À la croisée des chemins de Madeleine et Joana (Os caminhos cruzados de Maddie e Joana)
Voix
Off :
Jusqu'à preuve du contraire les disparitions de Joana Cipriano et de
Madeleine McCann ont seulement en commun d'avoir eu lieu dans la même
zone géographique où elles furent vues pour la dernière fois. En
tête de la liste des points qui les séparent il y a 963 jours entre
les deux disparitions, et ensuite Joana, 8 ans, disparue le 12
septembre 2004, Madeleine, 3 ans, disparue le 3 mai 2007. Joana,
fille de famille dysfonctionnelle, Madeleine, née dans la classe
moyenne supérieure. Joana portugaise et brune, Madeleine, anglaise
et blonde.
Cette
différence
criante n'a pas empêché une agence de détective engagée par
Madeleine's
Fund,
qui prend en charge les frais de la recherche de Madeleine, de
dépenser de l'argent, du temps et de l'énergie en acculant les deux
affaires à fusionner.
Marcos
Aragão Correia : (à la campagne) C'est un endroit qui
aurait dû être... et peut-être pourrait encore être étudié. Un
endroit qui peut correspondre à la description que fait Leonor des
montagnes ... au-dessus des montagnes de Figueira …
VO : Toutes
les histoires ont des personnages. Dans ce puzzle où les pièces ne
s'emboîtent pas même en les forçant, l'avocat Marcos Aragão
Correia sera loin d'avoir le rôle-titre. Mais ce qu'il dit, la
manière dont il le dit, ce qu'il fait, comment il le fait, obligent
à le regarder. Comme si derrière l'avocat de Madère il y avait des
néons aveuglants clignotant de manière intermittente et
éblouissant, empêchant de découvrir d'autres protagonistes.
MAC
: Alors pourquoi Gonçalo Amaral, à l'époque, voulait
tellement utiliser les chiens de Faro, dans l'affaire Madeleine, ils
pourraient encore détecter quelque chose sur ces terres.
Pedro Coelho : Que cherchez-vous, Marcos Aragão Correia, dans les monts de
Figueira où il y a plus de quatre ans Joana disparut ?
MAC
: Vous ne pouvez pas exclure que cela pourrait être un
endroit parmi plusieurs autres.
VO
: MAC est l'avocat qui en Septembre 2008 a assumé la défense
de la mère de Joana (image de Leonor à la Cour en 2008), Leonor
Cipriano, condamnée à 16 ans de prison pour la mort de sa fille et
dissimulation de son cadavre. Leonor et son frère João Cipriano,
co-auteurs du crime, n'ont jamais dit où ils s'étaient débarrassés
de la fillette. MAC croit avoir éclairé la confession de Leonor.
MAC
:
Cette confession de Leonor (la dernière de 9 versions différentes)
résulte de la mise en présence non seulement d'éléments
matériels, mais aussi d'éléments spirituels. Donc, j'ai confronté
Leonor avec des informations que je n'avais aucun moyen de
savoir. (MAC est assis sur un sofa)
PC : Comment en aviez-vous
connaissance ?
MAC
: (gesticule ) Err , je vais répondre à votre question,
comment je le savais ? À travers l'information médiumique . J'ai
dit je sais ceci, ceci et cela. Leonor maintenant, c'est à
vous, est-ce vrai ? Dites-moi si cela est vrai ou non. Evidemment
Leonor, confrontée à des choses dont je n'avais aucun moyen d'avoir
connaissance, qu'elle seulement savait par rapport à la disparition
de Joana, a commencé à pleurer .
VO
: Dans les montagnes de Figueira , Marcos Aragão Correia
cherche le corps de Joana .
MAC
: (à un villageois) Quelqu'un de la police vous a-t-il parlé
au moment de la recherche Joana? (mouvement de dénégation du
villageois).
(Flash
back – Jugement des Cipriano 11/11/2005)
VO
:
Un saut dans le temps nous met aux côtés de Leonor Cipriano, le
jour où elle et son frère João ont entendu la sentence qui les a
condamnés, et les mots brutaux de la juge qui a appliqué la peine
maximale de plus de 20 ans pour la mère, plus de 19 pour l'oncle.
(Photo de Leonor Cipriano parlant à son ancien avocat João Grade
dos Santos). Pendant presque une heure ils ont entendu la juge dire
qu'ils étaient coupables de frapper, démembrer et cacher le corps
de Joana. En appel du jugement Leonor allait remporter quatre ans de
liberté. (Son d'un chien qui aboie, rivière).
Lorsque
Joana
disparut en Septembre 2004, chiens et les hommes ont minutieusement
fouillé Figueira. (rue et maison de L. Cipriano) La police
judiciaire a conclu alors que la fillette avait été tuée à
l'intérieur de la maison, les vagues indices d'un corps agonisant
contre un mur n'ont pas laissé de doute aux enquêteurs.
(Image
de João Cipriano trompant la police dans la recherche du corps de
Joana)
VO
: L'enquête a déterminé que João Cipriano, co-auteur du
crime, s'était débarrassé du corps. Les OPJ se sont laissés
conduire par le suspect, croyant qu'il les mènerait là où il avait
caché le corps de sa nièce.
(João
occupé à jouer à cache-cache avec la police et les voix de
plusieurs personnes le traitant d'assassin, de bandit, etc.)
Voix
hors-champ :
(prison
de Belas) João Cipriano purge sa peine dans la prison de Belas, où
sont incarcérés ceux qui sont condamnés pour crimes sexuels et
crimes contre les enfants.
(Leonor
dans une salle d'étude) Il y a plus de quatre ans que Leonor tente
de passer inaperçue dans la prison de Odemira, une prison pour
femmes, le crime pour lequel est condamnée Leonor Cipriano n'est pas
le pire mais les détenues, séparées de leurs petits, ne supportent
pas celles qui maltraitent les enfants. Le silence de Leonor derrière
les barreaux contraste avec le bruit public que la recluse provoque
encore.
Les
photographies publiées dans l'hebdomadaire Expresso ont conféré à
la prisonnière un rôle de victime et ont fait soupçonner que la
confession de Leonor selon laquelle elle aurait tué sa fille
pourrait avoir été obtenue sous coaction, aux mains des inspecteurs
de la PJ qui l'ont interrogée. La prétendue agression aurait eu
lieu à la fin de Septembre 2004 au commissariat de la
PJ de Faro.
Le Ministère
public
a enquêté sur l'affaire et décidé d'inculper les cinq inspecteurs
de la PJ ayant participé à l'instruction du dossier Joana. Le
procès a débuté en Octobre l'année dernière (2008) au tribunal
de Faro et n'est pas encore terminé.
Gonçalo
Amaral, ancien coordinateur de la PJ, a mené l'enquête dans
l'affaire Joana. Les procureurs l'ont accusé d’omission de
dénonciation, l'ancien coordinateur aurait couvert l’épisode, en
n'ayant pas pris de mesures contre les possibles agresseurs.
La
directrice de la prison de Odemira est un témoin clé dans ce
procès. Dans le rapport publié par l'Association contre l'exclusion
par le développement (ACED) en 2008, Ana
Maria Calado, citée par l'auteur du document, affirme avoir été
surprise par la violence dont la prisonnière avait fait l'objet, en
pointant que l'agression avait eu lieu à la PJ, et avoir fait
prendre des photos de la détenue, photos qui allaient finir par être
publiées dans Expresso.
Paulo
Pereira Cristóvão : (ancien inspecteur PJ) Je ne doute pas
que Leonor Cipriano ait été attaquée, mais ça n'a pas eu lieu
dans les locaux de la police judiciaire. Où a été agressée Leonor
Cipriano? Qui s'est occupée d'elle pendant tous ces jours devrait
pouvoir l'expliquer. Nous aimerions beaucoup que la prisonnière
peut-être la plus médiatique de cet établissement sache par qui
elle a été attaquée.
VO
: À Faro, après l'audience où elle a été entendue comme
témoin, Ana Maria Calado a quitté le tribunal par une porte
latérale, réussissant à éviter les journalistes. La Direction
générale de l'administration carcérale refuse de commenter la
déposition de la directrice de la prison d'Odemira. SIC s'est
entendu dire que la vérification des faits appartenait entièrement
au tribunal.
PC : Que sont maintenant les révélations de Leonor ?
MAC
: Je ne suis l'avocat de Leonor que depuis cinq mois...
VO
: le procès de Leonor Cipriano fait grimper de plus en
plus la notoriété de MAC, dont les bureaux sont à Madère. MAC y
défendait des affaires peu attrayantes pour ceux qui veulent faire
le métier d'avocat, mais il arriva sur le continent avec l'esprit
altruiste dans ses bagages, quelques jours après la disparition de
Madeleine McCann, pour participer à la recherche. L'image qu'il
donna de lui-même à ce moment-là allait contaminer toutes les déclarations qu'il produisit ensuite. MAC se
présenta aux médias comme un médium. Il prétendit avoir eu des
visions du corps de Madeleine McCann jeté dans les puits sans fond
du vaste barrage de la rivière Arade, à Silves.
MAC
: La police judiciaire m'a tout simplement ignorée, je
parlais avec deux personnes de la PJ, à différents moments, ils
m'ont presque ridiculisé, bien que je sois avocat
VO
: La disparition de Madeleine McCann suscita la création d'un
fonds, alimenté par les contributions anonymes de centaines de
personnes, pour la plupart britanniques, le soutien principal étant
dû à la philanthropie d'un millionnaire anglais du nom de Brian
Kennedy. Avec l'argent du fonds, les MC ont engagé une agence de
détectives espagnole, Metodo 3.
MAC
: Quand j'ai téléphoné à Metodo 3 et leur ai parlé
d'indices qui pointaient vers Silves, les détectives ont été
immédiatement intéressés et ont fixé un jour pour venir parler
avec moi, je me trouvais à Praia da Luz, à l'Ocean Club, en
décembre 2007.
VO
: L'agence de détectives semble s'être davantage intéressée
à l'avocat qu'aux pistes visionnaires qu'il poursuivait, car ils ne
lui ont pas garanti l'argent dont il avait besoin pour concrétiser
pleinement la recherche.
MAC
: Ils m'ont dit que les parents donnaient la priorité aux
pistes dont l'hypothèse première était l'enfant vivante. C'est
ensuite qu'ils m'ont dit, Dr Aragão, nous sommes très inquiets
parce qu'il y a un élément commun dans les deux affaires, c'est
Gonçalo Amaral qui, pour des raisons pour lesquelles nous n'avons
pas réussi à recueillir des preuves, quoique nous ayons réussi à
les cerner grâce à des indices déjà réunis, cet élément,
Gonçalo Amaral, s'intéresse systématiquement non à chercher les
enfants mais à cacher les véritables auteurs de ce qui est arrivé
et... errr.. à incriminer des parents innocents. La même chose est
arrivée dans l'affaire Joana, m'ont-ils dit, dans laquelle la mère
a été inculpée pour la mort de Joana ...
PC : Savez-vous que Metodo 3 était entré en contact avec
l'ancien avocat de Leonor Cipriano, pour qu'il les aide...
MAC
: Oui, je sais.
João
Grade dos Santos : - C'est vrai, ils m'ont contacté.
PC : Et que voulaient-ils exactement ?
JGS : Ils
étaient en
train de faire leurs recherches et ils ont dit que je pourrais
peut-être les aider et c'est pour ça qu'ils m'ont contacté.
PC : Mais ils dit en quoi vous pourriez les aider?
JGS
: Ils ont dit qu'ils enquêtaient sur l'affaire Maddie.
PC : Et ont-ils dit en quoi, comment vous pourriez les aider dans
ce qui n'avait rien à voir avec votre affaire?
JGS
: Ils ont dit qu'ils m'avaient contacté parce que j'étais en
train de travailler sur une affaire qui selon eux ressemblait un peu
à la leur.
PC : Avez-vous été harcelé ou non?
JGS
: Harcelé, pas vraiment, mais ils m'ont informé que, si
c'était le cas, il y avait des moyens pour ...
VO
: le refus de João Grade de travailler avec les détectives
espagnols, fit que Metodo 3 se rabattit sur l'avocat de Madère qui
avait participé aux recherches en offrant ses services médiumiques.
MAC
: Metodo 3 ne m'a pas demandé de collaborer dans l'affaire
Joana, ils ne m'ont pas demandé d'être l'avocat de Leonor, ils
m'ont seulement demandé de mener une enquête en tant qu'avocat.
VO
: Quand les détectives de Metodo 3 ont contacté João Grade
pour qu'il collabore, la demande avait une clause obligatoire qui
semblait être le sujet important pour l'agence, la clé.
PC : Ils vous ont parlé de quelqu'un en particulier?
JGS
:
Bien sûr, il est évident qu'ils ont dû m'en parler, il était
difficile de ne pas me parler de l'inspecteur le plus
médiatique du moment ...
PC : Gonçalo Amaral.
JGS :
Exactement. C'est lui qui était responsable des deux affaires.
MAC : (au
tribunal) Gonçalo
Amaral soutient que le procès ...
VO : Marcos Aragão Correia a mordu à l'hameçon que
João Grade avait rejeté.
MAC
: Quand je suis parti analyser l'affaire Joana, je connaissais
l'affaire Madeleine et j'ai eu un choc quand j'ai vu que les deux
affaires avaient un élément commun en la personne du coordinateur,
Gonçalo Amaral, qui avait un intérêt caché, de nature inconnue,
consistant à se concentrer systématiquement sur les mères des
enfants sans avoir la moindre preuve contre elles.
VO
: À la prison d'Odemira, Leonor Cipriano, quelques mois après
le refus de João Grade de coopérer avec Metodo 3, reçut la visite
d'un juriste de l'Association contre l'exclusion par le développement
(ACED). Qui était ce juriste ? Le même qui avait signé le rapport
citant la directrice de la prison de Odemira, le texte dans lequel
Ana Maria Calado rendait les inspecteurs de la PJ responsables des
marques d'agression sur le corps et le visage de Leonor Cipriano.
L'avocat de l'ACED n'était autre que l'avocat de Madère, Marcos
Aragão Correia. MAC, celui-la même
qui avait eu la vision du barrage de Arade et avait collaboré à la
recherche de Madeleine McCann, celui que l'agence de détectives
Metodo 3, payée par les McCann, a invité à s'intéresser à
l'affaire Joana. Il ne reste qu'à le décrire dans son nouveau rôle
d'avocat de Leonor Cipriano.
Cinq
mois après la rédaction du rapport de l'ACED, Marcos retourne à la
prison d'Odemira pour parler à nouveau avec Leonor Cipriano et il en
sort comme avocat de la détenue, substituant João Grade dos
Santos.
MAC
: C'est au moment où nous avons ce nouveau contact et où je vais ré-interroger Leonor, err, que Leonor demande
immédiatement, ça s'est passé plus ou moins comme ça, "vous
montrez de l'intérêt pour moi, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi
déterminé à me défendre, restez avec moi comme un avocat. J'ai
alors beaucoup réfléchi et j'ai décidé de dire à João Grade que
j'allais faire la volonté de Leonor et que je voulais le
remplacer...
JGS
: Leonor a compris qu'elle pouvait choisir un autre avocat, et
l'a fait.
PC : Ne trouvez-vous pas naturel qu'il y ait une
relation entre votre refus et le fait d'avoir été quelque temps
plus tard remplacé par un autre avocat?
JGS
: Je ne relie pas une chose à l'autre.
VO
: Le changement d'avocat modifia complètement le cours de
l'action en justice que Leonor Cipriano avait entamée contre les
inspecteurs de la PJ, les accusant de l'avoir agressée. MAC se
consacre désormais à l'affaire aveuglément, accomplissant étape
par étape le script que l'agence de détectives Metodo 3, engagée
par les MC, lui avait fixé quand, des mois auparavant, ils lui
avaient demandé de collaborer.
MAC : C'est un cauchemar pour Gonçalo Amaral et les
autres accusés que je me sois concentré sur l'affaire, parce qu'il
s'attendaient à une défense... à une accusation qui soit
complaisante pour la défense.
António
Cabrita : (avocat de Gonçalo Amaral) L'action de celui qui
défend Leonor Cipriano vise plus à dénigrer l'image et la
réputation de mon client et c'est ce qu'il cherche à faire avec
cette assignation en justice. Et par conséquent les intérêts
personnels qui sont en discussion dans ce procès sont les intérêts
de Leonor Cipriano qui sont détournés pour d'autres fins,
spécifiquement pour l'affaire Maddie, qui ne sont pas l'objet de ce
procès. C'est cela qui est patent et devrait, à mon avis, être
dénoncé et je le dénonce comme citoyen.
PC
:
On voit une absence totale de stratégie, on voit la mauvaise volonté
de la personne en question, comme on le voit depuis le premier jour
où, cela est un fait, c'est quelque chose qui a déjà été dit et
c'est pourquoi nous pouvons en parler ici aujourd'hui, il est allé
voir notre avocat pour lui proposer un accord, et cet accord était
"vous accusez tous Gonçalo Amaral qui est celui qui m'intéresse
et je ferai en sorte que Leonor Cipriano dise que vous n'avez rien à
voir avec ça".
VO
: MAC ne confirme pas l'existence d'un accord formel,
il assume cependant avoir fait une proposition à l'avocat des quatre
arguidos, mais qui résultait du fait que l'un d'entre eux, et c'est
venu aux oreilles de MAC, pointait la responsabilité des agressions
vers Gonçalo Amaral et un autre inspecteur entretemps décédé.
La transparence de MAC devient désarmante, il semble porter un lourd fardeau qui, selon ses paroles, en fait, ne lui
appartient pas.
MAC : Toute personne avec un minimum d'intelligence
verra que si vous défendez une partie, par conviction, pour des
idées, parce que vous pensez la vérité est là que, évidemment
cette partie que vous soutenez évidemment vous apporte un soutien
moral, et je sais que quand vous avez besoin de cette partie, vous
trouvez son soutien.
VO : Il n'y a aucun signe extérieur de richesse, et sa
notoriété récente ne lui a même pas amené de nouveaux clients.
MAC : actuellement je ne travaille que pour Léonor,
pour personne d'autre.
PC : Et qui paie?
MAC : Je travaille pro bono, j'ai des moyens
financiers qui me le permettent.
PC : Marcos Aragão Correia est la seule face visible
d'une cause plus profonde, il croit que quelqu'un de plus puissant le
protège, entretemps la carrière d'avocat qui semblait le
passionner, se désagrège pièce par pièce, sans que l'invisible
face lui vienne en aide pour remettre chaque pièce à sa place, il
se réfugie dans l'obligation de garder le silence sur ce qui le lie
à Metodo 3, l'agence de détective qui dans cette enquête
journalistique est le point de rencontre entre toutes les faces
visibles et invisibles.
VO
: L'agence de détectives espagnole fut engagée par
les MC peu de temps après la disparition de leur fille et Metodo 3
reçut 8.000 livres par mois payés par le millionnaire qui assumait
les coûts de la recherche. Pendant la première année, les frais de
Madeleine's Fund en détectives privés ont atteint quelque
250 mille livres.
À
la fin Janvier, nous avons rencontré à Madrid un ancien
collaborateur de M3 au cours de la phase où les détectives de
l'agence se partageaient entre l'Afrique du Nord et l'Europe sur la
piste de Maddie.
PC : L'ex-collaborateur de M3 qui a accepté de rencontrer
SIC à Madrid à un étage de la Tour Picasso, a rompu ses relations
avec les détectives il y a presque un an, l'entretien avec lui a été
accepté moyennant des règles établies par lui, notamment le fait
qu'il ne pourrait être identifié en aucune manière au cours de la
conversation. La version qu'il nous a racontée est cependant d'une
pertinence extrême pour le journalisme d'investigation.
VO
: Selon cet élément de M3, l'agence poursuivait
obsessionnellement la piste d'une enfant vivante, alors que tous les
indices pointaient vers le fait qu'elle était morte. X a surtout
coupé les relations avec l'agence en pour cela, parce qu'il savait
qu'aucun ravisseur ne supporterait la pression médiatique mondiale
sur la recherche d'une fillette qui entrait constamment dans tous les
foyers de la planète.
PC : Contactée par SIC l'agence de détectives M3 a
déclaré qu'elle n'accordait pas d'interview sur l'affaire et a
fermé la porte quant à tout éclaircissement.
À
la porte de l'agence de détectives à Madrid, nous faisons une autre
tentative. Nous avons envoyé un sms directement à un détective qui
était lié à l'enquête en Algarve. Nous avons révélé que nous
avions des données à propos desquelles l'agence pouvait fournir des
explications.
VO
: Dans une interview pour CBS et la BBC pour une
émission spéciale sur la disparition de Madeleine McCann (Panorama)
diffusée par SIC, le directeur de M3 confirme l'idée fixe de
l'agence à nourrir la thèse selon laquelle Madeleine serait encore
en vie.
Francisco Marco : Nous sommes sûrs à 100% qu'elle est
vivante. Je sais qui est le kidnappeur et je sais où il se trouve.
Nous savons qui il est et comment il s'y est pris.
VO
: En Décembre 2007, Francisco Marco recommença à
faire des déclarations assurant que Madeleine McCann serait chez
elle avant Noël. Les MC à la même époque disaient qu'ils
continuaient à faire confiance à l'agence de détectives, mais ils
passèrent leur premier Noël sans leur fille.
La
collaboration des MC avec l'agence espagnole fut entre-temps
interrompue, mais lors d'un voyage éclair à Lisbonne en Janvier de
cette année (2009), Gerald MC déclara que le travail des détectives
espagnols pourrait reprendre à tout moment.
PC : L'enquête privée avec les détectives espagnols
continue?
Gerald MC : Il est clair que nous avons recruté des gens.
Si nous obtenons des informations, nous utiliserons les services des
gens, quelle que soit la juridiction, mais nous travaillons avec les
autorités.
VO
: Lors de cette visite le père de Madeleine vint
enterrer une hache de guerre avec les autorités portugaises, il fut
même suave pour Gonçalo Amaral.
PC : Avez-vous l'intention de prendre des mesures
juridiques cons les autorités portugaises, ou contre un organe de
presse portugais, par exemple?
PC : Nous voulons préciser que le passé est le passé et
nous voulons nous concentrer sur ce que l'on peut faire dans la
recherche.
PC : Avez-vous lu le livre de Gonçalo Amaral, l'ancien
coordinateur de la PJ ?
GMC : Je crains que mon portugais ne soit pas assez
bon. Eh bien, nous sommes ici pour essayer de faire avancer la
recherche .
VO
: La correspondante de SIC à Londres a contacté à
plusieurs reprises le porte-parole des MC pour solliciter un
entretien sur la manière dont ils sont liés à M3 .
Rita
Jordão : Nous voulions savoir ce qui avait conduit les détectives
espagnols de M3 cas à mettre en rapport Joana et Madeleine, à se
concentrer sur Gonçalo Amaral. La réponse de Clarence Mitchell,
porte-parole des McCann, nous est parvenue à travers un message
écrit, disant que les MC n'accorderaient pas d'interview sur des
questions qu'ils considéraient comme négatives.
VO
: Une fois seulement les MC ont fustigé Gonçalo
Amaral, ce fut lors de l'entretien avec Expresso en Septembre 2008.
Les déclarations de Kate McCann révélaient la colère de la
famille vis-à-vis de ce qu'avait fait Gonçalo Amaral. La mère de
Madeleine McCann ne s'est pas privée de prononcer la phrase qui fit
un gros titre. (Gonçalo Amaral est une honte).
Gerry
n'a pas hésité à faire un commentaire sur la vente du livre de
Gonçalo Amaral au Portugal, environ 200 mille exemplaires (C'est ce
qu'on pourrait appeler de l'enrichissement illicite).
VO
: L'interview des MC à Expresso n'a pas été digérée
par Sofia Leal, licenciée en tourisme et fonctionnaire de la junte
de Portimão.
Sofia Leal : Je n'admets pas que cette personne insulte mon
mari. Je pense qu'ils devraient se concentrer sur la production de
résultats valables, dire la vérité et ne pas se soucier des
enquêteurs de l'affaire. Ils sont les parents d'une enfant qui est
morte et sont donc sous le coup d'une souffrance atroce, la pire
souffrance qui puisse arriver à un être humain, la mort d'un
enfant. Mon mari est profondément religieux, et je sais qu'il
ressent une douleur immense de savoir que ces parents ont perdu leur
fille mais malgré cela ils doivent réagir, ou réagir de façon à
se protéger et protéger leurs deux plus jeunes enfants.
VO
: Sofia Leal parle d'elle-même et de son mari, Gonçalo
Amaral a signé un contrat avec une société productrice pour la TV
qui l'empêche de donner des interviews sur l'affaire pour les
programmes de reportage. Heureusement pour cette interview, elle
connaît tous les détails de l'enquête menée par son mari. Il a
pris sa retraite, mais elle non.
Sofia
Leal passe des heures à naviguer sur son ordinateur entre le
Portugal et l'Angleterre, en suivant beaucoup de ce qui s'écrit à
propos de l'affaire, la blogosphère étant le théâtre d'une
bataille de haine, d'un côté Gonçalo Amaral, le policier hostile
et obsédé, poursuivant un couple innocent, de l'autre un couple que
l'on blâme pour la mort de sa fille et qui a fui, couvert par le
gouvernement britannique, à cause de la thèse de Gonçalo Amaral.
Kate
MC : S'il vous plaît rendez-nous notre petite fille. Por
favor devolva a nossa menina.
VO
: l'opinion publique mondiale a manifesté un
comportement bipolaire concernant les MC. D'abord la solidarité, le
dévouement, la passion, sentiments forcés au maximum dans une
pression globale qui leur a ouvert pendant 34 secondes symboliques la
dernière porte du Vatican. Ensuite la méfiance, le trouble, la rage
(Kate arrivant au commissariat de Faro sous les huées).
Le
7 septembre 2007, le jour où ils ont été faits arguidos, a changé
le cours de l'histoire pour McCann.
Martin Brunt : Je me souviens que j'étais en face du
commissariat de Portimao quand Kate McCann est arrivée pour être
interrogée et des huées venaient de la foule (Kate McCann marchant
vers l'entrée du commissariat sous les huées). C'est la première
fois que j'ai pris conscience de cette hostilité.
VO
: Martin Brunt fut l'un des premiers journalistes
Britanniques à arriver en Algarve après la disparition de
Madeleine.
MB : On accepte maintenant à l'échelle mondiale
que le démarrage de l'enquête de police a été lent. Il n'y avait
pas vraiment de sentiment d'urgence. Le premier policier qui est
apparu sur les lieux a refusé d'accepter le point de vue des MC sur
le fait que Madeleine McCann avait été enlevée.
VO
: La nouvelle est restée pendant un an à la une des
journaux britanniques et en tête de list des des alignements
télévisés tous les alignements possibles, divers indemnités
versées au couple élloignèrent Madeleine de l'actualité. Chaque
fois que le sujet ressurgit, on comprend que les McCann sont loin de
retrouver leur statut de victimes.
29'14
"Martin Brunt - Si j'écris sur eux sur notre site Web, je
reçois des dizaines, dans certains cas des centaines de réponses et
de commentaires, en grande majorité hostiles aux MC.
VO
: Tony Bennett, l'avocat passionné par l'affaire et
critique de l'aveuglement des MC estime que les conditions
nécessaires sont réunies pour rouvrir le procès judiciaire au
Royaume-Uni.
Tony Bennett : En mémoire de Madeleine, ou si vous préférez
pour le bien de Madeleine, nous croyons qu'il faut qu'il y ait une
enquête complète, une enquête sur toutes les circonstances, dans
une cour de justice, ce ne serait pas un procès pénal, ce serait
une enquête, qui est comme une investigation d'un grand, grand
mystère, avec des gens de divers bords, défendant des arguments
différents, c'est un grand, grand mystère.
VO
: Le mystère c'est ce qui reste de cette histoire,
c'est ce qui reste de ces histoires, d'innombrables incertitudes qui
augmentent à chaque pas. Croiser deux affaires distinctes dans leur
essence comme essaya de le faire l'agence de détectives recrutée
par les MC ajoute seulement un nouveau chapitre à ce mystère.
L'agence de détective espagnole Metodo 3, engagée par les MC pour retrouver leur fille, a recruté l'avocat Marcos Aragão Correia - associé à la disparition de Madeleine et plus tard à celle de Joana Cipriano - contre Gonçalo Amaral, pour en faire la cible principale d'une accusation omission de dénonciation de violence lors de l'interrogatoire de Leonor Cipriano.
Cette histoire, révélée aujourd'hui dans un rapport spécial de la SIC par le journaliste Pedro Coelho, explique les liens entre les personnes qui ont gravité autour de la disparition des deux enfants.
Leonor, la mère de Joana Cipriano, la fillette de huit ans qui a disparu de son village en 2004 et dont le corps n'a jamais été découvert, a été condamnée à 16 ans pour meurtre et dissimulation d'un cadavre. En février 2005, Leonor Cipriano a fait les gros titres, la publication par "Expresso" de photos d'elle avec le visage couvert d'ecchymoses. Après cet épisode, le détective Gonçalo Amaral et quatre autres membres de la PJ de Faro ont été accusés par le ministère public d'avoir omis de signaler des actes violents commis par d'autres enquêteurs lors des interrogatoires de la mère de Joana. Leonor Cipriano a été défendue tout au long de la phase d'enquête par l'avocat João Grade dos Santos mais, "à la veille du début du procès, elle a rejeté les services de l'avocat", ajoute SIC. Des années plus tard, après la disparition de MMC, le 3 mai 2007, l'agence de détectives Metodo 3 tenta de recruter l'avocat de Leonor Cipriano, João Grade dos Santos, expliquant que son aide serait très utile, étant donné les similitudes dans les deux affaires. Metodo 3 a même indiqué que "l'argent pour les dépenses n'était pas un problème", mais l'avocat a refusé de travailler pour l'agence espagnole et s'est rendu compte que Metodo 3 avait un "agenda".
Selon SIC, il s'agissait de mettre Gonçalo Amaral «hors de combat», puisque dans les deux cas le détective semblait vouloir la même chose: la culpabilité des parents.Compte tenu du refus de João Grade dos Santos, Metodo 3 a contacté un autre avocat - le jeune Marcos Aragão Correia, qui a participé aux recherches de MMC et a ensuite défendu Leonor Cipriano dans le procès contre les cinq inspecteurs de Faro.«Les détectives de Metodo 3 sont venus me voir et m'ont dit leur inquiétude vis-à-vis de Gonçalo Amaral, qui ne s'intéresse pas aux enfants, ne s'intéresse qu'à incriminer les parents dans l'affaire Maddie comme il l'avait fait dans l'affaire Joana". MAC a accepté de faire ce que João Grade dos Santos avait refusé : "J'étais indigné, je pensais que Gonçalo Amaral avait un intérêt caché à systématiquement incriminer les mères sans avoir de preuves contre elles". Après une visite à Leonor Cipriano en prison Aragão Correia est devenu son avocat. "C'est Leonor qui me l'a demandé, elle m'a dit que personne ne l'avait jamais défendue comme ça ... Après beaucoup de réflexion, j'ai décidé d'accepter, et j'ai communiqué à Dr. João Grade dos Santos la décision de Leonor".
Dès que Marcos Aragão Correia a repris la défense de Leonor, l'affaire contre les cinq inspecteurs de la PJ, a subi un revirement. "Le grand cauchemar de Gonçalo Amaral était de ma présence ", souligne Aragão Correia. Paulo Pereira Cristóvão, ancien inspecteur de PJ et l'un des cinq accusés, accuse Marcos Aragão Correia d'avoir tenté de "conclure un accord" avec les accusés, selon la SIC. "Le marché était d'accuser Gonçalo Amaral de tout, moyennant quoi Leonor Cipriano dirait que Cristovao n'avait rien à voir dans l'affaire". Marcos Aragão Correia, interrogé par le journaliste Pedro Coelho, ne nie pas l'existence de l'accord, mais explique qu'il est lié à "une explosion de l'un des défendeurs", qui a envoyé un mail à un des amis de MAC où il dénonçait la culpabilité de Gonçalo Amaral". Se protégeant derrière un "contrat secret" le liant à M3, Marcos Aragão Correia n'a pas donné beaucoup plus de détails à l'équipe de presse, mais a également déclaré: "Si je prends parti pour l'une des parties, il est évident que cette partie me donne un soutien moral. "
Metodo 3 et le porte-parole des MC contacté par SIC ont refusé de faire des déclarations.