Jour 2 - 13.09.2011
Témoin 01 : David Trickey (10h)
Il est psychologue. Il a été engagé par les parents de Madeleine au sujet des jumeaux. Il s'est rendu à PdL pour les rencontrer, puis a eu quelques conversations au téléphone avec les McCann, mais seulement deux rencontres (sans les jumeaux).
Le témoignage tel qu'il s'est déroulé...
1) L'avocate de la famille McCann, Isabel Duarte, est la première à interroger le témoin.
DT dit qu'il est spécialiste des traumatismes chez l'enfant. Il a travaillé avec dix familles dans des affaires d'enlèvement. (Il a vu les jumeaux quelques semaines après la disparition de Madeleine. Ils lui demandaient où elle était. Il a aidé à répondre à cette question. Selon lui, il est fondamental pour un enfant de croire que le monde est sûr et sécurisé. Grâce à leur âge, les jumeaux ont été protégés du livre.
Il craint que les jumeaux croient que le livre a empêché de retrouver Madeleine, une croyance qui pourrait les conduire au désespoir. Dans toutes les autres affaires sur lesquelles il a travaillé, les enfants voulaient savoir si tout avait été fait.
Il s'inquiète également du fait que les amis des jumelles aient accès au livre d'Amaral. Les enfants s'en sortent mieux s'ils bénéficient d'un soutien social et si les familles de leurs amis soutiennent également leurs parents. En ce qui concerne les questions, ils peuvent répondre que personne ne sait ce qui s'est passé, mais que se passera-t-il si quelqu'un vient dire que l'on sait ce qui est arrivé à Madeleine ? ...et se réfère au livre ? Parce que c'est un livre, il a une crédibilité supplémentaire (note : il voulait probablement dire "autorité"). Dans une telle situation, il serait donc très difficile pour les jumeaux de nier ce que dit le livre.
DT dit qu'ils se préoccupent des enfants et surtout de l'avenir.
DT dit qu'il y a eu des occasions où ils ont dû contrôler l'accès à Internet.
DT dit qu'il est beaucoup plus difficile, surtout pour les enfants, de rejeter un livre écrit par un officier de police qui exprime ses idées.
DT dit qu'il y a une différence entre l'impact d'un livre et l'impact d'articles et de nouvelles. Il s'inquiète parce que le livre ne suggère pas mais conclut.
DT dit qu'il est difficile de répondre. Les jumeaux se sont très bien débrouillés jusqu'à présent parce que leurs parents ont réussi à les protéger. Il s'inquiète cependant de l'avenir, lorsque les jumeaux deviendront indépendants. Certains impacts sont inévitables. Il est difficile de prédire lequel. Il pense que le livre laisse le sentiment que le monde n'est pas sûr et que les parents sont en quelque sorte dangereux. S'ils découvrent que le livre a nui à la recherche de Madeleine, ils seront en colère ou déprimés.
2) Questions des avocats de la défense
L'avocat de la TVI est un substitut, il n'a pas de questions à poser.
a) l'avocat Valentim de Carvalho (production/distribution de DVD)
DT répond par l'affirmative.
DT répond par l'affirmative.
DT dit que tout ce qui porte atteinte à la confiance des enfants l'inquiète.
DT dit qu'il ne sait pas de quoi il s'agit et qu'il ne peut pas répondre.
DT dit que le livre est une déclaration claire qui présente une conclusion unique.
DT répond que non. Le problème est l'implication des parents.
VC demande la permission de lire un extrait du livre.
1. La mineure MMC est morte dans l'appartement 5A de l'Ocean Club de Vila da Luz, dans la nuit du 3 mai 2007.
2. Il y a eu simulation d'enlèvement.
3. Kate Healy et Gerald McCann sont suspects d'implication dans la dissimulation du cadavre de leur fille.
4. Une mort pourrait avoir été causée par un accident mortel ;
5. Il existe des indices de négligence dans la garde et la sécurité des enfants.
DT affirme que l'idée que les parents ne sont pas en mesure d'assurer la sécurité des enfants est terrifiante pour ces derniers. Il y a ensuite la question de la simulation de l'enlèvement par les parents. Le problème est qu'il ne s'agit pas d'une suggestion mais d'une conclusion.
VC demande maintenant la lecture de la conclusion du rapport d'enquête daté du 10 septembre 2007, qui se trouve également sur Internet.
Isabel Duarte s'oppose à cette lecture, mais le juge passe outre, affirmant qu'elle se trouve dans les dossiers qui ont été communiqués (Vol X, p. 2587-2602).
A) La mineure MMC est morte dans l'appartement 5A de l'Ocean Club de Praia da Luz la nuit du 3 mai 2007.
B) Il y a eu une simulation d'enlèvement.
C) De façon à rendre impossible la mort de la mineure avant 22h, une situation de ronde de nuit des enfants MC pendant qu'ils dormaient a été inventée.
D) Kate McCann et Gerald McCann sont impliqués dans la dissimulation du cadavre de leur fille Madeleine McCann.
E) À l'heure actuelle, il semble ne pas y avoir de fortes indications que la mort du mineur ne soit pas due à un accident mortel.
F) Compte tenu de ce qui a été mis au jour, tout indique que les McCann, en guise d'autodéfense, ne veuillent pas remettre le cadavre de manière immédiate et volontaire, et qu'il existe une forte probabilité que le cadavre ait été enlevé du lieu de dépôt initial. Cette situation est susceptible de soulever des questions quant aux circonstances dans lesquelles s'est produite la mort de la mineure.
DT dit que son souci est que le livre soit plus accessible et plus facile à lire.
b) L'avocate de Guerra & Paz
DT répond que l'âge des jumeaux à l'époque correspondait à la période où la mémoire d'un enfant se développe.
DT dit que la première réunion (en fait sa deuxième intervention) a été demandée pour soutenir les jumeaux.
DT dit qu'il n'est pas au courant.
L'avocate explique que c'est la raison pour laquelle elle a posé la question de la mémoire.
DT marque une pause, puis dit qu'il n'a aucune preuve de cela.
DT dit que son travail consistait à minimiser le traumatisme et l'impact de l'enlèvement.
DT dit qu'il a parlé de la disparition : où est Madeleine ? Nous ne le savons pas.
DT ne sait pas.
DT dit qu'il sait que récemment ils ont dû interdire aux jumeaux de chercher des informations sur le web.
DT dit que ce qui le préoccupe, c'est que le livre est si facile d'accès.
DT répond que c'est "possible".
DT dit qu'ils devront le faire avant que les jumeaux ne le découvrent par eux-mêmes. Les parents savent mieux que quiconque quand ils devront en parler.
DT répond qu'il est très difficile de le dire. Son travail consiste à réduire ce risque.
DT marque une pause, puis dit qu'il est difficile de le découvrir au bon moment.
DT fait une pause, puis dit que c'est une question difficile.
DT dit que la connaissance réduit le risque, mais ne le supprime pas.
c) L'avocat de GA, Santos Oliveira
DT répond qu'il ne sait pas. Comme ils sont jeunes, il est facile de les protéger.
DT n'est pas au courant.
DT ne le sait pas. Ils (les McCanns et DT) n'ont jamais parlé de cela.
DT ne le sait pas.
DT répond par l'affirmative.
DT marque une pause, puis dit que l'impact est moindre entre 20 et 30 ans, mais qu'il augmente entre 8 et 18 ans.
SO commence à demander pourquoi les enfants étaient seuls... mais la juge rejette la question en disant qu'elle est hors sujet.
La juge (Maria Emília de Melo e Castro) demande maintenant
DT répond qu'ils ont 8 ans.
La juge, Maria Emília de Melo e Castro, lui demande quel type de services il a fourni aux McCann.
AM répond qu'il a aidé les McCann dans l'enquête criminelle, qu'il a servi d'intermédiaire avec leurs avocats portugais et qu'il les a aidés dans leurs relations avec les médias.
La juge demande si sa connaissance de l'affaire est personnelle ou si elle provient des médias et si, dans le premier cas, il y a des restrictions sur ce qu'il peut dire, s'il y a une clause de confidentialité.
AM répond qu'il ne peut pas répéter ce qui s'est passé lorsqu'il travaillait avec les McCann, mais qu'il peut parler librement des médias.
La juge lui rappelle qu'au Portugal, les avocats ne peuvent pas parler de détails spécifiques tant qu'une procédure est en cours et que toute information acquise dans le cadre de leur activité professionnelle doit rester confidentielle.
AM répond que ce n'est pas le cas au Royaume-Uni.
La juge lui demande s'il y a quelque chose qui l'empêche de parler
AM répond qu'il est inscrit en tant qu'avocat au Royaume-Uni et que la seule loi applicable en matière de secret est liée à son statut.
La juge demande si, du point de vue du droit anglais, il pense que quelque chose l'empêche de parler.
AM répond que rien ne l'en empêche, sauf si cela concerne ses activités de conseil. Par exemple, ses réunions avec les médias ne sont soumises à aucune loi sur le secret.
ID - Avez-vous prévenu les McCann de la réaction au livre ?
AM répond par la négative. Il ajoute qu'il est spécialisé dans la défense pénale des victimes et la gestion des médias.
ID - Vous avez été très attentif dans les premiers mois, quel a été le résultat ?
AM dit qu'une certaine distance est nécessaire. Les gens étaient compatissants au Royaume-Uni. Les rumeurs ont généré des erreurs dans les médias. Les commentaires sur Internet ont révélé les dommages causés par le statut d'arguido. Le livre est apparu comme la version officielle des rumeurs. Il a provoqué une explosion de commentaires sur Internet. Les gens ont pensé qu'il y avait eu une décision judiciaire et cela a eu un effet négatif sur la recherche de Madeleine.
ID - Avez-vous lu le livre dans une traduction sur internet ?
AM ne répond pas à cette question (note : plus tard, il dira qu'il a lu le livre sans préciser où) mais dit avoir entendu parler du documentaire et avoir lu une transcription du documentaire. Il ajoute qu'il n'est pas un expert en matière de procès.
ID - Dans quels autres pays du monde le livre a-t-il eu un impact ?
AM observe que l'impact a été pire en raison de la profession de l'auteur.
ID - Connaissez-vous les livres de Paulo Cristóvão, Manuel Catarino et Hernâni Carvalho (note: tous ont écrit un livre sur l'affaire) ?
AM ne les connaît pas.
VC - Êtes-vous au courant de la procédure ?
AM répond que oui, mais pas officiellement.
VC - Les informations diffusées dans les médias sont-elles différentes de celles du livre d'Amaral ?
AM répond que oui, mais elles sont plus vagues, elles n'ont pas été dites de la même façon.
VC - Le livre a-t-il confirmé les rumeurs ?
AM dit que oui, surtout les rumeurs sur internet. Les gens ont compris que ces rumeurs venaient de la PJ. Le fait que le livre les ait répétées a renforcé cet impact. Il ajoute que c'est le seul livre qui fait ces allégations.
GP - Savez-vous que d'autres auteurs se sont exprimés dans les médias ?
AM dit qu'il sait vaguement que d'autres livres existent. Il sait que l'affaire a été importante au Portugal et au-delà.
GP - Pouvez-vous donner des détails sur l'effet du livre en juillet 2008 ?
AM répond qu'il ne peut pas.
GP - Quand avez-vous su que le livre était sur Internet ?
AM ne le sait pas. Il dit qu'il a lu le livre quelque temps après.
GP - Connaissez-vous d'autres livres de Gonçalo Amaral sur cette affaire ?
AM dit que non.
GP - Quelles ont été les répercussions dans les médias du statut d'arguido ?
AM dit que cela a été très préjudiciable au début, mais comme il n'y avait pas beaucoup d'informations, les médias ont trouvé qu'il était de plus en plus difficile d'approfondir la question.
GP - Entre septembre 2007 et juillet 2008, y a-t-il eu un impact sur les médias ?
AM répond par l'affirmative.
SO : J'aimerais donc savoir, afin de comparer, quel a été l'impact de la disparition, du statut d'arguido et du livre.
AM dit qu'il n'en a aucune idée et qu'il n'a pas de chiffres.
SO - Donc quand vous dites que le livre a eu un impact croissant, c'est juste votre opinion ?
AM répond par l'affirmative.
SO - Par conséquent, l'impact sur la recherche est également une opinion ?
AM dit que c'est son jugement. Il pense que c'est du bon sens.