Pascal Jacob |
Les MC n'ont cessé d'essayer de faire comprendre aux donneurs de leçons en matière de responsabilité parentale qu'ils retournaient le couteau dans la plaie et que ça faisait mal. Mais ils ne poursuivirent aucun de ces détracteurs devant les tribunaux. En revanche ils assignèrent en justice le commissaire qui coordonna les cinq premiers mois de l'enquête sur la disparition de leur fille, Gonçalo Amaral. Pourquoi ? Fondamentalement parce que la conclusion de son enquête non seulement n'était pas la leur, mais était même opposée à celle-ci. Selon GA l'enfant n'avait pas été enlevée, elle était morte accidentellement, le ravisseur n'étant qu'un subterfuge permettant, par exemple, de se soustraire à ses responsabilités. Alors qu'il avait à dessein démissionné de la PJ pour ce faire, le commissaire avait-il le droit d'écrire et de publier son interprétation des faits dans un livre ? Devait-il en parler uniquement dans une sphère privée et avec toutes sortes de recommandations de discrétion ? En réalité GA n'était pas parvenu tout seul à sa conclusion, l'enquête était un travail d'équipe. Son équipe, du reste, avait rédigé un rapport intermédiaire dont la conclusion ne différait pas de la thèse de son livre.
Ne croyez rien, peu importe où vous l'avez lu ou qui l'a dit, à moins que cela ne s'accorde avec vos idées et le sens commun qui vous sont propres. |
Peut-on interdire à quelqu'un de penser quelque chose ? La réponse est non, théoriquement, puisqu'on ne peut s'introduire dans la pensée de quelqu'un, en tout cas sans manipulation. On
peut régenter les paroles et les actes mais non les esprits. On peut
contraindre quelqu'un à dire que 2+2=5, mais on ne peut l'empêcher de
penser que cela fait 4. L'Église parvint à limiter la liberté
d'expression de Galilée, mais cela ne l'a pas fait suspecter que la
terre ne tournait peut-être pas autour du soleil.
Quand l'État restreint l'expression orale ou écrite de la pensée, cela s'appelle la censure. Non seulement celle-ci n'empêche pas les gens de penser ce qu'ils veulent, mais, comme chacun sait, l'interdit est un stimulant. C'est pourquoi Spinoza remarque que ce qu'on ne peut empêcher, il vaut mieux l'autoriser.
L'individu est le seul à savoir ce qu'il pense, sa pensée est inaccessible aux autres, c'est même cela qui le constitue comme individu. Aucune autorité supérieure n'y pourra rien changer.
Mais est-on pour autant libre de penser n'importe quoi et de penser ce qui nous plaît à notre fantaisie ? La conscience impose deux limites. L'une est morale et concerne les pensées "malignes", celles qui sont éthiquement douteuses, celles qui veulent du mal à autrui. Certes l'acte de tuer, et non l'intention de tuer, est passible de sanctions. Le code civil précise qu'il faut au moins un début d'action pour qu'une mauvaise pensée devienne un délit, voire un crime. Le catholicisme est plus radical : la seule pensée mal est un péché.
Cela ne signifie pas pour autant qu'on puisse se reconnaître le droit d'avoir de telles pensées. Il arrive à tout le monde, généralement en proie à la colère, d'avoir de mauvaises pensées, des pensées que l'on rejette vite car elles ne sont pas dignes de nous. Il y va de notre auto-estime, de notre amour-propre. La psychanalyse apprend que ce surmoi se constitue à partir des interdits faits à l'enfant, d'où la honte ressentie si une pensée interdite traverse l'esprit du catholique. Parois les désirs interdits sont refoulés, on fait en sorte de ne plus les voir, mais il est rare qu'ils ne reviennent pas, c'est la névrose.
Il faut remarquer que cela ne s'oppose pas toujours à une liberté de penser ce que l'on veut, puisque justement je ne veux pas avoir ces pensées là. Elles surgissent de façon intempestive, par-devers moi. D'ailleurs la liberté n'est pas l'arbitraire du n'importe quoi et suppose une maîtrise de soi. Ces pensées sont justement des pensées non maîtrisées que ma volonté rejette. Quand il y a refoulement, certes ma volonté consciente n'y est pour rien. Il ne s'agit plus d'un vouloir raisonnable mais d'un processus automatique. Ce processus, même s'il fait partie de moi-même, n'est pas un effet de ma liberté. Je peux néanmoins le dépasser par le travail analytique qui ne signifie pas que je garderai ces pensées immorales mais que je les rejetterai consciemment ce qui est condition de ma liberté.
La seconde limite relève de la logique. Ai-je le droit, est-ce légitime (au sens logique du terme), de penser que 2+2=5, alors que je sais pertinemment que 2+2=4 ? Ai-je le droit de penser des énoncés que je sais pertinemment être faux ? Ce serait se mentir à soi-même, ce serait mauvaise foi. Je n'ai pas ce droit parce que la liberté n'est pas l'arbitraire. Il n'existe pas de liberté sans raison et il me faut donc, pour être libre de penser, suivre les lois de la raison. Admettre n'importe quoi, au hasard, ce n'est plus penser du tout. Penser, c'est toujours suivre ou instituer un ordre. Penser librement, c'est aussi penser juste.
Du reste, celui qui se trompe involontairement n'est pas libre. Il est
trompé. Il croit dire une vérité et se méprend. Il arrive au contraire
de ce qu'il veut. Je n'ai pas le droit de penser des erreurs. Ce serait
absurde.
Il n'en reste pas moins qu'au plan politique, il semble bien que nul ne puisse m'empêcher d'avoir telle ou telle pensée, fût-elle contraire à la logique, fût-elle contraire à la morale. N'est-ce pas un droit naturel ? Justement, est-ce si sûr ? Le pouvoir n'a-t-il pas bel et bien les moyens de limiter la liberté de penser ?
Mais est-on pour autant libre de penser n'importe quoi et de penser ce qui nous plaît à notre fantaisie ? La conscience impose deux limites. L'une est morale et concerne les pensées "malignes", celles qui sont éthiquement douteuses, celles qui veulent du mal à autrui. Certes l'acte de tuer, et non l'intention de tuer, est passible de sanctions. Le code civil précise qu'il faut au moins un début d'action pour qu'une mauvaise pensée devienne un délit, voire un crime. Le catholicisme est plus radical : la seule pensée mal est un péché.
Cela ne signifie pas pour autant qu'on puisse se reconnaître le droit d'avoir de telles pensées. Il arrive à tout le monde, généralement en proie à la colère, d'avoir de mauvaises pensées, des pensées que l'on rejette vite car elles ne sont pas dignes de nous. Il y va de notre auto-estime, de notre amour-propre. La psychanalyse apprend que ce surmoi se constitue à partir des interdits faits à l'enfant, d'où la honte ressentie si une pensée interdite traverse l'esprit du catholique. Parois les désirs interdits sont refoulés, on fait en sorte de ne plus les voir, mais il est rare qu'ils ne reviennent pas, c'est la névrose.
Il faut remarquer que cela ne s'oppose pas toujours à une liberté de penser ce que l'on veut, puisque justement je ne veux pas avoir ces pensées là. Elles surgissent de façon intempestive, par-devers moi. D'ailleurs la liberté n'est pas l'arbitraire du n'importe quoi et suppose une maîtrise de soi. Ces pensées sont justement des pensées non maîtrisées que ma volonté rejette. Quand il y a refoulement, certes ma volonté consciente n'y est pour rien. Il ne s'agit plus d'un vouloir raisonnable mais d'un processus automatique. Ce processus, même s'il fait partie de moi-même, n'est pas un effet de ma liberté. Je peux néanmoins le dépasser par le travail analytique qui ne signifie pas que je garderai ces pensées immorales mais que je les rejetterai consciemment ce qui est condition de ma liberté.
La seconde limite relève de la logique. Ai-je le droit, est-ce légitime (au sens logique du terme), de penser que 2+2=5, alors que je sais pertinemment que 2+2=4 ? Ai-je le droit de penser des énoncés que je sais pertinemment être faux ? Ce serait se mentir à soi-même, ce serait mauvaise foi. Je n'ai pas ce droit parce que la liberté n'est pas l'arbitraire. Il n'existe pas de liberté sans raison et il me faut donc, pour être libre de penser, suivre les lois de la raison. Admettre n'importe quoi, au hasard, ce n'est plus penser du tout. Penser, c'est toujours suivre ou instituer un ordre. Penser librement, c'est aussi penser juste.
Il n'en reste pas moins qu'au plan politique, il semble bien que nul ne puisse m'empêcher d'avoir telle ou telle pensée, fût-elle contraire à la logique, fût-elle contraire à la morale. N'est-ce pas un droit naturel ? Justement, est-ce si sûr ? Le pouvoir n'a-t-il pas bel et bien les moyens de limiter la liberté de penser ?
L'empêchement de dire ce que nous voulons dire, à supposer que nos mots n'affectent pas le corps ou le bien d'autrui, revient à n'exprimer que ce qui reçoit l'approbation des autorités et condamne la société à stagner. Sans liberté d'expression, comment résoudre les problèmes qui exigent l'abandon de manières de penser courantes ? Sans liberté d'expression le gouvernement pourrait être aussi despotique qu'il le souhaite, se débarrassant de tout contestataire impunément. Lorsque le concept de liberté d'expression est absent, les gens se croient en droit de brimer, maltraiter, voire tuer ceux dont ils jugent les propos offensants. C'est l'avènement des temps sombres.
P. Éluard F. Léger |
Nous sommes esclaves des lois pour pouvoir être libres, selon Cicéron, mais quel est au juste ce droit d'être libre si opiniâtrement revendiqué entre tous les droits ?
Juridiquement, l'origine de la liberté d'expression se trouve dans la DDHC
Dans ce document fondateur de la république française, signé par l'Assemblée constituante fin août 1789, les articles 10 (proposé par B. de Castellane et J-B. Gobel) et 11 (proposé par le duc L. de la Rochefoucauld) font de la liberté d'expression la première des libertés. Ils décrivent la liberté d’expression comme fondamentale en ce qu'elle fait partie de
l’ensemble des droits primordiaux dans une
société démocratique. Ses corollaires sont la liberté de la presse, la liberté d’association ou
encore la liberté de manifestation. Ses limites sont l'abus, pour une raison de sécurité ou pour protéger d'autres droits fondamentaux.
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. (article 10) La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi. (article 11)
Remarquer
la virgule, après "librement", pour énoncer une restriction. En revanche, la liberté d'expression aux EUA (1er Amendement de la Constitution) a été quasi absolue jusqu'au Patriot Act, y compris
quant aux porteurs de croix gammées, au Ku Klux Klan, etc.
Mais seulement quand il est clair qu'il ne s'agit que d'une opinion ! |
En France, de nombreuses barrières (400 textes selon l'avocat Emmanuel Pierrat) restreignent la liberté d'expression. Par exemple, aux EUA, en réaction à la multiplication des écrits de criminels (par le plus souvent un ghost writer, un "nègre"), il a été décidé que ceux-ci n'en tireraient aucun bénéfice financier, les droits d’auteur étant versés aux associations de familles de victimes. Un condamné n'a pas le droit de publier un livre, fût-il de mea culpa (loi Perben II).
Plus de 150 ans plus tard, le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot, 48 des 58 États de l'Assemblée générale de l'ONU (8 abstentions et 2 absents) adoptèrent, en version française originale, la DUDH
La DUDH, version originale en français, comporte 30 articles. Sans véritable portée juridique, elle est une proclamation de droits. En particulier le droit de tout individu à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. (article 19). Les droits de l'homme alors ne sont pas un objectif en soi, mais un moyen de paix.
Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. (article 19)
Lorsque le Conseil de l'Europe fut créé, le 5 mai 1949, à Londres, des hommes politiques et des juristes européens manifestèrent leur volonté de conjurer les horreurs de la deuxième guerre mondiale, celle qui vint après et malgré le "plus jamais ça", en constituant un socle de valeurs et de droits garantis à tous les citoyens européens. Ils observèrent que l'étroitesse de l'union dépendait fortement de la connaissance et de l’application universelle et effective des droits mentionnés dans la DUDH. Ainsi fut signé le 4 novembre 1950 et entra en vigueur le 3 septembre 1953 la CESDH. Depuis 14 protocoles additionnels ont été adoptés, ajoutant des droits et libertés à ceux du texte initial, comme l'abolition de la peine de mort (protocole n°13). La ConvEDH ne garantit pas seulement des droits substantiels comme la liberté d'expression, elle garantit des droits procéduraux, comme le droit au procès équitable.
Dans la CESDH, l'article consacrant la liberté d'expression est le 10è :
Le droit à la liberté d’expression comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière.
Mais il faut savoir que la liberté d’expression peut être soumise à
certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.(article 10)
Crucialement, dans l’affaire Handyside vs Royaume-Uni du 7 décembre 1976, la CEDH souligne dans son arrêt que
la liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou idées accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population
et observe que
ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique. Il en découle notamment que toute formalité, condition, restriction ou sanction imposée en la matière doit être proportionnée au but légitime poursuiv
Aujourd'hui, la CEDH fait l'objet de critiques, on lui reproche de ne
plus se borner à un rappel à l'ordre minimum, mais de se croire en
charge de parfaire les droits de l'homme dans les pays européens
sans tenir suffisamment compte de leurs cultures respectives, voire
de constituer une sorte de Vatican judiciaire, selon l'expression de
Robert Badinter. Il y a donc, tout du moins dans certains pays à
commencer par le Royaume-Uni, un repli, un agacement de souveraineté,
un resserrement sécuritaire.
Néanmoins les droits européen et international ne sont pas entrés par effraction dans l'ordre
juridique national. La Constitution reconnaît depuis 1946 la
primauté des traités et engagements internationaux sur les lois et le parlement a donné son accord à la ratification de la
Convention. La Constitution de la Vè république (1958) confirme la primauté du droit international sur les lois internes.
La
Convention et la cour garantissent
ainsi un socle minimal de principes et de valeurs dans tous les
États-membres, c'est le patrimoine commun de l'Europe, au-delà des
traditions nationales (comme la laïcité) que la cour respecte autant que
faire ce peut, n'imposant pas de moule uniforme mais garantissant la
progression des droits. Les
pouvoirs publics nationaux doivent de modifier les lois pour les rendre
compatibles avec la Convention européenne. 99,99% des décisions
de justice appliquant la Convention sont des décisions nationales, car
les juges tiennent compte, dans leur interprétation des droits, de
l'interprétation que la cour donne des principes de
la Convention. Aussi bien la CEDH rend-elle compte des raisons pour
lesquelles une décision a été prise. Ainsi l'aiguillon qu'est droit
européen imprègne des pans de plus en plus
grands des législations nationales, mais cette incorporation s'effectue à
travers un dialogue et des influences réciproques.
http://fr.rsf.org/ La France est classée 38ème pour la liberté (sélective) de la presse en 2014. Certes "Je suis Charlie", mais ça dépend pour qui et quoi... |
L'acceptation du recours individuel (1981) a rendu inapproprié le détour par Luxembourg (droits de l'homme) pour obtenir la reconnaissance des droits fondamentaux. De là l'adoption de la question prioritaire de constitutionnalité, car il est intellectuellement plus satisfaisant de vérifier la conformité des lois à la Constitution et de n'interroger "les droits de l'homme" que si un doute subsiste. Le principe de subsidiarité consiste à faire en sorte que la garantie des droits s'applique d'abord au plan national, la CEDH assurant une protection uniforme.
Les États conservent une marge
d'appréciation, les juges européens n'exerçant de contrôle que sur
le socle, les principes de base de la Convention. Les
autorités nationales ont en effet une légitimité démocratique directe et
sont en principe mieux placées que le juge international pour se
prononcer sur des besoins et contextes locaux. La question principale
est celle des limites, de leur définition, mais c'est grâce à la
Convention que
l'homosexualité a été
dépénalisée, les enfants adultérins reconnus, les femmes admises dans
l'armée, etc.
Il est donc injustifié de parler de "gouvernement
des juges". Les juges ne sont pas les auteurs des règles qu'ils appliquent,
mais appliquent les lois fondamentales que la société s'est
données à elle-même. Leur rôle est donc essentiel.
- - une protection de leur réputation et de leurs droits contre la diffamation et l’injure (article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse). La diffamation est définie comme étant une allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé.
- une protection contre la diffamation en raison de l'origine, de l'appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion (article 32)
- la présomption d’innocence (version du 15 juin 2000 de l'article 9-1, loi Guigou).
Les limites de la liberté d'expression ont beau reculer, elles existent encore. La France est le
quatrième pays le plus souvent condamné par la Cour européenne des
droits de l'homme pour violation de la liberté d'expression…
Bien sûr les mots qui fâchent sont vite prononcés et la parole sans manière vite dite. Le rire n'est un puissant facteur de cohésion sociale que si l'humour invite à rire, pas à rire jaune. Or la liberté d'expression ne produit pas toujours un discours décent, agréable et raisonnable.John Stuart Mill, qui bâtit (On Liberty) le cadre théorique le plus convaincant en matière de liberté d'expression, mit comme seule restriction à la libre parole le dommage direct à autrui. Si les personnalités doivent admettre que la caricature et la satire sont les contreparties de la notoriété, l'insulte, la diffamation, la violation de la vie privée, l'incitation à la violence ou au terrorisme doivent en revanche être fermement sanctionnées.
John Stuart Mill explique que, nul
n'étant infaillible, la connaissance avance par tâtonnements, que
le choc des opinions a un effet éducateur et que la raison n'a pas à craindre son contraire : la
vérité doit sortir renforcée, vivifiée, de sa confrontation avec
l'erreur. Argumenter, moquer, répliquer, ne pas se laisser choquer sont les mots d'ordre dans un échange qui responsabilise, tandis que les interdits bêtifient.
Le meilleur moyen de
lutter contre l'obscurantisme est-il de l'exposer, de le mettre à nu
? Ne pas tolérer les propos intolérables, mais les
réfuter. Éviter surtout de condamner, ce méchant court-circuit de tout débat, cette triviale dispense d'essayer de convaincre.
Tout compromis avec la liberté d'expression
renforcerait dangereusement la spirale du bâillon et de l'auto-censure en fonction de la morale du
moment.
L’Homme qui rit d’après Victor Hugo par Christine Guênon |
Le premier amendement de la constitution des EUA
Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the government for a redress of grievances.Le premier amendement, perçu comme une limitation des pouvoirs de l'Union, énonce clairement la non-ingérence du Congrès dans la liberté d'expression des individus.
It was adopted into the Bill of Rights in 1791. The Supreme Court interprets the extent of the protection afforded to these rights. The First Amendment has been interpreted by the Court as applying to the entire federal government even though it is only expressly applicable to Congress. Furthermore, the Court has interpreted the Due Process Clause of the Fourteenth Amendment as protecting the rights in the First Amendment from interference by state governments.Il relève donc au départ de la compétence des États fédérés. Mais la jurisprudence de la Cour Suprême a progressivement imposé une conception très libérale de la liberté d'expression où l’État doit s'abstenir de définir les valeurs, le système juridique protégeant ainsi tant la diversité des opinions que celle des expressions.
La liberté d'expression s'entend ainsi, aux États-Unis, comme un libre
accès au marché des idées, quel que soit leur contenu, politique ou non,
scandaleux ou non, polémique ou non. Au citoyen la tâche
de séparer le bon grain de l'ivraie, pourvu qu'il soit doté de la maturité suffisante pour
apprécier par ses propres moyens ce qui lui est proposé. L’État n'a pas à définir les "valeurs" justifiant une interdiction de parler.
C'est ainsi que le droit américain ne connaît pas d'équivalent de la loi
Gayssot qui interdit de tenir des propos antisémites ou négationnistes.
Au contraire, dans une décision de 1982, la Cour Suprême a jugé
inconstitutionnelle la décision du conseil d'administration d'un
établissement scolaire new-yorkais ordonnant de retirer de la
bibliothèque les ouvrages "anti-américains, anti-chrétiens, antisémites et ceux qui sont seulement orduriers" :
Nous pensons que le conseil d'administration ne peut pas ordonner de retirer des livres des étagères d'une bibliothèques simplement parce qu'il n'aime pas les idées qu'ils contiennent et cherchent, par leur retrait, à décider ce qui doit être orthodoxe en politique, en religion ou tout autre sujet (juge Brennan).
Aux EUA la référence à un "ordre moral" pour interdire la circulation de certaines idées n'existe pas.
Nathan Kreider
Certains individus se considèrent comme des «absolutistes de la liberté d’expression». C’est un titre que nous devrions tous embrasser avec fierté, même si certains diraient que ces personnes mettent en danger la démocratie. Un absolutiste de la liberté d'expression soutient la liberté d'expression de toutes les manières possibles, en rejetant toute exception à la règle. L'introduction d'une exception à la règle ouvre la voie à d’autres exceptions, y compris celles qui peuvent être étendues et exploitées, comme une exception pour le «discours de haine».
L'exception pour le discours de haine est au cœur du débat sur la liberté d'expression. Les autoritariens les plus radicaux cherchent à exploiter la règle en incluant des mots offensants, des micro-agressions et d'autres mots relativement inoffensifs sous l'étiquette du discours de haine. L'absurdité de déclarer que des mots sont haineux en se fondant sur quelque chose d'aussi subjectif que l'offense est bien évidente pour quiconque valorise la liberté de parole.
Certaines nations européennes ont adopté des lois sur le discours de haine interdisant le négationnisme. Étant donné que la négation de l’Holocauste n’a aucune validité, ces exceptions à la liberté d’expression sont néanmoins dangereuses. Quand il devient illégal d'avoir certaines opinions, qui décide quelles opinions doivent être illégales? Il ne fait aucun doute que les opinions impopulaires à l’extérieur de la fenêtre d’Overton seront les premières à disparaître.
Même si nous ignorons l'argument ci-dessus concernant la pente glissante, nous devons nous interroger sur un éventuel effet Streisand. Des lois interdisant des opinions marginales telles que le déni de l'Holocauste pourraient braquer inutilement les projecteurs sur ces opinions attirant plus de gens. Si le gouvernement interdisait les expressions publiques de la pensée libertaire, nous pouvons garantir que cela enracinerait fermement les libertaires dans leurs convictions plutôt que les dissuader . En fait, les libertariens s'en vantent et l'utilisent comme un outil de marketing pour le recrutement.
Les formes les plus communément acceptées de discours de haine sont des appels à la violence physique. Pour les cas légitimes de personnes préconisant clairement et volontairement la violence directe (par opposition à des actions que certains considéreraient comme des formes indirectes de violence, comme l'imposition ou la possession de la violence), il ne s'agit pas d'un problème de liberté d'expression. Le problème n'est pas le discours lui-même, mais la violence qui en résulte.
Si une personne recommande ouvertement à ses auditeurs de pratiquer une violence contre une personne ou un groupe, le crime lui-même est la violence qui en résulte. La personne qui parle provoque intentionnellement de la violence et peut donc être tenue pour responsable de la violence qui en résulte. Encore une fois, le crime dans ce cas est la violence, pas la parole. Cette situation est semblable à celle d’une personne qui engage un assassin pour tuer quelqu'un. L'acte de meurtre incombe toujours à la personne qui embauche l'assassin. Mais ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un ordre verbal que la question de la liberté de parole est en jeu.
En ce qui concerne les cas impliquant la promotion d’idéologies totalitaires, c’est là où la liberté de parole est la plus controversée, mais doit toujours être garantie.
Il y a d'abord l'argument pragmatique. Comme mentionné précédemment, l'interdiction du discours de n'importe quelle idéologie le met sous les projecteurs et les gens désirent ce qu'ils ne sont pas autorisés à avoir, y compris les opinions.
Deuxièmement, il n’existe pas de définition claire de ce qui constitue une idéologie violente. Pour les libertaires, toute idéologie prônant un renforcement du pouvoir de l’État est une idéologie violente. Pour les anarcho-capitalistes, même le minarchisme peut être qualifié d'idéologie violente. Pour les communistes, tout système défendant la propriété privée est considéré comme violent. Ce qui qualifie une idéologie de violente peut être interprété de manière à correspondre à la définition de ceux qui ont le pouvoir à l'époque.
Pour protéger la liberté d'expression, nous ne devons faire aucune exception pour toute forme pouvant être définie subjectivement comme un appel à la violence. S'il est possible de prouver qu'un discours est une cause directe et objectivement vérifiable de violence physique, le problème cesse de devenir un problème de liberté d'expression et devient un problème de violence.
Bien que le discours de haine soit l'exception à la liberté d'expression le plus souvent invoquée, quelques autres problèmes sont considérés à tort comme des exceptions à la liberté d'expression.
La plus connue est l'exception pour avoir "crié au feu" dans un théâtre bondé. Ce n'est pas un problème de liberté d'expression. Dans ce scénario, le seul objectif rationnel serait de provoquer la panique. Semblable à des appels directs à la violence, toute punition infligée à l’orateur correspondrait aux résultats attendus évidents de ladite intervention. L'orateur serait responsable des blessures ou des décès résultant du chaos. La censure ne serait pas non plus considérée comme une censure si le décideur l'interdisait pour le temps perdu et l'argent perdu par le locuteur. La punition est due aux résultats directs évidents du discours, pas au discours lui-même.
Un autre problème considéré à tort par quelques privilégiés comme un problème de liberté d'expression serait l'acte incroyablement immoral de pornographie enfantine. L'affirmation est que, puisque les médias sont une forme de discours et que la pornographie est une forme de média, la pornographie enfantine est également une forme de discours et une exception doit être faite.
Mais, encore une fois, ce n’est pas un problème de liberté d'expression. Accepter cela comme un problème de liberté d'expression impliquerait que les caméras sont le problème. Eteindre ces caméras ne rendrait pas la loi elle-même moins horrible. Il s’agit d’un problème de maltraitance d’enfants, et les absolutistes de la liberté d’expression ne le toléreraient en aucune manière.
La parole est l'alternative préférable à la violence. Lorsque la parole est restreinte, la violence comble le vide. Pour mettre fin à la violence, nous devons protéger la liberté d'expression. Aucune exception.
L'exception pour le discours de haine est au cœur du débat sur la liberté d'expression. Les autoritariens les plus radicaux cherchent à exploiter la règle en incluant des mots offensants, des micro-agressions et d'autres mots relativement inoffensifs sous l'étiquette du discours de haine. L'absurdité de déclarer que des mots sont haineux en se fondant sur quelque chose d'aussi subjectif que l'offense est bien évidente pour quiconque valorise la liberté de parole.
Certaines nations européennes ont adopté des lois sur le discours de haine interdisant le négationnisme. Étant donné que la négation de l’Holocauste n’a aucune validité, ces exceptions à la liberté d’expression sont néanmoins dangereuses. Quand il devient illégal d'avoir certaines opinions, qui décide quelles opinions doivent être illégales? Il ne fait aucun doute que les opinions impopulaires à l’extérieur de la fenêtre d’Overton seront les premières à disparaître.
Même si nous ignorons l'argument ci-dessus concernant la pente glissante, nous devons nous interroger sur un éventuel effet Streisand. Des lois interdisant des opinions marginales telles que le déni de l'Holocauste pourraient braquer inutilement les projecteurs sur ces opinions attirant plus de gens. Si le gouvernement interdisait les expressions publiques de la pensée libertaire, nous pouvons garantir que cela enracinerait fermement les libertaires dans leurs convictions plutôt que les dissuader . En fait, les libertariens s'en vantent et l'utilisent comme un outil de marketing pour le recrutement.
Les formes les plus communément acceptées de discours de haine sont des appels à la violence physique. Pour les cas légitimes de personnes préconisant clairement et volontairement la violence directe (par opposition à des actions que certains considéreraient comme des formes indirectes de violence, comme l'imposition ou la possession de la violence), il ne s'agit pas d'un problème de liberté d'expression. Le problème n'est pas le discours lui-même, mais la violence qui en résulte.
Si une personne recommande ouvertement à ses auditeurs de pratiquer une violence contre une personne ou un groupe, le crime lui-même est la violence qui en résulte. La personne qui parle provoque intentionnellement de la violence et peut donc être tenue pour responsable de la violence qui en résulte. Encore une fois, le crime dans ce cas est la violence, pas la parole. Cette situation est semblable à celle d’une personne qui engage un assassin pour tuer quelqu'un. L'acte de meurtre incombe toujours à la personne qui embauche l'assassin. Mais ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un ordre verbal que la question de la liberté de parole est en jeu.
En ce qui concerne les cas impliquant la promotion d’idéologies totalitaires, c’est là où la liberté de parole est la plus controversée, mais doit toujours être garantie.
Il y a d'abord l'argument pragmatique. Comme mentionné précédemment, l'interdiction du discours de n'importe quelle idéologie le met sous les projecteurs et les gens désirent ce qu'ils ne sont pas autorisés à avoir, y compris les opinions.
Deuxièmement, il n’existe pas de définition claire de ce qui constitue une idéologie violente. Pour les libertaires, toute idéologie prônant un renforcement du pouvoir de l’État est une idéologie violente. Pour les anarcho-capitalistes, même le minarchisme peut être qualifié d'idéologie violente. Pour les communistes, tout système défendant la propriété privée est considéré comme violent. Ce qui qualifie une idéologie de violente peut être interprété de manière à correspondre à la définition de ceux qui ont le pouvoir à l'époque.
Pour protéger la liberté d'expression, nous ne devons faire aucune exception pour toute forme pouvant être définie subjectivement comme un appel à la violence. S'il est possible de prouver qu'un discours est une cause directe et objectivement vérifiable de violence physique, le problème cesse de devenir un problème de liberté d'expression et devient un problème de violence.
Bien que le discours de haine soit l'exception à la liberté d'expression le plus souvent invoquée, quelques autres problèmes sont considérés à tort comme des exceptions à la liberté d'expression.
La plus connue est l'exception pour avoir "crié au feu" dans un théâtre bondé. Ce n'est pas un problème de liberté d'expression. Dans ce scénario, le seul objectif rationnel serait de provoquer la panique. Semblable à des appels directs à la violence, toute punition infligée à l’orateur correspondrait aux résultats attendus évidents de ladite intervention. L'orateur serait responsable des blessures ou des décès résultant du chaos. La censure ne serait pas non plus considérée comme une censure si le décideur l'interdisait pour le temps perdu et l'argent perdu par le locuteur. La punition est due aux résultats directs évidents du discours, pas au discours lui-même.
Un autre problème considéré à tort par quelques privilégiés comme un problème de liberté d'expression serait l'acte incroyablement immoral de pornographie enfantine. L'affirmation est que, puisque les médias sont une forme de discours et que la pornographie est une forme de média, la pornographie enfantine est également une forme de discours et une exception doit être faite.
Mais, encore une fois, ce n’est pas un problème de liberté d'expression. Accepter cela comme un problème de liberté d'expression impliquerait que les caméras sont le problème. Eteindre ces caméras ne rendrait pas la loi elle-même moins horrible. Il s’agit d’un problème de maltraitance d’enfants, et les absolutistes de la liberté d’expression ne le toléreraient en aucune manière.
La parole est l'alternative préférable à la violence. Lorsque la parole est restreinte, la violence comble le vide. Pour mettre fin à la violence, nous devons protéger la liberté d'expression. Aucune exception.
Qu'en ont-ils dit ?
Montesquieu
Tout être qui se prend pour le centre du monde commet d'emblée une erreur. C’est la leçon des Lettres Persanes , chef d’œuvre d’un homme "trop intelligent pour ne pas être sceptique, et trop généreux pour ne pas être tolérant", où il s’agit non seulement de penser par soi-même mais de penser par l’autre. Et de méditer la différence plutôt que la réduire à une anomalie.
Noam Chomsky
Si on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout.
Maximilien Robespierre
Diffamation, exception de vérité, intérêt général, droit à l'oubli ici