulissante, ne pouvant être proprement fermée de l'extérieur.
-- Les empreintes digitales collectées par la police scientifique dans l'appartement appartenaient toutes à des gens qui y avaient accédé légitimement.
Inclure celles d'un gendarme.
Le document mentionne, mais ne prend pas en compte la prestation d'un chien, Numi, qui a pris une route improbable après avoir senti la petite couverture de l'enfant. Or, les chiens spécialisés, venus le lendemain de l'école de la GNR (Queluz) ont suivi la même route
Mentionnons au passage que cette affaire illustre de manière exhubérante et paradigmatique les risques et les inconvénients, bien connus mais pas moins réitérés pour autant, que suscite ce qu'on qualifie de procès par la presse ("trial by newspapers"), qui n'est jamais un procès juste ("fair trial"), son verdict parvenant parfois à perturber directement ou indirectement le cours de l'investigation et à détourner l'attention de celle-ci. Il arrive même que l'on assiste à une orgie médiatique globale et à un festin de culpabilisation anticipée des arguidos, au plus total mépris de la dignité de la personne, notamment celle de l'enfant disparue.
Selon le prof. Jorge de Figueiredo Dias (Direito Processual Penal, vol.I, Coimbra Editora, 1974)  (curieusement en anglais dans le texte)
cela représente une violation des principes les plus basiques de notre droit pénal, en substituant le procès légal dans une cour de justice par un procès dans la presse illégal et inconstitutionnel. C'est du reste un fait sociologiquement prouvé que les excès de publicité informative peuvent contribuer à la création d'un système informel de "justice pénale sans jugement", causant des dommages irrémédiables à la présomption d'innocence de l'arguido et à ses garanties fondamentales.
Dans le contexte factuel liminaire, nous pourrions nous trouver de fait dans une situation d'enlèvement, encore que toutes les possibilités aient toujours été ouvertes, comme elles le sont actuellement. 
Cette hypothèse, l'enlèvement, a fait l'objet d'une investigation exhaustive, toutes les informations conduisant dans ce sens et dans d'autres ayant été épuisées. Aucune rançon n'a été demandée, et aucune indication suffisamment consistante de réalisation de ce supposé enlèvement n'a été découverte. 
Dans le cadre des recherches menées dans cette perspective, deux situations ont été clarifiées, avec la collaboration précieuse des autorités espagnoles et hollandaises, et ont mené à la détention de trois personnes qui avaient tenté d'extorquer de l'argent à la famille en échange d'informations sur l'enfant, qui s'avérèrent frauduleuses. 
La PJ a aussi procédé à l'investigation de 112 employés de l'entreprise Ocean Club et de 15 nannies et 2 professeurs de tennis, outre 28 auditions informelles d'autres employés du tour-operator Mark Warner, sans que rien de pertinent n'ait été relevé.
Des perquisitions ont été diligentées dans 443 habitations de Vila da Luz et dans celles qui étaient habitées les occupants ont été identifiés et questionnés au sujet de la disparition de MMC et de toute situation insolite ou singulière dans les jours précédents, auquel cas le témoins était prié de faire une déposition, sans que rien de pertinent n'ait été relevé.
Furent entendus des témoins qui rapportèrent des incidents avec des enfants, lesquels n'ont pu être reliés à MMC, en particulier un couple de Polonais, en visite en Algarve, qu'on aperçut en train de photographier une enfant très semblable à MMC, mais encore une fois rien de pertinent ne fut relevé.

p. 15
On élabora des portraits-robots, en suivant les indications des témoins qui ont rapporté des situations caractérisées comme étranges, en particulier d'individus qui avaient été aperçus près de l'appartement des MC pendant la journée, sans que rien de pertinent n'ait été relevé.
Furent visionnées les images de caméra de surveillance des pompes à essence des principaux axes routiers de l'Algarve, sans résultat positif, les images de l'aire de service de Lagos (A22) ayant été montrées aux MC sans résultat. 
Cette nuit-là (le 4/5 mai), il apparut pertinent de demander à la chef de maintenance, Silvia Baptista, la liste des villégiateurs de l'OC et les sorties du 3 mai, ainsi que l'identification des nannies des crèches que fréquentaient quotidiennement les enfants.
Ci-joint le reportage de la police scientifique et le plan de l'appartement G5A.
Les deux nannies qui s'occupaient des enfants MC (Catriona B et Stacey P) ont été entendues informellement, puis formellement.
Les jours suivants,  plus de 100 enquêteurs de la PJ ont participé à l'examen d'un gigantesque tas de nouvelles diverses sur la disparition, le traitement de ces informations ayant suscité d'innombrables opérations.
C'est dans ce cadre que se multiplient les signalements supposés et les localisations. Sur ce sujet un dossier a été constitué où les annonces signalant la présence de l'enfant dans divers points de la planète ont été systématisées et les opérations réalisées pour confirmer ou infirmer sont consignées. Ce dossier comprend 14 volumes (souligné).
La disparition de la mineure britannique a impliqué la collaboration des plus diverses entités, où se détache le rôle de la police judiciaire à laquelle se sont joints d'autres organes de la police criminelle. Parallèlement, cette disparition a concentré d'une manière inédite, comme on l'a vu, l'attention des médias, nationaux et étrangers, en particulier ceux du Royaume-Uni qui ont rempli quotidiennement leurs journaux télévisés, aux heures de plus grande audience, avec des émissions en direct à partir de Praia da Luz, outre les programmes spéciaux consacrés à l'affaire.
D'autre part, les parents de la mineure se sont multipliés en contacts divers et variés et en appels, avec diffusion d'images de Madeleine, tandis que les autorités britanniques ouvraient une ligne de contact permanent et spécialisé pour accueillir toutes les informations relatives à la disparition, sans compter les informations provenant d'Interpol et d'autres entités judiciaires.
Cette activité de diffusion, outre les aspects informatifs assumés par les médias, visait à obtenir, le plus rapidement possible, des informations venant en aide à l'investigation sur deux fronts : la découverte de Madeleine en vie et la compilation de renseignements permettant de connaître les circonstances concrètes de sa disparition.
La volonté de collaboration de la société civile a fait qu'à travers les plus diverses sources et en recourant aux moyens les plus différents, avec une focalisation spéciale sur les communications directement adressées à la police, les informations les plus variées sont arrivées à la connaissance de la PJ.
À partir du 4 mai, lendemain des faits, d'emblée sur un rythme démesuré, sont arrivés à la PJ des milliers d'annonces de signalements et de localisations qui couvraient tout le territoire national et de multiples endroits à l'étranger, de l'Espagne à l'Indonésie en passant par Singapour, la mineur disparue ayant été reconnue dans les plus divers endroits, dans des situations multiples et en compagnie de toutes sortes d'individus, de sorte que, le même jour, elle était censée avoir été vue dans des endroits distants de 4000 km.
Certains renseignements ne méritaient pas qu'on s'y attarde, compte tenu des circonstances sans crédibilité, mais d'autres exigeaient d'être examinés et soumis à un traitement plus développé.
Il restait une grande tache diffuse de supposés signalements et localisations - certains méritant d'être soulignés, comme ceux de Belgique et du Maroc - qui contenaient des éléments épars, vagues, discordants, incompatibles ou incongrus, qui méritaient un traitement visant à les réfuter ou à les conserver pour plus tard si d'autres éléments plus solides venaient les étayer. 
Les signalements qui, par la géographie et la pertinence spatio-temporelle se montraient crédibles ont été dûment examinés et inclus dans les autos.
Signalons le déplacement, le 4 mai, jusqu'à l'aire de service de Galp, à Lagos, sur l'A22 dans le sens Est-Ouest, afin de recueillir des informations. La photographie de l'enfant disparue fut montrée à tous les employés présents, mais personne ne la reconnut. Les images de la caméra de surveillance, enregistrées entre le 3 mai, 21h et le 4 mai, midi, ont été visionnées et analysées. La photo de l'enfant disparue a été montrée aussi dans l'aire de service du sens opposé (Ouest-Est) où personne ne la reconnut. Même chose dans l'aire de service de Galp, à Loulé.
À la suite d'une communication faite au poste de la PSP de Lagos comme quoi, dans la localité de Odiaxere, vers 17h, on avait vu une dame pousser une poussette avec une fillette qui, apparemment pouvait être MMC. On localisa la dame, identifiée comme Maria Isabel C qui transportait sa nièce.
Plus tard et compte tenu du fait qu'un individu de nationalité britannique avait été interrogé pour abus sexuel sur mineurs, on confirma que celui-ci ne résidait déjà plus au Portugal.
On interrogea Denise A qui, le 3 mai, rapporta que deux hommes étaient en train de quêter pour un orphelinat qui ne correspondait pas à la vérité et fit d'eux une description. Le premier était caucasien, 40 ans, maigres, 1m80 et cheveux châtains, courts et raides. Pas de barbe, pas de moustache, pas de boucles ni de piercing, mais des lunettes de correction avec beaucoup de dioptries et une monture en plastique brun. Le second individu, qui ne parlait pas, était caucasien, 40 ans, un peu plus jeune que le premier, maigre, de taille incertaine, cheveux blond moyen, court, raide et ramenés vers le front.
Entretemps on rapporta à la PJ qu'un véhicule de marque Renault et matricule xxx conduite par un individu caucasien, de taille moyenne, 50/60 ans, accompagné d'une fillette de 4/4, pâle et blonde, avait stationné dans la station essence à Albufeira, finalement rien à signaler.
Le citoyen britannique Derek F, en vacances à PDL, se présenta à la PJ car il avait vu, le 2 ou le 3 mai, un individu de 1m70n 25/35, brun, semblant portugais (sic), avec barbe d'un jour, immobile au coin de la rue en train de regarder dans la direction de l'appartement G5A. De l'autre côté de la rue était stationnée un van blanc qui fut identifié par la PJ comme appartenant à un musicien de rue qui était au Portugal depuis 5 ans. L'homme fut interrogé, rien à signaler.
Fut entendu Nuno L qui se trouvait à la plage da Mareta avec ses enfants quand un homme furtivement commença à les photographier. Il avait déjà photographié les enfants d'un autre couple. Il décrivit le photographe comme caucasien, brun, cheveux bouclés et queue de cheval, 35/40, 1m70/75. Sa compagne avait les cheveux courts décolorés. On lui montra des photos, mais il ne reconnut personne. Il décrivit une auto qui fut identifiée plus tard comme louée par un Polonais qui fut investigué et n'avait rien à voir avec MMC.
On interrogea Lance P résidant à PDL qui avait vu, deux semaines auparavant, un individu de 35/40, maigre, 1m70, cheveux bruns peu soignés tombant sur le cou, visage hâlé et buriné, yeux sombres, seul.
On entendit un individu suspect d'abus sexuel de mineur et une hôte de l'hôtel Marsol, sans rien à signaler.

p. 22  
Plusieurs opérations furent entreprises afin de localiser et de déterminer le mode de vie de plusieurs individus connus de la PJ pour la pratique de crimes de nature sexuelle, impliquant des adolescents, mais sans résultat.
On signala à la PJ un individu au comportement "anormal", suspect d'éventuelle pratique d'actes de pédophilie et d'exhibitionnisme, britannique, 40/50, en général avec un appareil photo à long objectif, fixation spéciale sur les enfants. On investigua en vain.
On trouva sur une falaise de Ponta da Piedade un sac noir contenant une pierre, qui aurait été jeté par un pêcheur. Aucun intérêt pour l'enquête.
On apprit que la nuit des faits, entre 20h15 et 20h30, près du club de vidéo circulait un individu caucasien, grand, avec barbe, 30/35, qui n'avait jamais été vu à PDL. Il fut identifié comme étant un citoyen allemand travaillant dans la construction civile qui, au moment des faits, se trouvait chez lui, seul. Sa maison fut perquisitionnée sans résultat. À la suite d'un téléphone anonyme signalant la présence de MMC chez un couple hollandais, à Monte Judeu, la maison fut localisée et le couple, établi au Portugal depuis plusieurs années, s'identifia spontanément. La nuit des faits, ils étaient chez eux avec leurs filles de 14 et 16 ans qui fréquentent l'école locale. Rien à voir avec MMC.
Le document reproduit sans les détailler d'autres signalements mentionnés dans le rapport de la PJ, qui n'ont pas abouti. 
Fut interrogée Tasmin S qui commença par dire qu'elle avait habité dans l'appartement G5A et que, le 30 avril vers 8h, alors qu'elle se dirigeait vers l'arrêt de bus pour aller à l'école, elle avait vu un individu dans l'allée longeant les patios qui regardait l'arrière de l'appartement de manière ostensible. Elle l'avait revu le 2 mai, cette fois en face de la réception secondaire de l'OC mais regardant ostensiblement dans la direction du G5A. Elle le décrivit comme caucasien, 1m80, 30/35, cheveux très courts, grande tête, nez en lame de couteau, grandes oreilles collées au crâne, lèvres minces. Elle ne le reconnut sur aucune des photos qu'on lui montra. 
On identifia un individu de nationalité britannique avec antécédents d'agression sexuelle, sans résultat incrimnatoire. D'autres individus furent investigués sans résultat.
Deux individus, Neil B et Rajinder B furent interrogés et les résultats recoupés avec le témoignage de Tasmin S, en vain.

p. 24
On entendit Martin S qui, au début de la rue da Escola Primaria, avait vu, venant dans le sens contraire et marchant normalement, un individu portant une enfant qu'il avait croisé vers 22h, alors qu'il ignorait complètement qu'une enfant avait disparu. Plus tard il déclara que, voyant dans le journal télévisé Gerald MC sortir de l'avion, il lui sembla que c'était lui qu'il avait vu le 3 mai à PDL.
Il y eut un projet de venue de MS au Portugal, mais le témoin finit par être nouvellement entendu par la police irlandaise de Drogheda, le 23.01.08, après avoir regardé à nouveau le vidéoclip de la sortie de GMC de l'avion avec son fils endormi contre son épaule. Le témoin maintint son opinion et affirma que, par la posture, il lui semblait selon une probabilité de 60-80% qu'il avait vu le père de MMC vers 21h55 dans la rue da Escole Primaria. Toutefois, à cette heure-là, la présence de Gerald MC dans le restaurant est confirmée par ses amis et n'est pas infirmée par les employés de table.
La seule personne de la famille S qui indiqua une heure précise fut la fille de Martin S, Aoife. Elle dit qu'ils (9 en tout, 4 adultes, 2 adolescents et 3 petits enfants) étaient sortis du Kelly's Bar à 22h, ce qui situe le croisement quelques minutes plus tard. Selon certains témoins dont les employés de table, l'alarme avait été lancée vers 21h55. Aller du G5A au bas de la rue de la Escola Primaria prend 3 minutes.
Remarquer que le procureur interprète de manière nuancée le rapport de la PJ qui déclare que les employés de table confirment la présence de GMC à table. Or ils n'affirment rien et leurs témoignages sont flottants. Une chose est de confirmer que X s'est trouvé à tel endroit à telle heure, une autre est de ne pas infirmer qu'il en a été ainsi.
Il y eut un signalement à Mem Martins, le 11 juin, qui n'avait rien à voir avec MMC.
Comparut à la PJ Hoos H, propriétaire d'un columbarium pour animaux, à la suite d'insinuations qui se révélèrent fausses.
La firme espagnole Metodo3 véhicula l'information selon laquelle, à Vale Barrigas, un témoin avait vu une femme remettre à un homme, par dessus une clôture métallique de 1m60 de hauteur un volume enveloppé dans une couverture ou un châle. La femme vue près d'une voiture ressemblait à Michaela W (la compagne de Robert M). Or, l'analyse de l'activité cellulaire des antennes de télécommunication mobile montra que le 4 mai, entre 15h et 17h, Robert M, Michaela W, Sergey M et Luis A (mari de Michaela W) se trouvaient respectivement à ... , soit à plus de 65 km de l'endroit mentionné par le témoin.
Metodo3 est l'agence de privés engagée par les MC, fin août 2007. Il est étonnant que le procureur fasse référence à ce signalement quand on sait que la loi interdit les investigations privées alors qu'une enquête est en cours.
Gerald MC fut aperçu le 7 mai à 14h26 dans le centre de Lagos en train de demander sur son téléphone cellulaire "de ne pas blesser Maddie", alors que ce jour-là, dix minutes plus tôt, son téléphone cellulaire activait les antennes du centre de PDL.
Les autorités britanniques ayant remis à la PJ la description et un portrait-robot, par Gail C, d'un suspect possible, des policiers sont entrés en contact avec Joaquim M et constaté l'absence de ressemblance du visage et des cheveux.
Il fut communiqué à la PJ, en se fondant sur le même portrait-robot, qu'un certain Augusto lui ressemblait, ce qui n'a pas été démontré.
Encore à la suite d'une dénonciation, un individu présentant une vague ressemblance, AKB, a été interrogé, mais exclu après analyse des communications de son téléphone cellulaire.
Une perquisition a eu lieu chez MRA, suspect de crimes de nature sexuelle dans une enquête en cours, mais aucun lien avec MMC n'a été découvert. Aucun lien n'a été trouvé entre la disparition de MMC et la disparition/mort de la petite espagnole Mari C, le seul dénominateur commun étant une relative proximité géographique et plus ou moins l'âge.
Quant à la déposition rogatoire de Michael Wright (mari d'une cousine de Kate MC) sur le fait qu'un certain George avait vu, le 4 mai, un couple avec un enfant dans les bras, il a été prouvé que cette situation avait déjà été examinée en mai 2007.
Des recherches ont été effectuées à partir d'un renseignement comme quoi un individu inconnu avait eu un comportement suspect, dans les jours précédant la disparition de MMC, près de la cabine téléphonique proche du restaurant Golfinho, mais aucune relation n'a été mise au jour entre les numéros des appels effectués à partir de ce téléphone public et la disparition de MMC.
Il faut souligner aussi l'énorme quantité d'informations fantaisistes et dénuées de la plus infime crédibilité qui se sont abattues sur les enquêteurs, les obligeant à un constant et considérable effort de clarification, alors que le temps les pressait de poursuivre leur dessein fondamental de retrouver la disparue.
Toutes ces interventions ont représenté des milliers d'heures de travail.

p. 27
Suit une prise en considération des dépositions de Gerald MC, Jane T et Matthew O.
Le 3 mai la routine quotidienne se déroula comme de coutume, les MC et leurs enfants retournèrent à leur appartement vers 17h30/18h, puis, jusqu'à 19h donnèrent leur bain aux enfants, les alimentèrent à nouveau légèrement, jouèrent un peu et les mirent au lit. Ils assurent que vers 19h30 tous trois dormaient (cette phrase est soulignée) Gerald resta sur le court de tennis jusqu'à 19h.
On voit qu'il y a une erreur... Il faut lire : Les MC et leurs enfants quittèrent l'esplanade du Tapas où leurs enfants avaient goûté vers 17h30. Ce n'était pas habituel. Les autres jours ils allaient sur l'aire de jeux avec les autres enfants, mais, le 3 mai, leurs compagnons de voyage étaient avec leurs enfants à la plage et c'est là qu'ils goûtèrent. À 18h Gerald laissa Kate et les enfants pour aller jouer au tennis. Il revint vers 19h.
Puis les MC, après avoir bu quelques verres, partirent dîner au restaurant Tapas, distant d'un peu plus d'une minute à pied. Comme d'habitude ils sortirent par la porte-fenêtre de la véranda, laquelle, ne fermant pas de l'extérieur, restait entrebaîllée, d'autant que, étant le chemin le plus court, c'est celui qu'ils prenaient pour aller faire les rondes.
Il faut moins d'une minute pour faire à pied le chemin décrit ici. Remarquer que le procureur ne prend pas en compte la première déposition de Gerald MC (4 mai) où il déclare non seulement qu'il a effectué sa première ronde à 21h05/10 en entrant par la porte (nord) avec sa clef mais que Kate a fait la même chose vers 22h, mais la seconde déposition (10 mai) dans laquelle Gerald MC revient sur cette affirmation. Par ailleurs GMC a avancé plusieurs arguments pour justifier que la porte-fenêtre restait ouverte (uniquement le soir... soigneusement fermée dans la journée quand ils étaient tous ailleurs) : bruit de la clef dans la serrure qui pourrait déranger les enfants, par exemple. Passer par la porte-fenêtre était un racourci pour les trois appartements du rez-de-chaussée. Mais les deux autres couples tenaient à tout fermer à double tour
Les rondes étaient une pratique quotidienne, soi-disant effectuée toutes les demi-heures, ce qui, on le verra plus loin, s'étendait en vérité à des intervalles supérieurs à une heure.
Le couple MC fut le premier à arriver au restaurant, ils entamèrent une conversation de circonstance avec un couple britannique, les C. Peu à peu les autres arrivèrent.
Vers 21h, Matthew O et Russell OB allèrent faire une ronde, le premier ayant écouté à l'extérieur de la fenêtre de la chambre où dormait MMC, du côté "rue" (nord) de l'immeuble. En revenant Matthew déclara que tout était normal. Russell resta dans l'appartement car sa fille était malade.
Le procureur se trompe à nouveau. Russell n'était pas de la partie. Matthew est parti seul, en fait pour presser le couple P, retardataire, et a écouté aux trois fenêtres (MC, OB et à la sienne).
À 21H05, parce que la ronde de Matthew n'avait pas été visuelle, Gerald MC alla faire une ronde. Il entra par la porte-fenêtre et vit que la porte de la chambre des enfants était plus ouverte qu'il ne l'avait laissée. Il présuma que Madeleine s'était levée pour quelque nécessité physiologique. Il entra dans la chambre et vérifia que les trois enfants dormaient transquillement. Après un tour dans la salle de bain, il sortit par la porte-fenêtre. En sortant du patio, il aperçut Jeremy W, un partenaire de tennis britannique, qui promenait son bébé en poussette et ils conversèrent un moment, Gerald étant retourné au restaurant vers 21h15.
Le procureur continue, avec une certaine cohérence, à se fonder sur la déposition du 10 mai. Il est vrai que, le 4 mai, Gerald MC ne parle pas de cette porte "plus ouverte qu'il ne l'avait laissée". Mais Gerald MC n'a jamais présumé que sa fille était allée satisfaire une nécessité physiologique. Cela semble tomber sous le sens, mais le fait est que GMC n'a nulle part, même pas dans les médias, proposé cette explication.
À 21h10, Jane T, en raison de l'absence de son mari, est partie voir dans quel état était sa fille. Elle monta la rue qui longe l'immeuble, sans être vue ni par Gerald MC, ni par Jeremy W, alors qu'elle les vit tous deux. Gerald lui tournait le dos, alors que Jeremy lui faisait face. Au moment précis où elle passait à côté des deux hommes, elle aperçut en haut de la rue un individu qui se hâtait avec un enfant prostré sur les bras, pieds nus et en pyjama, dans la direction opposée à l'entrée de l'immeuble. Elle pensa que c'était un père avec son enfant.
Russell était au restaurant, Jane faisait tout simplement une ronde. Elle ne pensa pas, plutôt, que c'était un ravisseur avec Madeleine.
Elle ne rapporta l'épisode qu'après le constat de la disparition et là associa l'enfant à Madeleine, en raison du pyjama identique. On réalisa alors un portrait-robot (ces mots sont soulignés), au visage sans traits, accompagné, dans la divulgation  par les médias d'une description des vêtements de l'individu, sans que cela ait suscité de réaction du public.
Le procureur fait ici une confusion. Un portrait-robot fut esquissé, décrit de manière éloquente comme un oeuf chevelu, mais ne fut pas divulgué. En revanche une description de l'homme fut lancée dans les médias à la suite des pressions de l'ambassadeur britannique, trois semaines plus tard. Mais 5 mois après, en septembre 2007, la firme Metodo3, engagée par les MC, fit faire un portrait-robot d'une homme sans visage portant, sur ses bras étendus, une forme dont on n'aperçoit que le bas des jambes et du pyjama.
Vers 21h35, une demi-heure s'étant écoulée, Kate était sur le point d'aller faire une ronde quand Matthew lui proposa de la faire pour elle, puisqu'il allait voir sa fille. Il prit le racourci et entra dans l'appartement des MC par la porte-fenêtre. Au milieu de la salle de séjour et comme la porte était ouverte, il vit les jumeaux dans leurs lits pliants, mais n'entra pas dans la chambre et ainsi ne put plus tard affirmer que Madeleine était dans son lit. En revenant il dit que tout alait bien. Questionné lors de son audition, il indiqua que la chambre des enfants était moins sombre qu'elle n'aurait dû être si le volet était fermé, mais il ne sut expliquer l'état de la fenêtre ni pourquoi il existait une luminosité.
C'est cette ronde que Matthew fit avec Russell, où ce dernier s'aperçut que sa fille était malade et resta en arrière, demandant à Matthew de prévenir Jane.
Une demi-heure plus tard (22h), selon ce qu'ils ont rapporté, Kate Healy (MC) partit voir les enfants. Elle entra par la porte-fenêtre, qu'elle ferma derrrière elle, et vit que la porte de la chambre des enfants était plus ouverte qu'elle n'aurait dû. En fermant la porte de la chambre, elle sentit un courant d'air, ce qui l'amena à observer la chambre avec plus d'attention, elle vit alors que sa fille Madeleine avait disparu. La fenêtre était totalement ouverte, le volet était ouvert et les double-rideaux étaient écartés. Le lit était pratiquement intact, avec la peluche de sa fille à la tête du lit.
Ici il y a beaucoup à dire, car le procureur ne prend pas en compte la déposition que fit Kate MC le 4 mai, mais la ligne de temps construite et signée par les TP9 ! Or, dans ce document, Kate MC revient sur l'état dans lequel elle a trouvé la chambre. Le 4 mai, à peine entrée dans l'appartement elle avait vu que tout était ouvert, volet, fenêtre, rideaux. Dans la ligne de temps, tout est fermé et elle va s'en retourner quand, observant que la porte est trop ouverte, elle décide de la refermer. Alors la porte claque etc.
Tous les policiers du monde savent et disent que les premiers témoignages sont ceux qui ont le plus de chance d'être proches de la réalité. Au témoignage sorti de la bouche de Kate MC (malgré la main de Gerald, assis derrière elle, sur son épaule), le procureur a préféré une reconstruction collective qui diffère déjà des deux premières lignes de temps, elles mêmes du reste différentes !
Par ailleurs, Kate n'a jamais commenté l'état du lit de Madeleine
Alarmée et paniquée, Kate fouilla tout l'appartement et, en trouvant rien, se précipita vers le restaurant Tapas où elle dit qu'on avait pris sa fille, claire allusion à un rapt, justifié par le fait que la fenêtre était ouverte. Pendant ce laps de temps, les jumeaux restèrent seuls, ils dormaient. Du reste ils ne se réveillèrent pas de toute la nuit, malgré l'agitation et le bruit.
Signalons que l'équipe de spécialistes de la PJ, qui est venu faire les prélèvements, a exclu l'existence de quelque produit qui aurait pu être administré à la disparue pour la maintenir inconsciente et n'a pas trouvé non plus de vestiges hématiques.
Ayant appris la disparition, tout le groupe s'en fut vers l'appartement des MC accompagné d'employés de l'OC qui encore une fois cherchèrent l'appartement et les abords de l'immeuble, sans résultat.
Le procureur se trompe : aucun employé n'a accompagné le groupe, réduit du reste à 7 personnes, puisque Jane était chez elle et que Dianne est restée à table.
Le document saute incroyablement du coq à l'âne et s'abstient exemplairement de hiérarchiser les données du dossier.



Deuxième partie